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mardi 24 juin 2008

INDE-ENERGIE. L’accord nucléaire avec les Etats-Unis devient un chaudron de politique intérieure


Sensé apporter une opportunité dans le développement énergétique de l’Inde, l’accord nucléaire avec les Etats-Unis déchaînent les passions et met en péril, non seulement, le gouvernement en place mais la croissance indienne.


L’accord nucléaire entre les Etats-Unis et l’Inde conclu en 2005 va-t-il faire tomber le gouvernement et va-t-il empêcher le Parti du Congrès de remporter les prochaines élections législatives ? A l’inverse, et plus grave, sa non-ratification par le Parlement de New Delhi aura-t-elle de graves conséquences sur le développement économique de l’Inde ? C’est en tout cas la crainte des analystes politiques mais aussi des économistes. Car, il faut le rappeler, l’accord nucléaire est une chance pour l’Inde qui connaît d’énormes problèmes dans sa production d’électricité totalement insuffisante pour soutenir sa croissance. En effet, en donnant la possibilité de contrôler une partie de son activité nucléaire sans toucher à son nucléaire militaire et alors que le pays a refusé de ratifier l’accord de non-prolifération des armes atomiques, l’Inde devait obtenir des Etats-Unis et de ses alliés la levée de l’embargo sur la fourniture de centrales nucléaires indispensables au développement économique du pays mais aussi du « carburant » (l’uranium) nécessaire pour faire fonctionner les centrales déjà existantes ainsi que l’accès aux technologies de l’occident. Seules quelques unes peuvent actuellement être ravitaillées par de l’uranium venu de Russie au terme d’un accord séparé.

La situation existante est très préoccupante pour l’Inde qui a réduit de façon drastique sa production d’électricité d’origine nucléaire en 2007 faute d’uranium (un contrat avec l’Australie a été annulé suite à la non-ratification de l’accord avec les Etats-Unis) et la situation ne devrait pas s’améliorer puisque les contrats en vue pour la fourniture de centrales venant d’EDF, Areva, Westinghouse et autres constructeurs sont en stand-by jusqu’à la ratification de l’accord.

Celui-ci voulu par le Premier ministre Manmohan Singh, conscient de l’énorme hiatus entre la demande électrique et la capacité actuelle du pays, est combattu farouchement par les alliés du Parti du Congrès au Parlement, la gauche et plus particulièrement le Parti communiste qui a menacé à plusieurs reprises de faire tomber le gouvernement au motif que cela ferait du pays l’allié des Etats-Unis ce qui leur est inacceptable (comme pour l’opposition nationaliste). Ce dernier a donc décidé de reporter l’adoption de cet accord jusqu’au dernier moment, c’est-à-dire juste avant les élections législatives. Mais la manœuvre a été dénoncée par la gauche de la coalition au pouvoir et s’est surajoutée, dernièrement, la menace d’un boycott du Parti du Congrès par les électeurs musulmans.

Il est très difficile de dire si cet accord verra le jour d’autant que les Etats-Unis avaient fixé une limite de temps pour cette ramification et que celle-ci a été dépassée d’autant que le processus sera long. Beaucoup d’analystes américains estiment même que cet accord n’existe plus, comme le confirment à demi-mots des officiels proche de George W. Bush. Cependant, l’Inde s’accroche, espérant toujours pouvoir lui redonner une existence avant le 4 novembre prochain, date des élections présidentielles américaines puisqu’il semble que les Démocrates qui ont de grandes chances de revenir aux affaires et de renforcer leur majorité au Congrès, lui sont assez opposés.


Alexandre Vatimbella
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