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vendredi 27 novembre 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Une attaque idéologique contre la civilisation occidentale

Les attentats de Paris du 7 janvier et du 13 novembre et ceux que les terroristes projetaient pour le 18 ou le 19 novembre sont une attaque conçue contre l’humanité tout entière puisqu’ils étaient dirigés contre des personnes innocentes, incapables de se défendre et n’ayant fait aucun mal à ceux qui les ont massacrés.
Le fait qu’ils aient fait des victimes de dix-sept nationalités différentes montre bien que c’était Paris, un des phares du monde civilisé, et la mondialisation culturelle humaniste qui étaient visées.
Il s’agit bien également d’une attaque en règle contre la civilisation occidentale et la démocratie républicaine représentées ici par la France et ses valeurs.
L’attentat contre Charlier hebdo est une attaque contre la liberté, plus particulièrement, celles d’expression et de la presse qui fondent la démocratie.
L’attentat contre le supermarché casher est une attaque contre le fondement de notre lien social, ce projet essentiel de la démocratie républicaine de faire vivre ensemble toutes les communautés et les personnes qui respectent la dignité des uns et des autres dans leurs différences et leurs individualités grâce à leurs ressemblances qui fondent cette humanité à laquelle nous appartenons tous.
Les attentats contre les cafés et les restaurants sont une attaque contre l’art de vivre à la française mais largement partagé par celui de l’ensemble des démocraties occidentales, contre ces endroits de sociabilité et de convivialité où tout le monde se rassemble pour parler, rire, échanger et, tout simplement, jouir de l’existence.
L’attentat contre le Bataclan est une attaque contre la culture occidentale et une de ses composantes essentielles, la musique qui est honnie par les fanatiques et fondamentalistes islamiques parce qu’elle procure, entre autres, de la joie et des émotions tout en nous permettant de vivre notre spiritualité.
Les attentats projetés à la Défense étaient une attaque contre le mode de vie occidental représentés par son commerce et ses entreprises.
Ainsi, les personnes qui sont tombées sous les balles des assassins ont été des victimes de criminels mais aussi d’un projet terroriste construit et ayant une idéologie structurée, visant à frapper la civilisation occidentale et la démocratie républicaine au cœur pour ce qu’elles sont, des espaces de liberté, de création et d’émancipation du genre humain face aux ténèbres et l’obscurantisme que représentent toutes les organisations islamistes nihilistes qui se repaissent du sang et de la mort.
De ce point de vue les victimes sont aussi celles de cette civilisation de liberté, d’égalité et de fraternité à laquelle nous tenons, ce qui les rend encore plus précieuses et que nos larmes érigent en symbole de cette si belle lutte pour la vie.

Alexandre Vatimbella
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lundi 23 novembre 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Churchill et De Gaulle, plutôt que Chamberlain et Pétain

La résistance de la démocratie républicaine occidentale et de ses valeurs sont au cœur du débat actuel depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis jusqu’à ceux de Paris du 13 novembre dernier.
On a tout entendu ces derniers jours et on entendra encore des discours et des analyses intelligentes ainsi que des bêtises et des stupidités de soi-disant experts et penseurs de pacotilles.
Mais, un des débats les plus importants, si ce n’est le plus important, c’est l’attitude à prendre face à la volonté entêtée et déterminée des terroristes islamistes de détruire la société occidentale, honnie parce qu’elle met en avant la liberté de la personne dans l’égalité et la fraternité, parce qu’elle affirme le primat du laïc (je pense ce que je veux en respectant la pensée de l’autre) sur le religieux (j’impose ma vision du monde aux autres au nom de ma vérité indépassable et absolue).
Ce débat n’est pas nouveau, il a eu lieu à chaque fois que les démocraties républicaines ont du décider s’il fallait se lever ou non pour résister face à l’oppression et au totalitarisme qui les menaçaient.
Bien évidemment, l’exemple le plus récent et surtout le plus emblématique est celui de l’attitude des démocraties occidentales face à Hitler et au nazisme.
Dans tous les grands pays européens ainsi qu’aux Etats-Unis, les oppositions ont été fortes entre ceux qui voulaient des accommodements avant la guerre et ceux qui n’en voulaient pas (Chamberlain contre Churchill au Royaume Uni), puis entre ceux qui voulaient collaborer avec l’occupant après la défaite et ceux qui voulaient résister (Pétain contre De Gaulle en France).
Aujourd’hui, les vainqueurs incontestés de l’Histoire sont Churchill et De Gaulle.
Ils sont les figures emblématiques du non à Hitler et à l’Allemagne nazie et leur volonté date d’avant la guerre mais, surtout, au moment où il semblait bien que la défaite du monde libre était acté face à la barbarie totalitaire.
Ce qui fait d’eux de véritables héros.
A l’inverse, Chamberlain qui a signé les accords de Munich (et a obligé Daladier à faire de même puisque lâché par la Grande Bretagne) et Pétain qui a décidé la collaboration sont dans les poubelles de cette même Histoire.
Pourtant, et il ne faut jamais l’oublier, Chamberlain fut fêté comme un héros par le peuple britannique quand il revint de Munich en 1938 et Pétain fut accueilli comme un sauveur par le peuple français en 1940.
Ne tombons plus dans ces illusions qui nous ont tant coûté.
Nous ne sommes pas encore, bien entendu, dans une guerre de l’importance 39-45, fort heureusement.
Et il faut espérer que nous n’y serons jamais mais en gardant à l’esprit que, depuis que l’humanité existe, il y a eu plus de jours de guerre que de paix dans le monde.
Cependant, l’ennemi d’en face a bien toutes les caractéristiques effroyables d’une idéologie totalitaire et meurtrière qui demande l’obéissance totale à une organisation et l’élimination physique de tous ceux qui ne sont considérés comme inassimilables, c’est-à-dire que l’islamisme de Daesh a toutes les ressemblances terribles du nazisme.
C’est pourquoi nous devons nous défendre contre l’agression terroriste actuelle avant qu’elle ne prenne les proportions d’un conflit d’une grande ampleur.
Et nous aurions du le faire depuis longtemps, depuis l’émergence d’Al-Qaida à la fin des années 1980.
Alors que tous les peuples des démocraties doivent montrer leur courage et leur lucidité face à la menace qui est tout sauf virtuelle, on entend déjà la voix des défaitistes et des futurs collaborateurs qui nous expliquent, comme c’était le cas pour Chamberlain et Pétain face à Hitler et les nazis que l’on peut s’entendre avec Daesh (l’Etat islamique), que nous sommes responsables de son existence et que nous n’avons rien à gagner à le combattre et qu’en prenant en compte ses revendications il sera gentil avec nous.
On retrouve toutes les attitudes et les déclarations de cette ligne Chamberlain-Pétain alors même que l’on savait à l’époque quels étaient les projets hitlériens de par les discours menaçants du Führer et de par ses écrits criminels dans Mein Kampf.
Mais tant que ce n’était pas chez nous…
Qui peut ignorer ce que dit Daesh dont les médias n’arrêtent pas de nous vanter la qualité de sa communication et le contenu de sa propagande ainsi que dans toutes ses mises en scène macabres d’exécutions et de mauvais traitements.
Sans parler, évidemment, de ses attentats terroristes réalisés par des tueurs psychopathes qui n’ont souvent jamais lu une seule ligne du Coran sauf celles qui demandent de tuer tous les mécréants mais qui ont souvent fait partie de la petite et de la grande délinquances.
Oui, malgré nos Chamberlain et Pétain contemporains, il nous faut choisir sans hésitation Churchill et De Gaulle.
Ceux qui pensent par ailleurs que ces lignes sont d’un catastrophisme exagéré, se rendent dans les zones contrôlées par Daesh, Al-Qaida, Boko Haram, Al-Morabitoun et autres organisations de ce type pour voir comment les populations, dont une partie est réduite à l’esclavage, sont les premières victimes de ces criminels mafieux qui tuent et violent par plaisir, comme le faisaient les nazis dans leurs camps de concentration.
Les centristes, qui eux connaissent leur Centrisme, savent bien que toutes les valeurs humanistes de la démocratie républicaine se défendent, que rien n’est gratuit et qu’il faut conquérir sans cesse le droit à la dignité et au respect de l’être humain.
Ils savent que ce n’est qu’en sécurité que l’on goûte vraiment à liberté et que c’est en résistant à l’oppression que l’on acquiert ce courage dont a besoin un peuple pour savoir le prix de la démocratie et apprécier ses bienfaits.

Alexandre Vatimbella
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jeudi 19 novembre 2015

Présidentielle USA 2016. Attentats de Paris – La campagne entre propos extrémistes et responsables

Comme on pouvait s’en douter, les attentats de Paris du 13 novembre ont été abondamment couverts par les médias américains avec de nombreux directs des journaux télévisés réalisés en France.
L’horreur de l’assassinat de personnes qui s’étaient attablées à des terrasses de café ou étaient allés voir un concert d’un groupe de rock américain, ont provoqué un émoi dans la population et suscité évidemment de nombreuses réactions politiques, d’autant que ce genre d’attentats rappellent ceux du 11 septembre 2001.
Si le président Barack Obama et les membres de son Administration ont apporté une réponse officielle forte avec la solidarité sans faille du pays vis-à-vis du peuple français, tout en rappelant que la France est la plus vieille alliée des Etats-Unis et qu’elle le demeure aujourd’hui depuis qu’elle est à ses côtés dans toutes les zones de conflits du monde qui menacent la paix mondiale, de l’Ukraine à la Syrie en passant par le Mali, de nombreux propos ont été tenus par les candidats à la prochaine élection présidentielle de 2016.
Du côté des démocrates, le débat sur la chaîne CBS entre les trois candidats à la primaire qui s’est déroulé le vendredi même des attentats, pendant que ceux-ci étaient encore en cours, a permis de montrer que la lutte contre Daech (ou ISIS pour les Américains) était la priorité des priorités.
Que ce soit Bernie Sanders, Martin O’Malley et, bien évidemment, Hillary Clinton, tous ont affirmé que s’ils étaient le prochain hôte de la Maison blanche, ils feraient de l’éradication de l’organisation criminelle une de leurs priorités.
Chacun a évidemment marqué sa petite différence.
Hillary Clinton, la candidate centriste, a ainsi déclaré, «bien sûr, nos prières vont au peuple de France ce soir. Mais ce n'est pas assez. Nous devons avoir la résolution de rassembler le monde pour traquer cette idéologie djihadiste radicale qui motive des organisations comme ISIS, ce groupe violent, terroriste, barbare et impitoyable».
«Cette élection, a-t-elle poursuivie, sera non seulement le choix d'un président. Ce sera aussi le choix de notre prochain commandant en chef. Et j’expliquerai en détail ce que je pense que nous devrons faire avec nos amis et alliés en Europe et ailleurs afin de faire un meilleur travail en vue de coordonner les efforts contre le fléau du terrorisme. Notre pays n’aura aucun repos en la matière parce que toutes les autres questions que nous devons traiter dépendent de notre sécurité et de notre force.»
Du côté républicain, si la lutte contre ISIS a été aussi évoquée, les différents prétendants à la primaire ont préféré s’en prendre en priorité à la politique suivie en la matière par Obama (et donc, jusqu’en 2012 par Hillary Clinton alors secrétaire d’Etat) pour la critiquer de manière violente au lieu de faire des propositions concrètes pour y parvenir.
Mais ce qui a été noté par l’ensemble des médias américains c’est la cassure entre les candidats «sérieux» qui ont une connaissance minimum de la politique étrangère et de la situation internationale et ceux qui sont complètement ignares, incapables d’une réflexion étayée sur ces sujets.
Comme l’écrit le magazine Politico, «Il n’a fallu que 48 heures pour que les attaques terroristes tragiques à Paris transforment rapidement la primaire républicaine en une compétition entre ceux qui ont une expérience sérieuse en politique étrangère et ceux qui n’en ont aucune, changeant celle-ci, au moins pour le moment, d'une campagne pour la présidence à un test sur la capacité à être commandant en chef».
Dans la catégorie des incompétents notoires on trouve le favori actuel de la primaire, Donald Trump, ainsi que son dauphin, Ben Carson.
Tous les deux, surtout le deuxième, ont montré leur limite en la matière particulièrement forte et cela pourrait impacter leur campagne et leur chance dans les semaines à venir de devenir le candidat républicain à la présidence.
En revanche, John Kasich, le candidat le plus près du Centre de cette primaire a lui expliqué plus en détail son action contre le terrorisme: armer les Kurdes, mettre en place une zone d'exclusion aérienne, impliquer les Saoudiens et les Jordaniens, mieux coordonner les services de renseignements au niveau international.
«Il y a tant de choses que nous devons faire, a expliqué le gouverneur de l’Ohio, et, franchement, nous en sommes loin».
En outre, tous se sont inquiétés sur la possibilité que parmi les réfugiés syriens qui seraient accueilli aux Etats-Unis, puissent se cacher des terroristes comme cela a été le cas en France pour au moins l’un d’entre eux.
On évoquera pour l’anecdote les propos particulièrement stupides et provocateurs de Donald Trump expliquant que s’il y a eu tant de morts à Paris c’est parce que la France est un des pays qui a les lois les plus restrictives en matière de port d’arme ce qui n’avait pas permis aux personnes attaquées de se défendre.
Une affirmation qui aurait pu être faite par Ben Carson…

Alexandre Vatimbella

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samedi 14 novembre 2015

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Révoltons-nous pour la vie et la démocratie

«Le révolté exige sans doute une certaine liberté pour lui-même; mais en aucun cas, s’il est conséquent, le droit de détruire l’être et la liberté de l’autre. Il n’humilie personne. La liberté qu’il réclame, il la revendique pour tous; celle qu’il refuse, il l’interdit à tous. Il n’est pas seulement esclave contre maitre, mais aussi homme contre le monde du maître et de l’esclave. (…) La passion nihiliste, ajoutant à l’injustice et au mensonge, détruit dans sa rage son exigence ancienne et s’enlève ainsi les raisons les plus claires de sa révolte. Elle tue, folle de sentir que ce monde est livré à la mort. La conséquence de la révolte, au contraire, est de refuser sa légitimation au meurtre puisque, dans son principe, elle est protestation contre la mort.»
(Albert Camus / L’homme révolté)

Les assassins qui viennent à nouveau d’ensanglanter Paris, la France, l’Europe et le monde entier comme ils le firent le 11 septembre 2001 en attaquant New York et les Etats-Unis, comme ils le firent ensuite en Espagne à Madrid en 2004 et en Grande Bretagne à Londres en 2005, comme ils le font tous les jours de Syrie au Nigéria en passant par l’Egypte, ont encore frappé la vie et la démocratie républicaine.
Ce n’est pas une surprise: ces salauds détestent la vie et ses plaisirs, vénèrent la mort.
Ils honnissent la démocratie républicaine, recherchent l’esclavage de l’humanité en l’enchaînant à leur idéologie de destruction.
Mais ces criminels, ce ne sont pas seulement les salauds qui ont tué des gens, en majorité des jeunes, qui n’avaient rien fait, qui n’étaient responsables de rien.
Ces imbéciles sont instrumentalisés par leurs maitres fanatiques qui sont encore plus brutaux, haineux et féroces que ces tueurs qui ne sont que leurs stupides bras armés.
Nous devons crier notre abomination et notre répulsion de leur misanthropie répugnante.
Surtout, face à cela nous devons dire oui à la vie et la célébrer.
Face à cela nous devons défendre la démocratie républicaine et ses valeurs.
Le dire c’est rappeler que la liberté n’est pas gratuite et face à ses ennemis  nombreux depuis toujours, il faut se battre pour la défendre.
La preuve vient à nouveau, malheureusement, de nous en être donnée.
Encore une fois les humanistes du monde entier doivent être à l’avant-garde face à cette guerre qui nous est déclarée parce qu’ils défendent des valeurs de vie et de respect, parce qu’ils sont intransigeants quand on attaque la démocratie républicaine.
Mais il ne faut pas que le dire, il faut agir, tous, comme nous le pouvons.
Nous devons nous révolter comme nous le demandait Albert Camus face à la barbarie que portent ces individus qui s’excluent d’eux-mêmes du genre humain.
Nous devons résister comme le firent les partisans face au nazisme en ne concédant rien à ces brutes dans notre manière de vivre, dans notre liberté.
Et nous devons soutenir tous ceux qui nous protègent pour que nous puissions vivre dans une société libre.
Car, sans sécurité pas de liberté.
Nous le devons à tous ceux qui ont été abattus par des monstres d’une lâcheté sans nom puisqu’ils sont descendus dans la rue avec des mitraillettes pour tirer sur des gens qui n’avaient aucune chance de pouvoir se défendre.
Nous le devons à nos enfants et à tous les enfants du monde qui doivent pouvoir vivre libres dans un monde en paix.
Alexandre Vatimbella


vendredi 13 novembre 2015

Présidentielle USA 2016. Le Centre seul capable d’éviter l’élection d’un populiste démagogue extrémiste

Dans moins d’un an, le 8 novembre 2016, les Américains éliront leur président de la république qui, si on se fie aux sondages, devrait être une présidente, la première des Etats-Unis, en l’occurrence Hillary Clinton qui est redevenue la favorite du scrutin ces dernières semaines.
Mais si l’arrivée à la Maison blanche de la centriste marquerait l’histoire du pays tout comme l’avait fait l’élection du premier «noir» (en réalité métis mais se définissant lui-même comme Afro-américain), Barack Obama, en 2008, il s’agira aussi d’éviter un autre événement historique, celui-là catastrophique, la victoire d’un populiste démagogique extrémiste.
En regardant aujourd’hui les sondages, on s’aperçoit que si Hillary Clinton devrait remporter assez facilement la primaire démocrate face au populiste démagogique de gauche, Bernie Sanders, obnubilé par les méchants «billionaires» (milliardaires) qui agrémente quasiment toutes ses phrases, du côté des républicains, les favoris actuels ont de quoi faire froid dans le dos.
Ainsi, les deux hommes en tête des enquêtes d’opinion, Donald Trump et Ben Carson, sont de dangereux populistes démagogues dont le premier fait un peu comme Marine Le Pen en France, proposant une vision globale de droite extrême agrémenté d’une xénophobie assumée avec des propositions économiques et sociales qui ont pour but de séduire un électorat populaire et dont le second est un extrémiste évangélique redoutable doublé d’un ignorant, qui plus est un menteur comme viennent de le révéler plusieurs enquêtes des médias, tant de droite que de gauche, ayant inventé une grande partie de sa vie dans son autobiographie.
Beaucoup d’analystes sont encore persuadés que les deux hommes n’ont que très peu de chances de devenir le candidat des républicains pour la présidentielle et qu’ils seront battus lors des primaires par des candidats «sérieux».
Or c’est là que le bas blesse car ceux que l’on qualifie désormais ainsi sont des politiciens que l’on considérait il y a encore peu comme des populistes extrémistes qui ont été élus grâce aux voix des membres et sympathisants du Tea Party, cette organisation d’extrême-droite qui a comparé Barack Obama à Staline, Hitler et… le Joker de Batman!
Ils ont pour nom Marco Rubio (dont on vient de découvrir qu’il utilisait la carte de crédit du Parti républicain de Floride pour ses courses) et Ted Cruz, le Texan.
Car ce qui caractérise actuellement la primaire républicaine, c’est l’effondrement des «modérés» (dont certains ne le sont que parce que les autres sont de furieux extrémistes) comme Jeb Bush, John Kasich, Chris Christie (qui ne sera même plus qualifié pour le prochain débat des «grands» candidats mais devra se contenter du «petit» qui se tient juste avant), Lindsay Graham et George Pataki qui, tous deux, ne sont qualifiés pour aucun des deux débats!
(Rappelons que vu le nombre conséquent de candidats à la primaire républicaine, on organise deux débats selon une moyenne dans les sondages et que l’on exclut de ceux-ci les prétendants qui sont sous la barre des 1% des intentions de vote).
Dès lors, en ce novembre 2015, le seul véritable rempart aux démagogues, aux populistes et aux extrémistes, se nomme Hillary Clinton.
Bien évidemment, à un an des élections tout peut encore arriver, que ce soit l’effondrement de la centriste du Parti démocrate mais aussi celui des extrémistes de chaque camp, la montée en puissance d’un conservateur modéré, voire même l’entrée en scène d’un «independent», tout événement qui pourrait rabattre les cartes.
Mais le climat politique américain ressemble beaucoup à celui qui règne en Europe, avec la montée du populisme, de la démagogie et des extrêmes qui menacent les fondements même de la démocratie républicaine à terme.
Il n’est donc pas exclut que la finale du 8 novembre 2016 oppose un candidat modéré face à un candidat extrémiste tout comme cela pourrait être le cas en France lors du deuxième tour de la présidentielle le 7 mai 2017.
Alexandre Vatimbella


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mercredi 4 novembre 2015

Présidentielle USA 2016. Les «independents» ne font pas un candidat mais font l’élection

Il y a un mythe tenace chez certains analystes et «pundits» (intellectuels faiseurs d’opinion) américains qu’un candidat en-dehors des partis, situé au centre de l’échiquier politique ou, en tout cas, «bipartisan», serait capable de rassembler en sa faveur la plupart des électeurs «independents» (ceux qui se définissent comme sans affiliation politique précise) ainsi que les démocrates et les républicains modérés, ce qui lui permettrait de gagner l’élection présidentielle pour le bien d’un pays dont la politique est de plus en plus polarisée.
Ce mythe prend sa source dans deux idées reçues.
La première serait que la grande majorité des «independents» sont des centristes.
Or il n’en est rien.
Si, sans doute, les centristes sont les plus nombreux dans cette catégorie fourre-tout, on trouve aussi des républicains proches de l’extrême-droite, des démocrates très socialistes ainsi que des personnes se définissant à partir de toutes les appellations politiques possibles et imaginables.
Dès lors, une candidature «independent» (sans affiliation aux deux grands partis) a du sens et a déjà eu lieu (celles de George Wallace ou de Ross Perot) mais, jusqu’à présent avec un positionnement politique très clivé.
Ainsi, le principal candidat «independent» pour 2016 n’est autre que le populiste démagogue de droite Donald Trump, actuellement en tête de la course républicaine, (même s’il fut, un temps, enregistré comme démocrate, à New York, la ville où il est né et où il habite).
En revanche, une candidature qui rassemblerait tous les électeurs «independents» est bien une vue de l’esprit.
La deuxième idée reçue voudrait que les deux grands partis soient trop marqués, le Parti républicain à droite et le Parti démocrate à gauche, pour initier une véritable candidature centriste.
Ce qui est totalement faux, non seulement, historiquement mais de nos jours.
Historiquement, il y a toujours eu des ailes centristes aux deux grands partis dominant la politique américaine.
On peut dire, par exemple, qu’Abraham Lincoln ou Theodore Roosevelt étaient des centristes républicains.
Et ces vingt-cinq dernières années, deux démocrates centristes ont été élus à la Maison blanche, Bill Clinton en 1992 et Barack Obama en 2008, tout deux réélus pour un second mandat.
Ce qui est vrai, en revanche, c’est que le Parti républicain a entamé un virage à droite dans les années 1990 (qui avait d’ailleurs commencé réellement dans les années 1970) et que, petit à petit, la plupart de ses centristes se sont trouvé marginalisés et ont pratiquement disparu.
Pour la primaire de 2016, seul John Kasich, le gouverneur de l’Ohio, peut être considéré comme un candidat républicain centriste.
Et encore, il ne l’aurait pas été il y a dix ans, considéré alors comme trop conservateur (il fut un des principaux soutiens de Ronald Reagan).
Le Parti démocrate, lui, est sorti de son virage à gauche des années 1970 dans les années 1990.
Et même si un candidat socialiste à la primaire est présent cette année, Bernie Sanders, la grande favorite demeure Hillary Clinton, une véritable centriste.
N’en déplaise à certains commentateurs qui présentent Clinton comme étant devenue de gauche (ils disent la même chose d’Obama), ils tombent dans le piège tendu par la droite du parti républicain et dénoncé par les deux politologues, l’un républicain, l’autre démocrate, Norman Ornstein et Thomas Mann.
Auteurs d’un livre référence en la matière, «It’s even worse than it looks» (C’est encore pire que cela n'y paraît) publié en 2012, ils ont montré de manière irréfutable que cette droite, tout en se radicalisant de plus en plus, a tenté de faire bouger le Centre vers la droite pour ensuite accuser les centristes républicains et démocrates, d’être des femmes et des hommes de gauche…
Une manœuvre qui a fait long feu mais qui produit encore des malheureux effets dans quelques médias.
Reste que si, donc, une candidature «independent» ne serait pas forcément centriste – mais que même si elle l’était, qu’elle n’attirerait pas l’électorat centriste et modéré qui peut se tourner vers des candidats républicains et, surtout, démocrates qui sont centristes –, les «independents» centristes font très souvent le président des Etats-Unis.
En effet, ce sont eux qui font pencher la balance d’un côté ou de l’autre, notamment dans les fameux «swing states», ces Etats qui ne votent pas toujours démocrate pour certains ou républicain pour d’autres mais qui se tournent tantôt vers le candidat républicain, tantôt vers celui démocrate.
C’est pourquoi le vote centriste est très recherché par les candidats des deux grands partis.
D’où un recentrage systématique de leurs discours une fois qu’ils ont obtenu l’investiture de leurs formations respectives.
D’où, également, souvent, la présence deux candidats plus ou moins «modérés» lors de la présidentielle.
Ce fut le cas en 2008 et 2012 où, face au centriste Barack Obama, les deux républicains vainqueurs des primaires et qui se présentèrent contre lui, John Mc Cain et Mitt Romney, étaient considérés comme des conservateurs modérés.
Pour autant, ce sont également les «independents» démocrates et républicains qui font l’élection en se déplaçant ou non le jour du scrutin.
Plus abstentionnistes que les électeurs enregistrés démocrates et républicains, ils peuvent faire la différence en se rendant massivement aux urnes (comme ce fut le cas des Latinos «independents» en faveur d’Obama en 2008 et en 2012).
Pour 2016, le vote de ces mêmes Latinos sera sans doute déterminant mais tout comme celui des centristes «independents».
Voilà pourquoi, actuellement, les responsables du Parti républicain voient avec effroi la course en tête de leur primaire de Donald Trump, populiste de droite, et de Ben Carson, extrémiste évangéliste de droite, et que ceux du Parti démocrate poussent un ouf de soulagement en voyant Hillary Clinton retrouver une dynamique tout en distançant très nettement Bernie Sanders.
Alexandre Vatimbella

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