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lundi 18 avril 2016

Présidentielle USA 2016. Primaire démocrate: Bataille entre le Centre et la Gauche

Le débat qui s’est tenu l'autre soir à Brooklyn entre Hillary Clinton et Bernie Sanders, en prélude à la primaire de l’Etat de New York a permis, avec une clarté sans équivoque, de mettre à jour, si ce n’était déjà fait, les différences essentielles entre les deux lignes politiques qui s’affrontent chez les démocrates.
Celle de Clinton, centriste et pragmatiste, qui se focalise sur ce qui est possible de faire et celle de Sanders, idéologiquement socialiste et teintée fortement de populisme, qui promet beaucoup et qui parle de «révolution politique» mais que son héraut est souvent incapable d’expliquer comment il la mettra en œuvre concrètement.
Jusqu’à présent, cette dernière ligne aurait pu de chance de l’emporter, voire même de rallier à elle nombre d’électeurs, lors d’une primaire démocrate, d’autant que Sanders n’est même pas membre du parti.
Mais, aux Etats-Unis comme un peu partout dans le monde, une partie de l’opinion publique semble être à nouveau prête à écouter les discours populistes et démagogiques face à un monde qui lui semble de plus en plus difficile à comprendre et où son statut social dans un futur de moins en moins décelable, ne semble pas assurée.
Alors, face à cette angoisse mais aussi une impatience, les populations préfèrent succomber aux sirènes de l’irréalisme et à laisser leur colère exploser.
Toujours est-il que le face à face de New York a montré qu’il y avait un réel choix chez les démocrates.
Mais il a aussi montré le vrai visage de Bernie Sanders, celui que ses soutiens ne veulent pas voir et que les médias ont souvent passé sous silence, celui d’un idéologue prêt à tout pour gagner, même à travestir la réalité et à mener des attaques en dessous de la ceinture jusqu’à la caricature, comme lorsqu’il estime que les victoires de Clinton ont été dans le «Sud profond», sous-entendu dans des Etats racistes alors même qu’elle y obtient la quasi-totalité des votes de la communauté afro-américaine...
Comme le dit justement Time magazine, le comportement de Sanders a beaucoup de points communs avec celui de Trump avec une hargne, une mise en scène personnelle très autocentrée, l’appui de supporters à la dévotion quasi-absolue qui n’hésitent pas à répandre de fausses rumeurs sur Hillary Clinton, soufflée par l’équipe de campagne du sénateur du Vermont.
Pour le New York Times, le socialiste montre également une agressivité de plus en plus forte alors même qu’il a du mal à expliquer ses positions, par exemple, sur les armes à feu ou sur l’absence de publication de ses impôts, à l’inverse des autres candidats.
Dans le même temps, ses proches critiquent les règles de la primaire démocrate en les traitant de malhonnêtes, comme vient de la faire sa femme à la télévision, tout en essayant de jouer sur celles-ci en catimini pour débaucher des délégués qui ont déjà annoncé leur soutien à Hillary Clinton à la convention de Philadelphie…
Bien entendu, si Bernie Sanders perd la primaire de New York (ce qui devrait être le cas vu son retard important dans les sondages et la sociologie de l’électorat démocrate dans l’Etat et, évidemment la ville, nettement plus favorable à Clinton), il pourra dire adieu à ses rêves présidentiels, même s’ils sont aujourd’hui très entamés de par l’avance que possède déjà Hillary Clinton sur lui.
C’est sans doute pourquoi ses attaques sont de plus en plus virulentes alors même qu’au début des primaires il avait déclaré ne pas vouloir tomber dans ce type de comportement.
Toujours est-il que le débat de Brooklyn – qui devrait être le dernier organisé entre leurs deux candidats – a bien mis en lumière l’existence de deux lignes politiques à l’intérieur du Parti démocrate, celle du Centre et celle de gauche, «liberal».
Presqu’à chaque fois que les démocrates ont préféré la dernière ces soixante-dix dernières années, ils ont perdu l’élection présidentielle.
En revanche, quand ils ont choisi la voie centriste (avec Obama, Clinton, Carter) ou modérée (avec Johnson, Kennedy et Truman), ils l’ont emporté.

Alexandre Vatimbella

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vendredi 1 avril 2016

Présidentielle USA 2016. Le populiste Sanders menace encore la victoire de la centriste Clinton

Les récentes victoires du socialiste populiste Sanders dans plusieurs Etats (petits et moyens), de l’Utah à l’Alaska en passant par l’Idaho, Washington et Hawaï, démontrent que la route pour la nomination de la centriste Hillary Clinton comme candidate du Parti démocrate n’est pas encore totalement sécurisée.
Bien entendu, il faudrait pour que Sanders l’emporte, un retournement de situation encore improbable aujourd’hui avec des victoires nettes dans des grands Etats qui ne lui sont pas favorables a priori (New York, Californie, Pennsylvanie, Maryland, etc.) ainsi que le changement du soutien de la plupart des «grand délégués» du parti dont l’énorme majorité a pris position en faveur de Clinton et que Sanders n’a pas cessé de stigmatiser jusqu’à maintenant où il tente de les séduire...
Mais dans une année électorale où les deux partis sont traversés en même temps – et c’est une première – par une forte vague populiste, tout peut encore survenir.
Et un match entre les deux populistes Sanders et Trump serait une catastrophe pour la démocratie américaine, tout autant d’ailleurs qu’un match entre Sanders, le socialiste, et Cruz, l’idéologue d’extrême-droite.
Il convient de bien écouter les discours de Sanders pour comprendre qu’il rejette en bloc la vision politique centriste de Barack Obama et d’Hillary Clinton qui, dans la tradition américaine mais aussi de la démocratie républicaine libérale, fait place au pluralisme des intérêts afin de trouver les consensus et les compromis gagnants-gagnants.
Pour lui, le peuple, entité unique, a des intérêts complètement opposés avec des groupes comme «Wall Street», les «billionaires», le «big business», etc., qu’il agite constamment comme des épouvantails.
Avec eux, pas de compromis et de consensus possibles mais une lutte politique de tous les instants pour supprimer ces castes de nantis, tout au moins leur ôter leurs privilèges exorbitants, même s’ils viennent de leur mérite et de leur labeur.
Cette vision est celle du socialisme européen et il n’est donc pas faux de prétendre que Bernie Sanders est un socialiste et non un social-démocrate très modéré même s’il avance masqué au cours de cette primaire pour ratisser le plus large possible.
Un de ses buts, d’ailleurs, qu’il a clairement exprimé, est de changer le Parti démocrate pour en faire un parti de gauche et non plus un parti regroupant majoritairement des gens du centre et du centre-gauche avec une aile très minoritaire de militants de gauche voire d’extrême-gauche.
En cela, il veut parvenir à un affrontement idéologique gauche-droite à l’européenne en ayant comme modèle la transformation effectuée par les conservateurs et les radicaux de droite qui ont réussi à chasser les centristes du Parti républicain et à l’orienter très à droite.
Ainsi, c’est bien un combat idéologique qui se mène au Parti démocrate comme au Parti républicain.
Et comme chez les républicains c’est un populiste démagogue qui prétend faire la «révolution politique» et promet des lendemains qui chantent en s’en prenant aux ennemis du peuple, qui est en train d’essayer de détruire l’identité des démocrates.
Mais il est également, comme l’est Ted Cruz chez les républicains, un idéologue qui n’est prêt à aucun compromis avec sa doxa (c’est pourquoi il s’est prononcé contre le sauvetage de l’industrie automobile en 2009 parce qu’en même temps la loi permettait le sauvetage du système financier capitaliste).
Bernie Sanders n’est pas dans la provocation systématique et n’a pas l’insulte constamment aux lèvres comme Donald Trump.
En revanche, il n’est pas du tout évident qu’il soit moins dangereux que lui.

Alexandre Vatimbella

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