Les Actualités sur www.ecoinfosmonde.com

samedi 28 janvier 2023

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Peut-on réformer contre le peuple?

Bien qu’il ne s’agisse pas du cas de la réforme actuelle des retraites puisque Emmanuel Macron l’a proposée lors de la campagne présidentielle et que les Français l’ont élu en toute connaissance de cause, il faut se demander si, dans l’absolu, réformer contre le peuple est possible en démocratie.

D’abord, il faut distinguer entre une réforme qui accompagne une politique validée par les électeurs d’une réforme qui serait proposée en dehors d’une consultation et d’une réforme également absente d’un programme électoral mais qui est nécessitée par les événements.

Dans le cas d’une réforme qui a été annoncée et sur laquelle le peuple s’est déjà prononcé, soit directement par un vote spécifique comme le référendum, soit lors d’une élection, il semble que le gouvernement en place dispose de la légitimité démocratique qui ne peut être remise en cause pour procéder à la réforme.

Mais deux éléments peuvent entrer en ligne de compte.

Le premier est un projet de réforme qui s’éloigne largement de ce qui a été annoncé et validé par le peuple.

Le deuxième est le changement d’avis du peuple entre deux élections.

Dans le premier cas, la légitimité est bien entamée mais les aménagements peuvent néanmoins découler d’une nécessité qui est apparue après l’élection et donc être justifié même si une nouvelle consultation serait sans doute la bienvenue.

Dans le second, c’est beaucoup plus compliquée parce que ce changement ne se manifeste que dans les sondages et dans des mouvements sociaux qui n’ont pas la légitimité nécessaire pour remettre en question celle qui vient de l’approbation de la majorité de la population lors d’un scrutin démocratique.

On peut néanmoins se demander si une consultation du peuple peut être décidée afin de renouveler le mandat de porter cette réforme.

Mais, ici, arguments et contre-arguments se télescopent comme celui de savoir combien de temps doit s’écouler pour que les citoyens remettent en cause ce qu’ils viennent de décider.

Est-il possible de voter pour un programme et dès le lendemain se prononcer contre lui?!

Le peuple est sans doute souverain mais dans une démocratie représentative, la seule qui est capable de réellement exister à notre époque, cette souveraineté est donnée pour une période limitée à des représentants comme les députés en France.

Dès lors, si ceux-ci se prononcent majoritairement pour cette réforme, la légitimité de leur vote vient de leur élection et de cette délégation de pouvoir.

Si le peuple change d’avis, il peut alors se prononcer lors d’une prochain élection et élire une majorité qui annulera la réforme.

On peut donc affirmer que ni le sondage, ni la manifestation n’ont la légitimité requise pour remettre en question un vote démocratique.

Dans le cas où la réforme sort tout d’un coup du chapeau du gouvernement en place on peut estimer qu’une consultation populaire est nécessaire comme un référendum.

Quant à la réforme imposée par les événements, la consultation peut être légitime mais la délégation de pouvoir dans une démocratie républicaine représentative peut permettre au gouvernement d’agir si les délais l’imposent.

 

vendredi 27 janvier 2023

Le Focus. Afrique: mieux vaut la Russie que la France, vraiment?

Qu’est-ce que la Russie peut apporter de plus et de mieux que la France en Afrique et est-ce qu’elle peut vraiment apporter quelque chose aux Africains sont les deux questions que ces derniers devraient se poser dans les pays où ils mettent les Français dehors et déroulent le tapis rouge aux Russes, que ce soit au gouvernement de Poutine ou à la milice Wagner.

On passera sur la réponse évidente que tous les régimes africains ayant procédé à cette substitution sont dirigés par des juntes ou des régimes autoritaires et corrompus, les valeurs de la France et de la Russie n’étant pas exactement les mêmes en matière de démocratie.

De même, on ne s’appesantira pas sur les propos et les banderoles de manifestants qui sont des sbires des régimes en question ou des gens payés par les Russes pour venir cracher leur venin contre la France.

Ni même sur les élites corrompues qui sont si accueillantes aux largesses des Russes mais aussi des Chinois et des Turcs.

D’abord parce que la France a pu bénéficier et user des mêmes méthodes, les intérêts du pays ou de quelques entreprises n’ayant malheureusement pas beaucoup affaire avec la morale…

On sait bien que les Français, anciens colonisateurs partent avec des avantages mais aussi beaucoup d’inconvénients dans cette Afrique du 21e siècle.

Se passer de sa présence peut être une certaine délivrance surtout que les résultats n’ont pas été à la hauteur ou guère brillant.

Dès lors, essayer autre chose est une option qui a déjà eu lieu au détriment de la France et en faveur de pays comme les Etats-Unis comme ce fut le cas pour le Rwanda, par exemple, même si l’ancienne puissance coloniale était ici, la Belgique.

Mais si l’on peut comprendre la motivation de se débarrasser de la France quand l’occasion se présente, est-ce que la meilleure solution est, pour les Africains, de faire appel à la Russie de Poutine ou/et à ses mercenaires?

Car, que ce soit en République centrafricaine ou au Mali, rien n’a changé pour les populations en qualité de vie et en progrès économique.

En revanche, les Russes présents jouent les supplétifs des régimes pour réprimer tous ceux qui ne sont pas d’accord.

De plus, les Africains n’ayant pas de quoi les payer, ils se nourrissent sur la bête et pillent les pays où ils sont présents de leurs richesses dont évidemment leurs matières premières.

Et, in fine, la présence militaire n’est pas d’assurer la survie d’aucun de ses régimes mais de les contrôler et de gouverner à leur place tout en les laissant tomber en cas de difficultés pour aller voir ailleurs, sans doute si les djihadistes affiliés à Al Qaïda et à Daesh venaient à être trop pressants.

Voici sans doute ce qui attend le Burkina Faso qui a décidé de s’aligner sur son voisin le Mali.

En tout cas, ce changement de «parrain» ne permettra pas aux régimes qui l’on réalisé de conforter l’indépendance de leur pays et de leur ouvrir enfin la voie vers le progrès, le développement et la richesse.

C’est déjà ce qui se passe avec ceux qui ont choisi la Chine alors que celle-ci a des possibilités bien plus grandes et intéressantes qu’une Russie en faillite et empêtrée dans la guerre de son potentat contre l’Ukraine.

 

jeudi 26 janvier 2023

Le Focus. L’Europe pour l’Allemagne était-elle un moyen et non une fin?

Au départ, sans doute, l’Europe politique était une nécessité pour l’Allemagne.

Sortie vaincue et exsangue de la Deuxième guerre mondiale, surtout au ban des nations, elle devait vite réintégrer sa place sur le continent d’autant que les Américains comptaient sur elle pour être un des piliers de l’Occident face à l’URSS et la guerre froide.

Les Allemands obtempérèrent au grand frère étasunien à qui ils ne pouvaient rien refuser alors d’autant que c’était leur intérêt et ils jouèrent le jeu de ce qui est aujourd’hui l’Union européenne, étant souvent le moteur principal de l’intégration devant la France.

Mais les temps ont changé.

L’URSS s’est désagrégé et ses pays satellites se sont émancipés, la plupart faisant désormais partie de l’UE.

Sans oublier évidemment la réunification du pays.

Dès lors, la politique européenne de l’Allemagne se fit plus «allemande» et centrée avant tout sur l’économie avec cet espace est-européen qui est essentiel pour elle.

On l’a vu avec la crise grecque où les intérêts allemands supplantèrent sans aucun filtre ceux de l’Europe.

On le voit avec la crise déclenchée par Poutine et les atermoiements dans l’aide à l’Ukraine.

Mais aussi dans ce plan de relance de 200 milliards d’euros adopté sans concertation avec l’Union européenne et ses membres.

Avec ce mélange du «plus jamais ça» en regard de la période nazie et cet hubris découlant d »’une vision de la grandeur du pays qui vient du 19e siècle et qui fut partagée de Bismarck à Hitler en passant par Guillaume II.

L’unification européenne peut être vue, ainsi, pour l’Allemagne plus comme un moyen que comme une fin.

D’où les interrogations que l’on peut avoir sur son investissement présent et futur dans une Europe plus fédérale que ses dirigeants continuent pourtant à promouvoir dans les discours.

Reste que son ouverture vers la Russie ainsi que ses liens commerciaux avec la Chine recèlent beaucoup de dangers comme l’invasion de l’Ukraine le démontre, de même qu’un nationalisme économique promu par Xi Jinping.

Néanmoins, on ne voit pas pour l’instant – à part le plan de relance européen suite à la pandémie de la covid19 – un retournement de tendance d’un pays que l’on sent un peu à l’étroit dans l’Union européenne.

D’un certain côté, l’OTAN et le marché unique lui suffisent amplement.