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samedi 21 janvier 2023

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Vivre dans le réel pour ne pas le subir

On peut vivre dans le déni du réel.

C’est le cas d’une partie de la population qui, face à la dureté de la vie, préfère se réfugier dans des mondes alternatifs où elle trouve des quoi affronter le tragique de notre existence.

Plus problématique est ce refuge qui, anxiogène, est constitué de fake news, de faits alternatifs et de complotisme où certains cherchent les raisons de leur mal être qui ne peut que provenir d’ailleurs et d’une vaste conspiration mondiale.

Il y a également le refuge qui refuse d’accepter des faits qui remettent en cause ses convictions, ses modes de vie et son rapport à la société.

On se construit alors un monde idéologique entre les bons et les méchants où souvent les bons sont les défenseurs de faits qui nous dérangent et les bons ceux des faits que nous acceptons.

Ce qui pose problème ici c’est que la réalité qui dérange ne peut pas disparaître d’un coup de baguette magique.

Elle est là et la réfuter c’est prendre le risque d’être déconnecté du réel et d’en subir les conséquences négatives.

La démocratie offre la possibilité aux citoyens de choisir des visions politiques différentes sur cette graduation allant de la Gauche à la Droite en passant par le Centre.

On peut donc choisir laquelle nous convient le mieux et militer en faveur de celle-ci pour la meilleure société possible que l’on défend.

Mais cela ne dispense pas de s’appuyer sur ce qui peut être fait et ce qui ne peut pas être fait en regard du réel.

Prenons l’exemple qui est dans l’actualité et qui est hautement clivant en France, le système des retraites.

Vouloir qu’il soit le plus juste possible et qu’il permette à tous de vivre décemment une fois que l’on a cessé son activité est la volonté de l’ensemble des visions politiques.

Se surajoutent des différences sur comment doit-on organiser ce système, qui doit bénéficier de quoi ainsi que sur la meilleure politique pour atteindre cette justice et la prise en compte de la dignité de chacun.

C’est ici que les interprétations diffèrent mais aussi que le réel devrait dicter les réponses appropriées.

Or c’est ici que souvent il disparait et que l’idéologie la plus basique prend la main.

Quand le gouvernement d’Elisabeth Borne explique qu’on ne peut pas éviter une réforme et qu’elle doit prendre la forme qu’il a choisi, ce n’est pas parce qu’il est impossible de faire autrement dans l’absolu mais qu’il est impossible de faire autrement par rapport à la réalité du moment.

La France comme tous les autres pays du monde ne vit pas en autarcie et ne peut se targuer d’être auto-suffisante et de n’avoir besoin d’aucun échange avec son monde extérieur que ce soit au niveau économique ou financier, militaire ou agricole, technologique ou touristique, etc.

Dès lors, toute situation interne est dépendante en grande partie d’une situation globale.

Si la France décidait qu’elle pouvait payer des salaires beaucoup plus haut, taxer les riches de manière exponentielle, donner des avantages en temps libre, en durée de travail en soins gratuits, etc. et offrir des retraites élevées à tous, elle irait tout droit et en peu de temps à la faillite parce qu’elle serait la seule à agir de la sorte.

Rappelons-nous 1981 et la victoire de François Mitterrand qui décida de mener une politique à contre-courant de tout ce qui se faisait ailleurs.

Le résultat fut la rigueur de 1983 avec une économie en souffrance et un retard préjudiciable pour la société française donc pour chacun de ses membres.

Oui, le réel avait eu le dernier mot parce qu’il avait été ignoré avec dédain.

Et nous avons payé la facture.

Aujourd’hui, pas moins qu’hier, nous sommes dépendants de la situation mondiale même si on peut regretter ce fait ou l’état de celle-ci.

Bien sûr, il reste des marges de manœuvres mais pas de tourner le dos au réel.

Nous pouvons également nous unir à plusieurs, comme c’est le cas avec l’Union européenne, afin de dégager des possibilités d’agir sur le réel mais nous ne pouvons pas décider de changer le monde seuls.

Alors, autant être éveillés et pragmatiques en décidant de réformer au mieux ce que l’on peut et quand nous avons le temps de le faire plutôt que de nous arcbouter sur des situations intenables dans le temps ou des visions inapplicables.

En étant des pragmatistes qui portent des valeurs humanistes, nous pouvons faire les meilleures réformes possibles et assurer le vrai progrès, celui qui s’occupe de nous offrir une société capable d’être la plus juste possible dans la réalité du moment.

Alexandre Vatimbella