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lundi 10 mai 2021

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le rêve européen peut-il devenir réalité?

Ce 9 mai est le jour où nous fêtons l’Union européenne et, en cette année 2021, c’est également le lancement officiel de la Convention sur l’avenir de l’Europe dont l’objectif est, par une consultation des citoyens et des organisations, de définir ce que, nous, européens de l’UE voulons qu’elle soit demain.

A l’horizon du printemps 2022, les instances de Bruxelles feront le bilan et s’engagent à donner suite aux propositions faites sur un site dédié (http://futureu.europa.eu) dans la limite, évidemment, de leurs compétences.

Et c’est sans doute là que cet exercice trouvera ses limites si jamais il ne les trouve pas déjà dans un désintérêt des citoyens européens pour participer à cette consultation.

Mais ce serait bien dommage que ceux-ci ne disent pas ce qu’ils veulent pour l’Union européenne et ce qu’ils ressentent de son existence ainsi que de son fonctionnement et que leurs propositions n’aient aucune suite.

Parce qu’il faudrait bien que le rêve européen devienne enfin cette réalité dont nous avons tellement besoin, nous, les habitants de l’Europe mais nous aussi les membres de l’Humanité.

Parce que ce rêve est bien un rêve de paix, de coopération, de respect dans un cadre démocratique où règnent la liberté et l’égalité.

C’est-à-dire un formidable défi, difficile mais tellement formidable à relever.

Jusqu’à maintenant, il est demeuré une sorte d’utopie et, parfois, il s’est concrétisé pendant un instant ou à propos d’une épreuve qui touchait les Européens collectivement.

C’est le cas, bien évidemment actuellement, avec la pandémie de la covid19 d’autant que le continent européen a été particulièrement touché par ce virus et ses ravages.

Peut-être d’ailleurs, qu’il sera un élément-clé pour aller de l’avant comme la Deuxième guerre mondiale a été un élément-clé pour ébaucher une union de l’Europe.

On peut le regretter, mais c’est souvent dans les moments incertains que les choses avancent parce qu’il n’est plus temps alors d’ergoter, de procrastiner et encore moins de reculer.

Mais les dangers, certains mortels, ne se réduisent pas à un coronavirus.

Elles ont pour nom Russie, Chine, terrorisme, populisme, réchauffement climatique, pauvreté et exclusion et quelques autres items menaçants.

De même, le départ du Royaume Uni dont l’apport à l’Union européenne demeurera à jamais une honte indélébile par la volonté des dirigeants de Londres de bloquer de l’intérieur ce qu’ils n’avaient pas réussi à détruire de l’extérieur (et aux autres membres de l’UE de ne pas réagir assez vigoureusement), impose que l’Union européenne saisisse l’instant pour créer une dynamique qui permette de passer à une étape majeure d’une entité fédérale.

Oui, mais voilà, les forces qui jouent contre une Europe plus intégrée n’ont en rien abdiqué, bien au contraire.

Si le Royaume Uni n’est plus là, la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, voire même les Pays Bas et le Danemark sans oublier les pulsions allemandes en la matière, peuvent êtres des freins à toute avancée notable.

Et les forces d’extrême-gauche et d’extrême-droite, les mouvements nationalistes et populistes sont également là pour bloquer, dans la violence s’il le faut, une Europe unie.

Rien n’est donc gagné.

Cependant, rien n’est perdu, non plus!

En cela, il y a un espoir que les citoyens, au vu des énormes challenges ainsi que des graves menaces que l’Union européenne doit et va devoir affronter, comprennent enfin que le rêve européen c’est juste une question de survie, une réalité bien concrète et non une chimère utopique.

Alexandre Vatimbella

 

mardi 4 mai 2021

Commentaire. Etats-Unis – Biden n’a pas viré à gauche, il est juste centriste

Aurait-on oublié Lyndon Johnson et Barack Obama, voire Bill Clinton?

En tout cas, on demeure interloqué par les propos d’éditorialistes aux Etats-Unis mais aussi dans le monde dont la France qui affirment que Joe Biden, sans doute encore plus centriste que les trois précités, serait devenu de gauche et aurait tourné le dos à la politique centriste du Parti démocrate.

A-t-on oublié l’agenda progressiste de Johnson avec les lois sur les droits civiques et sur la pauvreté et celui d’Obama qui fit passer la réforme la plus progressiste de l’après-guerre, la loi sur l’assurance-santé?

Et qu’il fut le président qui signa les accords de Paris sur le réchauffement climatique.

Et Obama ne put aller aussi loin qu’il le voulait dans les réformes (même si dans les deux premières années de son mandat, il y en eu plus que sous Johnson!), c’est simplement parce qu’il dut faire face à une crise sans précédent depuis 1929 avec la Grande récession due à la présidence du républicain George W Bush – crise qu’il réussit à juguler grâce à des mesures historiques dont une nationalisation de fait pour une durée limitée de l’industrie automobile qu’il sauva de la disparition pure et simple – et qu’il n’eut plus la majorité au Congrès à partir de 2010 avec des républicains qui pratiquèrent un blocage à chacune de ses initiatives.

Joe Biden, tout comme Barack Obama, a pris la dimension de la crise dont il a hérité d’un autre président républicain, Donald Trump.

Et les mesures qu’il a prises et les lois qu’il a fait voter au cours des 100 premiers jours de sa présidence ainsi que l’agenda qu’il a présenté au Congrès le 28 avril s’inscrivent dans la droite ligne d’une gouvernance centriste et progressiste.

Dire le contraire, c’est prendre ses désirs pour des réalités!

Et surtout se tromper sur le centrisme américain.

Celui-ci n’est pas celui du sénateur démocrate de la Virginie occidentale, Joe Manchin, qui se situe au centre-droit, à la frontière du conservatisme.

Il est celui, revendiqué, de Barack Obama et d’Hillary Clinton, réformiste, éclairé et progressiste.

Un centrisme pragmatiste dans la lignée de la philosophie de William James et de John Dewey, celui du Square deal de Theodore Roosevelt, de la Great society de Lyndon Johnson et du Fair shake de Barack Obama.

On peut y ajouter le New covenant de Bill Clinton ainsi que la Third way, la Troisième voie, dont il est le créateur et sa femme, Hillary Clinton, la digne continuatrice.

Et Biden s’inscrit dans ce mouvement, c’est-à-dire qu’il demeure le centriste qu’il a toujours été mais qu’il sait s’adapter aux circonstances qui, aujourd’hui, comme au temps d’Obama, impose une reprise en main où l’Etat est le principal maître d’œuvre.

D’ailleurs, c’est ce que fit également Franklin Roosevelt, présenté aujourd’hui par certains comme un socialiste alors qu’il était un démocrate conservateur, combattu par la gauche mais qui, pour sauver son pays et le monde du désastre, décida d’intervenir dans l’économie du pays.

On soupçonne ceux qui font de Biden un homme de gauche d’avoir de nombreuses lacunes sur l’histoire du centrisme américain mais aussi, ce qui est plus problématique, de vouloir démontrer l’inanité du Centre pour des raisons politiciennes qui n’ont rien à voir avec la réalité des centristes qui gouvernent et ont gouverné.

Alexandre Vatimbella

lundi 3 mai 2021

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La liberté toujours condamnée à se dévorer elle-même?

Pour ses défenseurs, il y a une question angoissante et lancinante qui revient sans cesse: la liberté est-elle condamnée à se dévorer elle-même dans un mouvement circulaire où la liberté tue la liberté qui tue la liberté qui…

Et il ne s’agit pas de discuter ici de la différence entre la vraie liberté et la licence qui se déguise en liberté.

La liberté est et sera toujours, en effet, une valeur confrontationnelle dans la pratique (alors qu’elle ne l’est pas forcément dans la théorie).

Cela signifie que la liberté de l’un se confronte toujours à celle d’un autre, à celle de tous les autres.

Cela signifie également que les différents types de liberté (d’opinion, de déplacement, de choisir telle ou telle chose, etc.) sont souvent en confrontation entre elles.

Pour tenter d’éliminer le plus possible cette confrontation ou la rendre non-violente, on définit la liberté en société comme de faire tout ce que l’on veut sans empiéter sur la liberté de l’autre.

Belle définition mais qui ne tient pas en pratique, en tout cas sans une force de répression pour interdire à l’un d’empiéter sur la liberté de l’autre.

Mais même cette règle démocratique imposée par la force n’empêche pas la liberté de jouer contre elle-même.

Ainsi de la liberté d’attaquer la liberté grâce à la liberté.

Je peux ainsi être un opposant à la liberté et avoir la liberté de le dire, de militer pour au nom de cette liberté que je veux supprimer.

Bien sûr, quand je passe à l’acte, j’entre en conflit avec la règle démocratique qui, en fait, restreint ma liberté d’agir même si celle-ci est, en l’occurrence, de dépasser les limites démocratiques de la liberté et de tomber dans la licence.

Bien entendu, ce que je dis là n’est pas nouveau et nombre de penseurs et de philosophes l’ont dit avant moi et mieux que moi.

Pour autant, cela a une conséquence sur le régime de la liberté, la démocratie.

Celle-ci porte ainsi en elle-même sa propre destruction et dans un paroxysme peut même s’autodétruire elle-même.

Car si la démocratie ne peut plus être seulement considérée comme le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple puisqu’elle ne peut être à la merci d’un vote de la majorité pour la supprimer, dans les faits, c’est encore possible.

En donnant la liberté à une majorité de citoyens lors d’élections ou de référendums de voter pour des ennemis de la démocratie ou pour l’abolir, la démocratie crée les conditions de sa propre disparition ce qui n’est évidemment pas le cas d’un régime totalitaire.

En imaginant que 99% de la population décide de supprimer la démocratie et donc la liberté, comment les 1% pourront concrètement s’y opposer?

Et s’ils s’y opposent, ils n’ont aucune chance de remporter le combat et, en revanche, le risque de finir morts ou en prison.

De même, introduire une règle empêchant d’abolir la démocratie par exemple dans une Constitution n’a de force que si elle est consensuellement partagée et acceptée.

Fragile liberté et fragile démocratie qui peuvent être instrumentalisées jusqu’à plus soif alors même qu’elles sont les plus beaux cadeaux que les peuples peuvent se faire à eux-mêmes.

Sortir de cette impasse de leur fragilité inhérente passe, on le sait, par des citoyens conscients de la valeur intrinsèque de la liberté et de la démocratie, c’est-à-dire des citoyens éveillés qui ont reçu une formation qui leur permet de distinguer leur intérêt et de le préserver mais aussi une information qui empêche les aventuriers de tenter de les influencer pour leur retirer ces deux biens.

Mais comme nous ne sommes pas dans un monde parfait où les gentils dominent par la seule persuasion des méchants, ces derniers – en l’espèce les ennemis de la liberté – doivent être interdits de pouvoir attenter au régime démocratique.

In fine, la liberté doit être défendue même contre elle-même.

Bien sûr, cette affirmation fera bondir nombre de ceux qui croient qu’on ne peut la limiter que lorsqu’elle devient licence, c’est-à-dire lorsqu’elle ne respecte plus celle de l’autre.

Cependant, force est de reconnaitre que la parole et l’écrit (l’opinion) permettent d’agir et que lorsqu’elles appellent à la sédition, à la violence et à la suppression de la liberté, elles doivent être combattues.

Et s’il semble difficile d’empêcher la libre expression dans un régime de liberté au-delà d’attaques personnelles ou d’appels au meurtre, on peut empêcher que cette expression se matérialise dans des organisations et des actions.

On peut penser – ou espérer – que s’il y avait eu de telles limites, des personnages comme Hitler, Staline, Mao, Mussolini, Franco, Khomeiny, Kadhafi, Amin Dada et tous les autres, contemporains et dans l’Histoire, et ils sont beaucoup trop nombreux, n’auraient pu mener à bien leur entreprise de destruction et que l’on aurait pu sauver des centaines de millions de personnes tout en leur assurant la liberté.

Pensons-y alors qu’une nouvelle génération de scélérats est en train de tuer la liberté un peu partout dans le monde.

Sans oublier tous ceux qui font profession de le faire dans les démocraties.

Louons sans réserve la liberté mais ne soyons pas dupes de son masochisme.

Surtout, préservons-nous de ses effets destructeurs.

Reste que la lucidité nous impose, aujourd’hui, de se battre à chaque instant pour cette liberté face aux assauts, aux attentats, aux agressions, aux outrages et aux provocations, parce qu’il en va de notre dignité d’humain.

 Alexandre Vatimbella