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dimanche 20 octobre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Chine: croissance à 3 ou 7%, inflation à 2 ou 10%?!

La question de savoir où en est vraiment la Chine est devenue récurrente.
A chaque fois que l’on pense que les difficultés vont l’assaillir, la situation se rétablit.
Mais, à chaque fois qu’elle se rétablit, les signaux annonciateurs d’une possible et grave détérioration sont à nouveau perceptibles…
Un des problèmes vient évidemment du secret que cultivent les autorités communistes et de statistiques dont on ne connait pas vraiment la fiabilité et l’honnêteté.
Ainsi, face aux chiffres officiels d’une croissance de plus de 7% et d’une inflation aux alentours de 2%, certains spécialistes du pays estiment que la croissance est plutôt actuellement autour de 3% et l’inflation proche de 10%!
Ce hiatus ne date pas d’hier mais, justement, c’est bien par ce secret et ces chiffres souvent invérifiables que la situation de la Chine est peut-être au bord d’une crise.
A force d’avoir caché et, surtout, de s’être caché la réalité, le pouvoir pourrait bien être au dos du mur.
Bien sûr, l’on vient d’annoncer que la croissance est repartie avec un taux de 7,8% au troisième trimestre et l’on sait pertinemment que Pékin a encore quelques cartes dans sa manche pour éviter un crash, notamment de dépenser sans compter dans les infrastructures (même si le gouvernement affirme qu’il ne le fera plus, il laisse partout des chantiers immobiliers titanesques voir le jour) et de cacher les dettes des provinces pour tenter de passer un cap difficile.
Evidemment, cela ne fera que différer cette implosion alors que de se saisir vraiment des problèmes pourrait encore l’éviter ou, tout au moins, éviter ses effets les plus destructeurs au niveau économique, bien sûr, mais avant tout au niveau social et sociétal.
La nouvelle étape de la croissance chinoise devra, selon l’énorme majorité des économistes, se faire dans un cadre légal et par une libéralisation, à la fois, dans l’économie et dans la société.
Sinon, la Chine risque de connaître des heures sombres. Ce qui signifie que le monde également.
Alexandre Vatimbella avec la rédaction de l’agence

© 2013 LesNouveauxMondes.org

jeudi 17 octobre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Etats-Unis: Quand le Tea Party se méprend du centrisme d’Obama

Ils le pensaient mou et indécis, incapable de fermeté et de lignes directrices, prêts à céder à tous, les voilà les grands perdants, aveuglés par leurs propres fantasmes et atteints au dernier degré de ce que l’on appelle aux Etats-Unis, l’hubris, leur excessive confiance en eux et en leur vision politique.
«Ils», ce sont les membres du Tea Party, cette nébuleuse de centaines d’associations regroupant tout ce que le pays et le Parti républicain compte d’extrémistes de Droite et de populistes fascisants.
Scotchés chaque jour devant les écrans de la chaine réactionnaire Fox news où officient des nombre d’éditorialistes haineux, celle-ci n’a pas hésité à y faire venir le psychanalyste de service pour expliquer que la soi-disant intransigeance affichée du président américain lui venait d’un complexe de victimisation dû au problèmes psychologiques rencontrés lors du départ au loin de sa mère pour son travail et à son hébergement par ses grands-parents!
Mais, en réalité, «ils» n’avaient rien compris et en ont été pour leurs frais, détestés, de plus, par une très grande majorité des Américains pour avoir mis leur pays en péril, ce qui est le cadet de leurs soucis, cependant.
Car il ne faut pas oublier que les membres du Tea Party ont comme projet, quel que soit leur soutien populaire, de détruire l’Etat fédéral (sauf l’armée) et de donner tout les pouvoirs aux Etats fédérés pour faire en sorte, selon eux, que l’on (re)vienne à une Amérique régie par le darwinisme social (seuls les forts survivront) et par le laisser-faire le plus intégral (le moins d’interdictions possible, le moins d’impôts possible et chacun pour soi, la seule solidarité étant la charité de particuliers à particuliers).
Une Amérique qui n’a jamais réellement existé, précisons-le même si ces idées ont été populaires dans certains cercles à la fin du XIX° et au début du XX° siècle.
Le tout sur fond d’un pays, première puissance mondiale élue et exceptionnelle (théorie de l’exceptionnalisme) ayant vocation, sinon à diriger le monde, du moins à lui montrer le chemin de la vérité.
Face à cela, le «socialisme européen» et l’«étatisme» supposés d’Obama, sa volonté de faire du gouvernement fédéral un ciment du pays (notamment avec la loi sur l’assurance-santé), selon leurs vues, sont évidemment les plus grands dangers à combattre par tous les moyens jusqu’à la victoire finale et sans concession.
Sans oublier leur aversion pour la couleur de peau, le métissage et le multiculturalisme du président.
Ce dernier, lui, est demeuré ce qu’il est, un centriste.
Tout ce que le Tea Party (mais aussi la gauche du Parti démocrate) a pris, ces dernières années  pour de la faiblesse et de l’indécision n’est en réalité qu’une manière de gouverner où le consensus et la délibération sont les deux principes de base afin d’aboutir à une décision équilibrée.
Un chemin clair mais compliqué comme le montre les presque cinq ans de sa présidence.
De la loi sur l’assurance-santé à la réponse adéquate à trouver face aux horreurs en Syrie, Barack Obama a appliqué cette politique qu’il défendait dès 2007 lors de sa première campagne présidentielle mais également dans ses livres.
Tout cela est écrit noir sur blanc.
Cependant, cette volonté consensuelle et délibérative n’est en rien un signe de faiblesse comme la plupart des observateurs de gauche et de droite l’ont affirmé et cru.
D’ailleurs, il suffirait de demander aux collaborateurs de la Maison blanche, si Obama est un faible, eux qui essuient à périodes répétées ses foudres lorsque des dysfonctionnements se produisent…
Pour revenir à la fameuse «méthode Obama» dont nous avons déjà parlé ici, si elle favorise la discussion et un grand tour de table, elle refuse l’ultimatum et les menaces.
C’est en cela que les membres du Tea Party, grisés par leurs pseudo-succès des derniers mois (la relance de la polémique sur l’attaque du consulat américain de Benghazi dès la victoire d’Obama le 5 novembre dernier, les blocages répétés de toute initiative de la Maison blanche, des nominations à des postes de direction des services publics au contrôle renforcé des armes à feu en passant par la loi sur l’immigration) qui sont autant de défaites, à terme, du Parti républicain, ont cru – poussés par des médias toujours friands de tensions partisanes pour leurs taux d’audience – que l’on pouvait attaquer de front un président des Etats-Unis présenté comme velléitaire et vulnérable pour, comme le disait un activiste ultra lors d’une récente manifestation, le «faire quitter Washington à genoux».
En tant que centriste, Barack Obama croit que la politique est la recherche du bien commun par l’équilibre et la responsabilité.
C’est ce qu’il a mis en place dès son intronisation en janvier 2008.
Il parlait alors de collaboration bipartisane et même d’une ère «post-partisane»….
Mais, jamais, il n’a déclaré qu’il ferait fi des principes et des valeurs de la démocratie républicaine.
La défaite – provisoire? – des activistes du Tea Party en est une preuve éclatante.
A eux d’être à genoux!
Une dernière chose, importante, la victoire d’Obama est aussi et avant tout une victoire des Etats-Unis.
Aux élus du Congrès d’en prendre conscience.
Alexandre Vatimbella
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mardi 8 octobre 2013

L’EDITORIAL D'ALEXANDRE VATIMBELLA. Le monde a besoin de la «centriste attitude»

Le monde est malade de l’extrémisme.
Et je ne parle même pas de ces groupes terroristes qui, au nom d’une idéologie morbide tentent d’assassiner lâchement, par des attentats sanglants qui ciblent des populations sans défense, tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux ou qui ne sont pas assez bons, selon leurs critères criminels pour demeurer en vie.
Non, je parle de tous ces partis extrémistes et de leurs leaders qui retrouvent de la voie dans les pays autoritaires et dictatoriaux mais aussi et surtout qui gagnent du terrain dans les pays démocratiques.
Voici une liste qui n’est malheureusement pas exhaustive.
La France, avec le Front national dirigé par Marine Le Pen et la droite dure de l’UMP sans oublier le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon.
Les Etats-Unis avec le Tea Party où officie un certain Ted Cruz, sénateur du Texas, nouveau héraut aux côtés d’autres personnages glauques de l’extrême-droite américaine; la Grande Bretagne avec le parti populiste antieuropéen de l’UKIP; la Grèce avec le parti néo-nazi de l’Aube Dorée; la Russie avec le parti Russie unie de Vladimir Poutine; la Tunisie avec le parti islamiste Ennahda; la Chine avec le Parti communiste où s’opère un retour en force glaçant de l’idéologie maoïste de sinistre mémoire grâce à son nouveau secrétaire général, Xi Jinping; Israël avec le populiste d’extrême-droite Netanyahu.
Juste quelques exemples donc car l’on pourrait largement étendre la liste.
Le désarroi des populations face aux difficultés, face à la crise économique, face à un monde qu’elles considèrent d’autant plus dangereux qu’elles ne le comprennent pas (ou qu’elles refusent de comprendre) semble une nouvelle fois les attirer vers les partis extrémistes et leurs idées simplistes, comme si les leçons de l’histoire, encore une fois, n’avaient pas été comprises (et bien expliquées…).
Bien sûr, on ne peut encore parler d’un retour d’Hitler, de Staline voire même de Mao et de quelques autres monstres qui peuplent les poubelles de l’histoire.
Mais l’on sait bien que les ans patinent les dictateurs et leurs visions criminelles grâce à l’oubli coupables des nations qui transforment ceux-ci en personnages historiques où leurs actions criminelles sont atténuées par leur mélange avec d’autres.
Ainsi la construction d’autoroutes devient un pendant aux chambres à gaz, l’industrie lourde à des famines meurtrières provoquées et au goulag tandis que le massacre d’étudiants ainsi que l’emprisonnement de tous ceux qui demandent la démocratie sont justifiés par une croissance fulgurante de l’économie.
Au sortir de la Deuxième guerre mondiale, la plupart des pays démocratiques ont adopté, face à l’ignominie des actes de l’extrême-droite fasciste et nazie ainsi qu’au péril réel de l’extrême-gauche communiste, n’en déplaise aux historiens révisionnistes des années 1960, une «centriste attitude» avec des partis modérés et consensuels qui ont gagné les élections et ont gouverné avec modération.
Il ne s’agissait pas toujours de partis centristes et encore moins de Centrisme.
Mais l’on avait compris, alors, que face aux ennemis de la démocratie, l’on devait rechercher le consensus afin d’assoir les valeurs humanistes.
Or, tout ceci aurait pu être adopté avant même que le deuxième conflit mondial n’éclate.
Des hommes comme Aristide Briand s’y employèrent, en vain.
Cela aurait évité la mort de 50 millions de personnes.
Aujourd’hui, personne ne sait si nous sommes à l’aube de conflits mondiaux. Mais les guerres régionales et locales font toujours rage aux quatre coins de la planète.
Pendant ce temps, dans les pays en paix, monte une agressivité attisée par quelques dangereux pousses-au-crime qui tentent de capitaliser sur le mécontentement des populations.
Il est donc urgent que cette «centriste attitude» soit à nouveau pratiquée par la majorité des partis dans les pays démocratiques où un front humaniste, que j’ai appelé de mes vœux, se mettent en place et que ces mêmes pays démocratiques fassent pression sur les régimes autoritaires pour que ceux-ci se rendent compte qu’ils n’ont rien à gagner dans la violence et l’agressivité, notamment vis-à-vis de leur peuples.
Tout cela est une question de responsabilité, notion au cœur même de toute gouvernance, quelle soit locale, régionale ou mondiale.
Or, actuellement, c’est bien l’irresponsabilité qui domine la classe politique mondiale qui n’a pas appris grand-chose de l’histoire afin de prendre la bonne direction, celle qui assure le respect, la liberté, le tolérance et la solidarité, celle de la voie du juste équilibre afin de montrer aux peuples de la planète que la haine, le ressentiment, le repli sur soi, les boucs émissaires et la violence n’ont jamais été de bonnes réponses pour vivre en paix.
Faudra-t-il que l’on perde cette dernière, comme d’habitude, pour se rappeler qu’elle n’a pas de prix?!
Alexandre Vatimbella
© 2013 LesNouveauxMondes.org


dimanche 6 octobre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Chine: Xi Jinping se rêve en nouveau Mao

Peu après son élection comme nouveau secrétaire général du Parti communiste, de nombreux observateurs chinois avaient prévenus les étrangers: non seulement Xi Jinping n’a jamais été un démocrate mais il sera encore plus un communiste borné que ses prédécesseurs.
Beaucoup y ont vu une exagération.
Au vu de ce qui s’est passé ces derniers mois, ils avaient totalement raison. Malheureusement.
Comme le rappelait récemment le journaliste Jeremy Page dans le Wall Street Journal, en visite à Wuhan, la capitale de la province du Hubei, Xi Jinping «s’est rendu dans une villa au bord du lac où Mao Zedong passait ses étés dans les années 1950» et «a déclaré que cette villa devrait devenir un centre pour l’éducation des jeunes sur le patriotisme et la révolution».
Une semaine auparavant, il avait déclaré que «notre nation rouge ne changera jamais de couleur». Cela avait le mérite d’être clair.
Sans oublier son appel à combattre l’extension des «sept problèmes sérieux» qui gangrènent selon lui la Chine comme «les valeurs universelles, la liberté de la presse, la société civile et l’indépendance de la justice» ainsi que le «constitutionnalisme» qui voudrait que le Parti communiste obéisse à la loi!
Fermez le ban…
Tout cela a permis aux leaders de l’aile gauche de ce même parti de déclarer qu’il fallait se ranger derrière Xi car il reprenait l’ensemble de leurs préoccupations comme l’a écrit l’économiste Zang Hongliang.
Et tout cela n’était qu’une mise en bouche.
Depuis, un tout nouveau portrait de Mao orne la place Tien An Men, des autocritiques demandées aux responsables ont fleuris dans les journaux officiels et à la télévision comme aux plus belles heures de la révolution cutlurelle, les arrestations de ceux qui «propagent des rumeurs» se sont multipliées, une phraséologie que ne renierait pas le Grand timonier est à nouveau à la mode chez les fonctionnaires de la propagande.
Oubliés les centaines de millions de morts dont il est directement responsable, ses erreurs économiques criminelles, sa vision désastreuse du pays et de l’histoire, Mao est donc de retour grâce à Xi Jinping.
Et pourtant, avec la chute de Bo Xilai, reconnu coupable le 22 septembre dernier de «détournements de fonds, corruption et abus de pouvoir», qui était celui qui l’avait remis au goût du jour quand il dirigeait la ville-province de Chongqing et l’arrivée de Xi Jinping dont le père avait été martyrisé lors de la révolution culturelle, on pensait que ce serait le mouvement inverse, celui de la «démaoïsation» qui serait de mise.
On avait donc tout faux!
Non seulement Xi Jinping n’a pas pris cette occasion pour démontrer que Mao devait être jeté aux poubelles de l’histoire mais il l’a réhabilité pour mener une campagne contre la corruption, accusation qui, dans un régime totalitaire, est souvent utilisée contre ceux qui ne sont pas d’accord avec vous.
Cependant, le Chine d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle de Mao et les Chinois n’ont certainement pas l’intention de se laisser «remaoïser» sans rien dire même si la campagne contre la corruption est sans doute bienvenue dans une population qui en subit les conséquences depuis des décennies.
Mais le tour de vis autoritaire que veut prendre Xi Jinping est peut-être une façon de se prémunir contre les difficultés économiques et sociales que le pays risque de traverser dans les années qui viennent même si une embellie de l’économie semble se dessiner récemment.
Car tous les dangers qui guettent cette dernière sont toujours là comme une machine productive pas assez moderne et tournée toujours en grande partie vers l’exportation, les dettes pharamineuses des provinces et une économie boostée par les dépenses publiques et non par l’innovation (qui nécessite une société civile largement autonome et régit par des règles démocratiques) ainsi que par un dumping alliant protectionnisme et subventions à l’exportation, le tout totalement contraire aux accords internationaux signés par la Chine.
Tout régime autoritaire a comme premier réflexe, devant les difficultés qui s’annoncent, de verrouiller ce qu’il peut au lieu de se réformer pour accepter l’évolution inéluctable de la société, retardant ainsi la démocratisation et ses bienfaits.
Si cela se termine parfois mal pour lui, malheureusement, parfois aussi cela produit de la violence dont est victime la population et peut amener un pays à devenir agressif sur la scène mondiale.
Dans ce cadre, les appels répétés et inquiétants de Xi Jinping à renforcer l’armée chinoise et ses capacités ne doivent donc pas être pris à la légère.
Alors que l’on a espéré un temps que Xi pourrait être un Gorbatchev chinois, il pourrait bien être un Brejnev… Ou, plus inquiétant, simplement un nouveau Mao.
Alexandre Vatimbella avec la rédaction de l’agence
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mardi 1 octobre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Etats-Unis: de l’affaiblissement d’Obama et de son possible rebond

La crise syrienne ne sera sans doute pas un des meilleurs souvenirs de Barack Obama lorsqu’il aura quitté la Maison blanche.
De même que les multiples blocages politiciens des républicains extrémistes, incapables de faire passer l’intérêt de leur pays avant celui des intérêts des plus riches et, surtout, de leur haine du premier président afro-américain.
Le «shutdown» («fermeture») de l’administration qui vient d’en résulter à
Washington avec le refus des élus républicains du Congrès de voter les fonds nécessaires au fonctionnement des services publics (sauf s’ils avaient pu détruire en contrepartie la loi sur l’assurance santé, la fameuse «Obamacare») en est une nouvelle et désolante preuve avec la prise en otage de toute une nation par une frange extrémiste, celle du Tea Party.
Mais alors que les opposants d’Obama pointent sa faiblesse à propos de la crise syrienne (ainsi que d’avoir remis en selle la Russie sur la scène internationale du fait de son indécision) voire du bras de fer avec l’Iran et son intention de se doter de l’arme atomique en ayant discuté avec le nouveau président du pays, Rohani, voilà que ces mêmes opposants l’accusent d’intransigeance et de dureté dans la crise du shutdown!
Comprenne qui pourra.
Toutes ces crises provoquées ou non par les ennemis des Etats-Unis et les adversaires de Barack Obama font dire à certains observateurs que le président des Etats-Unis est définitivement affaibli et que le reste de sa présidence risque d’être celle d’un canard boiteux (lame duck) bien avant l’heure.
Il semble évident à première vue que c’est le cas.
Néanmoins, ce serait oublié un peu vite que l’hôte de la Maison blanche a encore plus de trois ans de mandat et que ses affaiblissements supposés d’aujourd’hui, sont peut-être ses forces de demain comme l’estiment plusieurs experts.
Bien sûr, il se peut qu’Obama échoue face à la hargne des républicains et à la volonté des adversaires de la démocratie de travailler à tout faire pour empêcher le monde d’être plus sûr.
Mais il se peut également qu’il réussisse, que sa loi sur l’assurance santé permette réellement à des millions d’Américains, et pas seulement à ceux qui ne sont pas assurés, de pouvoir se protéger contre la maladie à un coût acceptable tout en évitant – et il faut rappeler avec force qu’il s’agit d’un des objectifs prioritaires de cette loi – que le système n’implose pas à cause de coûts prohibitifs comme cela est prédit par les spécialistes qui savent que seule une régulation peut l’éviter et qui est contenue dans «Obamacare».
De même, il est possible qu’après avoir mis fin aux conflits en Irak (illégitime) et en Afghanistan (légitime), il réussisse à renouer un vrai dialogue constructif et suivi de décisions concrètes avec l’Iran.
Sans oublier une nouvelle phase de paix entre Israël et les Palestiniens, tout en trouvant une solution acceptable au conflit en Syrie où un dictateur sanguinaire tue son peuple pendant que des groupes terroristes aussi violents tentent de prendre le contrôle du pays pour en faire une base de combat contre l’Occident.
Quant aux rapports avec la Chine, le «pivot» de sa politique étrangère vers l’Asie pour aider les voisins inquiets de la montée en puissance de l’agressivité de l’Empire du milieu permettra peut-être de stabiliser une région qui court à grande vitesse vers des périodes et des séquences de tensions extrêmes.
De son côté, l’économie sera peut-être repartie sur un rythme de croisière qui permettra au chômage de baisser fortement et de faire entrer les Etats-Unis mais aussi le monde dans une nouvelle ère de développement.
Enfin, l’urgence de mettre en route une vraie politique environnementale qui était un des objectifs de son premier mandat pourra peut-être se réaliser avec la lente prise de conscience des Américains qu’il faut agir, prise de conscience dont l’Administration Obama est en partie responsable.
On ne parle même pas des possibilités de faire passer une loi sur l’immigration indispensable pour donner un nouveau souffle à un pays qui a réussi grâce à l’arrivée et l’assimilation de millions et de millions de personnes et sur celle, morale, concernant un meilleur contrôle des armes à feu.
Si Barack Obama parvient à réaliser la moitié de ce que l’on vient de parler, alors son affaiblissement actuel n’aura été qu’un trompe-l’œil d’une politique résolument tournée vers la réforme et le consensus.
Une politique centriste qui, comme il convient de le rappeler sans cesse, a des ennemis déterminés de chaque côté de l’échiquier politique et chez tous les régimes autoritaires et dictatoriaux.
Quoiqu’il en soit, que l’on ne s’y trompe pas, Barack Obama ne navigue pas à vue mais a des objectifs précis, une méthode de gouvernement pour y parvenir structurée et une grande volonté.
Et on le constatera si les Américains lui donnent à nouveau une majorité à la Chambre des représentants en 2014 lors des élections de mi-mandat, ce qui est loin d’être une vue de l’esprit tant les républicains lassent la population avec leur guerre stérile et incessante à son encontre.
Alexandre Vatimbella
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