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samedi 28 février 2009

CHINE-ECONOMIE. Les dirigeants chinois multiplient les déclarations contradictoires sur la crise économique du pays


Dirigeants et officiels expliquent aux Chinois qu’ils contrôlent la situation sur le front de la crise économique et financière mondiale tout en reconnaissant l’ampleur de ses effets et de leurs conséquences. Une parole pas toujours très rationnelle…


En dire un peu mais pas trop, reconnaître les difficultés tout en les niant, parler de la plus grave crise jamais connue tout en affirmant que l’économie repart et que la croissance sera au moins de 8%, telles sont les acrobaties auxquelles se livrent quotidiennement et depuis plusieurs mois les dirigeants chinois mais aussi tous les experts et analystes officiels qui se relaient pour répandre la parole du pouvoir. Bien sûr, la Chine doit reconnaître que la crise économique et financière mondiale la touche d’autant que la population en voit les effets tous les jours. Mais cette reconnaissance, qui permet en plus de se déclarer innocent des difficultés qui frappent les Chinois (ce sont les Occidentaux et les Américains en particulier qui en sont les responsables), doit être immédiatement tempérée par le fait que la Chine n’est pas au fond du trou, que la croissance va repartir et que l’activité donne des signes de reprise. Car le gouvernement et le Parti communiste redoutent plus que tout les troubles sociaux qui pourraient embraser l’ensemble du pays. Nier la profondeur de la crise est donc tout autant important que de reconnaître son existence… en termes politiques. D’où cette suite de déclarations plus ou moins contradictoires accompagnées par l’annonce de plans de relance nationaux, régionaux et sectoriels sensés apaiser les craintes des citoyens et qui sont très difficilement compréhensible pour les experts étrangers qui ne parviennent pas toujours à y voir une cohérence et, surtout, la réalité de dépenses nouvelles, beaucoup des mesures ayant déjà été budgétisées auparavant.


Alexandre Vatimbella

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vendredi 27 février 2009

CHINE-INTERNATIONAL. Le prochain secrétaire au Commerce américain est un «ami» de la Chine


D’origine chinoise, Gary Locke est un ancien gouverneur de l’Etat de Washington et fils d’émigrés venus du Sichuan.


Les bonnes relations entre les pays passent aussi par les hommes. Dans ce cadre, la désignation de Gary Locke par Barack Obama pour être le prochain secrétaire au Trésor – dès qu’il sera confirmé par le Congrès - a été très bien accueillie en Chine. Il faut dire que celui-ci est, non seulement fils d’émigrés chinois, premier gouverneur d’origine chinoise (de l’Etat de Washington) mais il a également porté la flamme olympique l’été dernier dans la province du Sichuan, province d’origine de sa famille. Gary Locke, avocat depuis son passage à la tête de l’Etat de la côte ouest, est considéré même comme un «ami» par la Chine. Il a rencontré à de nombreuses reprises les dirigeants de Pékin dont Hu Jintao et mène tous les ans des visites d’industriels américains en Chine, industriels dont il se fait l’avocat auprès des autorités du pays de ses ancêtres. Barack Obama espère que cette troisième désignation pour le poste de secrétaire au Commerce, qu’il considère comme très important dans la situation actuelle de l’économie mondiale, sera la bonne après le retrait de Bill Richardson et celle de Gregg Judd.


Alexandre Vatimbella

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INDE-AUTOMOBILE. La Nano sera lancée officiellement le 23 mars


La voiture « la moins cher du monde » devrait sortir des chaînes de montage du constructeur automobile indien Tata à la fin du mois de mars. En Europe, elle sera commercialisée près de trois fois plus cher qu’en Inde…


Après quelques retards et quelques péripéties (changement de site de l’usine dédiée à sa fabrication suite à l’opposition de paysans manipulés par des partis politiques locaux), la petite voiture de Tata, la Nano sortira enfin le 23 mars prochain. Elle sera proposée pour le prix de 1.500 euros ou 2.000 dollars en Inde (soit un peu plus cher que prévu initialement) mais pour 5.000 euros en Europe du fait des obligations de respecter les normes de sécurité européennes. Sa commercialisation débutera la deuxième semaine d’avril. Le propriétaire de Tata, Ratan Tata a indiqué qu’il comptait vendre entre 500.000 et un million d’unités par an de son modèle en Inde mais qu’il souhaitait également commercialiser la Nano en Europe ou aux Etats-Unis où la demande de petite voiture urbaine est de plus en plus important.


Jean-Louis Pommery

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jeudi 26 février 2009

CHINE-ECONOMIE. La Chine va soutenir financièrement des sociétés de Taïwan


C’est autant par intérêt politique que par intérêt économique que Pékin a décidé de débloquer des fonds pour aider des entreprises taïwanaises en difficultés à cause de la crise économique et financière mondiale.


La Chine a décidé de débloquer dix-neuf milliards de dollars afin d’aider des entreprises de Taïwan suite aux difficultés qu’elles rencontrent dans le cadre de la crise économique et financière mondiale. Cette aide sera distribuée aux entreprises à capitaux taïwanais qui sont implantées sur le territoire chinois. Cette aide qui est la bienvenue pour ces sociétés est tout autant politique qu’économique. Il s’agit, en effet, de resserrer encore un peu plus les liens entre la Chine et Taïwan dans l’espoir, pour le gouvernement et le Parti communiste chinois, que ceux-ci finiront par réunir la Chine continentale avec sa province rebelle depuis l’installation du pouvoir communiste à Pékin et la fuite des nationalistes à Taïwan. Mais il s’agit aussi de soutenir l’emploi en Chine et d’éviter que ces entreprises ne ferment leurs portes ou, pire, se délocalisent dans des pays moins chers que la Chine comme le Vietnam, les patrons taïwanais n’ayant guère d’états d’âme dans ce domaine…


Louis-Jean de Hesselin

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CHINE-ECONOMIE. Les difficultés de la Chine ont commencé bien avant la crise financière mondiale


Economiste à l’IFRI, Françoise Nicolas rappelle que la Chine connaît des difficultés économiques depuis 2007 et que leur résolution passe par des mesures structurelles importantes.


Pour Françoise Nicolas, économiste à l’IFRI (Institut français des relations internationales), « la crise économique en Chine a commencé avant la crise financière américaine à la suite de facteurs à la fois internes et externes ». Ce rappel vient contredire la parole officielle de Pékin qui a tendance à rendre responsable la crise mondiale de toutes les difficultés actuelles du pays.

Or, estime Françoise Nicolas, le ralentissement de l’économie chinoise a commencé dès le milieu 2007 avec des facteurs internes comme l’augmentation des coûts de production dus notamment à l’augmentation des salaires et à la délocalisation de nombreuses activités vers des pays encore moins chers comme le Vietnam. En conséquence, on note déjà, à ce moment là, un ralentissement de l’activité industrielle tout comme de l’investissement ainsi qu’une baisse du marché immobilier avec la baisse concomitante des chantiers de construction qui s’est traduite par une baisse de la vente d’acier et de ciment. L’éclatement, ces derniers mois, de la bulle immobilière a suivi celle de la bulle financière.

Evidemment, la crise économique et financière mondiale est venue se surajouter de manière très forte à ce tableau en demi-teinte mais il existait un terrain propice au fort ralentissement qui devrait toucher la croissance chinoise en 2009, certains organismes comme le FMI (Fonds monétaire international) l’évaluant à moins de 7%. Ainsi, les exportations sont en chute libre, les importations (souvent de pièces qui permettent l’assemblage de produits finis ensuite exportés) suivent le mouvement, les investissements directs étrangers (IDE) sont en recul et le chômage en forte progression alors que des milliers d’usines ont mis la clé sous la porte. Et la consommation interne, dont le gouvernement chinois espérait qu’elle prenne le relais des exportations pour soutenir la croissance, est poussive.

« Le défi essentiel des autorités chinoises, explique François Nicolas, est un défi social qui met en avant la légitimité du régime et du parti. Il y a d’abord le creusement très net des inégalités de revenus notamment entre les villes et les campagnes où le revenu moyen est 3,5 fois plus élevé à la ville avec les aides sociales aux populations rurales (sans aide, il est de six fois plus élevé !). Ensuite, il y a le chômage qui se monte à 9,4% de la population active selon les chiffres de l’Académie des sciences et qui touche essentiellement les travailleurs migrants et les jeunes diplômés. Le chômage de ces derniers est plus inquiétant pour le pouvoir car ils sont plus capables de s’organiser et de se mobiliser comme lors des événements de Tian'anmen en 1989. » Si le gouvernement de Pékin ne parvient pas à donner du travail aux jeunes chinois et à calmer les campagnes, il risque d’être confronté à de nombreuses manifestations et à une remise en cause de son action.

Pour tenter de relancer l’économie, « l’arme budgétaire a été la principale réponse des autorités », indique Françoise Nicolas. Plusieurs secteurs prioritaires ont été identifiés qui sont le logement social, les infrastructures, l’innovation, les restructurations, l’aide directe aux ménages. Reste que les opinions sur le plan de relance adopté par Pékin sont mitigées. Car, comme le rappelle François Nicolas, « le gros paquet, ce sont les infrastructures » et « beaucoup de projets contenus dans ce plan de relance avaient déjà été planifiés avant son adoption ; il est donc difficile de savoir ce qui est vraiment nouveau ». Cependant, l’économiste de l’IFRI, si elle partage un certain scepticisme sur les résultats de ce plan qui devraient, selon les autorités, apporter un à deux points supplémentaires de croissance du PIB en 2009 et en 2010, estime que « le diagnostic a été bien posé » et que si les dépenses sont correctement réalisées, cela pourrait signifier la vraie émergence d’un marché intérieur. Néanmoins, toutes ces mesures n’éviteront pas « à court terme, une décélération de l’activité économique ».


Alexandre Vatimbella

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