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jeudi 31 mars 2016

Présidentielle USA 2016. Le projet «centriste» des Pères fondateurs était d’éviter un Trump

Les Pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique (dont les principaux sont John Adams, Benjamin Franklin, Alexander Hamilton, John Jay, Thomas Jefferson, James Madison, et George Washington), ces hommes qui ont inventé la démocratie républicaine américaine sont instrumentalisés depuis que le pays existe par tous ceux qui veulent leur faire dire ce qu’ils veulent faire croire qu’ils ont dit afin d’appuyer leurs propres idéologies.
Car leur parole est souvent d’Evangile pour apprécier les soubassements de nombre de textes régissant la vie politique américaine, au premier rang desquels se trouvent évidement la Constitution ainsi que la Déclaration d’indépendance.
On connait, parce qu’il est le plus médiatisé, ce fameux deuxième amendement (mesure donc rajoutée a posteriori) qui légitimerait selon certains le port d’arme dans le pays alors même que les Pères fondateurs, très méfiants à l’égard du peuple et de ses réactions passionnelles et irrationnelles, n’auraient jamais autorisé n’importe qui à se promener avec une arme, a fortiori celles qui circulent aujourd’hui.
Oui, les Pères fondateurs et ceux qui les entouraient à l’époque ne faisaient pas confiance, en très grande majorité, au peuple.
Pour autant, ils voulaient un régime de liberté et ne souhaitaient pas, à part une petite minorité, installer une monarchie ou un régime autoritaire.
Le premier président du pays, George Washington, mis en pratique ce choix politique une fois élu à la présidence du pays en refusant de se présenter plus de deux fois (il n’y avait alors aucune loi interdisant de se présenter autant qu’on le désirait) car il ne voulait pas que les Etats-Unis deviennent une sorte de monarchie républicaine avec un président à vie.
Donc, ils installèrent une démocratie républicaine laïque et représentative avec deux idées principales en tête: une démocratie se mesure aux droits de la minorité et non au pouvoir de la majorité; une république ne peut fonctionner que si aucun pouvoir n’est absolu et donc le pouvoir se partage.
Ce sont ces fameux «checks and balances», ces contrepoids qui permettent d’équilibrer les pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire et même le législatif entre la Chambre des représentants (le peuple) et le Sénat (les Etats fédérés), suivant en cela les préceptes de Montesquieu.
Pour eux, il valait mieux un pays paralysé que dominé par une faction quelconque, fut-elle majoritaire.
Cela permettrait d’éviter, selon eux, une tyrannie du plus grand nombre mais également le populisme et la démagogie.
Si le blocage actuel des institutions avec un président démocrate et un Congrès républicain ainsi qu’une Cour suprême penchant à droite mais pas toujours est la résultante voulue par les Pères fondateurs (même s’ils ne désiraient pas que le gouvernement soit paralysé dans l’absolu, évidemment), ils ont échoué en ce qui concerne le populisme et la démagogie.
Ce fut le cas, une première fois, en 1829 avec l’élection d’Andrew Jackson.
Mais ce fut surtout le XX° siècle qui vit de développer, avec son extension de la démocratie notamment pas l’emprise grandissante des médias, le populisme démagogique, un mouvement qui atteint aujourd’hui son paroxysme mais peut-être pas son apogée…
L’élection de Ronald Reagan en 1980 montrait que l’on pouvait être un acteur de film de série B, faire des publicités pour n’importe quoi, ne pas être vraiment au courant des affaires du monde et se faire élire (même si beaucoup considèrent aujourd’hui que les deux mandats de Reagan furent plutôt une réussite) sur des propos souvent largement populistes et démagogiques, le tout enveloppé dans un discours conservateur et magnifiant l’exceptionnalisme américain et le rêve américain (celui des républicains qui n’est pas exactement le même que celui des démocrates).
Mais, pour beaucoup d’Américains, cette élection prouvait, une nouvelle fois, que n’importe quel citoyen avait l’opportunité («opportunity» est un mot quasi-sacré dans le langage politique étasunien) de devenir l’hôte de la Maison blanche grâce à son travail, ses capacités et à son mérite et que l’on pouvait restaurer la puissance du pays (la perte de celle-ci est une angoisse récurrente qui revient par cycles depuis que les Etats-Unis sont devenus la première puissance mondiale au début du XX° siècle).
De même que l’arrivée au pouvoir d’un Bill Clinton dont la famille venait des basses classes moyennes démontrait la force de la méritocratie américaine selon le discours national alors même que toutes les études montrent que le fameux ascenseur social qui offre une chance à tout le monde ne fonctionne plus depuis des décennies, s’il a jamais réellement fonctionné efficacement, d’ailleurs.
Néanmoins, toutes les nations du monde ont besoin de récits structurants qui permettent de dresser une image positive et rassurante de ce qu’elles sont ou, plutôt, de ce qu’elles croient qu’elles sont.
On peut dire, cependant, que jusqu’à l’élection de George W Bush en 2000 face à Al Gore, les candidats populistes étaient plutôt des exceptions avec Andrew Jackson, Eugene Debs, George Wallace ainsi que Ross Perot, entre autres.
Quant à être élu, on l’a vu, seul Jackson et à un degré moindre Reagan, jusqu’à présent, peuvent être considérés comme des populistes (au sens français du terme).
Depuis 2008 et la première victoire de Barack Obama, les choses sont devenues autres.
Certains prétendent que c’est le réveil de l’Amérique blanche moyenne et basse face à la mondialisation mais surtout face à une société de plus en plus mélangée et cosmopolite où les noirs, les hispaniques, les asiatiques et autres minorités deviennent majoritaires dans le pays face aux blancs qui ont produit une poussée populiste démagogique qui n’a cessé depuis lors de grandir et qui gangrène l’élection présidentielle de cette année.
Un réveil qui est du, il faut le dire également, à la couleur de l’hôte actuel de la Maison blanche.
En cette année 2008, donc, la candidate républicaine à la vice-présidence, colistière de John Mc Cain, Sarah Palin, était une inconnue mais surtout une incompétente notoire, au discours démagogique et populiste enflammé, ancienne gouverneure de l’Alaska et ancienne miss de cet Etat.
Il n’est pas étonnant, d’ailleurs, qu’elle soutienne Donald Trump aujourd’hui.
Le refus des républicains dans leur ensemble de considérer comme légitime la présidence d’Obama permit à tous les mouvements contestataires radicaux de droite de prospérer et d’être constamment sous le feu des médias, un peu comme le furent les mouvements contestataires radicaux de gauche à la fin des années 1960 et au début des années 1970 mais pour des motifs bien différents.
Dès lors, la machine à produire de la démagogie et du populisme était lancée, avec d’autant plus d’énergie qu’elle était soutenue par un des deux grands partis américains pour des motifs autant idéologiques qu’électoraux.
Tout cela a abouti, in fine, aux candidatures de Donald Trump et Ted Cruz du côté républicain et de Bernie Sanders, du côté démocrate pour les primaires qui se déroulent actuellement.
Evidemment, Trump, Cruz et Sanders font des promesses bien différentes et leurs propos sur l’état des Etats-Unis sont souvent diamétralement opposés.
Cependant, ils partagent un discours populiste et démagogique (celui de Sanders vient notamment du mouvement Occupy Wall Street) qui promet l’impossible et leurs déclarations attisent intentionnellement les passions et les préjugés des électeurs – les plus inavouables pour Trump – au lieu d’user d’arguments raisonnables pour s’adresser à leur intelligence.
Si Ted Cruz et Bernie Sanders font planer un grave danger sur la démocratie, Donald Trump est celui qui représente la menace la plus grande.
Bill Malher, l’humoriste de gauche très engagé politiquement, vient ainsi d’apporter son «soutien» à Cruz contre Trump dans la course à la primaire républicaine, en expliquant qu’avec Ted Cruz, les Américains auront le pire président jamais élu mais qu’avec Donald Trump, ils auront le dernier de la démocratie américaine…
De nombreux articles ont été publiés sur cette menace que fait peser Trump et qu’avaient voulu éviter les Pères fondateurs.
Comme l’éditorial du politologue Michael Gerson dans le quotidien Washington Post intitulé «Trump est le démagogue que nos Pères fondateurs craignaient» en rappelant que ces derniers avaient peu d’attrait pour la «’pure démocratie’ dont ils pensaient qu’elle était particulièrement vulnérable face aux démagogues. ‘Les hommes de tempérament factieux, aux préjugés locaux ou aux sinistres desseins’, dit le numéro dix du Fédéraliste (ndlr: articles rédigés par certains des rédacteurs de la Constitution américaine pour expliquer le système politique mis en place), peuvent, par l'intrigue, par la corruption ou par d'autres moyens, d'abord obtenir les suffrages du peuple, puis trahir leurs intérêts’. Un gouvernement représentatif est conçu pour contrecarrer les majorités aux sinistres desseins, par la médiation de l'opinion publique par ‘un organisme choisi des citoyens, dont la sagesse peut mieux discerner le véritable intérêt de leur pays’».
C’est, bien sûr le Congrès avec la Chambre des représentants et le Sénat, qui met en pratique le système représentatif mis en avant par Sieyès, en France quelques années plus tard, lors de la première phase de la Révolution française.
Le problème semble que ce système représentatif ne puisse pas empêcher à tous les coups un populiste démagogue d’être élu.
Il est sûr que toute l’architecture bâtie pour privilégier la modération, le consensus et le compromis, reposant sur un équilibre des pouvoirs et une représentation pour barrer la route aux passions populaires, sera très endommagée si Trump est élu.
Mais aussi si c’est Sanders ou Cruz qui le sont
Doit-on être inquiet? Certainement.


Alexandre Vatimbella

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dimanche 20 mars 2016

Etats-Unis. Le choix centriste de Barack Obama pour la Cour suprême

Si on l’avait oublié, Barack Obama est un centriste assumé qui souhaitait que la vie politique américaine, sous sa présidence, devienne «post-partisane», c’est-à-dire que le gouvernement se fasse sur des majorités consensuelles d’idées selon les cas et non plus sur des blocs antagonistes, même s’ils pouvaient faire des compromis sur certains sujets de manière «bipartisane».
Ce consensus d’un nouveau genre a été enterré par les républicains dès après l’investiture d’Obama en janvier 2009.
A la place, lors d’une réunion à Washington, les leaders républicains ont décidé d’une guérilla de tous les instants, d’un blocage systématique et d’attaques qui ont permis la création du mouvement Tea party qui a réuni ensemble tous les populistes et les extrémistes de droite que compte l’Amérique, aboutissant aujourd’hui à ce que le primaire républicaine soit dominée par un populiste démagogue, Donald Trump, et un conservateur proche de l’extrême-droite, Ted Cruz.
Une sorte de retour à l’envoyeur qui met l’establishment républicain dans tous ses états…
Il faut rappeler ici que cette stratégie de la terre brûlée a été adoptée en premier lieu pour faire échec à ce président à la popularité alors énorme et qui menaçait, par sa main tendue, tout l’édifice que les ultraconservateurs républicains avaient patiemment mis en place depuis la présidence Reagan dans les années 1980, voire depuis la présidence Nixon dix ans plus tôt, pour déporter définitivement l’Amérique à droite toute et délégitimer le plus possible les démocrates mais également tous les centristes, qu’ils soient démocrates ou républicains.
Dans le même temps, Barack Obama a du, faute d’ouverture, se rabattre sur l’unique Parti démocrate pour gouverner, ce qui l’a parfois légèrement déplacé au centre-gauche notamment après 2010 lorsque les démocrates ont perdu la majorité à la Chambre des représentants et, surtout, après 2012 avec la perte du Sénat.
Néanmoins, il a gardé les fondamentaux de sa ligne politique centriste, celle qu’il prêchait déjà dans ses ouvrages alors qu’il n’était même pas candidat à la présidence.
C’est pourquoi, son choix du juge Merrick Garland, un centriste reconnu, pour remplacer le juge d’extrême-droite Antonin Scalia à la Cour suprême qui vient de décéder, ne peut qu’étonner ceux qui se sont toujours trompés (ou trompent la population) sur Obama en le présentant comme un homme de gauche et un activiste «liberal».
Ici aussi il faut faire un rappel en n’oubliant pas que le sénateur socialiste Bernie Sanders, candidat à l’investiture démocrate face à Hillary Clinton, a été maintes fois un critique d’Obama et qu’il souhaitait même une primaire en 2012 avec un candidat de gauche face à ce dernier qu’il a toujours considéré comme un centriste.
Bien entendu, le président des Etats-Unis savaient qu’il devait choisir un homme modéré afin de tenter de lézarder puis de faire voler en éclats le véto des leaders républicains sur toute nomination à la Cour suprême, le Sénat, à majorité républicaine, devant confirmer le choix du président.
Le plus extraordinaire pour bloquer la machine démocratique a été le motif utilisé par le Parti républicain.
Quittant la Maison blanche en janvier prochain, Barack Obama ne devrait plus rien faire sauf gérer les affaires courantes!
Surtout, il ne devrait pas nommer un juge à la Cour suprême.
Une lecture totalement aberrante de la Constitution et contraire à l’état de droit démocratique mais qui ne semble pas perturber du tout la majorité des républicains, ce qui est sans doute le plus grave dans une démocratie républicaine.
Toujours est-il que Merrick Garland, juge à la Cour d’appel du district de Columbia, ne souffre d’aucun doute sur ses capacités, son expérience et ses qualités.
En outre, sa réputation de centriste ne peut que renforcer une institution que de plus en plus d’Américains estiment être devenue totalement partisane et donc plus du tout au-dessus de la mêlée même si elle ne l’a jamais vraiment été dans les faits.
Et même si l’on peut penser que le choix de M. Garland n’aurait peut-être pas été celui du président s’il avait eu la majorité au Sénat, il faut louer cette initiative.
Tout en ne jouant pas à l’ingénu.
Il est évident qu’Obama sait que son choix a mis le Parti républicain dans l’embarras.
D’une part, parce que Merrick Garland avait été proposé précédemment par certains républicains pour être juge à la Cour suprême.
D’autre part, parce qu’en fermant la porte à un homme de qualité, les républicains vont une nouvelle fois apparaître comme des idéologues bornés dont le seul but est d’empêcher les institutions de fonctionner normalement.
Et ce en une année électorale où, non seulement, la présidence du pays est en jeu mais également la majorité au Sénat qui pourrait bien rebasculer en faveur des démocrates (cela semble beaucoup plus difficile pour la Chambre des représentants dominée largement par les républicains grâce à des redécoupages de circonscriptions qu’ils ont décidé et qui les avantage outrageusement).
C’est pourquoi l’on a vu certains sénateurs républicains qui vont se présenter à l’élection de novembre (le Sénat se renouvèle par tiers), déclarer qu’ils s’entretiendraient avec le juge Garland, ce qui pourraient préfigurer une ouverture dans l’examen de sa nomination, ce que veulent éviter à tout prix les leaders du parti.
Pourquoi cet acharnement à tout bloquer, in fine?
Parce que la Cour suprême, avant le décès de Scalia, sur ses neuf membres, en comptait cinq conservateurs ou ultraconservateurs et quatre centristes ou de centre gauche, ce qui permettait souvent de dessiner une législation et une jurisprudence très conservatrice voire réactionnaire ainsi que de laisser la porte ouverte à toutes les initiatives que pourraient prendre un président républicain élu en novembre, notamment sur l’annulation de la loi sur l’assurance santé, sur l’interdiction de l’avortement, sur l’interdiction du mariage gay, sur l’extension du droit de port d’arme, sur le retour en force de la religion à l’école avec les théories créationnistes, etc.
Et la Cour suprême peut encourager ou autoriser toutes ces mesures car sa compétence s’étend sur tous les cas relevant de la Constitution et des lois du pays (fédérales et étatiques) ainsi que des traités conclus par les Etats-Unis.
Concrètement, elle décide si une loi peut ou non s’appliquer (elle ne peut l’abroger mais sa décision s’impose à tous les tribunaux du pays) en la déclarant constitutionnelle ou non.
De même, elle décide si une situation de fait ou un jugement d’un tribunal, en l’absence d’une loi, est conforme aux droits fondamentaux des citoyens tels qu’ils sont définis par la Constitution si elle est saisie à cet effet.
On voit donc son rôle crucial, dénoncé dès sa création par certains comme inconstitutionnel et aboutissant à un gouvernement des juges, et la raison pour laquelle les républicains tiennent tellement à y rester majoritaires.
Mais quoi qu’il arrive dans cette affaire, Barack Obama sera demeuré tout au long de son mandat, un président centriste, non pas par nécessité comme beaucoup l’on fait aux Etats-Unis et ailleurs, mais par conviction.

Alexandre Vatimbella



copyright 2016 LesNouveauxMondes.org 

samedi 19 mars 2016

Présidentielle USA 2016. Sauf séisme politique, Hillary Clinton sera la candidate démocrate

Bien sûr, elle n’a pas encore le nombre de délégués nécessaire pour remporter les primaires et, en cette année des populismes, Bernie Sanders peut encore créer la surprise mathématiquement parlant, mais, sauf séisme politique incroyable, la centriste Hillary Clinton sera la candidate démocrate le 8 novembre prochain, sans doute face à Donald Trump.
Hier soir, lors d’un nouveau «super Tuesday», elle a remporté les cinq Etats en course dont, surtout, la Floride et l’Ohio mais aussi l’Illinois et la Caroline du Nord ainsi que le Missouri.
Sa victoire en Floride a été impressionnante, surtout elle est due à la mobilisation en sa faveur de l’ensemble de l’électorat démocrate (les succès de Sanders ont souvent été dus aux votes des «independents» qui peuvent participer à certaines primaires et pas à d’autres) et des minorités.
Sur les 2383 délégués nécessaires pour être nommée la candidate démocrate lors de la convention du parti fin juillet (du 25 au 28) à Philadelphie, elle en possède désormais 1568 contre 797 à Bernie Sanders selon CNN (1521 contre 800 selon Politico).
Clinton va ainsi entrer dans l’Histoire en étant la première candidate d’un grand parti à l’élection présidentielle.
Mais elle pourra aussi la faire en étant la première présidente des Etats-Unis.
Car la route vers la Maison blanche semble lui être grande ouverte puisque son opposant républicain sera certainement Donald Trump – qui a encore augmenté son avance hier soir face à ses rivaux républicains – qu’elle bat dans tous les sondages assez largement depuis l’entrée en lice du promoteur newyorkais, les deux derniers réalisés, datant du 9 mars, lui donnent la victoire 51%-38% (NBC) et 50%-41% (ABC).
Cependant Clinton a encore de nombreux écueils et elle ne doit s’attendre à aucune mansuétude, surtout à tous les coups tordus de la part de Trump, du genre de ceux qu’il a utilisé face aux autres candidats républicains.
De même, elle devra encore et encore améliorer son image auprès des Américains et batailler face au «Hillary bashing» des journalistes.
Comme le remarquait le New York Times, lors du dernier débat entre Clinton et Sanders sur CNN, toutes les questions agressives et déstabilisantes lui ont été posées dans ce que le quotidien a appelé un comportement quelque peu malhonnête de la part des modérateurs.
Un article dans Time montre que plusieurs journalistes, alors qu’elle se félicitait d’avoir remporter cinq Etats hier soir et qu’elle remerciait ses sympathisants, l’ont moqué soi-disant pour avoir «gueulé» lors de son discours, une nouvelle attaque incompréhensible selon le magazine qui estime qu’aucun d’entre eux n’auraient dit cela à propos d’un candidat et même d’une candidate autre qu’Hillary Clinton...
Dans ce même discours, elle a réaffirmé qu’elle était prête pour gouverner et qu’il fallait choisir quelqu’un(e) qui soit prêt(e) dès le premier jour et qui connaisse comment faire le boulot de président.
En outre, elle a estimé qu’il ne s’agissait pas simplement de se présenter à la présidentielle en faisant des promesses à tout va mais qu’il fallait proposer des mesures réalisables et financièrement possibles.
Elle a également attaqué Donald Trump en fustigeant ses propos sur les immigrés et les musulmans ainsi que ceux sur la politique étrangère, déclarant que celui-ci était «not strong but wrong» (pas fort mais avait tort).

Alexandre Vatimbella



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L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La démocratie du XXI° siècle au défi du populisme

De Platon et Aristote aux Pères fondateurs des Etats-Unis (Jefferson, Adams, Hamilton) et au théoricien de la Révolution française, l’abbé Sieyès, en passant par Bodin et Hobbes, Locke et Montesquieu, les philosophes et penseurs politiques se méfient des passions populaires.
C’est la raison pour laquelle ils se méfiaient corollairement de la démocratie, l’originale dont parle l’Antiquité grecque, celle où le peuple gouverne et décide directement, celui où il légifère et exécute en même temps.
On pensait avoir trouvé la solution la plus sage avec la construction intellectuelle de la démocratie représentative, avec Sieyès, Kant et quelques autres dans une articulation où le vouloir et le pouvoir n’étaient pas interdépendants mais aussi, bien sûr, avec les débuts prometteurs de la république des Etats-Unis d’Amérique où les Pères fondateurs avaient imaginé un système où les pouvoirs se bloquaient entre eux afin d’éviter que la majorité ne devienne tyrannique afin de protéger la minorité, car la démocratie républicaine s’apprécie aussi et surtout à l’aune des droits de la minorité.
Comme le résume fort bien Albert Camus, «La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.»
La Révolution française, dans un premier temps, avait voulu s’inscrire dans une telle démarche avant qu’elle ne dérape, en partie, par ces passions populaires dévastatrices.
Car c’était sans compter sur les populistes et les démagogues qui s’adaptèrent dès le départ fort bien à ce nouveau système pour demander au peuple de les élire en leur promettant le beurre et l’argent du beurre dans des discours enflammés et agressifs, voire plus.
Mais l’on croyait tout de même que le populisme disparaitrait au fur et à mesure que la démocratie s’installe et mûrisse avec des peuples qui, petit à petit, grâce à l’éducation, à l’information et au progrès social et technique, s’approprient le fameux couple liberté-responsabilité afin que tout cela aboutisse à un gouvernement harmonieux et raisonnable, ce fameux juste milieu de Confucius, cette fameuse médéité d’Aristote.
On avait oublié, même si Tocqueville nous l’avait expliqué avant d’être un peu oublié puis justement redécouvert, que la démocratie est moins une question de liberté pour le peuple que d’égalité et que l’équilibre fondamental liberté-égalité penche le plus souvent vers une demande populaire d’égalité au détriment de la liberté, ce que nous disaient déjà Platon.
Ainsi, en ce début de XXI° siècle, la démocratie républicaine représentative se trouve toujours à la merci du populisme comme elle l’était au temps d’Athènes.
Que ce soit en Amérique du Sud avec les Chavez (Venezuela), Morales (Bolivie), Kirchner (Argentine), ou en Europe avec les Orban (Hongrie) ou les Tsipras (Grèce), les populistes sont ou ont été au pouvoir pour le plus grand malheur de leurs peuples qui les avaient choisis démocratiquement.
Certains ont coulé l’économie de leurs pays, d’autres n’ont pas été capables de les sortir de leurs difficultés qui les avaient portés au pouvoir.
Sans parler des limitations de la liberté, les bouc émissaires et les relents de xénophobie où toutes les difficultés viennent évidemment des autres ou d’ailleurs, de ces ennemis extérieurs et de leurs relais intérieurs.
Et l’on a vu fleurir ces dernières décennies avec une accélération récente, un peu partout, sur le même principe et avec les mêmes discours, des organisations populistes plus ou moins extrémistes comme Podémos (Espagne), le Mouvement cinq étoiles (Italie), le Front national et le Front de gauche (France), Ukip (Grande Bretagne) Pegida et l’AFD (Allemagne) ainsi que des hommes qui surfent sur cette vague comme Donald Trump et Bernie Sanders aux Etats-Unis.
En cette année 2016, le populisme, la démagogie et l’extrémisme se sont à nouveau coalisés pour attaquer les fondements, les principes et les valeurs de la démocratie républicaine comme une sorte de retour en arrière mécanique qui fait parfois douter que les peuples aient jamais appris quoi que ce soit, ni même qu’ils aient ouvert un livre d’Histoire.
Il est fort possible que le populisme et la démagogie soient éternels.
Il est même, fort possible, que ce soit également mais pas seulement, une résultante de la démocratie républicaine qui permet aux passions, aux intérêts personnels et aux frustrations, légitimes ou non, de s’exprimer dans la rue et dans le bulletin de vote, de voir des aventuriers s’en emparer et nombre d’individus leur faire confiance.
Cela n’empêche pas qu’il faut une lutte résolue et sans concession de la part des vrais démocrates et des vrais républicains contre ces deux tares, ces deux dangers qui ont produit et produisent tant de catastrophes au cours des siècles et particulièrement au XX° siècle même si le XXI° est malheureusement en train de suivre son prédécesseur en la matière.
Et le Centre doit être au cœur de cette résistance au populisme au nom de ses valeurs humanistes, au nom de son principe de juste équilibre, au nom de sa défense de la liberté.
Les partis centristes se doivent d’être en première ligne pour défendre la démocratie républicaine.
Car, si Winston Churchill disait «Le meilleur argument contre la démocratie est fourni par une conversation de cinq minutes avec l'électeur moyen», il affirmait dans le même temps, «La démocratie est le pire des régimes – à l'exception de tous les autres déjà essayés dans le passé».

Alexandre Vatimbella


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mardi 15 mars 2016

Présidentielle USA 2016. La presse aura-t-elle une nouvelle fois la peau d’Hillary?

La courte défaite d’Hillary Clinton – mais emblématique de ses difficultés avec les ouvriers et les employés blancs – dans la primaire du Michigan face à Bernie Sanders qui partait avec 30 points de retard il y a quelques semaines pose à nouveau la question de savoir si la couverture médiatique de la candidate démocrate est honnête.
Ses électeurs doivent avoir en effet les oreilles qui sifflent à chaque fois qu’ils écoutent la radio et les yeux qui brûlent quand ils regardent la télévision, consultent internet ou lisent la presse.
Et ce n’est pas qu’une impression partisane.
Il est bien difficile en effet de trouver des journalistes qui disent du bien de leur chère Hillary ou, tout simplement, qui n’en disent pas du mal!
On le sait, Clinton est détestée par la presse depuis son passage à la Maison blanche, lorsqu’elle était la première dame entre 1992 et 2000.
Cela s’est confirmé en 2007-2008 où les médias ont joué un rôle de premier plan dans sa défaite face à Barack Obama lors des primaires démocrates alors qu’elle était la grandissime favorite dans les sondages.
Bien évidemment, elle n’est pas exempte de reproches dans la conduite de ses campagnes, dans ses relations avec les journalistes et dans ses difficultés d’image avec le grand public.
Néanmoins, elle est l’objet depuis plus de vingt ans de constantes insinuations, d’attaques sans fondement et d’enquêtes uniquement à charge de la part du monde médiatique où on a souvent l’impression qu’une sorte de concours oppose les journalistes sur celui ou celle qui la fera enfin tomber définitivement.
Et la campagne des primaires démocrates met cette attitude en lumière une nouvelle fois sans conteste.
Ainsi, si la plupart des journalistes politiques américains demeurent des anti-clintoniens purs et durs, les voilà qui sont devenus soudainement des socialistes, présentant Bernie Sanders de manière outrageusement favorable afin de la présenter en alternative crédible à Hillary Clinton.
Après avoir été Obamistes en 2008 sans même connaître le futur président des Etats-Unis quelques mois auparavant, les voilà tout aussi Sandériens sans plus de logique que d’être contre Clinton.
Le plus problématique déontologiquement parlant est que ses opposants ne reçoivent pas le même traitement.
Cet «Hillary bashing» fort connu est tellement caricatural que des hommes comme Donald Trump ou Ted Cruz obtiennent des couvertures médiatiques bien plus positives que l’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama.
Et ce malgré leurs mensonges et leurs casseroles multiples (comme les faillites à répétition de Trump) qui sont certes évoqués mais sans l’outrance qui frappe Clinton et ses «affaires» qui sont souvent d’un degré infime par rapport aux leurs comme, par exemple, le problème des e-mails lorsqu’elle était au gouvernement ou ses discours auprès des banques.
Un des cas les plus emblématiques du comportement malhonnête des médias américains à l’encontre d’Hillary Clinton est l’utilisation du comportement de Bill Clinton vis-à-vis de la gente féminine qui lui est directement reproché comme si elle avait été sa complice…
C’est en premier lieu l’infidélité de Bill Clinton et, évidemment, l’affaire Monica Lewinsky, cette stagiaire de la Maison blanche avec qui il avait eu des relations sexuelles et qui avait failli lui coûter sa présidence (non pas pour ces frasques mais parce qu’il avait alors menti au peuple américain sur cette relation).
Ainsi, de victime, elle est devenue accusée, soi-disant selon certains journalistes ou certains de ses adversaires complaisamment interviewés, parce qu’elle n’aurait pas assez condamné le comportement de son mari!
Les attaques très en-dessous de la ceinture à ce propos sont venues de Donald Trump, l’homme qui insulte les femmes en direct à la télévision, qui a été marié trois fois et dont une de ses épouses l’a accusé de viol avant de se rétracter.
Alors qu’elles auraient du être mises en comparaison de ses comportements pour le moins machistes, elles ont été reprises abondamment par les journalistes, toujours friands de tout ce qui peut abaisser la centriste.
Ce fut par exemple, le cas du chef du service politique de NBC, Chuck Todd, qui s’est fait une spécialité de chercher tout ce qui peut compromettre Hillary Clinton, et qui monta en épingle cette histoire en affirmant sans aucune preuve que cette affaire faisait trembler toute l’équipe de la candidate à la candidature démocrate, sous-entendu cela pourrait détruire sa candidature.
On pourrait en rire s’il ne s’agissait pas de professionnels des médias et du choix du prochain président de la première puissance mondiale.
Que Donald Trump tombe dans ces attaques nauséabondes, quoi de plus normal, c’est ce qu’il fait depuis qu’il a annoncé sa candidature.
Que les médias commencent à le suivre tout en le critiquant – comportement bien connu de ceux qui propagent des ragots tout en s’en désolidarisant pour se réclamer irresponsable de leurs dénonciations! –, voilà bien qui prouve la recherche constante de sensationnalisme d’une partie des journalistes et, d’une certaine manière, une victoire pour Trump et sa stratégie de salir tout le monde, de ses concurrents républicains au camp démocrate.
Le populisme et la démagogie, ça fait vendre depuis toujours avec un public qui se bouche le nez mais qui regarde et écoute avec délectation.
A noter que la presse française suit l’exemple des médias américains du «tout sauf Hillary».
Même si cela se passe à plusieurs milliers de kilomètres, la présidentielle américaine passionne la France et permet à ses médias de jouer la présidentielle de 2017 avant l’heure.
A gauche, de Libération au Monde en passant par Le Nouvel Obs, on défend Sanders, le socialiste.
A droite, du Figaro à Valeurs actuelles, déstabilisés par Trump, les médias commencent à lui trouver des qualités même s’ils sont encore hésitants et qu’ils auraient bien vu Rubio qui devient de moins en moins une alternative sérieuse au promoteur newyorkais après ses nouvelles défaites du deuxième «super Tuesday» (reste Ted Cruz, l’homme de l’extrême-droite).
Mais, que ce soit la presse de gauche ou celle de droite, il y a un ennemi à abattre, la centriste Hillary Clinton.
Elle est de droite pour la presse de gauche et de gauche, voire d’«extrême-gauche» (sic) selon un récent article du Figaro, pour la presse de droite.
Pour conclure, ce n’est pas tant de parler des problèmes d’Hillary Clinton, réels ou supposés, qui est répréhensible, que d’en parler à tout bout de champ et de le faire uniquement à charge.
Mais il est vrai qu’en se présentant en centriste, la candidate Clinton attise les haines – et ici ce n’est pas un mot trop fort – aussi bien à droite qu’à gauche.
Une situation que connaissent souvent les candidats centristes à travers le monde.

Alexandre Vatimbella

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mardi 8 mars 2016

Présidentielle USA 2016. Le centriste Bloomberg ne se présentera pas pour ne pas risquer l’élection de Trump ou Cruz

Michael Bloomberg, centriste et ancien maire de New York, a officiellement renoncé à se présenter à la présidence des Etats-Unis le 8 novembre prochain en tant qu’indépendant.
Le milliardaire qui a fait fortune en créant lui-même son empire de médias financiers, souhaitait depuis de nombreuses années concourir à la présidentielle.
Déjà, en 2007, il avait mené des tests pour savoir s’il avait une chance de l’emporter.
Même si cette année, à 74 ans, il avait moins d’appétence pour une campagne électorale, lui qui avait repris directement la direction de son entreprise l’année dernière, la volonté de barrer la route à la Maison blanche aux populistes Donald Trump et Bernie Sanders ou à l’extrémiste Ted Cruz lui avait fait envisager très sérieusement de se présenter.
Il avait commencé à élaborer son plan de bataille, fait réaliser des études et des tests notamment au Texas et en Floride, choisi son équipe de campagne, trouver ses slogans et logos et même trouver son éventuel vice-président.
Il avait prévu de consacrer un milliard de dollars de sa fortune personnelle à cette campagne et de refuser tous les dons et financements extérieurs pour demeurer le plus indépendant possible de tous les intérêts particuliers.
Les sondages qu’il avait faits réalisés ainsi que les projections en nombre de grands électeurs qu’il pourrait avoir étaient assez encourageants même s’il ne lui donnaient pas un avantage sûr et certain.
C’est une des raisons de son renoncement mais pas le principal.
Car, pour l’emporter mais aussi pour légitimer sa candidature, il fallait que le duel républicain-démocrate oppose Trump ou Cruz à Sanders.
Or, selon toute vraisemblance, celui-ci aura pour acteurs Donald Trump du côté républicain (à moins d’une cabale réussie par l’establishment contre le promoteur immobilier) et Hillary Clinton, une centriste.
Dès lors, la candidature de Bloomberg risquait de faire doublon avec celle de Clinton, surtout et principalement, de diviser les voix des modérés et des centristes et de permettre à Trump de l’emporter.
Pour annoncer sa non-candidature, Bloomberg a signé cette tribune sur le site d’opinions de son empire médiatique, intitulée «The risk I will not take», le risque que je ne prendrai pas (lire celle-ci en version originale ici):
«Les Américains sont aujourd'hui face à un défi profond afin de préserver nos valeurs communes et la promesse de la nation.
La stagnation des salaires dans le pays et notre influence en déclin à l'étranger ont mis les Américains en colère et mes rendent frustrés. Et pourtant, à Washington, on ne propose rien d'autre que le blocage des institutions et des attaques partisanes.
Pire encore, les candidats présidentiels actuels désignent des boucs émissaires au lieu de proposer des solutions, et font des promesses qu’ils ne pourront finalement pas tenir. Plutôt que d'expliquer comment ils vont briser la fièvre partisane qui paralyse Washington, ils en rajoutent sur ses dysfonctionnements.
Au cours de l'histoire américaine, les deux partis ont eu tendance à désigner des candidats présidentiels qui restaient proches du Centre et construisaient à partir de celui-ci. Mais cette tradition est en panne. L’extrémisme est en marche, et à moins que nous le stoppions, nos problèmes à l’intérieur et à l'extérieur du pays vont empirer.
Beaucoup d'Américains sont évidemment consternés par cela, et je partage leurs préoccupations. Les candidats démocrates en tête des primaires ont attaqué les politiques qui ont stimulé la croissance et les opportunités sous la présidence de Bill Clinton – soutien pour le commerce, écoles privées sous contrat, réduction du déficit et le secteur financier. Pendant ce temps, les principaux candidats républicains ont attaqué les politiques qui ont stimulé la croissance et les opportunités sous la présidence de Ronald Reagan, y compris la réforme de l'immigration, le compromis sur les impôts et la réforme du droit, ainsi que le soutien aux budgets bipartisans. Les deux présidents étaient des résolveurs de problèmes, et non des puristes idéologiques. Et tous les deux ont permis au pays d’aller de l’avant de façon importante.
Au cours des derniers mois, de nombreux Américains m’ont poussé à me présenter à l'élection présidentielle comme indépendant, et certains qui n'aiment pas les candidats actuels ont dit qu'il est de mon devoir patriotique de le faire. Je les remercie de leurs appels, et j'ai réfléchi sérieusement à cette question. La date limite pour y répondre est venue, en raison des conditions d'accès à la présidentielle.
Mes parents m'ont appris l'importance de redonner ce que l’on a reçu et le service public a été une partie importante de ma vie. Après 12 ans en tant que maire de New York City, je connais les sacrifices personnels que les campagnes électorales et les fonctions d’élus exigent, et je serais heureux de rendre service à nouveau afin d'aider le pays que j'aime.
J’ai toujours été attiré par des défis impossibles, et aucun d'aujourd'hui n’est plus important que la fin de la guerre partisane à Washington et de gouverner pour le peuple américain – et non pas pour les lobbyistes et les donateurs des campagnes électorales. Pour faire ce changement, il faudrait élire des dirigeants qui sont plus axés sur l'obtention de résultats que de gagner leur réélection, qui ont l'expérience dans la création de petites entreprises et la création d'emplois, qui savent comment équilibrer les budgets et gérer les grandes organisations, qui ne sont pas redevables à des intérêts particuliers – et qui sont toujours honnêtes vis-à-vis du peuple. Je suis flatté que certains pensent que je pourrais fournir ce genre de leadership.
Mais quand je regarde les données, il est clair pour moi que si j’entre dans la course, je ne pourrais pas gagner. Je crois que je pourrais gagner un certain nombre d’Etats – mais pas assez pour gagner les 270 votes du collège électoral nécessaires pour remporter la présidence.
Dans une course à trois, il est peu probable qu’un candidat gagnerait la majorité des voix électorales, dès lors le pouvoir de choisir le président serait retiré des mains du peuple américain et donné au Congrès. Le fait est, même si je devais recevoir le plus grand nombre de votes populaires et avoir le plus grand nombre de grands électeurs, la victoire serait peu probable, parce que la plupart des membres du Congrès voteraient pour le candidat de leur parti. Les loyalistes du parti majoritaire au Congrès – et non le peuple américain ou le collège électoral – détermineront alors le prochain président.
Actuellement, avec les républicains en charge des deux chambres, il y a de bonnes chances que ma candidature conduisent à l'élection de Donald Trump ou à celle du sénateur Ted Cruz. C’est un risque que je ne peux pas prendre en bonne conscience.
Je connais M. Trump depuis de nombreuses années, et nous avons toujours été en bons termes. J'ai même accepté de figurer dans son émission ‘The Apprentice’ deux fois. Mais il mène la campagne présidentielle la plus clivée et la plus démagogique  que j’ai jamais vue, surfant sur les préjugés et les craintes des gens. Abraham Lincoln, le père du Parti républicain, avait fait appel à nos ‘meilleurs anges’. Trump fait appel à nos pires impulsions.
Menacer d’empêcher les musulmans d'entrer dans le pays est une attaque directe sur deux des valeurs fondamentales qui ont donné lieu à notre nation: la tolérance religieuse et la séparation de l'Église et de l'État. Promettre d'expulser des millions de Mexicains, feindre d’ignorer l’existence des suprémacistes de la race blanche, menacer la Chine et le Japon d’une guerre commerciale, tout cela est dangereusement mauvais. Ces mesures nous diviseraient et compromettraient notre leadership moral dans le monde entier. Le résultat final enhardirait nos ennemis, menacerait la sécurité de nos alliés, et mettrait nos propres hommes et femmes qui portent l’uniforme face à un risque accru.
La démagogie du sénateur Cruz sur l'immigration n’a peut être pas l'excès rhétorique de Trump, mais elle n’en est pas moins extrême. Son refus de s’opposer à l'interdiction des étrangers en fonction de leur religion peut être moins emphatique que la position de Trump, mais il n’en crée pas moins des divisions.
Nous ne pouvons pas ‘faire grande l'Amérique à nouveau’ en tournant le dos aux valeurs qui ont fait de nous la plus grande nation du monde. J'aime trop notre pays pour jouer un rôle dans l'élection d'un candidat qui affaiblirait notre unité et assombrirait notre avenir – et je ne vais donc pas entrer dans la course à la présidence des États-Unis.
Cependant, je ne resterai pas silencieux sur la menace que l'extrémisme partisan fait peser à notre nation. Je ne suis pas prêt à soutenir un candidat, mais je vais continuer à encourager tous les électeurs à rejeter les appels à la division en exigeant que les candidats offrent des idées intelligentes, spécifiques et réalistes pour réduire les fractures et résoudre les problèmes, et gouvernent de manière honnête et capable.
Pour la plupart des Américains, la citoyenneté nécessite un peu plus que de payer des impôts. Mais beaucoup ont donné leur vie pour défendre notre nation – et nous avons tous une obligation comme électeurs de défendre les idées et les principes qui, comme l'a dit Lincoln, représentent ‘le dernier espoir de la terre’.
J’espère et je prie d’agir ainsi.»


Alexandre Vatimbella

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Présidentielle USA 2016. Hillary Clinton, «candidate de la raison», atout ou handicap?

La célèbre émission humoristique de la télévision américaine «Saturday night live», SNL pour les intimes, diffusée sur NBC a réalisé un sketch ce samedi soir dans lequel un sosie d’Hillary Clinton déclarait aux électeurs américains que face aux populistes et extrémistes qui étaient à sa gauche (Bernie Sanders) et à sa droite (Donald Trump et Ted Cruz), ils étaient, malgré leur haine vis-à-vis d’elle, «coincés au centre» avec elle et leur souhaitait la «Bienvenue»!
Voilà peut-être la principale chance de la candidate centriste en 2016 ou, peut-être, sa principale malchance!
Car, dans une élection où domine le ressentiment vis-à-vis des élites de tous horizons et du monde politique avec des candidats qui attisent cette haine sans cesse comme on a pu le voir lors des derniers débats organisés du côté républicain et du côté démocrate, il est sûr qu’un certain nombre d’électeurs démocrates mais aussi républicains modérés choisiront de voter pour Clinton quoi qu’il arrive mais il est tout aussi sûr qu’un certain nombre de ceux-ci, radicalisés ou furieux, voteront pour Trump ou Sanders, voire Cruz.
Déjà, certains sympathisants de Donald Trump affirment qu’ils choisiront Bernie Sanders si leur favori n’est pas candidat le 8 novembre et inversement.
D’autant que, peu importe la réalité des positions et des programmes des candidats «anti-système» comme le montre un article du site internet de CNN qui organisait le 6 mars le débat Clinton-Sanders à Flint dans le Michigan, tout ce qui ne vas pas dans le sens d’un candidat bataillant contre cet hydre washingtonien dans la pureté d’un combat pour le peuple n’est pas écouté et dénié par leurs soutiens.
En l’occurrence, le journaliste rappelait à une sympathisante de Bernie Sanders sur twitter que si son favori n’avait pas voté pour autoriser George W Bush a faite la guerre en Irak en 2003, il l’avait fait en 1998 pour autoriser Bill Clinton à la faire, ce que ce dernier ne fit pas en définitive.
En rappelant uniquement ce fait, le journaliste reçu la réponse suivante: «Je ne discute pas avec les apologistes d’Hillary qui lui trouvent des excuses pour son vote et son soutien sur la guerre en Irak»…
Il faut dire que le journaliste avait aussi rappelé à sa groupie qui prétendait le contraire que le sénateur du Vermont avait voté contre le sauvetage de l’industrie automobile en 2008 mis en route par Barack Obama et qui s’est révélé un des grands succès tant économique et social de la présidence de ce dernier.
De quoi la mettre en rogne!
Cette petite passe d’arme est pourtant très représentative de l’état d’esprit des électeurs de Donald Trump et de Bernie Sanders qui peuvent dire à peu près ce qu’ils veulent sans perdre leur soutien.
Ils peuvent même se présenter comme des hommes nouveaux alors que Trump, 69 ans, écume le monde de la politique, des affaires et des médias depuis des décennies tout comme Bernie Sanders, 74 ans, qui est sénateurs des Etats-Unis depuis trente ans et dans la politique depuis toujours.
Par ailleurs, ce dernier, lors du débat de Flint, a une nouvelle fois montré son fort ancrage à gauche qui dépasse ce qu’il appelle la «social-démocratie» dont il se revendique.
En se positionnant contre le libre-échange, contre la finance, contre les élites, contre la réussite entrepreneuriale, contre le rôle des Etats-Unis en tant que première puissance mondiale avec un retour à l’isolationnisme, il est plus proche d’un Mélenchon – qui l’admire – que d’un Valls ou d’un Macron, voire même d’un Hollande.
En face se trouve une Hillary Clinton qui se pose en centriste et progressiste (n’en déplaise à Sanders, le Centrisme est un réformisme progressiste), qui veut réformer la société de manière responsable et équilibrée, en continuant l’œuvre de Barack Obama tout en permettant à chacun de pouvoir exprimer ses potentialités et donc de saisir les opportunités pour réussir son existence.
Et ces différences idéologiques, cette substance de fond – que l’on passe un peu sous silence devant les shows grotesques et grossiers des républicains et les obsessions contre les «milliardaires» de Sanders – sont également grandes entre Clinton et tous les candidats républicains aux primaires, particulièrement Donald Trump et Ted Cruz mais également Marco Rubio et même John Kasich.
Même s’il ne faut pas se tromper.
Le programme de Trump n’est pas celui de Cruz.
Le premier nommé, comme tout populiste démagogue, promet tout et n’importe quoi afin de coller à son slogan «Make America great again» (faire grande l’Amérique à nouveau), mélangeant les promesses les plus clientélistes de droite et de gauche (parfois similaires à celles de Sanders) sur la sécurité, l’emploi, les avantages sociaux, la défense nationale, etc.
Le second lui est un idéologue étriqué qui déteste le consensus et le compromis – ses années au Sénat l’ont montré de manière caricaturale – sur lesquels est fondé le système politique américain depuis l’indépendance du pays et la pratique du pouvoir du premier président, George Washington.
Ses thèses sont souvent d’extrême-droite et proches des évangéliques les plus réactionnaires en matières sociale et sociétale.
Quant à son programme économique, il est entièrement tourné vers un vrai néo-libéralisme à l’intérieur et des mesures protectionnistes en matière de commerce international.
Sans parler de ses vues politique étrangère qui s’inspirent de celles des néoconservateurs à l’initiative, par exemple, de l’intervention en Irak.
Dès lors, comme le dit le sketch de SNL, les Américains responsables et modérés, qui théoriquement et jusqu’à présent sont la majorité de l’électorat, sont réellement coincés au centre avec Hillary.
Pour de vrai.
Et il faut espérer que la raison qui les rapproche de l’ancienne secrétaire d’Etat sera un atout pour les Etats-Unis.

Alexandre Vatimbella

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samedi 5 mars 2016

Présidentielle USA 2016. Trump n’est que la résultante des outrances et dérives des républicains

Lorsque Marco Rubio affirme qu’avec Trump le parti républicain n’est plus celui de Lincoln et de Reagan, il a tort.
Cela fait longtemps que les républicains n’ont plus rien à voir avec Abraham Lincoln, une des deux grandes figures centristes du parti avec Theodore Roosevelt.
C’est tellement vrai que Barack Obama a pu s’approprier les deux hommes et se revendiquer de leur filiation sans que les républicains n’esquissent la moindre protestation ou controverse à ce propos.
Ils auraient alors certainement été accusés d’être de gauche par une grande partie de leur électorat!
Aujourd’hui, le Parti républicain est le digne fils naturel de celui mis en place dans les années 1980 par Ronald Reagan, ancien admirateur de l’extrémiste de droite Barry Goldwater, et qui trouva son positionnement radical dans les années 1990 en s’opposant de toutes ses forces à Bill Clinton, essayant même de le déchoir de sa fonction de président du pays, grâce à des hommes comme le speaker de la Chambre des représentants, Newt Gingrich.
L’idée était alors de mettre en place un conservatisme rétrograde afin d’attirer l’électorat de la soi-disant majorité silencieuse identifiée à la fin des années 1960 par Richard Nixon, celle qui s’opposait fermement à la modernité ainsi qu’aux programmes sociaux et aux droits civiques qui reconnaissaient enfin concrètement les droits égaux de la communauté noire qui avaient été la conséquence de la victoire du Nord sur le Sud lors de la Guerre de sécession (appelée fort justement Guerre civile aux Etats-Unis), victoire avant tout… du républicain Abraham Lincoln!
Il faut se rappeler avec quelle hargne les républicains d’alors (et dont faisait partie John Kasich présenté aujourd’hui comme le plus modéré des candidats à la primaire républicaine) ont attaqué Bill Clinton, essayant comme on l’a dit de le destituer mais aussi en s’opposant systématiquement à toutes ses initiatives quand ils le pouvaient et l’insultant allègrement.
C’est de cette époque que date cette idée largement répandue dans l’électorat républicain que tout élu démocrate est illégitime, ce qui a permis des attaques d’une violence inouïe contre les candidats à la présidentielle comme Al Gore ou John Kerry.
Attaques qui sont devenues encore plus violentes vis-à-vis de Barack Obama depuis 2007 mais aussi, bien entendu, Hillary Clinton.
Quand on voit Donald Trump insulter les autres candidats à la primaire républicaine ainsi que tous les républicains qui ne sont pas d’accord avec lui, sans parler de tous les démocrates sans exception et particulièrement Barack Obama (dont il conteste toujours la légitimité parce que selon lui il n’est pas Américain) ainsi qu’Hillary Clinton (dont il estime qu’elle devrait être en prison), il ne fait que reprendre les pratiques et les discours haineux et primaires des républicains depuis près de trois décennies.
De ce point de vue, il n’est que la résultante de toutes les dérives des républicains.
Le problème, pour ces derniers, n’est pas qu’il insulte, qu’il mente et qu’il soit un personnage grossier.
S’il était de cet acabit mais dirigeait ses diatribes contre les démocrates uniquement, il serait célébrer comme un «vrai» républicain comme l’est l’extrémiste droitier Ted Cruz qui agit à peu près comme lui.
Mais voilà qu’il s’en prend avec la même violence aux républicains ainsi qu’aux populations dont ils ont besoin pour pouvoir emporter la présidentielle, en particulier la population hispanique.
C’est là qu’il devient l’homme à abattre par l’establishment républicain comme on l’’a vu avec le discours du candidat républicain à la présidentielle de 2012, Mitt Romney, qui, le 3 mars dans l’Utah, a attaqué Trump tout azimut, en déclarant:
«Voici ce que je sais: Donald Trump est un imposteur, une fraude. Ses promesses sont aussi sans valeur qu'un diplôme de l'Université Trump (ndlr: fondée par Trump et qui est attaquée par certains anciens étudiants qui estiment avoir été escroqués). Il prend les Américains pour des pigeons. Il veut un tour gratuit pour la Maison Blanche mais c’est un fauteur de troubles (…) La malhonnêteté est la marque de fabrique de Donald Trump (…) (ainsi que) L'intimidation, l'avidité, la posture, la misogynie et la théâtralité absurde sortie d’une école primaire.»
Des propos qui, rappelons-le sont à l’encontre d’un homme du même parti et qui est largement en tête de sa primaire qu’il a toutes les chances de pouvoir remporter!
Bien évidemment, Donald Trump a répondu avec agressivité lors du débat entre prétendants républicains le soir même à Detroit devant les caméras de Fox news, tout en continuant les insultes et les mensonges.
Mais il n’est plus le seul.
Les deux candidats d’origines cubaines, Marco Rubio et Ted Cruz, qui veulent incarner la résistance et le recours face à Trump, ont rivalisé dans les attaques personnelles, Rubio sous-entendant que Trump avait un petit pénis parce qu’il avait des petites mains et Trump lui répondant qu’il n’avait pas de problèmes de ce côté-là…
Attaques qui ne leur posent pas autant de problèmes éthiques que cela puisqu’ils agissent ainsi depuis des années face aux démocrates en tant qu’hommes issus du mouvement du Tea party qui comparait Obama à Hilter, Staline et le joker de Batman avec les qualificatifs qui allaient de pair.
Seul John Kasich a eu un comportement digne d’un candidat à la présidence de la plus grande puissance mondiale mais il a très peu de chances de pouvoir l’emporter.
Dès lors, Donald Trump n’est sans doute par un vrai conservateur mais est certainement le produit des conservateurs qui peuplent désormais le Parti républicain qui, s’ils ne sont pas tous des populistes démagogues comme l’est le promoteur immobilier newyorkais, n’ont pas hésité à puiser allègrement dans ce registre au cours des dernières décennies – avec le soutien indéfectible de la chaîne de télévision Fox news qui, quand elle ne relaye pas complaisamment les attaques les créent –, pour s’attacher toute cette partie de l’électorat réactionnaire et intolérant, dont une grande partie pense que l’esclavage n’était pas un crime et, même pour certains, qu’il faudrait y revenir...
Alors, avant de redevenir le parti d’Abraham Lincoln, le Parti républicain a un long chemin à faire, monsieur Rubio.
Et, pour une fois, ce n’est pas de la faute de Donald Trump.

Alexandre Vatimbella

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vendredi 4 mars 2016

Présidentielle USA 2016. «Super Tuesday»: un duel Clinton-Trump se profile

Les douze Etats (côté républicain) et les onze (côté démocrate) qui ont voté ce mardi 1er mars pour les primaires de la présidentielle de novembre prochain ont accouché comme prévu de deux vainqueurs, Hillary Clinton (démocrate) et Donald Trump (républicain).
Même si leurs victoires (sept Etats sur onze pour Clinton et huit Etats sur douze pour Trump) sont impressionnantes, elles n’ont pas été aussi écrasantes que certains pouvaient le penser.
Néanmoins, ils ont tous les deux gagner les grands Etats qui étaient en jeu (sauf le Texas où, chez les républicains Cruz devance Trump dans l’Etat où il est sénateur) et ils sont, plus que jamais, les grands favoris pour s’affronter le 8 novembre.
Le bilan après le «Super Tuesday»:
- Clinton au Centre
Les victoires très larges d’Hillary Clinton dans des Etats comme la Géorgie, la Virginie et surtout le Texas, font d’elle la super-favorite du camp démocrate même si elle a perdu quatre primaires (dont celles du Minnesota et du Colorado) et qu’elle n’a pas encore, loin de là, le nombre de délégués nécessaires pour l’emporter.
Néanmoins, Bernie Sanders a montré une nouvelle fois ses limites, incapable d’une percée significative dans les électorats afro-américain et hispaniques qui sont indispensables pour prétendre être le candidat du Parti démocrate à la présidentielle.
De même, sa défaite dans le Massachussetts montre également qu’il n’est pas imbattable dans les Etats à majorité blanche et avec un nombre important d’étudiants.
Même si ses discours sont parfois plutôt au centre-gauche et qu’elle a toujours été plus à gauche que son mari et ancien président Bill Clinton, Hillary Clinton continue à appeler à l’union de tous les Américains face aux clientélismes de gauche et de droite.
Surtout, elle a commencé à se positionner face à Donald Trump en vue d’un duel qui semble de plus en plus se dessiner au fil des primaires et des sondages dans les Etats qui ne se sont pas encore prononcés.
Enfin, elle est la seule candidate centriste.
Si jamais elle était éliminée, la présidentielle opposerait un populiste de gauche et un conservateur radical ou un populiste démagogue, à moins qu’alors Michael Bloomberg ne se présente.
Concernant ce dernier, il est sûr que la bonne tenue de Clinton lors de ce «super Tuesday» ne l’incite pas à annoncer sa candidature alors qu’il doit se prononcer au début de ce mois.
- Trump le populiste qui veut se recentrer face à l’extrémiste droitier Cruz
Donald Trump a remporté huit Etats et même s’il n’a pas enfoncé ses adversaires républicains comme certains observateurs le pensaient, il est, plus que jamais, le favori pour être e candidat républicain.
Dans cette optique, il a développé un nouveau discours où il se présente comme le seul capable d’unifier non seulement le Parti républicain mais les Etats-Unis.
Il a indiqué qu’il avait le profil de rassembleur et que le pays pourrait s’en rendre compte dans les semaines à venir, une affirmation que ses discours ainsi que la résistance à l’intérieur du Parti républicain semblent contredire fortement.
Le seul qui semble capable désormais d’empêcher Donald Trump de gagner est un homme encore plus dangereux que lui, Ted Cruz, homme de la droite extrême du Parti républicain, idéologue rigide qui s’est opposé durement et systématiquement à Barack Obama et en condamnant tous les compromis et accords entre les républicains et les démocrates.
Son élection serait plus inquiétante encore que celle de Trump.
Après sa victoire dans l’Etat dont il est le sénateur, le Texas, Il tente désormais de se présenter comme le seul qui peut barrer la route à Trump en demandant aux autres candidats de se retirer.
Mais, si tel était le cas, personne ne sait exactement s’il serait capable de récupérer les voix qui se portent sur Marco Rubio, le conservateur opportuniste, et sur John Kasich, le conservateur le plus modéré du lot.
Sans doute, il aura plus de facilité à récupérer celles qui se portent sur Ben Carson, qui viennent essentiellement des évangélistes réactionnaires.
- Sondages nationaux: Sanders bat tous les républicains, Clinton uniquement Trump
Si Hillary Clinton et Bernie Sanders battraient selon les sondages actuels Donald Trump le 8 novembre prochain, Sanders est le seul à battre les deux autres candidats potentiels républicains, Ted Cruz et Marco Rubio.
Ceux-ci, en revanche, sont devant Hillary Clinton mais dans des duels très serrés qui entrent dans les marges d’erreur sondagières.
Néanmoins, il ne faut pas trop se focaliser sur ces sondages qui, à ce stade de la campagne, ne veulent pas dire grand-chose et qui ne reflètent pas, de toute façon, ce qui se passera lors de l’élection générale comme c’est le cas à chaque présidentielle.
Il faudra attendre la fin des primaires et, plus sûrement, la campagne générale pour obtenir des sondages plus fiables et encore puisque ceux-ci se contredisent souvent comme on l’a encore constaté en 2012 où, par exemple, Mitt Romney, le candidat républicain, sur la foi de sondages réalisés par certains instituts proches des républicains, était certain le soir de l’élection d’être élu alors qu’il a été largement battu par Barack Obama…
En outre, il faut rappeler que l’on peut être élu président sans avoir la majorité des voix puisque le scrutin se déroule Etat par Etat en élisant des Grands électeurs.
Même si ce cas de figure est rare, il s’est produit en 2000 lors de l’élection de George W Bush face à Al Gore.


Alexandre Vatimbella

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mercredi 2 mars 2016

Présidentielle USA 2016. La disparition des «centristes» républicains

Il fut un temps où le Parti républicain avait une aile centriste puissante, capable de rivaliser et d’affronter avec succès à la fois l’aile conservatrice et l’aile réactionnaire.
Petit à petit, sous la pression idéologique de la droite du parti ainsi que de sa nouvelle stratégie, la récupération de tous les démocrates du Sud du pays, très conservateurs, voire très réactionnaires et racistes, qui ne voulaient plus voter pour la Parti démocrate qui avait enfin fait sa mue en devenant le parti des droits civiques, le Parti républicain a définitivement viré à la droite de la Droite.
Le premier virage à droite d’après guerre, assez soft, fut celui de Nixon en 1968.
Ici, on ne parle que de ces virages qui ont connu le succès sachant que la droite républicaine tenta dès après la Deuxième guerre mondiale de solder, sans y parvenir, l’héritage de Roosevelt et que Barry Goldwater, homme d’extrême-droite, fut le candidat des républicains à la présidentielle de 1966 face à Johnson où il fut battu à plate couture.
Bien qu’il théorisa la récupération des démocrates du Sud et qu’il fut un représentant de l’aile conservatrice dure, Richard Nixon gouverna plus ou moins au centre, ne remettant pas en cause les avancées sociales et politiques issues du New deal de Franklin Roosevelt.
Le deuxième virage à droite, plus sec, fut celui de Ronald Reagan en 1980.
Bien que très conservateur et ancien soutient de Barry Goldwater, héraut des démocrates d’extrême-droite, il gouverna souvent de manière assez modérée même si la fameuse «révolution conservatrice» qu’il mit en branle tenta d’imposer aux Etats-Unis l’ultralibéralisme thatchérien alors en vogue au Royaume Uni.
Le troisième virage à droite, plus dur, survint en 1994 avec l’élection d’une majorité républicaine à la Chambre des représentants du Congrès avec l’arrivée d’idéologues très rigides et ambitieux comme Newt Gingrich, le «speaker» (président) de cette assemblée et dont le but était de consolider et d’étendre cette révolution conservatrice de l’ère Reagan.
Malgré tout, il put y avoir, parfois, une collaboration assez positive entre cette majorité très à droite et le président d’alors, Bill Clinton.
Même s’il ne faut surtout pas l’oublier, c’est de cette époque que date cette idée chez les républicains que tout président démocrate est illégitime à être au pouvoir avec cette tentative de destituer Bill Clinton grâce à la procédure de l’«Impeachment».
Le quatrième virage à droite eu lieu au cours de la présidence de George W Bush et, surtout, lors de l’élection de Barack Obama.
En 2009, lors de la prise de fonction du premier président afro-américain qui souhaitait mettre en place sa stratégie post-partisane (des majorités d’idées et de circonstances sur chaque projet qui seraient transversales aux lignes politiques traditionnelles qu’elle ringardiserait), les chefs républicains se réunirent pour décider de jouer une obstruction dure, générale et totale, qui fut résumée par le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell: faire d’Obama un «one-term president», un président à un mandat, c’est-à-dire d’empêcher au maximum sa réélection en 2012.
Le projet échoua mais pas l’obstruction a continué jusqu’à aujourd’hui et s’est faite d’autant plus forte que les républicains ont conquis la majorité au Sénat en 2012.
Lors de ces multiples virages à droite, les républicains ont perdu, à chaque fois, un nombre plus ou moins importants de centristes jusqu’à la situation présente où il n’y en a plus qu’une poignée, et encore, pendant que des conservateurs bien trempés tentent d’accréditer qu’ils sont le nouveau centre du parti, voire de la vie politique américaine (comme par exemple Marco Rubio actuellement).
Le grand paradoxe qui a pu faire croire que le Parti républicain possédait encore une aile centriste fut leurs quatre derniers candidats à la présidentielle, George H Bush, George W Bush, John McCain et Mitt Romney, tous des conservateurs bon teints mais ouverts à un certain consensus ainsi qu’à la possibilité de compromis et qui furent choisis pour leur «electability», leur propension à se faire élire dans un pays où l’électorat modéré a été jusqu’à présent majoritaire.
Mais ce choix d’un modéré ne sera pas celui des républicains de 2014 au vu des résultats des quatre première primaire dont la dernière, celle du Nevada, a mis en dernière position le conservateur le moins éloigné du Centre (mais néanmoins très loin de celui-ci), John Kasich, un des grands législateurs de l’ère Reagan.
Car le mach devrait se jouer entre le populiste démagogue Donald Trump (qui a remporté plus de 45% des voix au Nevada) et le conservateur sans état d’âme mais opportuniste Marco Rubio (deuxième avec plus de 22% des voix) et, peut-être, l’homme de l’extrême-droite, Ted Cruz (troisième avec un peu plus de 21% des voix).
Et si c’est Trump qui l’’emporte, comme le prédisent désormais des spécialistes, le Parti républicain qui a attisé sans cesse la haine et le ressentiment vis-à-vis du monde politique de son électorat et de ses militants ces dernières décennies ne pourra s’en prendre qu’à lui-même.
Ce serait d’ailleurs un sacré pied de nez que les républicains se voient débordés par Donald Trump dont les fondamentaux populistes sont souvent loin des positions conservatrices de l’establishment du parti.
Mais à force de jouer avec le feu, cet establishment ne pourra s’en plaindre même si cela éloigne le parti encore un plus du centre de l’échiquier politique et, peut-être, de la Maison blanche pour longtemps.
A moins que la rage des Américains, réelle en 2016, puisse vraiment renverser les montagnes en sa faveur.

Alexandre Vatimbella



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