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mercredi 29 décembre 2021

Le Focus. La Bulgarie veut être le contre-exemple de la Pologne et de la Hongrie

Le nouveau premier ministre de Bulgarie, le centriste Kiril Petkov, a déclaré dans une interview dans le quotidien Le Monde que son gouvernement entendait lutter contre la corruption et respecter l’Etat de droit.

Il a même précisé qu’il n’y aurait zéro tolérance dans un pays gangréné par une corruption endémique et où la justice ne fait pas son travail pace qu’elle-même atteinte:
«Pendant la campagne, le slogan de notre parti était « Tolérance zéro pour la corruption ». Pas une simple diminution ou un meilleur contrôle : tolérance zéro ! Il n’y aura aucune exception pour quiconque utilise les ressources publiques pour son propre bénéfice. La première étape consistera à créer une agence anticorruption très forte, qui disposera de pouvoirs d’investigation et pourra intervenir si les poursuites judiciaires ne commencent pas. Ce sujet deviendra aussi une priorité absolue du ministère de l’intérieur. De son côté, le Parlement a créé une commission anticorruption qui pourra se pencher sur les ministères et les administrations publiques. En même temps, nous nous acheminons vers l’idée de changer le Conseil supérieur de la magistrature et, potentiellement, le procureur général.»

Quant à l’Etat de droit, il affirmé:

«La connexion entre adhésion à l’UE, fonds européens et Etat de droit devrait être aussi resserrée que possible. Je viens d’un pays où cela n’a pas été le cas et les résultats ne sont pas à la hauteur de ce que l’on aurait pu espérer, vu l’argent qui a été dépensé. Nous ne pouvons pas parler de tolérance zéro seulement à l’égard de la corruption en Bulgarie, cela doit être le cas dans toute l’Europe.»

Voilà de bonnes résolutions qu’il convient de saluer pour un des pays les plus pauvres de l’Union européenne et qui tranchent face aux comportements délictueux de gouvernements come ceux de Pologne ou de Hongrie qui défient ouvertement la loi et les traités qu’ils ont signés.

Kiril Petkov, qui a pris ses fonctions le 13 décembre dernier, a fait campagne en faveur de la transparence et de l’honnêteté mais est à la tête d’une coalition assez hétéroclite ce qui pourrait être un frein à la mission qu’il s’est assigné.

 

mardi 28 décembre 2021

Le Focus. L’Europe touchée à la fois par l’extrémisme et le populisme

Populisme et extrémisme font bon ménage et les deux cohabitent aisément dans une proximité à l’intérieur d’un même parti, voire d’une même personnalité politique.

C’est le cas, par exemple, avec le RN et la famille Le Pen ou avec LFI et le «leader maximo» Mélenchon.

De même, les extrémistes peuvent trouver des relais à leur engagement politique dans le populisme tout comme les populistes peuvent être attirés par les thèses extrémistes qui leur permettent une radicalité dans leur récriminations à l’encontre de la démocratie républicaine.

Enfin, extrémistes et populistes peuvent s’allier dans un front anti-démocratique pour des raisons tactiques, pour se présenter uni dans leur contestation de l’ordre démocratique afin de le détruire.

Mais ils ne sont pas forcément liés.

Par exemple, au Royaume-Uni avec Boris Johnson qui est assurément un populiste mais pas un extrémiste.

Néanmoins son alliance avec l’extrémiste Nigel Farage pour faire sortir son pays de l’Union européenne lors du référendum sur le Brexit qui lui permet ensuite de s’emparer du pouvoir, montre la proximité des combats politiques des deux courants.

A l’inverse, le gouvernement polonais conduit par le parti Droit et Justice est extrémiste mais pas populiste.

Dans le cas de Donald Trump aux Etats-Unis, son populisme trouve naturellement ses alliés puis ses ralliés chez les extrêmes mais n’a pas, au départ la radicalité qu’il acquiert au cours de la présidence de celui-ci.

Tout comme chez Viktor Orban en Hongrie

En revanche, Eric Zemmour est, à la fois, un populiste et un extrémiste dès le départ tout comme l’est Matteo Salvini en Italie ou l’ancien leader de Podémos en Espagne Pablo Iglésias.

Un mélange des genres qui a surtout été pratiqué en Amérique du Sud même s’il faut aussi, parfois, faire des séparations entre, par exemple, les extrémistes Castro ou Pinochet et les populistes Peron ou Chavez.

Le cas de la famille Le Pen est un peu plus compliqué puisque le patriarche, Jean-Marie, est bien un populiste – un poujadiste – qui s’est trouvé propulsé à la tête d’un parti extrémiste, le Front national, et qui a coloré l’idéologie extrémiste de ce dernier avec du populisme.

Marine Le Pen, elle, est certainement plus populiste qu’extrémiste mais a repris l’héritage du père malgré ses dires alors que la petite-fille, Marion Maréchal-Le Pen est plus extrémiste que populiste.

In fine, les deux mouvements, extrémiste et populiste, sont deux dangers pour les régimes démocratiques et républicains notamment en Europe où leur développement récent et leurs alliances ont de quoi inquiéter et sonner la mobilisation de tous les démocrates.

Pour autant, il convient de ne pas les confondre pour ne pas faire des erreurs de jugement dans la lutte pour les éradiquer.

 

lundi 27 décembre 2021

Commentaire. Desmond Tutu, une conscience morale

Desmond Tutu figure emblématique de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud au même titre que son ami Nelson Mandela est mort ce 26 décembre 2021 à 90 ans.

Dès l’annonce de sa disparition, des réactions dans le monde entier ont salué ce défenseur infatigable de la paix et de la justice qui estimait que les humains ont «été créés pour la liberté».

Emmanuel Macron a déclaré:

«Prix Nobel de la paix en 1984, Desmond Tutu consacra sa vie aux droits de l’Homme et à l’égalité des peuples. Son combat pour la fin de l'apartheid et la réconciliation sud-africaine restera dans nos mémoires.»

De son côté, Barack Obama s’est exprimé en ces termes:

«L'archevêque Desmond Tutu était un mentor, un ami et une boussole morale pour moi et pour tant d'autres. Esprit universel, Mgr Tutu était ancré dans la lutte pour la libération et la justice dans son propre pays, mais également préoccupé par l'injustice partout. Il n'a jamais perdu son sens de l'humour espiègle et sa volonté de trouver de l'humanité chez ses adversaires, et il nous manquera beaucoup à Michelle et moi.»

Deux réactions parmi tant d’autres pour honorer la mémoire de cette figure emblématique dont le franc-parler a parfois dérangé et le mode de communication a pu choquer certains.

Mais son combat pour le respect de la dignité humaine, de celle tous les humains, a toujours été son objectif et il ne voulait pas qu’on l’empêche de mettre les pieds dans le plat pour faire avancer la cause de sa vie.

Il déclarait ainsi, que «si vous êtes neutre dans les situations d'injustice, vous avez choisi le camp de l'agresseur».

Ses adversaires rappelleront ses propos parfois controversé envers les Juifs mais ceux-ci s’inscrivaient toujours dans une vision globale de son combat contre toutes les atteintes aux droits humains et les compromissions de certains avec des régimes scélérats (l’ambivalence d’Israël envers le régime d’apartheid en est une des raisons tout comme la manière dont le pays traite la question palestinienne).

Cependant, Desmond Tutu n’a jamais ménagé ses efforts pour faire triompher les valeurs humanistes jusque dans son propre pays où il a fortement critiqué les gouvernements qui se sont succédé après la mort de Mandela.

De même, il s’en est pris à tous les puissants à chaque fois que leur conduite s’apparentait à de l’injustice.

Nommé à la tête de la commission de vérité et de réconciliation après la chute du régime d’apartheid, il a été pour beaucoup pour que l’Afrique du Sud ne tombe pas dans la violence et la vengeance sanglante.

Il disait:

«Faites le bien, par petits bouts, là où vous êtes ; car ce sont tous ces petits bouts de bien, une fois assemblés, qui transforment le monde.»

 

samedi 25 décembre 2021

Le Focus. La guerre demeure une option

Que ce soit entre des pays ou entre des pays et des organisations terroristes, même si certains dénient à ces derniers conflits le terme, la guerre est toujours aussi présente dans le quotidien de l’Humanité.

Depuis que cette dernière écrit l’Histoire, il y a eu plus de jours de guerre que de paix.

C’est dire que nous n’en avons pas encore terminé avec elle, voire jamais.

D’autant plus qu’un conflit de grande ampleur opposant les grandes puissances entre elles ne sont plus de l’ordre de l’improbable, sachant que celles-ci pourraient se combattre sans pour autant utiliser l’arme nucléaire, arme qui est à double tranchant pour le pays qui l’utiliserait en premier.

Les récentes postures guerrières de la Chine à propos de Taïwan ou de la Russie à propos de l’Ukraine ne sont pas que des affichages mais relèvent bien d’une volonté de ne pas écarter cette option et de se préparer activement à l’utiliser.

Même si Vladimir Poutine vient de déclarer que les récentes déclarations des Occidentaux étaient positives par rapport à ses demandes vis-à-vis d’une Ukraine vassalisée par la Russie, le maître du Kremlin croit, comme tous les autocrates, à l’épopée belliciste comme créatrice de gloire et de légende, lui qui se veut un mix entre un tsar et Staline qui redonnerait sa place à son pays.

Xi Jinping partage ce point de vue.

Chacun des deux se voudrait comme héros de leur patrie en ayant gagné une guerre qui effacerait, selon eux, les humiliations du passé, l’occupation occidentale du pays à la fin du 19e et au début du 20e siècle pour la Chine, la chute de l’Union soviétique et la relégation comme puissance secondaire pour la Russie.

Mais la guerre n’est pas absente des politiques étrangères menées par les démocraties.

La guerre d’Afghanistan –justifiée par les attentats du 11 septembre 2001 – et la guerre d’Irak – injustifiée et erronée – le montrent.

Reste qu’aujourd’hui la menace vient avant tout de régimes autocratiques ou totalitaires ainsi que des organisations terroristes.

Face à cela, le monde libre ne peut baisser la garde et ne peut accepter n’importe quoi pour éviter des hostilités sanglantes.

Evidemment, la dissuasion couplée avec un dialogue constant doit être la première option.

La guerre, elle, ne doit être pour les pays qui le composent, que la dernière option.

Mais une option tout de même.

 

 

vendredi 24 décembre 2021

Commentaire. Enfin la Commission européenne s’attaque aux violations de l’Etat de droit par la Pologne

Il était temps.

La Commission européenne vient enfin de lancer une procédure d’infraction contre la Pologne et a adressé un courrier à son gouvernement de droite nationaliste radicale à la suite de nombre de ses violations de l’Etat de droit européen et, en l’espèce, plus précisément contre les arrêts rendus en octobre par le Tribunal constitutionnel du pays qui contestent la primauté du droit européen et l’autorité de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE).

Lors d’une conférence de presse, le commissaire européen à l’économie, Paolo Gentiloni a déclaré:
«Nous considérons que cette jurisprudence a violé les principes généraux d’autonomie, de primauté, d’efficacité et d’application uniforme du droit de l’Union, et les arrêts contraignants de la CJUE. Nous considérons également que le Tribunal constitutionnel ne répond plus aux exigences d’un tribunal indépendant et impartial établi par la loi, comme l’exige le traité».

La CJUE, elle, a déjà condamné la Pologne  à un million d’euros d’astreintes par jour afin qu’elle supprime la chambre disciplinaire du Tribunal constitutionnel qui agit essentiellement pour punir et se débarrasser des juges indépendants.

Comme d’habitude, le gouvernement polonais par la voie de son premier ministre, Mateusz Morawiecki, a réagi pour mettre en cause l’Union européenne, son centralisme bureaucratique, ses atteintes à la souveraineté nationale de la Pologne et ses décisions liberticides.

Rappelons encore une fois que personne n’oblige la Pologne a être dans l’Union européenne mais que sa qualité de membre lui impose de respecter les traités qu’elle a signés, ce que le gouvernement populiste refuse de faire, à l’instar de celui de la Hongrie de Viktor Orban.

Le problème pour Mateusz Morawiecki et son mentor, Jaroslaw Kaczynski, président tout puissant du parti au pouvoir Droit et Justice, c’est que les Polonais sont très attachés à leur appartenance à l’Union européenne et que le pays pourrait difficilement se passer de tous les avantages que lui procure celle-ci.

Mais, la Commission ne doit montrer aucune faiblesse pour ceux qui veulent remettre en question la construction européenne tout en profitant de ses bienfaits.

mercredi 22 décembre 2021

Le Focus. Ce n’est pas Manchin qui bloque les réformes de Biden mais la Constitution américaine

Pendant longtemps, les Américains, ont vénéré, dans un consensus quasi-unanime, leur Constitution, la «meilleure du monde» selon eux, qui est toujours en vigueur plus de deux cent cinquante ans après son adoption.

Même ses nombreux archaïsmes étaient défendus jusque chez les progressistes et les voix dissidentes étaient rares.

Mais, petit à petit, la réalité a mis du plomb dans l’aile à cette fierté et cette illusion que ce texte était fait pour durer jusqu’à la fin des temps sans que l’on ait besoin de changer une virgule ou pas beaucoup plus a fait long feu.

Bien sûr, quelques amendements ont été ajoutés au texte initial comme le fameux «Bill of rights», cette déclaration des droits humains qui fut rapidement insérée après que l’on est constaté son oubli fâcheux.

Puis, quelques autres dispositions entrèrent dans le corpus sacré comme celle sur l’abolition de l’esclavage ou celle d’abord instituant la prohibition puis celle ensuite l’annulant…

Ainsi beaucoup de ses incongruités dans une démocratie républicaine moderne n’ont pas été supprimées.

Tel le second amendement sur le port d’arme, adopté alors que le pays ne se dotait pas d’une force armée et comptait sur des milices pour assurer sa protection et qui a été récupéré par les partisans des armes à feu pour légitimer leur possession par des particuliers, faisant ainsi des milliers de morts chaque année dans le pays.

Et puis, bien sûr, les règles concernant organisation de l’élection présidentielle qui permettent, avec un système à deux échelons où ce sont les grands électeurs qui choisissent le vainqueur, à des candidats ayant moins de voix de l’emporter, comme ce fut le cas pour Donald Trump en 2016 avec près de trois millions de voix de moins qu’Hillary Clinton ou de George W Bush qui fit faire de même en 2000 face à Al Gore.

Il y a aussi cette institution d’un bicamérisme presque total, c’est-à-dire qu’une loi ne peut être adoptée sans que les deux chambres du Congrès, celle des représentants et le Sénat, l’aient votée.

Un Sénat où chaque Etat, quel que soit sa grandeur et, surtout, le nombre de sa population, dispose de deux sièges, ce qui donne une prime extraordinaire aux petits Etats, souvent ruraux, les plus conservateurs – disposition adoptée pour que la Constitution soit ratifiée à l’époque, ce qu’elle n’aurait pu l’être sans cela.

C’est dans ce dernier cas qu’il faut chercher la raison première de l’impossibilité pour Joe Biden de faire adopter ses réformes dans l’état dans lequel il avait prévu de le faire.

Tout cela parce qu’un seul sénateur d’un des Etats les plus pauvres et les moins peuplé du pays, celui de la Virginie occidentale, s’y oppose.

Celui-ci est pourtant démocrate mais néanmoins conservateur, issu d’une catégorie en voie de disparition mais toujours présente dans la formation centriste.

Or, suite aux résultats des élections de 2020, le Sénat compte autant de membres républicains que démocrates, ce qui fait que la voix qui fait pencher la balance pour ces derniers est celle, théoriquement, de la vice-présidente, Kamala Harris, présidente de droit de la Haute-assemblée et qui départage ainsi les camps qui, depuis des années maintenant, sont tellement clivés que chaque partie vote le plus souvent en bloc pour ou contre.

Or cette voix, actuellement, c’est celle de Joe Manchin.

Le refus actuel de ce sénateur de voter en l’état le plan de 1750 milliards de dollars Build back better (reconstruire en mieux) qui était le deuxième volet de la politique ambitieuse de Biden avec ses nombreux mesures sociales et environnementales, est très dommageable pour la présidence de ce dernier même s’il peut encore faire adopter certaines des mesures que Manchin affirme accepter ou de prendre ce que l’on appelle des «executive orders», des décisions que permettent la Constitution en s’appuyant sur des textes déjà existants.

Mais Joe Manchin, s’il profite de cette situation sciemment, n’a pas changé.

Il a toujours défendu, en tant que démocrate, une approche conservatrice des dépenses, et nombre de mesures qu’il rejette, en particulier en matière environnementales, vient de ce qu’il est un élu d’un Etat qui ne survit que par l’exploitation de mines de charbon particulièrement polluantes et contribuant au réchauffement climatique.

Son poste tient parce qu’il demeure un sceptique sur les politiques progressives et un adversaire des politiques écologiques dès qu’elles touchent au charbon dans un Etat essentiellement républicain et qui a voté en masse pour Trump en 2020.

De plus, il s’est toujours dit favorable à ce que les mesures soient adoptées le plus souvent possible de manière bipartisane même si cela est de plus en plus difficile, notamment par l’obstruction systématique des républicains en l’espèce.

Tout cela est connu depuis longtemps.

Dès lors, le fait que le Sénat se retrouve à 50-50 n’est pas de son fait et encore moins de sa faute.

Et puis, grâce à lui, les démocrates ont pu faire passer plusieurs textes importants comme celui sur les infrastructures.

Dès lors, l’exclure du parti comme le veulent les tenants de l’aile la plus à gauche des démocrates serait contre-productif puisque lui ferait perdre la majorité au Sénat et une erreur politique.

Manchin n’a pas créé cette situation mais il sait que sa voix compte beaucoup plus que celle d’autres élus d’Etats très importants et il en joue.

Mais c’est le système qui le lui permet et s’il faut blâmer quelqu’un ou quelque chose, c’est bien celui-ci et tous ceux qui ont toujours refusé de le réformer.