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jeudi 19 décembre 2019

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella Trump et les républicains ridiculisent dangereusement la démocratie

On ne prend sans doute pas assez conscience en France et en Europe du danger que représente Donald Trump et ses troupes pour les valeurs démocratiques et républicaines qui sont quotidiennement foulées au pied voire ridiculisées dans des attaques d’une rare violence et des agissements souvent illégaux.
Cette outrance constante dans les propos et les comportements s’est encore vu à la tribune de la Chambre des représentants lors de sa mise en accusation du président (approuvée le 18 décembre) dans le cadre de la procédure de sa destitution quand deux républicains sont intervenus, l’un pour affirmer que le procès de Jésus ayant abouti à sa crucifixion avait été plus juste que celui que Trump subissait devant les élus de la nation, l’autre pour dire que ce jour était un jour de plus grande «infamy» (infamie, terme utilisé à l’époque par le président Franklin Roosevelt) que l’attaque des Japonais en 1941 sur Pearl Harbour.
Ces déclarations ignobles (ces deux événements ayant causé la mort de personnes innocentes) et d’une bêtise crasse d’élus de la nation n’ayant manifestement plus la notion de la décence, ne font même plus tiquer parce qu’elles s’inscrivent dans une logorrhée vomissante qui ne cesse de se déverser depuis le camp républicain qui est devenu un simple fan club de Trump où l’on retrouve tous ceux qui, pendant des années, se sont attelés à faire du parti de Lincoln, le réceptacle de toutes les haines de groupes radicalisés qui, il n’y a pas si longtemps, traitaient Barack Obama de «Hitler» et de «Staline», répandant à son sujet une somme invraisemblable de «fake news» dont l’une, qu’il n’était pas de nationalité américaine, a été propagée en particulier par Trump.
Mais ce sont aussi la destruction du tissu démocratique (notamment par la désignation aux postes de juges fédéraux de personnages extrémistes et incompétents ainsi que le redécoupage des circonscriptions électorales afin de permettre l’élection à coup sûr de républicains sans oublier la nomination de ministres ne connaissant rien à leur domaine d’intervention), la destruction de législations afin de permettre aux groupes particuliers d’avoir les mains libres dans de multiples domaines (c’est cette fameuse lutte de Trump contre le soi-disant «deep State», l’Etat profond, qui serait une sorte d’organisation occulte qui régnerait sur le pays pour le contrôler, un des thèmes favoris des complotistes d’extrême droite…), les attaques constantes contre les minorités, les relations proches du président et de son gouvernement avec nombre de dictateurs et d’autocrates dont certains sont des ennemis des Etats-Unis comme Poutine ou Erdogan, etc.
Oui, le parti républicain, celui qui, situé au centre de l’échiquier politique, avait lutté pour que la démocratie ne disparaisse pas de la planète lors de la Guerre de sécession (Guerre civile pour les Américains), est en train de la détruire méthodiquement et sans le moindre état d’âme.
La question est de savoir pourquoi, après avoir élu George W Bush qui a commencé le travail avec la nomination de nombreux radicaux dans son Administration, sa guerre en Irak et ses législations qui ont écorné le lien social américain, après un combat frontal contre Barak Obama où tous les coups étaient permis, du mensonge à la paralysie du pays, après une campagne abjecte contre Hillary Clinton, les républicains sont devenus de simples marionnettes d’un populiste démagogue, escroc et raciste, sérial mythomane (il a menti, selon les chiffres du Washington Post, publiquement près de 15500 fois, le total de ses mensonges en 2019 étant supérieur au total de ses deux premières années de mandat) et narcissique prêt à mettre en danger les intérêts de son pays pour ses propres intérêts.
On peut avancer plusieurs raisons mais qui, toutes, vont dans le même sens: garder (ou conquérir) le pouvoir à tout prix afin de faire triompher des intérêts particuliers face à un intérêt collectif constamment attaqué par la démolition méthodique du système démocratique et de l’Etat.
Pour cela, aucune alliance scélérate, aucune compromission boueuse, aucun reniement indigne, aucun mensonge crapuleux, aucune insulte odieuse n’ont été proscrits bien au contraire.
Dès lors, les républicains sont devenus le Parti qui a accueilli en son sein tous les factieux, les séditieux, les racistes, les possesseurs d’armes de guerre, les adversaires de la science, les bigots les plus extrêmes et d’autres catégories qui sont bien ce qu’Hillary Clinton disaient d’elles un «basket of deplorables» (panier de déplorables), tournant le dos à tous ses principes et ses valeurs.
Des gens qui n’ont l’injure à la bouche, il suffit de les voir, vociférant, lors des meetings de leur idole, Trump.
Oui, l’homme qui vient d’être mis en accusation par la Chambre des représentants est, avant tout, le produit de cette Amérique-là que beaucoup ont tendance à minimiser en pensant qu’elle n’est que le faite de quelques énergumènes et que le «bon peuple» est trompé par ceux-ci.
Or, si elle n’est pas encore – et, espérons-le, jamais – majoritaire dans le pays, elle a quand même permis l’élection d’un dangereux personnage à la tête de la première puissance du pays grâce à un système électoral datant d’un autre âge et, surtout, censé empêcher qu’il n’y parvienne jamais!
Peut être que le titre de cet éditorial n’est pas assez fort pour ce que je viens d’écrire.
Mais, ridiculiser la démocratie, c’est démontrer qu’elle n’est qu’un régime de pacotille et sans réel capacité à se défendre face à des imbéciles notoires manipulés en sous-main par quelques ennemis jurés des valeurs humanistes.
Et, oui, en l’occurrence, le ridicule peut tuer.