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lundi 26 avril 2021

Le Focus. La dérive de Poutine n’est plus autoritaire, elle est totalitaire

Il fut un temps, fort lointain aujourd’hui, où un obscur fonctionnaire des services de surveillance – le successeur de Boris Eltsine, obligé de laisser le pouvoir avant terme suite à ses problèmes d’alcool et de corruption – fut considéré comme celui qui pourrait assoir la jeune démocratie russe sur des bases un peu plus solide même s’il demeurait largement une énigme et que son passage au KGB avait de quoi inquiéter pour son engagement en faveur des libertés et de la transparence...

Mais ses années post-URSS, notamment celles auprès du maire de Saint-Pétersbourg, semblaient lui donner crédit d’une volonté de mettre en place un Etat de droit basé sur les valeurs de la démocratie libérale.

Rapidement on déchanta sur la capacité et surtout la volonté de ce Vladimir Poutine de moderniser le pays et d’en faire une terre de progressisme.

Sa vision centralisatrice, son obsession d’une Russie puissance militaire, ses accointances avec les milieux les plus corrompus et son désir d’en tirer partie personnellement pour devenir désormais l’homme le plus riche du pays, montrèrent, au contraire, qu’il avait toutes les tendances requises pour devenir un dirigeant autocrate.

Pour y parvenir, il fit la chasse à l’intérieur à tous ses opposants et à l’extérieur montra toute l’agressivité possible même si sa réelle puissance n’existe que parce qu’il possède un arsenal nucléaire alors même que l’héritière de l’armée rouge est en déliquescence, faute de réels moyens.

Et il prétexta que tous ses compatriotes qui n’étaient pas d’accord avec lui étaient des ennemis de l’intérieur et que le monde occidental fourbissait un complot pour abattre définitivement la Russie et la reléguer au rang de vassal de deuxième rang.

 Ce qui lui permit de justifier ses alliances avec tous les régimes les plus exécrables du monde que ce soit ceux de Chine, de Syrie, de Corée du Nord, de Turquie, d’Iran, de Biélorussie, du Venezuela, etc.

Mais son incapacité à développer l’économie du pays (la seule richesse russe demeure ses matières premières pillées allègrement par ses amis oligarques qui se remplissent les poches) ainsi que de créer une vraie classe moyenne capable de paver le chemin vers un modernisme ainsi que ses courtes vues sur les enjeux sociaux et sociétaux auxquels la Russie est confrontée, font de celle-ci une nation plus proche du Brésil que de la Chine si l’on veut encore utiliser la terminologie de pays émergents et des BRICS (club regroupant le Brésil, la Russie, la Chine et l’Afrique du Sud).

La situation dans laquelle est la Russie aujourd’hui est entièrement de sa faute si l’on considère qu’il n’a jamais cherché à la relever autrement que militairement du désastre du communisme tout en détournant des milliards de dollars et en développant un pathétique culte de la personnalité (ses divers portraits torses nus valorisant le mâle slave dans toute sa splendeur agressive).

Pour éviter le fiasco et son renvoi, voire son incarcération pour les multiples fautes qu’il a commises, il a décidé de durcir de plus en plus son régime qui n’est plus désormais une autocratie mais un bien un totalitarisme avec une sorte de dictateur à sa tête si l’on se rappelle que les élections sont truquées depuis de nombreuses années, sans oublier que le pouvoir empêche de se présenter tous les opposants comme aujourd’hui Navalny en train de mourir dans un camp de concentration, legs du tristement célèbre Goulag et que certains appellent d’un euphémisme indigne, colonie pénitentiaire...

Face à cette réalité, comment les démocraties républicaines libérales doivent se comporter?

Avec la plus grande fermeté.

Parce que s’il faut parler et traiter avec le régime poutinien en place à Moscou, il ne faut rien lui céder et ne rien laisser passer.

N’oublions pas que celui-ci tente par tous les moyens d’interférer dans les élections des pays démocratiques que ce soit en France, aux Etats-Unis (où Trump lui devait son pouvoir), au Royaume Uni (où il a œuvré avec succès pour le Brexit), en Allemagne.

Faire des compromis avec un tel ennemi n’est pas une erreur, c’est une faute que les démocraties paieraient très cher comme nous l’apprend l’Histoire.

Aris de Hesselin

 

samedi 24 avril 2021

Commentaire. Quand le foot confond mondialisation et globalisation

Le sport a toujours eu une dimension politique et donc des ramifications avec l’économique, le social et le sociétal.

Dire le contraire, c’est oublié que dès la Grèce antique, aux Jeux olympiques, la victoire d’athlètes n’étaient pas seulement une question d’effort physique et de dépassement de soi mais une fierté pour les cités qui s’affrontaient par sportifs interposés et récompensaient richement les gagnants quand les perdants étaient souvent punis, parfois de mort!

Des athlètes qui avaient un statut social bien différent du simple citoyen.

Alors, quand on explique que le sport doit demeurer en dehors des débats politiques et qu’il n’a rien à voir avec l’économique, le social et le sociétal, on se fout du monde!

«L’important, c’est participer», phrase attribué au baron de Coubertin – dont on rappelle en passant qu’il était un admirateur du régime nazi d’Hitler – est une vaste fumisterie.

Oui, l’effort physique agrémenté d’un aspect ludique peut être considéré comme étant ailleurs.

Pas le sport qui est compétition par définition.

Ainsi, du football, premier sport mondial et de ses compétitions, d’autant plus celles qui sont organisées par des instances organisées gérant des professionnels qui sont payés pour le pratiquer.

Néanmoins, lorsqu’il s’agit de tourner le dos à la compétition qui doit être le juge de paix en matière de sport, on passe alors dans le domaine du spectacle où règnent uniquement la rentabilité et l’objectif de faire un maximum de profit tout en contentant des (télé)spectateurs dans un contexte où le résultat n’a qu’une importance relative puisqu’il ne comporte que peu de sanctions et surtout de la récompense.

Les ligues de football américain, de baseball, de basket, de hockey-sur-glace et de «soccer» (football traditionnel) aux Etats-Unis sont avant tout des spectacles sur le modèle des gladiateurs romains mais pas des Jeux olympiques grecs.

On peut le préférer mais l’on est plus dans le sport stricto sensu ni dans le sport-spectacle mais dans le spectacle sportif.

Et c’est là que prime la globalisation (mondialisation économique) et non plus la mondialisation (rapprochement des humains et des cultures).

Quand des clubs européens décident de créer une ligue de football fermée où le risque sportif et, surtout, financier, n’existent plus alors on est dans une autre logique que la compétition.

Surtout, on exclut de cette «super ligue» tout l’aspect récompense puisque l’on attribue des places réservées sans aucune raison sportive à des clubs uniquement parce qu’ils ont des moyens financiers.

D’ailleurs, les promoteurs de cette soi-disant compétition ont axé leur discours sur cette volonté de créer un spectacle permanent qui permettrait à ceux qui le donne de pouvoir faire des investissements pour contenter le public et qui serait rentables.

Lorsque le maître d’œuvre de ce projet, Florentino Perez, président du Real de Madrid explique, aussi cyniquement que sottement, aux supporteurs de son équipe qu’il ne pourra pas se payer le français Mbappé et le norvégien Haaland parce que cette super ligue n’est pas organisée, tout est dit.

Bien sûr, le football est gangréné depuis longtemps par l’argent et beaucoup d’investisseurs dans des clubs espèrent en retirer des bénéfices.

Mais, jusqu’ici, il est demeuré une vraie compétition sportive professionnelle.

Bien sûr, pour qu’il soit une compétition où seule compterait la performance physique, il faudrait qu’il soit pratiqué que par des amateurs.

Cependant, comme on l’a vu pour les Jeux olympiques, cela n’a jamais vraiment existé et l’on ne voit pas pourquoi des individus ayant un talent recherché devraient le faire gratuitement alors même que d’autres, dans d’autres domaines, retirent de leur art des bénéfices substantiels comme les comédiens, les musiciens et d’autres.

Reste qu’il ne faut pas se tromper.

Tout imparfait et bancal que soit le système qui organise globalement les différentes disciplines sportives dans tous les sports, il demeure fidèle à la compétition.

Et il est important que le football, ce sport mondialisé ne devienne pas un sport globalisé.

Alexandre Vatimbella & Jean-François Borrou

vendredi 23 avril 2021

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Des sommets pour l’Humanité, on en a besoin tous les jours!

Organisé à l’initiative du président américain Joe Biden, le «Leaders summit on climate» qui réunit virtuellement quarante chefs d’Etat et de gouvernement à l’occasion de la «Journée de la Terre» fêtée hier, est en réalité, malgré son intitulé, un sommet pour sauver l’Humanité.

Et cette journée devrait être rebaptisée «Journée de l’Humanité» et l’on devrait la célébrer plusieurs fois par an.

Et ce serait bien de le dire de cette manière.

Parce que, demain, si notre planète devient invivable, elle s’en fichera royalement ainsi que du climat dont elle héritera, elle en a connu de bien pires depuis qu’elle existe.

Mais pas l’Humanité!

Car, prétendre que l’on organise de sommets, des forums et autres événements plus ou moins spectaculaires pour sauver la Terre est un mensonge ou une prétention emphatique, plus sûrement un moyen de ne pas dire les choses comme elles sont ou tout simplement les regarder vraiment en face.

Oui, c’est bien la survie de l’Humanité qui est en jeu ainsi que celle de tous les autres êtres vivants.

Mais notre Humanité et le monde des vivants dont nous sommes, par notre position, le protecteur, a besoin de multiples sommets pour prendre des décisions qui ont une importance égale aux questions de réchauffement climatique.

Par exemple pour éliminer la faim dans le monde qui est possible.

Ou prendre les mesures pour s’attaquer à la grande pauvreté.

Ou faire en sorte d’empêcher le déclenchement de guerres.

Ou d’organiser nos relations avec les autres espèces.

Voire de coopérer lors d’une pandémie pour la contenir et l’éradiquer dans l’œuf!

Sans oublier de construire une vraie mondialisation dont on rappelle, au passage, à ses ennemis, que le volet économique n’est qu’une des facettes et qu’il n’y a aucune fatalité qu’elle soit dominée par les dogmes néolibéraux.

Quoi qu’il en soit, félicitons-nous de ce sommet «pour le climat» comme nous devons nous féliciter de tous les sommets qui ont pour objet de s’attaquer à des problèmes qui concernent toute l’Humanité et sa préservation afin d’empêcher que nous devenions, à notre tour, «une espèce en voie de disparition»…

Sans doute que les promesses qui sont faites depuis hier par les Etats-Unis, l’Union européenne, la Chine et d’autres participants au «Leaders summit on climate» sont des affichages pour certaines mais elles sont autant de moyens de faire pression pour que ceux qui les ont énoncées les réalisent concrètement.

Et puis, dire les choses, c’est non seulement reconnaitre qu’elles existent mais les porter sur le devant de la scène et indiquer qu’on doit les prendre à bras le corps.

Enfin, se parler est essentiel devant la possible catastrophe climatique qui se profile à l’horizon tout comme c’est essentiel pour tout ce qui menace la vie sur la planète.

Alors, organisons tous les sommets possibles et imaginables avec les principaux dirigeants du monde parce que c’est en multipliant les moyens qui permettent une prise de conscience individuelle et collective que nous pourrons résoudre bien des équations qui semblent insolubles aujourd’hui.

S’il y a bien un domaine où le volontarisme est la clé, c’est bien celui d’une Humanité qui avance ensemble, non pas pour certains de ses membres, mais pour que demain soit meilleur ou, tout simplement, qu’il soit.

Alexandre Vatimbella

 

samedi 17 avril 2021

Etats-Unis. Joe Biden, leader du monde libre?

Début mai, Joe Biden atteindra ses cent jours à la présidence des Etats-Unis, ce chiffre tout symbolique qui n’a d’autre valeur que d’être rond et de faire référence à Franklin Roosevelt qui avait demandé, lors de sa prise de fonction en 1933, ce délai pour prendre un nombre sans précédent de mesures afin de lutter contre la Grande dépression.

Néanmoins, à cette date, et pendant ces cent premiers jours de sa présidence, le centriste américain aura –  pour ceux qui ne le connaissent pas ou qui ne voyaient en lui qu’un grand-père qui allait gouverner paisiblement sans faire de vagues en essayant de faire oublier les calamités de son prédécesseur à la Maison blanche – accompli une tâche remarquable que ce soit en matière de politique intérieure qu’extérieure.

En cela, il postule sans aucun doute, en tant que chef de la première puissance mondiale et plus importante démocratie, au poste laissé vacant pendant quatre ans, de leader du monde libre.

Bien sûr, il est encore trop tôt pour juger une présidence qui n’a pas encore trois mois d’existence mais les faits son là.

En matière de politique étrangère, voilà enfin un leader des démocraties qui a décidé de ne rien céder aux régimes autoritaires et totalitaires les plus scélérats et les plus dangereux, notamment dans leurs attaques contre la liberté, leurs irrespects du droit international et leur volonté de constamment gruger ces mêmes démocraties puisque personne ne leur disait «stop!».

Dans le même temps où il exprimait son opposition et prenait des sanctions, il n’a cependant pas fermé la porte au dialogue que soit, par exemple, avec la Russie ou la Chine, les deux puissances les plus dangereuses pour les démocraties.

Notamment parce qu’il faut inclure tous les pays du monde dans une gouvernance mondiale sur des questions primordiales pour l’avenir de l’Humanité comme en matière de réchauffement climatique.

Tout n’est évidemment pas parfait, bien sûr, comme en témoigne un plus large laxisme en la matière vis-à-vis de l’Arabie Saoudite ou de la Turquie, même si ces deux pays n’en sont pas quittes pour leurs comportements.

Mais, Joe Biden ne se limite pas à sanctionner et à montrer les muscles face aux autocrates et dictateurs, il remet en place un vrai dialogue avec les alliées principales des Etats-Unis, les démocraties.

Son secrétaire d’Etat, Antony Blinken, multiplie les contacts et les réunions avec ses homologues de ces pays et l’on sent vraiment la volonté de présenter un front uni qui ne soit pas seulement basé sur un diktat américain.

C’est dans ce sens que le président américain organisera avant la fin de l’année, un sommet des démocraties.

Sans oublier sa proposition de mettre en place une fiscalité mondiale pour taxer uniformément les entreprises afin de rendre la globalisation plus régulée et équitable tout en dégageant des ressources pour les Etats.

Car, Joe Biden a également décidé, sur le plan intérieur de relancer l’économie américaine – ce qui devrait aider largement à relancer l’économie mondiale – avec un plan d’ampleur inédite de 3000 milliards de dollars déjà voté par le Congrès auquel devrait s’ajouter un plan de 2000 milliards de dollars afin de remettre à niveau et de moderniser les infrastructures du pays parfois dans un état lamentable, tout en faisant la part belle à l’innovation et aux technologies les plus avancées.

Tout cela pour faire repartir la croissance américaine dont il veut qu’elle bénéficie à tous et pas seulement aux multinationales et aux plus riches.

C’est dans ce sens qu’il a distribué de l’argent à tous les Américains, qu’il va augmenter les impôts des plus riches et qu’il veut mettre en route des programmes sociaux tout en développant la fameuse loi Obamacare sur l’assurance santé pour tous.

Sans oublier ses projets en matière d’éducation – sa femme est professeure – avec, entre autres, une démocratisation de l’accès à l’université.

Il y a également ses projets en matière d’égalité «raciale» (terme américain pour parler des différentes ethnies), de contrôle des armes à feu et d’immigration même si dans ce dernier domaine les incohérences de Trump ont créé une situation difficile à gérer actuellement.

Il est évidemment trop tôt pour apprécier les résultats.

Mais l’on doit déjà saluer les intentions et les actes.

Ainsi, Joe Biden a décidé d’être ce président centriste, c’est-à-dire pragmatique, réformiste et progressiste qui doit, non seulement remettre les Etats-Unis sur les rails tout en luttant contre une crise sanitaire sans précédent (ses décisions en matière de la covid19 ont été d’une ampleur remarquable en particulier en matière de vaccination), sans oublier de remettre de l’ordre dans la mondialisation, le tout en mettant en avant les valeurs humanistes avec lesquelles il affirme ne pas vouloir transiger.

Quel changement par rapport au populiste incompétent qu’était Trump, ce qui n’était pas très difficile, il est vrai...

Joe Biden sera peut-être un grand président dans la lignée de Franklin Roosevelt (New deal), de Lyndon Johnson (Great society) et de Barack Obama (Fair shake), qui chacun portèrent des transformations essentielles, deux d’entre eux ayant, en plus, à faire face à des crises économiques très graves, la  Grande dépression pour Roosevelt et la Grande récession pour Obama.

Peut-être s’approchera-t-il d’Abraham Lincoln.

Mais, pour cela, il va lui falloir réconcilier les Américains entre eux, ce qui n’est pas une mince affaire.

Parce que si Trump a joué sur une guerre civile larvée pour gouverner et tenter de casser la démocratie étasunienne, non seulement il a été aidé par la machine du Parti républicain mais il a surfé sur une situation qui dure déjà depuis plus de trente ans, de l’ère Reagan, qui, elle-même, se nourrissait de fractures qui s’étalent quasiment de l’indépendance du pays en 1783 jusqu’à la présidence Nixon en passant par la Guerre de sécession.

Cette tâche là sera certainement la plus difficile de sa présidence et toutes ses qualités d’homme du consensus et du compromis vont devoir être mises en œuvre, non pas pour aboutir à une réconciliation parfaite qui est une illusion, tout au moins au début d’un processus de rapprochement et de partage de visions communes.

Mais, comme beaucoup ont été surpris de ses premiers pas en tant que président, Joe Biden sera peut-être celui qui parviendra à faire des Américains enfin une communauté de femmes et d’hommes qui partagent plus qu’un simple drapeau même s’ils lui vouent un véritable culte