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samedi 17 avril 2021

Etats-Unis. Joe Biden, leader du monde libre?

Début mai, Joe Biden atteindra ses cent jours à la présidence des Etats-Unis, ce chiffre tout symbolique qui n’a d’autre valeur que d’être rond et de faire référence à Franklin Roosevelt qui avait demandé, lors de sa prise de fonction en 1933, ce délai pour prendre un nombre sans précédent de mesures afin de lutter contre la Grande dépression.

Néanmoins, à cette date, et pendant ces cent premiers jours de sa présidence, le centriste américain aura –  pour ceux qui ne le connaissent pas ou qui ne voyaient en lui qu’un grand-père qui allait gouverner paisiblement sans faire de vagues en essayant de faire oublier les calamités de son prédécesseur à la Maison blanche – accompli une tâche remarquable que ce soit en matière de politique intérieure qu’extérieure.

En cela, il postule sans aucun doute, en tant que chef de la première puissance mondiale et plus importante démocratie, au poste laissé vacant pendant quatre ans, de leader du monde libre.

Bien sûr, il est encore trop tôt pour juger une présidence qui n’a pas encore trois mois d’existence mais les faits son là.

En matière de politique étrangère, voilà enfin un leader des démocraties qui a décidé de ne rien céder aux régimes autoritaires et totalitaires les plus scélérats et les plus dangereux, notamment dans leurs attaques contre la liberté, leurs irrespects du droit international et leur volonté de constamment gruger ces mêmes démocraties puisque personne ne leur disait «stop!».

Dans le même temps où il exprimait son opposition et prenait des sanctions, il n’a cependant pas fermé la porte au dialogue que soit, par exemple, avec la Russie ou la Chine, les deux puissances les plus dangereuses pour les démocraties.

Notamment parce qu’il faut inclure tous les pays du monde dans une gouvernance mondiale sur des questions primordiales pour l’avenir de l’Humanité comme en matière de réchauffement climatique.

Tout n’est évidemment pas parfait, bien sûr, comme en témoigne un plus large laxisme en la matière vis-à-vis de l’Arabie Saoudite ou de la Turquie, même si ces deux pays n’en sont pas quittes pour leurs comportements.

Mais, Joe Biden ne se limite pas à sanctionner et à montrer les muscles face aux autocrates et dictateurs, il remet en place un vrai dialogue avec les alliées principales des Etats-Unis, les démocraties.

Son secrétaire d’Etat, Antony Blinken, multiplie les contacts et les réunions avec ses homologues de ces pays et l’on sent vraiment la volonté de présenter un front uni qui ne soit pas seulement basé sur un diktat américain.

C’est dans ce sens que le président américain organisera avant la fin de l’année, un sommet des démocraties.

Sans oublier sa proposition de mettre en place une fiscalité mondiale pour taxer uniformément les entreprises afin de rendre la globalisation plus régulée et équitable tout en dégageant des ressources pour les Etats.

Car, Joe Biden a également décidé, sur le plan intérieur de relancer l’économie américaine – ce qui devrait aider largement à relancer l’économie mondiale – avec un plan d’ampleur inédite de 3000 milliards de dollars déjà voté par le Congrès auquel devrait s’ajouter un plan de 2000 milliards de dollars afin de remettre à niveau et de moderniser les infrastructures du pays parfois dans un état lamentable, tout en faisant la part belle à l’innovation et aux technologies les plus avancées.

Tout cela pour faire repartir la croissance américaine dont il veut qu’elle bénéficie à tous et pas seulement aux multinationales et aux plus riches.

C’est dans ce sens qu’il a distribué de l’argent à tous les Américains, qu’il va augmenter les impôts des plus riches et qu’il veut mettre en route des programmes sociaux tout en développant la fameuse loi Obamacare sur l’assurance santé pour tous.

Sans oublier ses projets en matière d’éducation – sa femme est professeure – avec, entre autres, une démocratisation de l’accès à l’université.

Il y a également ses projets en matière d’égalité «raciale» (terme américain pour parler des différentes ethnies), de contrôle des armes à feu et d’immigration même si dans ce dernier domaine les incohérences de Trump ont créé une situation difficile à gérer actuellement.

Il est évidemment trop tôt pour apprécier les résultats.

Mais l’on doit déjà saluer les intentions et les actes.

Ainsi, Joe Biden a décidé d’être ce président centriste, c’est-à-dire pragmatique, réformiste et progressiste qui doit, non seulement remettre les Etats-Unis sur les rails tout en luttant contre une crise sanitaire sans précédent (ses décisions en matière de la covid19 ont été d’une ampleur remarquable en particulier en matière de vaccination), sans oublier de remettre de l’ordre dans la mondialisation, le tout en mettant en avant les valeurs humanistes avec lesquelles il affirme ne pas vouloir transiger.

Quel changement par rapport au populiste incompétent qu’était Trump, ce qui n’était pas très difficile, il est vrai...

Joe Biden sera peut-être un grand président dans la lignée de Franklin Roosevelt (New deal), de Lyndon Johnson (Great society) et de Barack Obama (Fair shake), qui chacun portèrent des transformations essentielles, deux d’entre eux ayant, en plus, à faire face à des crises économiques très graves, la  Grande dépression pour Roosevelt et la Grande récession pour Obama.

Peut-être s’approchera-t-il d’Abraham Lincoln.

Mais, pour cela, il va lui falloir réconcilier les Américains entre eux, ce qui n’est pas une mince affaire.

Parce que si Trump a joué sur une guerre civile larvée pour gouverner et tenter de casser la démocratie étasunienne, non seulement il a été aidé par la machine du Parti républicain mais il a surfé sur une situation qui dure déjà depuis plus de trente ans, de l’ère Reagan, qui, elle-même, se nourrissait de fractures qui s’étalent quasiment de l’indépendance du pays en 1783 jusqu’à la présidence Nixon en passant par la Guerre de sécession.

Cette tâche là sera certainement la plus difficile de sa présidence et toutes ses qualités d’homme du consensus et du compromis vont devoir être mises en œuvre, non pas pour aboutir à une réconciliation parfaite qui est une illusion, tout au moins au début d’un processus de rapprochement et de partage de visions communes.

Mais, comme beaucoup ont été surpris de ses premiers pas en tant que président, Joe Biden sera peut-être celui qui parviendra à faire des Américains enfin une communauté de femmes et d’hommes qui partagent plus qu’un simple drapeau même s’ils lui vouent un véritable culte