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vendredi 14 décembre 2012

ACTU-MONDIALISATION. Bataille autour d’internet: une alliance du monde libre pour protéger le web

Les pays totalitaires et autoritaires n’aiment pas internet, c’est bien connu. Ou, en tout cas, ils détestent la liberté du web, celle qui permet la libre-parole ainsi que la dénonciation des droits de l’homme, de la violence et de la corruption.
Une belle brochette d’entre eux, l'Algérie, l'Arabie Saoudite, la Chine, l'Egypte, les Emirats-Arabes-Unis, la Russie et le Soudan, ont donc décidé de demander que les Etats puissent désormais contrôler le réseau.
Sous couvert de dénoncer la primauté des agences américaines qui le gère aujourd’hui, ils ont élaboré une proposition qui a circulé à Dubaï où se sont réunis les 193 pays membres de l’ITU (International telecommunication union). Celle-ci demande expressément que tous les Etats bénéficient de droits égaux afin dans la gestion de la toile.
On comprend très bien l’intérêt pour le Parti communiste chinois, pour Vladimir Poutine ou encore pour les régimes islamistes au pouvoir à Ryad ou au Caire de contrôler ce qui circule sur internet et de faire le tri selon ce qui les arrange.
Bien entendu, la liberté qui règne sur internet et l’absence de (auto)régulation produit le meilleur comme le pire avec les sites de haine et pédophiles, entre autres.
Néanmoins, pour ces pays, ce pire n’est évidemment pas la raison de leur mobilisation mais il s’agit pour eux qu’internet parle d’une seule voix, la leur, tout au moins chez eux.
Dès lors, comme le préconise Bernard Benhamou, délégué aux usages d’internet au ministère charge des PME, de l’innovation et de l’économie numérique, il faut que se noue une alliance transatlantique (Etats-Unis-Europe) pour défendre la liberté sur le web mais aussi pour mettre en place une véritable législation de protection de la vie privée des internautes face au développement des outils qui permettent de tout connaître ou presque de chacun d’eux.
Selon ses propos, lors d’une conférence du Centre d’analyse stratégique sur la «cybermondialisation», les pays comme la Russie et la Chine essayent de mettre internet «sous tutelle» des Etats ce qui provoquerait, à la fois, la «balkanisation» de celui-ci ainsi que sa «fragmentation». «Remettre en cause l’unité d’internet serait, poursuit-il, dangereux économiquement, politiquement et socialement».
Cette proposition de mettre internet sous tutelle étatique est refusée par tous les Etats démocratiques qui se sont, pour l’occasion et alors que des différends les opposent, rangés derrière les Etats-Unis afin de défendre le principe de liberté même s’ils sont souvent critiques sur l’appropriation par les Américains de la gestion du web.
Pour autant, la vigilance doit être de mise car les outils de contrôle et de censure deviennent, également, de plus en plus sophistiqués même s’ils ne parviennent pas à faire taire totalement les internautes qui, comme on le voit en Chine et en Russie, ont pour l’instant, toujours un temps d’avance.
Alexandre Vatimbella
© 2012 LesNouveauxMondes.org

mercredi 12 décembre 2012

ACTU-MONDIALISATION. Compétitivité: le mot-clé du politique dans les pays avancés

Lors de la septième édition des «Etats de la France», organisée par l’INSEAD, la business school basée à Fontainebleau, au Conseil économique et social à Paris, et intitulée cet année «Comment concilier compétitivité et justice», Angel Gurria, le secrétaire général de l’OCDE, a révélé que dans tous les entretiens qu’il avait au niveau international et dans tous les pays avec les chefs d’Etat et de gouvernement, le maître-mot était désormais la compétitivité.
Et c’est bien le mot à la mode dans la mondialisation et la clé première de la capacité des pays avancés de retrouver de la croissance suffisante face à la montée des grands pays émergents.
Mais, au fait, qu’est-ce que la compétitivité exactement? Il s’agit d’un terme qui évalue la capacité d’une entité économique (Etat, entreprise, etc.) à être concurrentielle sur un marché particulier (ou sur un segment de ce marché comme le haut de gamme) ou de manière plus générale (la compétitivité de l’économie française, par exemple).
La compétitivité prend évidemment en compte la productivité mais aussi nombre d’autres facteurs comme la fiscalité, le prix des matières premières mais aussi les choix des entrepreneurs (gestion des facteurs de production ou investissements efficaces et cohérents, …).
En période de crise économique plus ou moins larvée, elle est évidemment essentielle pour se positionner favorablement alors qu’il n’y a pas de la place pour tous.
De même, avec la montée en puissance continue des pays émergents avec leurs avantages comparatifs (notamment un coût de la main d’œuvre beaucoup plus bas et un marché intérieur en développement), les pays avancés (Etats-Unis, Union européenne, Japon, etc.) et leurs entreprises doivent relever un défi encore plus important pour demeurer compétitifs.
Evidemment, cette compétitivité pose des problèmes fondamentaux à pays avancés, notamment en matière sociale et de systèmes de protection sociale en particulier qui sont au cœur même de la réflexion sur la perte de celle-ci.
Selon le rapport de l’INSEAD présenté lors de ces Etats de la France, il faut «répartir équitablement le poids des ajustements nécessaires» et l’équité est «un facteur essentiel de la cohésion sociale».
Les auteurs du rapport poursuivent en affirmant, qu’«(…) équité et efficacité économique sont loin d’être antinomiques, mais à trois conditions. Premièrement, il faut assurer un meilleur équilibre entre justice sociale et justice économique, ce qui suppose de mettre l’accent sur le mérite. Deuxièmement, il faut une stratégie de redressement fondée sur des comportements ‘équitables’, ce que les anglo-saxons appellent le fair-play (ou jouer franc-jeu): ceci consiste à faire le pari de la clarté et de la transparence, à mettre toutes les parties prenantes sur un même plan, et à les écouter véritablement sans faire passer certains intérêts, voire certaines idéologies, avant ceux d’autrui et du pays. Troisièmement, il faut adopter une ‘méthode juste et équitable’ fondée sur une communication claire et une concertation continue».
Alexandre Vatimbella
© 2012 LesNouveauxMondes.org

dimanche 9 décembre 2012

ACTU-MONDIALISATION. Les Américains et les Chinois se méfient de plus en plus les uns des autres

Comme l’écrit Bruce Drake du Pew Research Center, «du fait que la compétition économique et géopolitique s’intensifie entre les Etats-Unis et la Chine, les Américains et les Chinois ont durci leurs vues à propos des uns et des autres».
Ainsi, les dernières enquêtes d’opinions reflètent cette montée en puissance d’une méfiance entre les deux peuples.
Dans l’étude annuelle du German Marshall Fund, les Américains sont, derrière les Français (!), ceux qui estiment le plus que la Chine représente une menace économique (59%), plutôt qu’une opportunité (30%).
De même, ils voient majoritairement (51%) la Chine comme une menace militaire.
Il est également intéressant de noter que les Américains estiment qu’ils ne partagent pas les mêmes intérêts (47% contre 46%) avec la Chine pour pouvoir coopérer ensemble sur les problèmes internationaux.
A noter qu’ils sont 46% contre 45% à affirmer que les deux pays partagent des valeurs communes afin de coopérer internationalement.
Pour autant, et cela vient en contradiction avec la volonté de Barack Obama de réorienter la politique étrangère des Etats-Unis en priorité vers l’Asie, 55% des Américains disent que l’Union européenne est plus importante que l’Asie (un renversement de 17 points en un an) et que les pays européens sont plus importants pour leurs intérêts vitaux que ceux d’Asie (54% contre 29%).
Cela est confirmé par un sondage du Pew Research Center qui montrent que 65% des Américains font peu ou pas du tout confiance à la Chine et que 66% d’entre eux estiment qu’elle est un concurrent, 15% un ennemi et 16%, seulement, un partenaire.
Les Chinois ne sont pas en reste avec leur vision des Etats-Unis.
Ainsi, 48% voient ces derniers de manière défavorable et seulement 43% favorablement, un retournement de situation puisque en 2010 les chiffres respectifs étaient 37% et 58%.
Dans le même esprit, de 2010 à 2012, les Chinois qui avaient confiance en Obama sont passés de 52% à 38% et ceux qui n’ont pas confiance de 30% à 41%.
En outre, la relation avec les Etats-Unis est désormais vue comme de coopération par 39% des Chinois contre 68% en 2010 (une chute de 29 points) et d’hostilité par 26% (contre 8% seulement en 2010).
Du côté américain, on est passé, en un peu plus d’un an, d’une volonté de renforcer les relations avec la Chine (53% en mars 2011 contre 40% pour une plus grande agressivité) à celle d’être plus agressif vis-à-vis d’elle (49% en octobre 2012 contre 42% pour le renforcement des relations).
Evidemment, ces mauvais chiffres ne sont pas de bon augure pour le futur des relations entre les deux pays d’autant que les sujets de friction se multiplient, que ce soit sur le terrain géoéconomique, géopolitique, militaire, diplomatique et des valeurs politiques.
La récente réélection de Barack Obama est pourtant une bonne nouvelle pour les relations américano-chinoises car les démocrates sont nettement moins virulents que les républicains.
En revanche, les nouveaux dirigeants désignés par le dernier congrès du Parti communiste chinois n’ont guère le profil de réformateurs et de personnalités ouvertes aux discussions et aux compromis.
Néanmoins, première et deuxième puissances économiques (mais aussi depuis peu les Etats-Unis sont devenus le premier client de la Chine qui est toujours le pays qui détient le plus de dette publique américaine), les deux pays sont obligés de s’entendre ou, en tout cas, de trouver des ententes afin d’éviter une dégradation de leurs relations qui pourraient avoir de graves conséquences sur les équilibres mondiaux et sur la globalisation.
Alexandre Vatimbella
© 2012 LesNouveauxMondes.org

samedi 1 décembre 2012

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. «Rêve chinois» versus «rêve américain»

Dans un article qu’elle vient de publier, l’agence de presse officielle chinoise, Xinhua, parle de «la détermination du pays à réaliser ‘le rêve chinois’».
Mais qu’est-ce bien que ce «rêve chinois»? Pour Xinhua, il s’agit de faire de la Chine «une nation socialiste moderne, prospère, puissante, démocratique, culturellement avancée et harmonieuse». Et ce «renouveau de la nation chinoise sera certainement réalisé» «lorsque la nouvelle Chine célèbrera son centenaire», c’est-à-dire le 1er octobre 2049.
Ce qui est intéressant dans la définition de ce rêve, c’est qu’il est avant tout celui d’une entité, la «nation» qui retentira alors sur chaque Chinois ce qui s’oppose diamétralement au «rêve américain» qui est avant tout individuel et qui, collectivement, n’est que la somme des rêves de chaque individu, c’est-à-dire la réussite de sa vie, à la fois, spirituellement, intellectuellement et matériellement.
Un rêve vient donc d’en haut et l’autre d’en bas si l’on veut schématiser.
Plus profondément, c’est bien l’Etat chinois qui est le pourvoyeur du rêve alors que l’Etat américain n’en est que le facilitateur.
D’un côté, une vision holistique du rêve, de l’autre une recherche personnelle.
Bien entendu, pour que le «rêve américain» puisse se réaliser, il faut comme condition préalable, l’existence d’une démocratie libérale qui garantit la liberté à chacun.
En revanche, le «rêve chinois» n’a guère besoin de cette liberté, sa caractéristique première étant de créer une société «harmonieuse» par le socialisme scientifique, c’est-à-dire par une voie unique à laquelle chacun doit se plier.
Au-delà de cette différence fondamentale de l’essence même de ces deux rêves, il faut aussi savoir quel est celui qui est le plus capable de rendre heureux chaque individu ainsi que le peuple.
Même si la notion de «bonheur» est difficile à apprécier (chacun en a une définition propre et l’état de bonheur est très difficile à établir sur la durée), force est de reconnaître que les deux rêves ne le produisent pas forcément.
Aux Etats-Unis, il est de plus en plus difficile de s’élever socialement et beaucoup n’ont pas la possibilité de se réaliser grâce à leurs capacités. L’ascenseur social est largement en panne depuis des décennies comme le montrent toutes les études sur le sujet.
En Chine, si une classe moyenne a émergé ces vingt dernières années, il y a eu aussi l’avènement d’une caste de super-riches qui, pour la plupart, ont réussi, non pas avant tout grâce à leurs talents, mais essentiellement par les prébendes et la corruption alors que la majorité de la population continue à vivre dans la pauvreté avec peu de chances de s’élever socialement.
Dans les deux pays, le rêve demeure donc plus une chimère qu’un but atteignable pour la majorité de la population.
Néanmoins, certains y parviennent aux Etats-Unis et en Chine grâce à leurs capacités et leurs talents.
Pour autant, les Américains qui réalisent leurs rêves le font libres et sans l’angoisse qu’un système coercitif remettent en cause leur réussite.
En revanche, en Chine, beaucoup de ceux qui s’en sortent le font en évitant de s’occuper de tâches qui fâchent et leurs réussites restent à la merci d’une décision arbitraire de l’administration et/ou du pouvoir politique.
C’est d’ailleurs pourquoi ceux qui réussissent le mieux – mais plus seulement – sont ceux qui, aujourd’hui, s’expatrient de plus en plus à l’étranger, en Europe, en Australie et ailleurs.
Et les plus riches d’entre eux ne rêvent que de s’installer aux Etats-Unis. La réciproque, elle, n’est pas d’actualité: peu de milliardaires américains pensent s’établir en Chine.
Là, peut-être, est ce qui caractérise le mieux la différence entre les deux rêves…
Alexandre Vatimbella
© 2012 LesNouveauxMondes.org