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mardi 15 juin 2021

Etats-Unis – Obama inquiet pour l’avenir de la démocratie

Barack Obama a déclaré dans une interview à CNN qu’il était préoccupé par l’avenir de la démocratie expliquant que celle-ci «exige que chacun d'entre nous comprenne que celle-ci n'est pas automatique» mais demande qu’on la protège.

Il a ajouté qu’il espérait «que le vent va tourner».

L’ancien président des Etats-Unis a par ailleurs affirmé que les Américains doivent «s’inquiéter lorsque l'un de nos principaux partis politiques [Parti républicain] en vient à adopter une façon de penser notre démocratie qui est méconnaissable avec ce qu’il disait il y a cinq ans ou dix ans et qui aurait été alors considéré comme inacceptable».

Selon le centriste des «esprits sombres» ont pris le contrôle du Parti républicain.

En cela, l’insurrection du 6 janvier dernier lorsque des émeutiers ont tenté de prendre le contrôle du Capitole, siège du pouvoir législatif, est emblématique pour l’ancien président des Etats-Unis.

Mais si cette foule a accompli cet acte intolérable «la raison en est que la base des républicains y croyait et la base y croyait parce que cela leur avait été dit non seulement par le président, mais par les médias qu'ils regardaient»

Pour lui, les causes des profondes divisions des Américains viennent de ce «nous vivons dans des mondes différents et qu’il devient de plus en plus difficile pour nous de nous entendre, de nous voir».

«Nous avons plus de stratification et de ségrégation économiques, analyse-t-il. Vous combinez cela avec la stratification raciale et le cloisonnement des médias, donc vous n'avez pas seulement un Walter Cronkite [légende des journaux télévisés des années 1960-1970] qui livre les nouvelles à toute l’Amérique, mais vous avez 1000 lieux différents qui le font dorénavant. Tout cela a contribué à ce sentiment que nous n'avons rien en commun.»

Il faut donc recréer du lien et la solution d’Obama, consiste à multiplier les réunions en face à face où les gens entendent les luttes et les histoires des autres.

Le problème est «de savoir comment créer ces lieux, ces lieux de rencontre pour que les gens puissent le faire parce qu'en ce moment, nous ne les avons pas et nous en voyons les conséquences».

Celui qui a été le premier président noir estime que le problème du racisme n’est, non seulement, pas toujours réglé mais «qu'il existe certains médias de droite, par exemple, qui monétisent et capitalisent pour attiser la peur et le ressentiment d'une population blanche qui assiste à un changement en Amérique» qui devient un pays métissé où les blancs sont de moins en moins majoritaires.

Et de préciser qu'il reste « difficile pour la majorité des Américains blancs de reconnaître que vous pouvez être fiers de ce pays et de ses traditions et de son histoire et de nos ancêtres et que, pourtant, il est également vrai qu’il s'est passé des choses et que les vestiges de cela persistent et continuent».

 

 

dimanche 13 juin 2021

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’alliance, l’impératif existentiel des démocraties du 21e siècle

Enfin!

Les leaders du monde libre semblent enfin avoir compris que la démocratie républicaine libérale est menacée de mort si elle ne réagit pas.

Et qu’une des mesures les plus urgentes et les plus fortes est une alliance pour empêcher ses ennemis intérieurs et extérieurs de l’abattre.

Plus on en apprend de la présidence de Donald Trump, plus on se rend compte de la détermination des ennemis de la liberté à pervertir les règles, les principes et les valeurs démocratiques pour miner le système de l’intérieur, le pourrir jusqu’à ce qu’il disparaisse.

Faire écouter ses opposants et les journalistes, non, ce n’est pas dans la Russie de Poutine mais bien dans les Etats-Unis de Trump que cela s’est produit!

C’est dire la déliquescence qui a déjà commencé dans la plus vieille et la plus grande démocratie du monde.

Mais si l’escroc démagogue populiste et admirateur de tous les autocrates et dictateurs de la planète est l’élément le plus visible de cet effondrement démocratique, il est loin d’être le seul.

Il est frappant et consternant de voir ainsi ceux qui prétendent défendre cette démocratie républicaine libérale, l’attaquer sans cesse par le biais de véritables croisades contre leurs opposants politiques.

Il n’est pas besoin de prendre la rhétorique trumpienne, on a celle des partis et des médias «traditionnels» pour cela désormais.

Comment alors s’en prendre à tous les factieux, à tous les propagateurs de fake news, de vérités et de faits alternatifs, d’élucubationistes (complotistes), tous ceux qui veulent la peau de la démocratie, alors même que ceux qui affirment les combattre utilisent les mêmes armes contre les gens qui ne sont pas du même avis qu’eux?!

Ainsi des pourfendeurs des réseaux sociaux et des chaines, non pas d’information, mais de propagande en continue comme Fox news ou Cnews, qui propagent les mêmes attaques mensongères d’une manière aussi virulente en se parant d’une respectabilité qu’ils ont jeté depuis longtemps dans leur broyeur d’ordures.

Et, par un tour de passe-passe indigne, quand les victimes de leurs attaques qui ne sont souvent que des dénigrements sans preuve, des allusions détestables voire des diffamations ignominieuses leur répondent, ils jouent les vierges effarouchées et les indignés à qui l’on va supprimer la liberté d’expression…

Tout cela est consternant.

Mais tout cela est de plus en plus terrifiant.

Parce que si la démocratie va mal, ce n’est pas simplement parce qu’une minorité d’excités dangereux menés par des «esprits sombres», pour employer les mots de Barack Obama, tentent de la détruire mais bien parce qu’une majorité ne la défend pas ou peu.

Oui, la responsabilité est collective et l’opprobre le sera également si nos démocraties républicaines libérales disparaissent.

Défendre la liberté, l’égalité, la fraternité et le respect de l’autre est un devoir citoyen.

Pour cela, c’est bien d’une association, plus, d’une communion entre tous les démocrates dont nous avons besoin, maintenant.

Et la proposition de Joe Bien, le président des Etats-Unis – et ce n’est pas étonnant que ce soit un centriste qui la fasse –, d’une alliance des démocraties est bien un impératif existentiel en ce 21e siècle où la liberté semble si fragile alors qu’on la croyait victorieuse par KO définitif il n’y a pas si longtemps quand les murs s’effondraient dans l’espoir d’un universalisme harmonieux et joyeux…

Alexandre Vatimbella

 

vendredi 4 juin 2021

Etats-Unis – Réconcilier autour de l’idée Amérique, obsession de Biden mais pas à n’importe quel prix

Depuis son élection et même pendant sa campagne électorale, Joe Biden a une obsession, réconcilier ses compatriotes autour de l’idée Amérique, en les unissant autour des valeurs qui ont fondé la nation étasunienne tout en faisant renaître concrètement la version du rêve américain porté par les démocrates.

Voici, par exemple, ce qu’il a déclaré le 30 mai dernier lors de la journée su souvenir aux soldats américains qui sont tombés pour la patrie:
L'Amérique est unique. C'est une idée. Contrairement à tout autre pays dans le monde, elle est formée sur la base d'une idée. Presque tous les autres pays sont basés sur une croyance, une religion, une géographie, une ethnie, mais pas nous. Nous sommes basés sur une idée: que nous tenons ces vérités pour évidentes que tous les hommes et toutes les femmes sont créés égaux. Nous sommes uniques au monde.
J'ai eu une longue conversation - pendant deux heures - récemment avec le président Xi, lui indiquant clairement que nous ne pouvions rien faire d'autre que défendre les droits de l'homme dans le monde parce que c'est ce que nous sommes. Je rencontrerai le président Poutine dans quelques semaines à Genève, en précisant que nous ne le ferons pas – nous ne resterons pas les bras croisés et le laisserons abuser de ces droits.
Mes amis, nous sommes uniques dans toute l'histoire. Nous le sommes vraiment. Mais ces noms qui sont sur ce mur, et tous les autres murs et pierres tombales en Amérique des anciens combattants, sont la raison pour laquelle nous pouvons nous tenir ici. Nous ne pouvons pas nous leurrer là-dessus. Et donc j'espère - j'espère que la nation se rassemble. Nous ne sommes ni démocrates ni républicains aujourd'hui. Nous sommes américains. Nous sommes des Américains qui ont donné leur vie. Et il est temps de rappeler à tout le monde qui nous sommes.»

Et, le 28 avril, dans une envolés lyrique, il avait déclaré devant le Congrès:
«Nous sommes les États-Unis d'Amérique. Il n'y a pas une seule chose, rien, rien au-delà de nos capacités. Nous pouvons faire tout ce que nous voulons si nous le faisons ensemble. Alors commençons à nous réunir.

Chacune de ses interventions, chacun des ses actes et de ses décisions peuvent s’analyser sur cette volonté réconciliatrice parce qu’il sait que le pays est divisé comme jamais depuis la présidence de Donald Trump mais, en réalité, depuis plus longtemps encore par la volonté de la droite radicale des républicains d’utiliser la colère et la haine pour se bâtir un socle électoral solide, ce qui semble malheureusement le cas aujourd’hui même si celui-ci est encore loin d’être majoritaire dans le pays.

La dernière présidentielle a envoyé un message paradoxal en la matière.

Jamais autant de gens ont voté, jamais un candidat n’a eu autant de voix (Joe Biden) et ce dernier l’a emporté avec 7 millions de voix de plus, un écart très conséquent.

Mais, de son côté, Donald Trump est le candidat républicain qui a obtenu le plus de voix à une présidentielle malgré ses quatre années plus que controversées passées à la Maison blanche.

Surtout, la base électorale des républicains ne s’est pas évanouie avec sa défaite, bien au contraire, ce qui fait qu’il y a des millions d’Américains qui, aujourd’hui, sont nourris à la désinformation, au fake news, aux «faits alternatifs» qui alimentent leurs angoisses donc leurs colères, donc leurs haines qui peuvent se concrétiser par des actes de violences et de sédition pour abattre l’idée Amérique comme l’a prouvé la tentative de coup d’Etat de janvier dernier où les fanatiques de Trump ont tenté de prendre d’assaut la Capitole et de tuer les opposants – démocrates et républicains – de leur héraut.

La situation est donc stabilisée d’un côté avec le retour d’une certaine normalité pré-Trump – qui n’était déjà pas sans danger pour la démocratie – et, de l’autre côté, continue une fuite en avant séditieuse d’une partie de la population dont on ne sait pas jusqu’où elle peut aller.

Exemple parmi tant d’autres, l’ancien conseiller à la sécurité de Trump, le général Flynn, condamné par la justice à de la prison pour ses liens avec Moscou et ses mensonges faits au FBI, a pris la parole dernièrement devant des excités pour demander à l’armée américaine d’intervenir de la même manière que l’a fait celle de Birmanie il y a quelques semaines pour réinstaurer une dictature!

Et il se dit que Trump est toujours persuadé qu’il a gagné les élections et qu’il attend d’être réinstallé à la Maison blanche en août après qu’une entreprise véreuse payée par ses partisans ait prouvé sans aucun moyen scientifique autre que détecter du bambou sur les bulletins de vote pour prouver l’interférence de la Chine dans le scrutin de novembre 2020 (sic), prouve qu’elles ont été truquées dans l’Arizona alors même que plusieurs décomptes ont déjà eu lieu qui n’ont montré aucune fraude, décomptes réalisés… par les autorités républicaines de l’Etat!

En outre, n’ayant rien appris ou peut-être, à l’inverse, beaucoup trop appris de la fragilité de la démocratie suite à la présidence de Trump et à la tentative de coup d’Etat, les leaders républicains ont recommencé leurs obstructions et leurs attaques contre un pouvoir dont la plupart estime qu’il est illégitime simplement parce qu’il est du bord opposé au leur.

Heureusement, il y a, en face, une majorité d’Américains qui se dresse face à cette entreprise qui veut faire des Etats-Unis une autocratie style poutinienne, voire une dictature à la Xi Jinping.

Mais il faut, autant que faire se peu, continuer à souder cette majorité autour des valeurs américaines tout en essayant de récupérer ceux qui se sont laissés manipuler et en luttant fermement contre les autres.

C’est le projet politique de Biden

D’où cette obstination à mettre en place des plans économiques et sociaux qui bénéficient à l’énorme majorité des Américains (plan de relance, plan pour l’emploi, plan pour les infrastructures) et à parler à tous sans exception.

Comme il l’a expliqué, «Le moment est venu de bâtir une économie qui fonctionne pour tout le monde - pas seulement pour les sociétés très riches et géantes».

Et de reprendre le créneau démocrate du rêve américain dans ce domaine:
«Il est temps de bâtir une économie qui garantit la dignité et donne à chacun une chance.»

Néanmoins, et c’est important, le président ne veut pas d’un statu quo et souhaite faire face à nombre de défis gigantesques qui sont devant lui.

C’est le cas avec les problèmes «raciaux» (c’est comme cela qu’ils sont appelés aux Etats-Unis), avec ceux de la grande pauvreté où nombre d’enfants ne mangent pas à leur faim, avec ceux sur les morts par armes à feu, à ceux sur les soins de santé abordables dont ne bénéficient pas encore une grande partie de la population, etc.

C’est le cas évidemment avec les attaques contre la démocratie, notamment les velléités des républicains d’empêcher le droit de vote des minorités, mais pas seulement, pour limiter le nombre d’électeurs démocrates ou les attaques contre des droits comme ceux des femmes.

Sans oublier le racisme.

La tâche de Joe Biden est immense mais, à l’inverse de ce que croyaient bon nombre d’observateurs de la vie politique américaine, malgré son âge, malgré sa volonté de consensus bipartisan, il semble être la personne à la bonne place au bon moment et, ce, justement à cause de son âge et de sa vision bipartisane.

C’est en ce sens que l’on peut comprendre ses propos:

«Nous sommes toujours en train de creuser notre chemin pour sortir d'un trou très profond. Personne ne devrait sous-estimer à quel point cette bataille est difficile. Nous avons encore du travail à faire ici à Washington. Le peuple américain compte sur nous.»

Alexandre Vatimbella