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dimanche 30 juin 2024

Editorial. Présidentielles Etats-Unis - Suffit-il de mentir pour gagner un débat?


C’est vrai que la performance de Joe Biden lors du premier débat présidentiel face à Donald Trump n’a pas été bonne et que l’homme, victime d’un refroidissement, a paru hésitant et peu combatif sur la forme.

Mais cela ne justifie nullement cette campagne de dénigrement indécente et mensongère concernant l’actuel président des États-Unis.

Cette hargne, voire cette haine, contre le centriste par de nombreux politiciens et commentateurs médiatiques, vient évidemment du camp républicain mais aussi, très largement du camp démocrate, plus particulièrement de son aile gauche et de tout ce qui se trouve à gauche de cette gauche.

Cette campagne, orchestrée donc par la gauche américaine et relayée par les médias qui lui sont favorables, comme le New York Times, au-delà de la personne de Joe Biden, est menée en grande partie parce qu’il est un centriste.

En 2020, lors des primaires, cette même gauche et ses mêmes médias avaient poussé la candidature du socialiste et sénateur du Vermont non-membre du Parti démocrate, Bernie Sanders, contre Joe Biden, déjà durement attaqué.

Et ils sont en grande partie responsable de la défaite d’Hillary Clinton en 2016 face à Donald Trump, la haine qu’ils portent à la centriste avait conduit nombre d’entre eux à ne pas choisir entre un extrémiste populiste démagogue dont on a vu le mal qu’il a fait à son pays et au monde libre, certains ayant même fait le parallèle entre elle et lui, dans le style bonnet blanc et blanc bonnet.

Du coup, nombre d’électeurs de gauche n’avaient pas été voter ce qui avait fait la différence dans des États-clés alors même que la candidate démocrate a remporté le vote populaire par plus de trois millions de voix d’écart.

Cette infâmie a déréglé la démocratie américaine et cette gauche portera pendant longtemps une écrasante responsabilité dans le chaos induit par la présidence de Trump, responsabilité à laquelle on doit absolument associer des grands médias comme CNN ou, encore lui, le New York Times.

La leçon n’a donc pas été retenue et les flots de critiques qui se sont abattus sur Joe Biden ainsi qu’une campagne réactivée pour lui trouver un remplaçant, montre, à la fois, que c’est encore cette gauche qui risque de lui faire perdre l’élection en novembre prochain mais aussi une dérive des plus préoccupantes de la démocratie américaine mais aussi mondiale.

Parce que, qu’est que l’on a vu au cours de ce débat.

Certes un Joe Biden pas au meilleur de sa forme mais ne disant que des choses sensées, rappelant des faits et des résultats réels et inattaquables alors qu’en face on a vu un Trump, certes capable de ne pas hurler et insulter à chaque fois qu’il ouvrait la bouche (sic!) mais qui, en revanche, a aligné les mensonges et les propos extravagants beaucoup, beaucoup, beaucoup plus inquiétants que le phrasé hésitant de son opposant.

Oui, Joe Biden a gagné le débat sur le fond.

Et n’est-ce pas cela le plus important dans une démocratie qui n’est pas le plateau d’une émission de télé-réalité?

Comment les médias et les commentateurs dans toutes les démocraties peuvent dire que Biden a perdu et Trump gagné alors même que c’est exactement contraire sur la teneur des propos tenus?

En sommes-nous arrivés aujourd’hui où, comme sur les réseaux sociaux, peu importe la qualité de la parole, c’est la qualité du look qui prédomine?

Suffit-il donc de mentir pour gagner un débat politique?

Suffit-il seulement de ne pas «présenter bien» pour le perdre?

Ce qui signifie, que dire la vérité n’a aucune importance et qu’il suffit d’une meilleure apparence pour être déclaré vainqueur?

Si tel est le cas, et on le voit pas seulement aux États-Unis – en France, le succès de Bardella vient beaucoup de ce qu’il «présente bien» alors que son discours est d’une inanité fascinante et ses promesses irréalisables –, alors la démocratie du 21e siècle a définitivement franchi un pas supplémentaire vers sa future destruction.

Décidément, nous sommes en train de perdre le sens des valeurs.

samedi 29 juin 2024

Editorial d’Alexandre Vatimbella. La haine et la colère des extrêmes ne font pas une politique, juste de la vengeance et du chaos


L’extrême-gauche et l’extrême-droite véhiculent toutes deux une parole de haine et de colère qui se reflète dans leurs soutiens à tous les mouvements de foule populistes, à leurs prises de parole, prises de position et à leurs comportements plus ou moins violents ainsi que dans les programmes des partis qui les représentent.

Une haine et une colère qui ne construisent rien mais qui suscitent l’envie de vengeance et l’établissement du chaos.

Une haine et une colère destructrice comme toute haine et toute colère, à ne pas confondre avec la révolte et l’indignation devant l’inacceptable qui, elles, construisent.

Dans leurs identités profondes, les extrêmes ont une hargne viscérale pour le consensus et le compromis, les seules manières dans une démocratie républicaine de conduire une politique raisonnable et rationnelle.

Par leurs idéologies de la confrontation et de l’élimination, les extrêmes ne vivent que par le conflit, que par l’existence de boucs émissaires (souvent les mêmes) et par la promotion de discours et d’actes où la dignité de l’autre, celui qui ne pense pas comme elles, est niée.

Ce n’est guère étonnant puisque l’objectif affiché des extrêmes est la destruction de la démocratie républicaine libérale, le régime de l’échange, du vivre ensemble et de la liberté qu’elle soit de pensée, d’opinion et de bâtir son propre projet de vie, le régime du respect de la dignité humaine.

Quant à l’égalité elle ne doit bénéficier qu’à leurs clientèles respectives dans une sorte de sur-égalité dont elles auraient droit par essence et qui doit être payée par l’autre, l’ennemi, le bouc émissaire.

La fraternité, elle, n’est évidemment que pour leurs sur-égaux dont est bien sûr exclu l’autre, le mal-pensant.

Les extrêmes sont par définition le stade ultime du clientélisme politique qui se manifeste déjà dans les partis de gauche et de droite.

Rien ne peut justifier que des organisations (partis politiques, syndicats, associations diverses) qui affirment défendre la démocratie et ses valeurs humanistes s’allient avec les extrêmes.

Jamais.

Et encore moins dans cette époque troublée que nous vivons où seul un axe central (tous les partis allant de la gauche social-démocrate à la droite libérale en passant par le centre libéral-social) uni dans sa défense de la démocratie républicaine peut faire barrage à la victoire des extrêmes.

A moins de préférer la vengeance et le chaos.

Alexandre Vatimbella

 

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Le Focus. Présidentielles Etats-Unis - Premier débat: le sérieux de Biden face aux mensonges de Trump


Alors, sur la forme, Donald Trump semble avoir gagné le premier débat présidentiel qui l’opposait à Joe Biden.

Ou plutôt que Joe Biden a été décevant.

Mais sur le fond, rien de nouveau.

Face au sérieux de Joe Biden et surtout face à la réalité, Donald Trump a aligné une litanie de mensonges.

Comme d’habitude.

Une expérience intéressante montre que les américains hispanophones qui ont suivi tout le débat avec des interprètes ont donné Joe Biden gagnant.

Comme l’a rappelé la vice-présidente Kamala Harris face à l’agressivité d’un journaliste de CNN – chaîne organisatrice du débat – qui la pressait de dire que la performance de Joe Biden avait été un «désastre» et qu’elle devait absolument reconnaître qu’elle avait été un «naufrage» comme, parait-il, l’affirmait des «élus démocrates» anonymes, l’’important était le fond et dans ce domaine le président américain a été le grand gagnant.

Ce qui pose une nouvelle fois la question du paraître dans une démocratie et de la prééminence inacceptable de celle-ci dans les médias et les réseaux sociaux.

Comme Kamala Harris l’a expliqué, face à ce journaliste qui devenait de plus en plus pressant en frôlant l’irrespect, ce qui est en jeu en novembre prochain n’est pas qui présente le mieux mais l’avenir de la démocratie américaine et de savoir si l’on mettait à la Maison blanche une graine de dictateur qui avait déjà fait tant de mal aux États-Unis lors de sa présidence entre 2016 et 2020.

► Voici le propos liminaire de Joe Biden:
«Il faut regarder qu’elle était la situation quand je suis devenu président, ce que M. Trump m'a laissé. Nous avions une économie en chute libre. La pandémie de la covid19 a été si mal gérée. Beaucoup de gens mouraient. Tout ce qu'il disait, c'est que ce n'était pas si grave, qu'il suffisait de s'injecter un peu d'eau de Javel dans le bras et que tout irait bien.
L'économie s'était effondrée. Il n'y avait plus d'emplois. Le taux de chômage a atteint 15 %. C'était terrible. Nous devions donc essayer de remettre les choses en ordre. Et c'est exactement ce que nous avons commencé à faire. Nous avons créé 15 millions de nouveaux emplois. Nous avons créé 800.000 nouveaux emplois dans l'industrie manufacturière.
Mais il reste encore beaucoup à faire. Il y a encore beaucoup à faire. Les classes populaires sont toujours en difficulté. Je viens de Scranton, en Pennsylvanie. Je viens d'un foyer où ce qu’il y avait sur la table de la cuisine posait problème si l'on ne parvenait pas à faire face aux dépenses du mois. Le prix des œufs, le prix de l'essence, le prix du logement, le prix de toute une série de choses.
C'est pourquoi je travaille si dur pour m'assurer que je règle ces problèmes, et nous allons nous assurer que nous avons réduit le prix du logement. Nous allons faire en sorte de construire deux millions de nouveaux logements. Nous veillerons à plafonner les loyers, afin d'empêcher la cupidité des entreprises de prendre le dessus.
La combinaison de ce qu'on m'a laissé et de la cupidité des entreprises est la raison pour laquelle nous sommes confrontés à ce problème aujourd'hui. En outre, nous nous trouvons dans une situation où, si l'on examine tout ce qui a été fait sous son administration, on constate qu'il n'a pas fait grand-chose. Lorsqu'il est parti, les choses étaient chaotiques, littéralement c’était le chaos.
Nous avons donc remis les choses en ordre. Nous avons créé, comme je l'ai dit, ces emplois. Nous avons veillé à ce que la situation soit telle que le prix des médicaments sur ordonnance, qui est un problème majeur pour de nombreuses personnes, soit ramené à 15 dollars pour une injection d'insuline, contre 400 dollars auparavant. Aucune personne âgée ne doit payer plus de 200 dollars pour un médicament, pour tous les médicaments qu'ils achèteront à partir de l'année prochaine. Et nous allons faire en sorte que ce soit aussi possible pour tous les Américains.»

► Voici la conclusion de Joe Biden :

«Nous avons fait des progrès significatifs par rapport à la débâcle laissée par le président Trump au cours de son mandat. Nous nous trouvons dans une situation où, premièrement, nous devons nous assurer que nous avons un système fiscal équitable. Je demande à tous ceux qui sont dans l'assistance, ou à tous ceux qui regardent ce débat, s'ils pensent que le système fiscal est juste.
Le fait est que, comme je l'ai dit, même les personnes gagnant moins de 400.000 dollars n'ont pas vu leurs impôts augmenter d'un seul centime et si je suis réélu, ce sera encore le cas.
Mais Trump a augmenté vos impôts à cause du déficit. Premièrement, il a augmenté l'inflation à cause de la débâcle qu'il a laissée après – lorsqu'il a géré la pandémie. Et il se retrouve dans une position où il veut maintenant vous taxer davantage en imposant des droits de douane de 10% sur tout ce qui entre aux États-Unis d'Amérique.

Par exemple, il veut se débarrasser de que j'ai fait avec la capacité de Medicare à négocier les prix des médicaments avec les grandes sociétés pharmaceutiques. Et bien, devinez quoi? Nous l'avons obtenu - nous l'avons ramené à 35 dollars pour l'insuline au lieu de 400 dollars. Pas plus de 2.000 dollars pour chaque personne âgée, quelle que soit la quantité de médicaments dont elle a besoin. Vous savez ce que cela a donné? Cela a réduit le déficit fédéral de 160 milliards de dollars sur 10 ans parce que le gouvernement n'a pas à payer des prix exorbitants.
Je vais mettre cela à la disposition de tous les seniors et Trump veut s'en débarrasser.
Nous allons augmenter de manière significative le crédit d'impôt pour la garde d'enfants. Je veillerai à ce que nous fassions quelque chose au sujet des canalisations en plomb et de toutes les choses qui causent des problèmes de santé à la population dans tout le pays.
Nous allons continuer à nous battre pour faire baisser l'inflation et donner un répit aux gens.»