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dimanche 11 septembre 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Oui, certains fans de Trump sont «déplorables»

Alors que l’on commémore le quinzième anniversaire du 11 septembre 2001 qui détruisit les deux tours du World trade center à New York et fit près de 3.000 morts (en comptant l’attentat contre le Pentagone à Washington et le crash de l’avion détourné qui se dirigeait vers la Maison blanche ou le Congrès), la campagne électorale continue à battre son plein aux Etats-Unis.
Lors d’un discours devant la communauté LGBT, Hillary Clinton a ainsi affirmé que la moitié des fans présents lors des meetings de Donald Trump étaient des gens «déplorables» parce qu’ils sont «racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes».
Devant les réactions de certains médias, le lendemain, la centriste s’est excusée d’avoir fait cette déclaration.
Pourtant, elle n’aurait pas du faire ces excuses: elle disait vrai.
Comme tout ceux qui, depuis un an, suivent la campagne de Trump, le savent en écoutant ceux qui se rendent à ses réunions électorales, non seulement, elle n’avait pas tort mais elle était sans doute en-dessous de la réalité, à la fois, quantitativement et qualitativement…
Et, afin de se battre efficacement contre cette haine qui envahit de plus en plus la politique américaine mais aussi celle des démocraties républicaines occidentales, il faut bien appeler un chat, un chat, un raciste, un raciste, un sexiste, un sexiste, une fripouille «déplorable», une fripouille «déplorable»!
Car, dans les meetings de Trump, cette foule souvent fanatisée se met à crier des propos détestables tels qu’il faut emprisonner Clinton voire la tuer.
Il suffit d’interviewer quelques uns de ses représentants pour les entendre affirmer sans le moindre complexe que tout ce que dit Trump est vrai, donc que les Mexicains sont des violeurs, qu’Obama n’est pas un vrai Américain et qu’il n’aurait jamais du être président des Etats-Unis, que les journalistes sont des menteurs, que les héros de guerre n’ont pas plus de courage que lui, etc.
Reste que les fans de Trump sont loin d’être les seuls personnes «déplorables» soutenant des politiciens populistes et démagogues.
Il y a ceux de Marine Le Pen en France, ceux de Nigel Farage au Royaume Uni, ceux de Frauke Petry en Allemagne, ceux de Viktor Orban en Hongrie et bien d’autres encore, malheureusement.
Tous ces gens qui sont souvent «racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes».
Mais, chut! Il ne faut pas le dire.
Du coup, le fameux politiquement correct dénoncé sans cesse par les extrémistes de tout bord, notamment ceux de la droite extrême et radicale – et par les soutiens de Trump dès l’entame des primaires républicaines –, devrait donc fonctionner pour empêcher d’«insulter» (c’est-à-dire, en réalité, de dénoncer) ces personnages «déplorables» aux propos inqualifiables mais surtout pas en sens inverse où ces mêmes personnages «déplorables» pourraient, eux, s’en donner à cœur joie dans leurs débordements.
Pire, les dénoncer seraient être sur le même plan qu’eux selon certains commentateurs qui mélangent tout et son contraire et n’ont manifestement pas compris grand chose.
On croit rêver devant ce terrorisme «intellectuel» qui assimile ceux qui transgressent par l’insulte et le mensonge et ceux qui les dénoncent qui, en plus, se retrouvent anathématiser et stigmatiser pour simplement dire ce qui est.
Des personnes «déplorables» qui seraient donc des victimes quand on les appelle par leur nom…
Certains journalistes américains avaient déjà dénoncé ce faux parallèle entre les attaques ordurières du clan Trump et la dénonciation de ceux-ci par l’équipe de Clinton.
Ils ont raison et font leur métier.
D’autres ont également rejeté l’affirmation selon laquelle les propos de Clinton sont des insultes puisqu’ils s’appuient sur la réalité.
Ils ont raison et font leur métier.
Quant au personnel politique, il faut qu’il apprenne, une bonne fois pour toute, que tout électeur potentiel n’est pas une personne digne d’intérêt et que l’on trouve des crapules chez ceux qui ont le droite de vote.
Et, ici, parce que l’on défend la démocratie républicaine et les valeurs humanistes, on le répètera tant qu’il faudra, tant que ce sera vrai.

Alexandre Vatimbella

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mardi 6 septembre 2016

Etats-Unis. Présidentielle 2016. Les rêves américains opposés de Clinton et Trump

Contrairement à ce que l’on pense, il n’existe pas «un rêve américain» unique qui serait, à la fois, défini exactement et qui serait commun à tous les Américains.
Le Rêve américain est multiple, on peut même dire que chaque Américain a son propre rêve (et que beaucoup de personnes, à travers le monde ont leur «rêve américain»).
Sur l’échiquier politique, le rêve se décline également par rapport aux convictions de chaque idéologie.
Néanmoins, on peut en catégoriser quatre prédominants correspondant aux quatre idéologies qui dominent la vie politique du pays.
D’ailleurs, à l’occasion de cette présidentielle, ces dernières se sont affrontées lors des primaires avec les quatre candidats principaux, Donald Trump (populiste démagogue de droite) et Ted Cruz (extrémiste de droite) du côté républicain, Hillary Clinton (centriste) et Bernie Sanders (populiste démagogue de gauche) du côté démocrate.
Pour schématiser, on peut les caractériser comme suit:
- Le rêve de Trump est celui de la réussite personnelle et de l’individu égoïste;
- Le rêve de Cruz est celui d’une nation fondée sur les valeurs chrétiennes conservatrices;
- Le rêve de Clinton est celui d’un pays des opportunités et de la solidarité;
- Le rêve de Sanders est celui de l’égalitarisme.
Le rêve de Trump l’a emporté chez les républicains et celui de Clinton chez les démocrates.
D’une certaine manière, c’est dans la normalité puisque les rêves proposés par les deux candidats en lice pour l’élection du 8 novembre prévalent dans la société américaine depuis la fondation de la nation (encore que celui de Trump soit une version extrémiste de la réussite personnelle et du rejet de l’autre) même si les rêves proposés par Cruz et Sanders ont toujours existé mais le plus souvent en retrait par rapport à ceux-ci.
Pour autant, est-ce que la question des rêves sera aussi prégnante lors de cette élection qu’elle l’a été lors ces précédentes, notamment en 2008 et 2012 lors des victoires de Barack Obama?
Il semble, pour l’instant, que la focalisation sur les personnalités des deux finalistes, surtout sur la capacité de Trump à occuper le fauteuil du bureau ovale de la Maison blanche, l’emportent sur la vision du Rêve américain comme élément déterminant.
Néanmoins, elle sera un élément important car ce sont bien deux manières de voir les Etats-Unis qui s’opposent même si du côté républicain il s’agit avec Trump d’un dévoiement certain, du rêve que le parti de Lincoln et de Theodore Roosevelt ont défendu et promu (même si, à leurs époques respectives, le concept n’était pas encore défini sous cette appellation).

Ce qu’est le Rêve américain
Le Rêve américain demeure le concept le plus emblématique de ce que recouvrent les Etats-Unis à la fois comme pays, comme nation et comme idéal.
Des premiers pèlerins qui accostèrent sur les côtes du Massachussetts au XVII° siècle aux illégaux sud-américains qui traversent quotidiennement la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis en passant par tous les Européens qui débarquèrent à Ellis Island, tous ceux qui ont décidé un jour de partir pour cette terre promise moderne le recherchaient.
Comme cela reste le cas de tous les Américains d’aujourd’hui, descendants des uns et des autres.
On peut le qualifier lapidairement par la formule «avoir une vie meilleure».
C’est à la fois concis et précis mais ne donne aucunement la dimension multiple qu’il a toujours eue.
On peut même affirmer que chacun des Américains, plus, chacun de nous, habitants de la planète, a son propre «rêve américain».
Ce qui fait qu’il est «américain» depuis plus de deux siècles, vient de cette croyance qu’il est possible de le réaliser aux Etats-Unis et pas ailleurs, ce pays où même la Constitution reconnaît à tout citoyen le droit à «la poursuite du bonheur».
Jusqu’il y a quelques années, il pouvait se décliner en deux grandes réussites sociales.
D’un côté, il y avait ceux qui parvenaient à faire partie de la classe moyenne en acquérant une certaine aisance et dont les enfants se voyaient offrir les opportunités leur permettant d’avoir une vie encore meilleure que celle de leurs parents.
De l’autre, il y avait ceux qui, grâce à leur talent et leur travail, parvenaient en haut de l’échelle sociale, parfois en étant partis de rien, possédant des fortunes qui se comptaient en millions voire en milliards de dollars.
Bon an mal an, elles coexistaient grâce à une croissance soutenue mais également par une sorte de consensus bipartisan entre les démocrates et les républicains.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui où la polarisation idéologique des deux grands partis – en particulier la volonté du Parti républicain de se forger une identité plus radicale -, a remis en cause ce consensus.
Les démocrates sont devenus avant tout les défenseurs de la première réussite alors que les républicains le sont de la deuxième.
De même, la réalisation de ces deux rêves en parallèle semble actuellement bien difficile alors que l’économie, sortie il n’y a pas si longtemps de ce que les Américains appellent la «Grande Récession», demeure encore incapable d’une croissance assez forte pour la réalisation pour tous de leurs rêves sans oublier, évidemment, le creusement des inégalités entre les ultra-riches et les basses classes moyennes, sans parler évidemment des pauvres.

Une expression assez récente et discutée
Le concept de «rêve américain» ne se retrouve écrit noir sur blanc nulle part avant le milieu du XX° siècle.
Rien dans la Déclaration d’indépendance, rien dans la Constitution, rien dans les écrits des Pères fondateurs ou dans les discours des grands Présidents comme Washington, Lincoln ou Theodore Roosevelt.
L’expression va être utilisée la première fois en 1931 par un historien, James Adams Truslow, dans son livre «L’épopée de l’Amérique» («The Epic of America»).
Détail amusant, Truslow souhaitait appeler son livre «Le Rêve Américain» mais son éditeur refusa en lui expliquant que ce n’était pas un titre très vendeur et surtout que l’expression était beaucoup trop vague…
Toujours est-il que l’historien le définit comme suit: «Le Rêve américain est ce rêve d’une terre dans laquelle l’existence serait meilleure, plus riche et remplie pour tout le monde, avec l’opportunité pour chacun d’y parvenir grâce à ses capacités ou ce qu’il a accompli. C’est un rêve difficile à réellement conceptualiser pour les classes supérieures européennes, mais également pour beaucoup d’entre nous qui sommes de plus en plus lassés et méfiants à son encontre. Il ne s’agit pas simplement d’un rêve d’automobiles ou de hauts salaires, mais c’est un rêve d’un ordre social qui permettra à chaque homme et à chaque femme de parvenir à ce qu’ils sont capables d’atteindre naturellement et à être reconnus par les autres pour ce qu’ils sont, indépendamment des circonstances fortuites de leur naissance ou de leur statut».
Si l’on est étonné par un certain pessimisme qui perce dans ce texte, n’oublions pas que James Adams Truslow définit le Rêve américain au moment où la Grande Dépression des années 1930 frappe le pays.
C’est pourquoi il tente de revitaliser l’espoir des Américains d’avoir une vie meilleure mais aussi c’est la raison pour laquelle il parle de lassitude et de méfiance vis-à-vis de cet espoir au moment où le chômage et la pauvreté font un retour fracassant et font douter beaucoup de ses compatriotes sur la capacité des Etats-Unis à repartir de l’avant.
Cette définition est la première mais est loin d’être la seule.
Toute une littérature s’est développée depuis avec, à chaque fois, des définitions propres, certaines étant même extrêmement détaillées et il faudrait un bon gros livre pour les compiler.
Pour autant, elles demeurent toutes centrées autour de cette vie meilleure.
Evidemment, le Rêve américain a également beaucoup de détracteurs qui affirment qu’il s’agit plutôt d’un cauchemar, jusqu’à ceux qui dénient sa réalité tout court.
Citons ainsi, le bon mot de l’humoriste George Carlin, «Ils appellent ça le Rêve américain parce que vous devez être endormis pour y croire».
William Burroughs, figure de la Beat generation, disait «merci au Rêve américain pour vulgariser et falsifier jusqu’à ce que les mensonges nus ne brillent».
Quand à l’écrivain britannique J. G. Ballard, il estimait que «le Rêve américain est tombé en panne. La voiture s’est arrêtée. Elle ne fournit plus au monde ses images, ses rêves et ses phantasmes. Fini. Elle fournit au monde ses cauchemars désormais».
On peut en conclure, comme l’historien Jim Cullen, que, «le Rêve américain n’aurait pas cette importance aussi forte ou mystique s’il était une évidente tromperie ou un principe démontrable scientifiquement. L’ambigüité est à la source même de son pouvoir mythique, surtout pour ceux qui le poursuivent, mais qui ne sont pas sûrs d’atteindre leurs buts».

Le rêve démocrate versus le rêve républicain
Si l’on voulait grossir les traits de l’opposition entre républicains et démocrates sur le Rêve américain, on pourrait dire que c’est le Tea Party contre Occupy Wall Street, ces deux mouvements extrémistes, le premier de droite et vaguement libertarien, le deuxième de gauche et teinté d’anarchisme libertaire, qui ont vu le jour durant la première présidence d’Obama.
Les divisions sur le Rêve américain se sont beaucoup radicalisées depuis l’an 2000 et l’arrivée à la Maison blanche de George W Bush.
L’affirmation de Barack Obama comme quoi «nous pouvons venir de différents endroits et avoir des histoires différentes, mais nous partageons des espoirs communs et un seul Rêve américain» semble plus s’appuyer sur une fiction que sur la réalité.
Pour les démocrates et les progressistes, le Rêve américain est celui qui permet à chacun de vivre une vie décente, de pouvoir faire vivre sa famille sans l’angoisse du lendemain et d’espérer que ses enfants, grâce à son travail et à l’éducation qu’ils reçoivent, pourront s’élever socialement et avoir un meilleur avenir que celui de leurs parents et que les enfants de leurs enfants aient, à leur tour également la même opportunité.
Dans ce cadre, le gouvernement a un rôle actif à jouer pour offrir cette opportunité à tous.
Pour les républicains et les conservateurs, le Rêve américain est celui qui offre l’opportunité, à celui qui en a les capacités et l’envie, de s’élever socialement sans entrave, sans rien devoir à personne, surtout pas au gouvernement qui ne doit pas intervenir en la matière, et qui a le droit, une fois fortune faite, de jouir de tout ce qu’il a récolté grâce à son travail.
Ces deux versions du Rêve américain peuvent très bien cohabiter en période d’abondance et de forte croissance comme ce fut le cas, par exemple, de la fin de la Deuxième guerre mondiale jusqu’au début dans années 1970.
Le prix Nobel d’économie, Paul Krugman, ardent défenseur du keynésianisme et éditorialiste à succès au New York Times, s’en rappelle avec nostalgie dans son ouvrage, paru en 2007, l’«Amérique que nous voulons» («The Conscience of a Liberal»).
En revanche, lorsque le pays se trouve dans une situation économique plus délicate, comme aujourd’hui, les deux rêves ne sont plus complémentaires, ils se confrontent.
C’est, soit l’un, soit l’autre.
Ou, en tout cas, c’est ce que prétendent les démocrates et les républicains.
L’antagonisme sur le Rêve américain entre les deux grands partis est une des expressions les plus vives de leurs oppositions idéologiques de plus en plus exacerbées.
Chacun des deux dénoncent dans le rêve de l’autre une perversion du «vrai» rêve qui est, bien évidemment, celui qu’il promeut.
Le Rêve américain ne serait donc plus cette vision collective qui guiderait la nation mais un enjeu idéologique et politique.
C’est la vision même de la fonction de la communauté américaine qui est en jeu. Pour les démocrates, ceux qui ont doivent aider ceux qui n’ont pas.
Pour les républicains, ceux qui ont n’ont aucune obligation en la matière autre que morale et, en ce qui concerne ceux qui n’ont pas, ils les voient plutôt comme «ceux qui n’ont pas encore»…
Du coup, ce n’est pas en leur donnant des aides, ces fameux «entitlements» («droit à») qu’ils s’en sortiront mais en leur donnant la même chance d’y parvenir («equality of opportunity») que les autres, rien de plus.


Alexandre Vatimbella

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vendredi 2 septembre 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Trump-Le Pen: La démocratie républicaine en danger

Quand je dis que Donald Trump et Marine Le Pen sont des dangers pour la démocratie républicaine, ce n’est ni de la rhétorique électorale, ni de l’alarmisme médiatique.
Les récents propos de la présidente du Front national sur le promoteur newyorkais lors d’une interview sur CNN montre bien à quel point leurs cibles prioritaires sont les candidats républicains, ceux qui se battent pour la démocratie et refusent la haine et l’intolérance que ces deux populistes démagogues aux idées détestables véhiculent.
Se battre pour éviter que Donald Trump soit le prochain président des Etats-Unis, c’est aussi se battre pour que Marine Le Pen soit la prochaine hôte de l’Elysée.
Les deux combats sont essentiels parce que les Etats-Unis et la France sont les deux phares de la démocratie républicaine dans le monde depuis leurs révolutions respectives.
Une victoire de ces deux personnages seraient une catastrophe.
Si les sondages nous disent qu’ils ont peu de chance d’y parvenir, «peu» ne veut pas dire «aucune» et c’est tout le problème.
Car nous avons beau être ahuri en France de voir que Trump n’est distancé que de quelques points dans les sondages par Hillary Clinton, nous ne nous rendons pas très bien compte de ce que cela veut dire que depuis deux ans le deuxième tour de la présidentielle a une seule constance, la présence de Marine Le Pen et qu’elle est créditée d’environ 40% des voix…
Beaucoup d’Américains regardent la France avec effroi quand ils écoutent les propos de Le Pen et voit qu’elle séduit quatre électeurs sur dix.
Beaucoup de Français ont la même attitude quand ils écoutent la logorrhée trumpienne et constatent qu’il est toujours en course pour la Maison blanche.
Mais au lieu d’y voir la similitude d’un même rejet de la démocratie républicaine, les Français voient en Trump un phénomène uniquement étasunien et les Américains voient en Le Pen une particularité bien française.
Quelle erreur porteuse de terribles lendemains que de se croire à l’abri de ce populisme démagogique qui fait déjà tant de mal dans quelques pays autour de la planète de la Russie (Poutine) à la Grèce (Tsipras), de la Hongrie (Orban) aux Philippines (Duterte).
Ce qui est commun à l’ascension de tous ces populistes démagogues est, entre autres l’irresponsabilité du monde politique à leur égard et leur utilisation des médias qui ont été essentiels pour relayer leur propagande nauséabonde.
Ce que l’on voit aux Etats-Unis actuellement, où l’ensemble des médias est constamment manipulée par Trump risque de se voir dans les mois qui viennent en France.
Or, la liberté de parole, de pensée et de la presse ne veut pas dire qu’un discours en égale un autre.
Il faut espérer que les médias français ne tomberont pas dans le piège qui est de tenter systématiquement de faire des parallèles entre les candidats.
L’exemple le plus frappant étant que les mensonges et les insultes de Trump sont mis sur le même plan que les réponses de Clinton à ceux-ci ainsi que son rappel de faits indiscutables.
De nombreux observateurs et journalistes américains ont dénoncé ce procédé indigne qui n’est absolument pas la présentation honnête, indépendante et équilibrée de la situation mais la volonté de faire de la campagne présidentielle une arène médiatique aux taux d’audience record.
Nous verrons si les médias français y résisteront.
Non pas parce qu’ils devraient prendre partie mais tout simplement parce qu’ils doivent défendre la démocratie républicaine, celle qui assure leur liberté et leur droit d’exister dans la diversité.
Car, nous, les défenseurs intransigeants de la démocratie républicaine, nous savons bien que celle-ci n’est pas un système politique comme un autre mais est bien le seul qui assure la liberté, l’égalité et la fraternité, qu’il est le seul qui défend les valeurs humanistes.
C’est, comme le disent de nombreux philosophes et penseurs, «le» système du vivre ensemble, celui qui permet à chacun de vivre dans la dignité et dans le respect.
Le but n’est donc pas de le détruire mais de leur faire fonctionner correctement.
D’abord en évitant que des populistes démagogues s’emparent du pouvoir et le détruisent de l’intérieur.
Ce serait oublier que beaucoup de dictateurs sont sortis des urnes parce qu’on n’avait pas pris leur menace assez au sérieux.

Alexandre Vatimbella

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samedi 30 juillet 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La question n’est pas d’aimer ou non Hillary Clinton

Les conventions des deux grands partis américains viennent de se dérouler, l’une après l’autre.
Elles ont intronisé leurs candidats qui avaient remporté sans contestation possible leurs primaires, Donald Trump du côté républicain à Cleveland, Hillary Clinton du côté démocrate à Philadelphie.
La bataille électorale mettra donc aux prises un populiste démagogue soutenu par la droite radicale pour une grande part et une centriste qui a fait alliance avec une grande partie de la gauche démocratique.
Dans un autre temps, on aurait pu dire, «que le meilleur gagne».
Mais nous ne sommes pas face à n’importe quelle élection.
Nous sommes dans le cas de figure, sondages à l’appui, où les Etats-Unis pourraient avoir à leur tête, le 8 novembre prochain, un des pires hommes politiques de ce XXI° siècle, Donald Trump.
Ceux qui le comparent avec l’acteur de série B Ronald Reagan devenu président avec un discours parfois populiste se trompent.
Reagan était un danger potentiel par certaines de ses prises de position mais il n’était pas, comme Trump, un homme inculte, un homme ignare des problèmes de son pays et de la situation du monde, un homme qui ment, un homme qui triche, un homme prêt à s’allier avec les pires ennemis de son pays pour l’emporter, un homme qui ne défendrait pas ses alliés s’ils étaient attaqués, un homme qui se dit prêt à aller frapper ses adversaires politiques, un homme qui insulte la terre entière – opposants, étrangers, femmes, minorités ethniques, etc. – sauf lui-même, un homme qui voit son pays comme une grande scène médiatique pour se vendre et vendre ses produits avant de penser à le gouverner pour le bien de tous, un homme imprévisible qui aura la force nucléaire la plus destructrice et l’armée la plus forte du monde.
Et l’on pourrait continuer cette liste effrayante où l’on doit ajouter tout ce que l’Amérique possède comme personnages douteux, haineux et arrivistes que Trump charrie avec lui, comme les politiciens Newt Gingrich, Chris Christie, Rudolph Giuliani et d’autres, comme ces supporters qui, tous les jours devant les caméras des chaînes d’information en continu, veulent mettre Clinton en prison, voire la tuer, qui se proposent d’en découdre violemment avec tous ceux qui ne vénèrent pas leur chef et souhaitent expulser tous les latinos du pays ainsi que tous les musulmans.
Car Trump a réussi à réveiller les plus bas instincts d’une partie de la population, il a libéré la parole de tous ces gens irrespectueux et hargneux qui n’attendent qu’un signal pour s’en prendre à tous les boucs émissaires qu’on leur présente.
Quand Reagan voyait l’Amérique en rose, Trump la voit du noir de la haine et de l’intolérance.
Sans oublier que Reagan était devenu un politique de longue date et avait dirigé le plus grand Etat des Etats-Unis, la Californie, il connaissait le boulot avant de rejoindre Washington alors que Trump n’a jamais rien fait en la matière.
Enfin, Reagan était beaucoup plus pragmatique que certains le craignaient alors.
Ce qui est en jeu avec la possible victoire du promoteur newyorkais, c’est l’avenir de la démocratie aux Etats-Unis mais aussi dans le monde, c’est la paix et ce sont les valeurs humanistes.
Ce n’est évidemment pas écrit d’avance mais c’est un risque bien réel qui existe et qu’il ne faut pas prendre.
C’est la raison pour laquelle, la question primordiale lors de cette élection n’est pas d’aimer ou non Hillary Clinton, c’est d’empêcher absolument l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
Bien sûr, Hillary Clinton est compétente, présente un programme qui tient la route, possède l’expérience pour être la première présidente des Etats-Unis et elle a raison de déclarer qu’elle pense d’abord à l’avenir de son pays qu’elle voit radieux pendant que Trump ne rêve que d’un retour en arrière où les «blancs» régnaient littéralement en maître, en dépeignant les Etats-Unis actuels, première puissance de la planète faut-il le rappeler, comme l’endroit… le plus horrible sur terre!
Cependant, l’enjeu du 8 novembre, malheureusement, dépasse les simples oppositions partisanes dans une démocratie comme ce fut le cas lors des élections précédentes.
Ici, c’est le «tout sauf Trump» qui est l’impératif catégorique.
Et, bien entendu, cela implique pour les Américains de voter pour Hillary Clinton, qu’ils soient démocrates, républicains, independents, libertariens ou écologistes, qu’ils soient de droite, de gauche ou du Centre, voire «ailleurs».
Oui, la question pour tout défenseur intransigeant et responsable de la démocratie républicaine et de ses valeurs humanistes, n’est pas d’aimer ou non Hillary Clinton, c’est de faire barrage à Donald Trump.

Alexandre Vatimbella

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vendredi 29 juillet 2016

Etats-Unis. Présidentielle 2016. La coalition Clinton veut réunir Centre et Gauche

Dans son discours d’acceptation de sa désignation comme candidate du Parti démocrate à la présidentielle du 8 novembre, Hillary Clinton a voulu sceller une coalition entre le Centre et la Gauche.
La centriste a d’abord abordé ses thèmes traditionnels
Elle a martelé à plusieurs reprises son slogan «We’re stronger together» (nous sommes plus forts ensemble).
De même elle a indiqué qu’elle serait «la présidente des démocrates, des républicains et des ‘independents’».
Sans oublier, évidemment, la devise de l’église méthodiste à laquelle elle est affiliée et que sa mère lui répétait souvent: «Faire tout le bien que tu peux à tous ceux que tu peux de tous les moyens que tu peux et aussi longtemps que tu peux».
En outre, elle a repris les propositions de son programme qu’elle a développées depuis le début de sa campagne, notamment sa volonté d’offrir les mêmes opportunités à tous les Américains dans une société plus juste.
A cela, elle a ajouté un certain nombre de mesures défendues par Bernie Sanders comme une hausse substantielle du salaire minimum ou la gratuité des études supérieures pour les plus défavorisés.
Néanmoins, il ne faudrait pas en conclure qu’elle a viré à gauche.
Elle a seulement pris en compte la réalité des Etats-Unis aujourd’hui.
Rappelons que le Centrisme est un juste équilibre et que ce dernier est largement rompu dans le pays actuellement.
Après un coup de balancier très à droite lors de la présidence de George W Bush et la nécessité de remettre le pays sur les bons rails par Barack Obama après la Grande récession de 2008, il faut désormais rééquilibrer la société américaine avec plus de justice sociale et fiscale, des programmes de développement et de réparation des infrastructures tout en consolidant toute l’œuvre législative d’Obama.
Or, la Droite républicaine s’est ingéniée systématiquement pendant les huit années de présidence de ce dernier à tout bloquer dans le seul but de le voir échouer et non pour le bien des Etats-Unis mais pour celui de leur parti.
Ce n’est donc pas avec cette droite radicale, irresponsable et obstructionniste que le juste équilibre pourra être (ré)installé, ni même recherché.
D’où la légitimité pour les centristes de s’allier avec la Gauche pour les quatre prochaines années comme d’ailleurs ce fut le cas dans le passé et comme c’est le cas dans le présent dans nombre de pays.
Enfin, elle a repris son crédo pragmatiste, «faire en sorte que les choses soient faites» en expliquant que pour améliorer la société, il faut du cœur mais aussi changer les lois, il faut de l’action.
Son premier rôle, a-t-elle déclaré, sera de donner un travail bien payé à tous les Américains.
Pendant ce temps là, Donald Trump a menacé de «casser la figure» aux intervenants à la Convention démocrate qui avaient dit du mal de lui tout en prétendant que son appel aux Russes pour espionner Hillary Clinton était «sarcastique»…
A noter que le premier débat télévisé Clinton-Trump aura lieu le 26 septembre sur CNN.

Sondages des sondages au 29 juillet 2016
Situation stabilisée

Clinton
Trump
Ecart
Election projection
44,5%
43,7%
Clinton 0,8
Five Thirty Eight (1)
41,1 %
41,5%
Trump 0,4
Huffington Post
44,1%
42,8%
Clinton 1,3
New York Times
42,7%
41,8%
Clinton 0,9
Polltracker
43,9%
44,0%
Trump 0,1
Pure Polling
44,8%
43,4%
Clinton 1,4
Real Clear Politics
44,7%
45,6%
Trump 0,9
270 to win (1) (2)
43,8%
42,2%
Clinton 1,6
(1) Prend en compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours de sondages


Alexandre Vatimbella

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jeudi 28 juillet 2016

Etats-Unis. Présidentielle 2016 - Convention démocrate: d’Obama à Kaine, l’humanisme progressiste à l’honneur

En attendant ce soir où Hillary Clinton fera son premier discours en tant que candidate officielle du parti, la Convention démocrate de Philadelphie a connu des moments forts hier soir.
Les discours de Barack Obama, de Joe Biden et celui de Tim Kaine après sa désignation comme candidat à la vice-présidence, ont montré la vitalité de l’humanisme progressiste dans le parti, une sorte d’écho à la gauchisation de certains de ses militants autour des thèses du sénateur socialiste du Vermont, Bernie Sanders.
Car c’est bien autour du Centrisme et du centre-gauche que les interventions du président en place et de son vice-président et de son éventuel successeur se sont placées.
Que ce soit Obama, Biden ou Kaine, tous ont parlé de la nécessaire bataille pour sortir les plus démunis de la pauvreté mais aussi de l’importance de la classe moyenne et de son renforcement ainsi que de l’indispensable contribution des plus riches à l’effort du pays pour qu’il soit plus juste.
Mais sans le sacrifice d’une économie ouverte qui est la clé de la prospérité partagée et le moteur du progressisme qui permet d’offrir de meilleurs salaires, une couverture santé universelle, un accès pour tous aux études supérieures et la prise en charge de tous les enfants défavorisés sans oublier les programmes pour lutter contre le réchauffement climatique ou ceux pour assurer la sécurité des Américains.
Barack Obama a ainsi défendu son bilan et rappelé les réussites de sa présidence plombée au départ par la Grande récession dont il a réussi à faire sortir les Etats-Unis par des aides, en particulier à une industrie automobile sinistrée avec, à la clé, un chômage au plus bas depuis plus de huit ans.
Et selon lui, la seule qui pourra poursuivre avec succès ses politiques est Hillary Clinton.
Il lui a rendu un hommage particulièrement fort en déclarant qu’«Il n’y a jamais eu une femme ou un homme, ni même moi ou Bill (Clinton) qui a été plus qualifié pour être présidente des Etats-Unis», ajoutant dans la foulée, «Elle est capable et elle est prête à être la prochaine commandant en chef».
Au terme de ses deux mandats à Washington, il a affirmé, «Je suis plus optimiste sur le futur de l’Amérique que je l’ai été auparavant».
Obama s’est aussi félicité du choix de Tim Kaine comme colistier d’Hillary Clinton et a rendu hommage à son parcours politique mais aussi d’homme engagé avec succès dans des causes sociales.
Pendant ce temps, sur Fox news, le commentateur réactionnaire et soutien de Donald Trump, Bill O’Reilly, pour tenter de relativiser le discours unanimement salué de Michelle Obama, le premier jour de la convention, a expliqué que, bien sûr, la Maison blanche avait bien été construire «en partie» par des esclaves noirs mais que ceux-ci avaient été bien traités…

Sondages des sondages au 28 juillet 2016
Donald Trump en reflux

Clinton
Trump
Ecart
Election projection
44,0%
43,5%
Clinton 0,5
Five Thirty Eight (1)
40,8 %
41,3%
Trump 0,5
Huffington Post
44,1%
42,8%
Clinton 1,3
New York Times
42,7%
41,8%
Clinton 0,9
Polltracker
44,4%
44,1%
Clinton 0,3
Pure Polling
44,8%
43,2%
Clinton 1,6
Real Clear Politics
44,6%
45,7%
Trump 1,1
270 to win (1) (2)
44,0%
42,2%
Clinton 1,8
(1) Prend en compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours de sondages


Alexandre Vatimbella

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jeudi 21 juillet 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Face aux Trump, Poutine et Daech, l’évidente urgence d’Europe

Que l’on comprenne bien, l’union de l’Europe n’est pas un souhait, un espoir, une utopie.
C’est une nécessité absolue.
C’est une évidente urgence.
Devant les menaces qui pèsent sur le vieux continent et la trahison de la Grande Bretagne, les Européens, pour sauver ce qu’ils sont et ce qu’ils ont bâti en plus de trois millénaires, doivent construire leur futur ensemble… ou disparaître.
Quand on voit la politique impérialiste russe de Poutine avec, notamment, ses visées sur des pays satellisés autrefois par l’Union soviétique, continuant en cela les entreprises tsaristes, c’est une évidence.
Quand on voit les crimes de Daech et du terrorisme islamique avec leur volonté de détruire l’Europe et ses valeurs, c’est une évidence.
Quand on voit qu’une partie du peuple américain soutien le dangereux populiste Donald Trump qui vient de dire que, s’il est élu, son pays ne soutiendra pas systématiquement ses alliés de l’OTAN devant une agression extérieure et qui veut tourner le dos à la mondialisation, le tout dans un double mouvement d’isolationnisme politique et de protectionnisme économique, c’est une évidence.
Mais c’est aussi une évidence quand on voit la montée en puissance de l’armée chinoise et des revendications de Pékin en matière territoriale.
C’est aussi une évidence quand on voit l’instabilité chez tous les voisins de l’Europe, à commencer par la Turquie.
C’est aussi une évidence quand on voit la montée en puissance des populismes démagogiques dans la plupart des pays européens.
C’est encore une évidence quand il faut trouver des solutions urgentes et humanistes aux problèmes de l’immigration.
C’est toujours une évidence quand il faut se mobiliser pour notre environnement et maîtriser le réchauffement climatique.
Oui, il faut que tous les Européens qui veulent passer à la vitesse supérieure se réunissent le plus rapidement possible pour renforcer l’union économique et financière, pour créer une véritable union politique, pour mettre sur pied une indispensable armée mais également une police.
Tout cela pour recréer de la croissance économique, pour approfondir la démocratie républicaine, pour assurer la sécurité et pour, in fine, un vivre mieux de chaque Européen.
Tout cela pour permettre aux peuples d’avoir l’espoir des lendemains meilleurs et de sentir cette énergie d’un avenir commun où l’impossible d’hier devient le possible de d’aujourd’hui.
Mais, surtout, parce que, pour en revenir au début, c’est une nécessité absolue.
Et que l’on soit bien conscient que demain, ce sera trop tard.
Le XXI° siècle n’attendra pas l’Europe.
A elle de ne pas le manquer.

Alexandre Vatimbella
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mardi 19 juillet 2016

Etats-Unis. Présidentielle USA 2016 - Le mensonge, mode de fonctionnement des Trump.

On avait Donald qui va racontant autant de fadaises qu’il le pouvait, plus elles sont grosses plus elles lui plaisent ainsi qu’à ses fans transis.
Voilà maintenant sa femme, Melania, qui semble avoir également beaucoup de problèmes avec la vérité.
Non seulement elle a arrangé son cv pour s’attribuer des diplômes universitaires et une expérience professionnelle qu’elle n’a pas tout en enjolivant nettement au passage la situation sociale de ses parents, mais voilà qu’elle vient de donner un discours à la Convention républicaine de Cleveland qu’elle prétend avoir écrit toute seule ce que contredit son entourage qui parle de texte écrit par ses conseillers.
Surtout, il s’agit d’un très mauvais plagiat du discours donné en 2008 par… Michelle Obama, à la Convention démocrate!
Du coup, si son mari est élu le 8 novembre prochain, les Américains auront deux menteurs pour le prix d’un, un slogan bien moins glamour que celui de Bill Clinton en 1992 qui promettait deux Clinton pour le prix d’un s’il était élu.
Mais cette histoire de plagiat n’est qu’une pièce d’un puzzle où haine, division, mensonges, platitudes ont été le lot commun de tous les intervenants lors du premier jour de cette convention dont le but était de donner de la crédibilité à la candidature du promoteur newyorkais, tout en essayant de montrer un Parti républicain uni.
Entreprise pour le moins raté.
Cela a commencé par une joute entre les fans de Trump et ceux qui l’abhorrent, ce qui a provoqué une suspension de séance.
Cela a continué avec des discours de haine, visant en particulier Hillary Clinton où le summum fut atteint lorsqu’une femme dont le fils a été tué lors de l’attaque du consulat américain de Benghazi est venue déverser tout un flot de mensonges, d’acrimonies et de détestation qui fut, évidemment, applaudi par toute la salle.
Un moment qui résume parfaitement ce qu’est ce mouvement populiste et démagogue où l’insulte, la colère et l’intolérance font figures de projet politique.
D’autres interventions, comme celle de l’ancien maire de New York, Rudolph Giuliani, où la platitude le disputait aux contre-vérités, ont suivi jusqu’à l’apothéose du plagiat de madame Trump dont les médias ont tout de suite fait leurs choux gras.
Bien entendu, les deux jours prochains seront du même acabit, il suffit de voir le programme et le nom des intervenants pour s’en convaincre.
L’apothéose aura lieu avec le discours de Donald Trump qui pourrait être encore plus agressif que d’habitude.
Tout cela n’est pas particulièrement étonnant, une convention étant un moment où l’on se retrouve entre soi pour fêter son candidat et tenter de donner une dynamique en vue de l’élection générale tout en tapant sur le candidat du parti opposé.
Pour autant, c’est également le lieu où l’on doit tendre la main à tous ceux qui ne partagent pas votre vision politique mais qui pourraient néanmoins voter pour vous.
Or, sur ce que l’on a vu de cette première journée et même si le tir est corrigé, il semble impossible que le Parti républicain tel qu’il est aujourd’hui, pris en otage par un Trump qui n’est que la conséquence de ses dérives populistes et irresponsables depuis plus de vingt ans et, surtout, depuis l’élection de Barack Obama.
On ne voit pas comment, à l’heure actuelle, un seul électeur centriste, par exemple, pourrait mettre un bulletin Trump dans l’urne le 8 novembre.
Pourtant, on prête au candidat républicain la volonté de se présenter comme celui qui refuse la droite radicale de son parti et la gauche du Parti démocrate en insistant sur le fait qu’il est au centre et qu’Hillary Clinton, en ayant reçu les soutiens d’Elisabeth Warren et de Bernie Sanders, les deux égéries des «liberals», serait une candidate socialiste.
Avec le choix de son colistier, le conservateur proche de l’extrême-droite, Mike Pence, cela ressemble à la quadrature du cercle en matière de manipulation de l’opinion.
Déjà, néanmoins, Trump a testé une nouvelle posture ces dernières semaines, être le candidat antisystème, c’est-à-dire que ses ennemis sont à la fois les démocrates et les républicains…

Alexandre Vatimbella

© 2016 LesNouveauxMondes.org