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vendredi 25 août 2023

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Rien n’est jamais gagné

«Rien n’est jamais gagné»: derrière cette expression populaire assez basique se cache en réalité le défi prométhéen de l’Humanité.

Oui, pour l’humain, rien n’est jamais gagné (ou «rien n’est jamais acquis» pour la version plus littéraire…) que ce soit dans sa condition, pour ses besoins naturels et matériels, vis-à-vis de la communauté dans laquelle il vit.

Aucun répit n’est possible pour qu’il puisse avoir sa nourriture du jour et du lendemain.

Aucun relâchement n’est possible s’il veut préserver sa liberté ou la conquérir.

Aucun renoncement n’est possible s’il veut que le monde soit sécure pour lui, sa famille, ses proches et, plus largement, l’espèce humaine.

Et cette condition précaire date de son apparition et perdurera jusqu’à sa disparition et, pour chacun de nous, de sa naissance à son décès.

Non, vraiment, rien n’est jamais gagné, une expression en réalité d’une grande profondeur et qui porte en elle des conséquences infinies…

Et pourtant, les humains agissent souvent comme si les victoires d’hier impliquent qu’elles le restent mécaniquement aujourd’hui et qu’elles le demeureront demain comme si un club de football qui gagnait sa championnat avait vocation à être numéro un ad vitam aeternam...

Oui, nous avons réussi à résoudre le problème de la faim et de l’eau potable dans les pays développés.

Mais non cela n’assure pas que ce soit le cas demain si nous ne continuons pas à nous retrousser les manches.

Oui, nous avons conquis la liberté dans les pays démocratiques.

Mais non cela n’assure pas que demain nous ne soyons pas sous le joug d’un dictature si nous ne nous mobilisons pas contre les forces extrémistes et populistes.

Quant à notre sécurité, il suffit de voir comment des pays «civilisés» tombent si facilement dans la violence extrême où tout ce qui permettait de vivre le plus paisiblement possible disparait à une vitesse supersonique que l’on pensait de l’ordre de l’impossible.

Au début des années 1930, les juifs d’Europe vivaient dans des sociétés où certes l’antisémitisme n’avait certes pas disparu, loin de là, mais où ils pouvaient se dire globalement en sécurité.

Quinze ans plus tard, six millions avaient été victimes d’un génocide, soit les deux-tiers d’entre eux et ce, pendant une période de moins de cinq ans…

Non, rien n’est vraiment jamais gagné.

Et il serait grand temps d’agir en conséquence.

Ce qui veut dire, concrètement, de toujours demeurer vigilants, impliqués et éveillés.

Le renoncement n’a évidemment pas sa place mais, l’Histoire nous l’a malheureusement appris plus d’une fois, l’attentisme non plus.

Aujourd’hui, nombre de défis posés à l’Humanité n’ont pas changé, d’autres, comme la préservation de notre environnement, sont devenus prégnants.

La mobilisation est, non seulement, de rigueur mais l’obligation de tout citoyen du monde qui refuse la fatalité, non pas que «jamais rien n’est gagné» mais son pendant pessimiste, que «ça sert à rien».

 

 

jeudi 24 août 2023

Le Focus. Football: une instrumentalisation politicienne de longue date mais une accélération problématique

Le sport et la compétition sportive ont toujours été instrumentalisées par le pouvoir politique jusqu’à plus soif que l’on se rappelle la victoire de l’équipe d’Italie à la Coupe du monde de football 1932 par le pouvoir fasciste et celle de l’équipe d’Argentine à celle de 1978 par le pouvoir des généraux, l’organisation des Jeux olympiques de 1936 par le pouvoir nazi allemand et de 2008 par le pouvoir communiste chinois, etc.

Mais cela vient de très loin puisque les Jeux olympiques et autres grandes compétitions qui se déroulaient dans l’Antiquité en Grèce étaient le moyen pour les cités de se faire la guerre par athlètes interposés (les perdants étaient souvent bannies de celles-ci, voir mis à mort, tandis que les vainqueurs devenaient des idoles).

Donc rien de nouveau avec le sport roi du 20e siècle et de ce début du troisième millénaire, le football.

Mais depuis que dans les années 1990 l’argent coule à flot, cette instrumentalisation a connu une accélération que l’on peut qualifier de problématique car, jusqu’à présent, le sport supplanté celle, ce qui n’est plus tout à fait le cas et risque de l’être de moins en moins.

Il y a avait déjà eu l’arrivée des oligarques russes comme à Chelsea ou Monaco, puis l’arrivée des milliardaires américains comme à Manchester City ou Marseille ainsi que de ceux de Chine comme pour l’Inter de Milan.

Puis sont arrivées les monarchies pétrolières du Golfe avec d’abord le Qatar (PSG) et Abu Dhabi (Manchester city) entre autres.

La présence multiforme du Qatar dans le football a permis à l’émirat de postuler à l’organisation de la Coupe du monde en 2022 et de l’obtenir tout en faisant modifier les dates de son déroulement, démontrant sa puissance dans le milieu footballistique…

Un exemple qui n’est pas passé inaperçu chez un des principaux rivaux du pays dans la région, l’Arabie Saoudite.

Même si elle était déjà présente dans nombre de clubs européens (comme Newcastle considéré désormais comme le club le plus riche de la planète), la monarchie la plus puissante du Golfe a décidé de monter de toute pièce et à coup de milliards un championnat avec les meilleurs joueurs du monde même si pour beaucoup ils sont en fin de carrière.

De Ronaldo à Neymar en passant par Mané, Kanté, Neves ou Benzema, les centaines de millions déboursés par le pouvoir saoudien ont balayé ce qui pouvait demeurer d’esprit sportif dans le football.

Parce que, jusqu’à présent, les meilleurs joueurs du monde signaient déjà des contrats mirifiques avec des clubs européens mais il demeurait un objectif sportif, remporter les principaux championnats de la planète et gagner une coupe d’Europe et, surtout, la Ligue des champions.

Avec la tentative d’OPA sur le football mondial de l’Arabie Saoudite, rien de tout cela.

Il s’agit avant tout de gagner de l’argent pour les joueurs qui se sont engagés avec les clubs du pays.

Et pour le pouvoir saoudien, c’est une opération avant tout de puissance politique et de communication internationale, la famille royale s’étant bien rendu compte du pouvoir attractif du football et qu’il convient de préparer l’après-pétrole et ce sport en fait désormais partie.

L’Arabie Saoudite, comme le Qatar, veut sa Coupe du monde et elle espère l’obtenir en 2030.

A cette date, on saura depuis longtemps si le football est encore un sport ou est simplement devenu un spectacle à la solde de pouvoirs en place comme l’étaient les jeux romains pour les empereurs de Rome.

mardi 22 août 2023

Le Focus. La faillite des Brics

Il y a quelques années, le club des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) regroupant les principaux pays émergents semblaient pouvoir devenir un contre-pouvoir à l’Occident dans la première partie de ce siècle puis de la dépasser dans la seconde.

Mais s’il est encore vivant, il ne fait plus que de la représentation et n’a quasiment aucun poids sur le monde et son économie.

Il faut dire que le Brésil n’a pas connu le boom espéré au début du 21e siècle, bien au contraire; la Russie de Poutine, au lieu de se développer en tant que pays moderne est devenu une dictature corrompue en décrépitude; l’Inde n’a pu réellement s’extraire de ses problèmes structurels et de sa pauvreté endémique qui touche la grande majorité de sa population avec en plus, l’arrivée à sa tête d’un populiste dangereux, Modi; l’Afrique du Sud post-Mandela est le pendant africain du Brésil au niveau des promesses non-tenues (il faut dire que le pays n’avait été accepté dans le club que parce qu’il fallait un représentant africain).

Quant à la Chine, son économie est poussive et sa société civile complètement anesthésiée à cause du dictateur Xi ce qui l’éloigne encore de devenir la première puissance mondiale.

Mais les Brics étaient déjà une organisation bancale dès l’origine.

Que l’Inde et la Chine s’y trouvent réunie est une incongruité tellement les deux pays sont des rivaux irréconciliables et tellement les dirigeants indiens ont peur d’une Chine hégémonique.

Que la Russie soit présentée comme un pays émergent est une sorte d’escroquerie.

En outre, la rivalité avec la Chine – mise en sommeil actuellement du fait de l’invasion par Poutine de l’Ukraine – est une menace constante pour la Russie dont beaucoup prédisent sa vassalisation à terme vis-à-vis de son puissant partenaire de l’Est.

Quant au Brésil, ses seules matières premières – à l’instar de la Russie – ne peut lui permettre de jouer dans la cour des grands.

La mode des «grands pays émergents» ayant vocation à chambouler l’ordre mondial et à s’installer à la tête de la gouvernance mondiale est passée.

Mode, parce que sa réalité n’a jamais existé.

Mais, à part pour la Chine, les pays membres des Brics ont intérêt à maintenir l’illusion d’une cohésion qui est un de leur seul moyen d’exister comme puissance sur la scène internationale.