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mardi 8 août 2023

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La haine de l’autre, principale motivation de l’engagement politique?

S’engage-t-on en politique pour ou contre quelque chose ou quelqu’un?

On a l’habitude de répondre que cet engagement se fait en faveur d’une idéologie, d’un idéal, d’un parti, d’une personnalité.

Or, cela n’est pas du tout une évidence.

Par exemple, si l’on est sensible aux injustices, on va s’engager en faveur d’une idéologie, d’un parti ou d’une personnalité qui affirme lutter contre elles et cet engagement négatif est plus puissant que celui de s’engager pour cette idéologie, ce parti ou cette personnalité.

Bien sûr, on peut dire, à l’inverse, que cet engagement se fait pour une justice sociale, pour le principe d’égalité, donc qu’il est positif.

C’est vrai mais est-ce l’injustice ou la justice qui est le vrai ou le principal moteur de l’implication?

Si cet exemple n’est pas forcément problématique dans le choix qui amène à refuser l’injustice et/ou à demander la justice, ce n’est pas du tout le cas pour d’autres engagements.

Ainsi, en est-il lorsque la motivation est le ressentiment ou ce que les médias appellent la fameuse «colère», terme à la mode devenu un fourre-tout de tous les sentiments négatifs.

Le combat politique devient alors une manière d’exprimer ce qui est souvent de la haine.

On peut reprendre l’exemple de l’injustice.

Si l’on est victime soi-même de celle-ci, il est fort possible qu’un sentiment négatif nous amène à affronter l’idéologie ou la personnalité qu’on juge responsable de celle-ci.

Et ce sentiment peut aller jusqu’à la haine voire la rage, receler une violence qui peut aller jusqu’au passage à l’acte.

Il est malheureusement assez facile de démontrer que la haine est la raison première de l’engagement politique de tous ceux qui choisissent de soutenir les idéologies extrémistes et les personnalités populistes qui font leur beurre et prospèrent sur celle-ci.

Dans le monde contemporain, les militants de partis comme le RN ou LFI, les soutiens de personnalités comme Marine Le Pen, Eric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon sont les principaux représentants de cette motivation négative.

Evidemment, c’est aussi le cas de Donald Trump aux Etats-Unis qui est actuellement l’exemple emblématique d’une personnalité qui agrège tous les groupes d’individus haineux, qui ruminent rancœur, rancune, misanthropie et détestation.

On comprend bien que la haine est destructrice du lien social donc de ce qui doit lier entre eux les individus dans une société démocratique.

Car le débat démocratique se base, lui, sur le respect de l’autre qui ne pense pas contre moi.

S’il n’existe pas, alors, pourquoi je respecterais ses choix qui ne sont pas les miens.

Et mon irrespect recèle évidemment un sentiment négatif à son encontre qui peut aller jusqu’à la haine.

Les réseaux sociaux nous prouvent quotidiennement que cette haine est de plus en plus présente.

Ici, la plupart du temps, la parole n’est pas à la confrontation des idées mais des haines.

Les arguments utilisés sont souvent mensongers ou n’existent même pas.

Il s’agit avant tout de s’affronter à l’autre pour lui exprimer que sa parole ne vaut rien et qu’on ne le respecte pas, ce qui n’est pas loin de la haine ou en est tout court.

Cette haine de l’autre comme motivation politique est un échec cuisant de la démocratie républicaine et une aubaine pour les extrémistes populistes de tous poils.

Mais l’on peut se demander si cette haine n’est pas consubstantielle du combat politique.

Si tel est le cas, c’est alors tout le projet démocratique qui sera toujours en sursis.

Alexandre Vatimbella