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vendredi 25 décembre 2015

Présidentielle USA 2016. Hillary Clinton vire en tête

Le dernier débat démocrate en vue des primaires qui s’est tenu le 19 décembre à Manchester dans l’Etat du New Hampshire a confirmé qu’Hillary Clinton avait actuellement le vent en poupe.
La centriste doit savourer ce moment, elle qui était dans la tourmente voici quelques semaines seulement avec les campagnes dures que les républicains avaient lancées contre elle ainsi que par les scores que faisaient son principal concurrent démocrate, le socialiste Bernie Sanders, dans les sondages.
Même si rien n’est joué, Hillary Clinton a retrouvé sa place d’ultra-favorite, à la fois, pour les primaires démocrates mais également pour l’élection générale.
Pour ce dernier scrutin, la situation dans le camp républicain, il est vrai, l’avantage énormément.
Si celui qui est en tête des sondages pour la nomination comme candidat du Parti républicain demeure Donald Trump, l’ancienne secrétaire d’Etat devrait le battre sans problème.
D’autant que le promoteur immobilier newyorkais continue ses insultes, maintenant dirigées contre Clinton (selon lui, Obama l’a «niquée» en 2008 et le fait qu’elle aille aux toilettes le «dégoûte), qui ont soulevé une indignation unanime ou presque (à part tous ceux qui haïssent celle-ci dans le camp républicain).
Si c’est Ted Cruz, deuxième dans les sondages après une percée remarquable et remarquée, notamment auprès de la droite de la droite du parti et des évangélistes (ce qui revient au même souvent…), le succès de Clinton devrait être également assez large tellement les positions du sénateur du Texas sont extrémistes, notamment envers les minorités et les femmes, deux groupes d’électeurs qu’il faut absolument séduire pour pouvoir remporter la présidentielle désormais.
Le seul qui semble pouvoir inquiéter la centriste est Marco Rubio, le sénateur de Floride pour deux raisons: il est jeune et représente le futur; il est l’élu d’un Etat qu’il est fondamental de gagner pour remporter la présidentielle.
Reste que Rubio a des positions assez proches de celles de Cruz même s’il apparaît moins extrémiste que lui.
Car Rubio et Cruz sont des créatures du Tea party, cette organisation de la droite radicale, voire de l’extrême-droite raciste qui a vue le jour en 2009 en réaction à l’élection d’un noir à la Maison blanche, Barack Obama traitant ce dernier de Hitler, de Staline, entre autres.
Les «modérés» républicains qui pourraient disputer la victoire à Hillary Clinton, Jeb Bush, Chris Christie ou John Kasich sont pour l’instant très loin dans les sondages.
En outre, les dernières sorties médiatiques de la centriste ont été remarquées par le sérieux et la solidité de ses propositions ainsi que de sa connaissance des dossiers alors que dans le camp d’en face on en est plutôt aux invectives, à la course à la mesure la plus à droite et à la meilleure façon de barrer la route de Washington à… Donald Trump!
Bien entendu, il reste encore un peu moins de onze mois avant le jour de l’élection et tout est encore possible.
D’autant que les fragilités d’Hillary Clinton n’ont pas disparu (les Américains ne la croient pas honnête, ils se méfient de son caractère secret, ils éprouvent peu de sympathie envers sa personne) et que, comme le disent beaucoup d’observateurs, elle est son meilleur ennemi.
Reste qu’elle a réussi à passer le premier examen de passage, celui qui faisait d’elle la personnalité à abattre de tous les côtés en tant qu’ultra-favorite.
Elle y a laissé quelques plumes et quelques interrogations pour l’année qui vient mais, en ce mois de décembre 2015, c’est bien elle, la centriste, qui a le plus de chance d’être élue et de faire ainsi l’histoire en étant la première présidente des Etats-Unis.

Alexandre Vatimbella

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jeudi 17 décembre 2015

Présidentielle USA 2016. Le démagogue Trump peut-il battre la centriste Clinton?

Si l’on se fiait aux sondages actuels, les deux candidats à la présidentielle américaine de novembre 2016 seraient la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump.
Sauf catastrophe pour elle, la centriste Clinton sera la représentante démocrate tant elle domine son opposant interne, le socialiste Bernie Sanders.
En revanche, il peut se passer encore bien des choses du côté républicain, comme l’effondrement de Trump (ce cas de figure où des populistes démagogues sont montés très haut avant les primaires ou au début de celles-ci puis se sont effondrés très rapidement est assez courant) ou la montée en puissance inexorable de l’homme d’extrême-droite, le Texan Ted Cruz (le plus dangereux du panel républicain) ou bien encore l’éclosion de Marco Rubio (droite radicale) et même, pourquoi, la résurrection inespérée de Jeb Bush (conservateur) ou de Chris Christie (conservateur modéré).
De même, Donald Trump, s’il n’obtient pas la nomination républicaine, pourrait être tenté de se présenter en indépendant, ce qui amoindrirait ses chances d’une éventuelle victoire (tout en détruisant quasiment définitivement celles du candidat républicaine officiel).
Néanmoins, son avance dans les sondages actuels vis-à-vis de ses concurrents républicains est telle que l’on peut désormais prendre en compte sa candidature comme «sérieuse» électoralement parlant à défaut de l’être politiquement parlant en matière de programme et de compétence.
D’autant que le dernier débat des prétendants républicains qui s’est tenu à Las Vegas le 15 décembre au soir n’a pas changé la donne où le promoteur immobilier newyorkais devance largement Ted Cruz et Marco Rubio ainsi que le chirurgien et néophyte en politique Ben Carson qui semble être proche d’un retour définitif dans l’ombre même s’il se comporte encore bien dans les sondages sur la présidentielle elle-même.
Si l’on prend les derniers sondages entre Clinton et Trump, ils donnent tous une avance pour la première sur le second:
- 50% contre 44% pour celui de ABC news et du Washington Post du 15 décembre;
- 50% contre 40% pour celui de NBC et du Wall Street Journal du 14 décembre;
- 48% contre 44% pour celui de USA Today du 8 décembre;
- 52% contre 41% pour celui de MSNBC et Telemundo du 7 décembre.
Mais l’on est encore à onze mois du scrutin et des sondages comme ceux donnant une petite avance de Ben Carson sur Hillary Clinton doivent inciter à la prudence sur les pronostics de victoire de chacun.
Pour autant, on peut dire que le souhait à peine secret d’Hillary Clinton et de son équipe serait un affrontement entre l’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama et le milliardaire fantasque (son deuxième choix serait de retrouver en face d’elle l’icône du Tea Party, Ted Cruz).
Il faut dire que la victoire à la présidentielle américaine passe désormais par la capacité à réunir son camp mais aussi à s’attacher une majorité d’électeurs latinos, noirs et même asiatiques.
L’Amérique blanche et masculine qui soutient Donald Trump n’est plus majoritaire, loin de là et il faut absolument séduire dans tous les groupes ethniques (que l’on appelle encore races aux Etats-Unis).
Et le magnat de l’immobilier de New York n’a quasiment aucune chance d’y parvenir, lui qui veut renvoyer tous les immigrants illégaux d’Amériques du Sud et Centrale chez eux (soit entre 11 et 15 millions de personnes!), qui ne parvient pas à susciter un sentiment positif auprès de la communauté afro-américaine, sans parler des musulmans mais aussi des juifs.
Bien entendu, il ne faut pas oublier qu’un sondage national n’est pas le reflet de la réalité des chances de chacun puisque l’on vote Etat par Etat pour la présidentielle avec des grands électeurs qui sont désignés par le vote populaire.
Ainsi, l’important est de gagner dans les fameux «swing States» ces Etats qui ne sont pas très majoritairement démocrates ou républicains et donc imprenables pour les candidats de l’autre bord politique (comme l’Etat de New York massivement démocrate et le Texas massivement républicain).
Or, dans ces Etats, la tendance n’est pas en faveur de Trump, notamment en Floride où l’on compte de nombreux latinos.
De même, le programme de Trump, quand il n’est pas flou, sans queue ni tête ou basé sur un mensonge grossier, est d’un extrémisme qui n’est pas à même, a priori, d’emporter l’adhésion auprès des femmes ainsi que des «independents» indépendants, c’est-à-dire des électeurs qui ne sont affiliés ou proches d’aucun des deux partis, qui se situent au centre de l’échiquier politique et qui choisissent en général les candidats modérés et rassembleurs (à l’inverse des «independents» démocrates ou républicains qui déclarent ne pas être affiliés à leur parti favori, qui son souvent des gens de gauche et de droite plus radicalisés que la ligne politique du parti dont ils restent malgré tout proches ce qui fait qu’ils votent, in fine, pour celui-ci).
Tout concoure donc à faire de Hillary Clinton la super-favorite d’un duel qui l’opposerait à Donald Trump.
On peut ainsi penser que ce dernier est plutôt dans la situation d’une Marine Le Pen en France, c’est-à-dire qu’il peut réaliser des scores importants mais qu’une majorité des électeurs n’’imaginent même pas de voter pour lui.
Reste à savoir quel sera l’état du pays l’été prochain et si la campagne électorale n’aura pas fait exploser certaines candidatures en révélant ou inventant des scandales.
Ainsi, Hillary Clinton est bien évidemment l’objet de toutes les attentions des groupes républicains radicaux chargés de mener des enquêtes et de répandre des rumeurs généralement fausses sur sa personne.
On sait qu’ils travaillent d’arrache-pied et qu’il faut s’attendre à de nouvelles «révélations» pendant les onze mois qui nous séparent de l’élection.

Alexandre Vatimbella

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vendredi 4 décembre 2015

Présidentielle USA 2016. Républicains: Comment se débarrasser de Donald Trump?

Il y a le feu dans la maison du Parti républicain.
Cette fois-ci ce ne sont pas les quelques centristes qui y sont encore qui sonnent le tocsin, ni même les «modérés», ceux qui n’ont pas encore été atteints par le syndrome aigu d’extrémisme de la grande majorité du parti.
Non, ce sont les conservateurs, les durs, mais réalistes et pragmatistes, qui s’inquiètent de la raclée sans précédent que pourrait prendre les républicains en 2016 si leur candidat à la présidentielle se nomme Donald Trump.
Néanmoins, ils semblent tétaniser à l’idée de s’attaquer de front au promoteur newyorkais.
Comme l’explique le New York Times, «Beaucoup d'officiels républicains ainsi que des stratèges et des donateurs importants disent qu'ils craignent» Donald Trump.
Selon eux sa nomination comme candidat des républicains «mènerait à un anéantissement électoral, une défaite radicale qui pourrait détruire certains des gains récents des républicains au Congrès, dans les élections municipales ou d'état. (…)»
«Certains des républicains de haut rang au Congrès et certains des donateurs les plus riches et les plus généreux du parti ont hésité fortement à essayer de mettre à terre Trump parce qu'ils craignent une querelle publique avec cette figure médiatique et ses vomissements d’insultes.»
«D'autres avertissent que le faire pourrait impliquer des problèmes face à la colère qui monte en flèche contre les politiciens.»
«Tout cela mène à une impasse de sorte que presque tout le monde dans les échelons supérieurs du parti reconnaît que quelque chose doit être fait mais que presque personne n'est enclin à le faire.»
Pourtant le temps presse pour la direction du parti car Donald Trump, après avoir semblé adopter un style et un ton plus civils plus en phase avec l’image d’un candidat sérieux à la plus haute fonction du pays, s’est de nouveau vautré dans la fange des insultes, des mensonges et des programmes soit extrémistes comme en matière d’immigration ou d’armes à feu, soit totalement ineptes comme en matière économique où ses «propositions» qui vont d’une politique protectionniste d’un autre temps à une baisse drastique des impôts qui augmenteraient de manière abyssale le déficit des finances publiques (à moins que tout cela soit annulé par cet impôt sur les plus riches sont qualifiées de «cacophonie» par le New York Magazine.
Ce n’est pas forcément qu’il soit très éloigné des positions de la majorité des républicains, candidats «sérieux» à la candidature compris.
C’est plutôt son comportement caricatural qui a le don de montrer dans toute sa crudité et sa brutalité le programme radical des républicains qui rend quasiment inéligible son candidat sauf si c’est un politicien capable de l’enrober dans de fausses promesses consensuelles et avec un ton modéré (voire d’être connu pour utiliser une rhétorique extrémiste mais de gouverner plutôt au centre)…
Se met donc en place des structures plus ou moins informelles pour empêcher Trump d’être le candidat républicain ou pour faire des projections sur ce que serait une présidence Trump.
Par ailleurs, le Washington Post a publié un mémo confidentiel qu’un membre éminent du Parti républicain a adressé aux candidats aux sénatoriales qui auront lieu en même temps que la présidentielle afin de leur donner des conseils si jamais Donald Trump gagnait les primaires.
Il qualifie d’abord ce dernier «de missile mal guidé».
Puis il enchaîne:
«Soyons réalistes.»
«Trump dit ce qu’il a à l’esprit et c’est un problème.»
«Si ça continue nos candidats devront passer tout leur temps à le défendre ou à le condamner.»
«Et c’est une chose que nous ne voulons jamais, vraiment jamais avoir à faire.»
«C’est certain que tous les candidats du Parti républicain seront liés d’une manière ou d’une autre à notre nominé (ndlr: le vainqueur des primaires), mais nous ne devons pas être liés à lui de manière si proche que nous serons engagés à un nettoyage permanent ou à des manœuvres de distanciation de ses propos.»
Il recommande ensuite aux candidats, si les propos misogynes de Trump viennent sur le tapis, d’affirmer que leurs femmes et leurs filles ont été choquées par ceux-ci puis de passer immédiatement à autre chose!
Oui, avant d’être un atout, Trump est bien un problème pour le Parti républicain.
Et les républicains, angoissés, de se rappeler les vestes prises en 1940 face à Franklin Roosevelt par l’inconnu Wendell Wilkie, qui se présentait pour la première fois à une élection tout comme Trump, et en 1964 face à Lyndon Johnson par Barry Goldwater, un populiste démagogue et extrémiste dont les propos ressemblaient beaucoup à ceux de Trump aujourd’hui et qui plaisaient beaucoup à une majorité de militants républicains, tout comme ceux de Trump.
Comme l’écrit le New York Magazine, qu’il semble loin le temps (2012) où les républicains choisissaient comme candidat le modéré Mitt Romney.
Reste que se débarrasser de Donald Trump ne sera pas aussi facile.
D’une part parce qu’il continue à être en tête de la course à la l’investiture républicaine malgré toutes ses gaffes, malgré toutes ses insultes, malgré toutes les attaques de ses adversaires et des médias, malgré les incohérences de ses propositions.
Ou peut-être grâce à tout cela!
D’autre part, parce que malgré son serment de ne pas se présenter en candidat indépendant (qui ferait à coup sûr perdre le candidat républicain officiel), il n’a pas renoncé à le faire et son argument pour ne pas respecter sa parole serait justement d’être ostracisé par la direction du Parti républicain.
L’espoir secret de celle-ci est que Trump se torpille lui-même.
Pour l’instant, ce n’est pas vraiment le cas.
Le dernier sondage CNN/ORC donne ainsi Trump à 36% des intentions de vote pour la primaire républicaine, largement devant Ted Cruz (16%), Ben Carson(14%) et Marco Rubio (12%).
Quant à Chris Christie, il obtient 4% des intentions de vote, Jeb Bush et Carly, 3% chacun.
Pour le site Politico, «le mystère de la raison pour laquelle les électeurs républicains aiment encore plus Donald Trump quand il invente une histoire sur les musulmans dansant sur les toits après les attentats du 11 septembre ou qu’il se moque d’un journaliste handicapé n'est pas vraiment très mystérieux après tout».
«Tout ce montage scandaleux na rien à voir avec les faits, la politique ou le message, cela concerne d’être en accord avec les émotions de ses fans et ce sont des fans, pas des partisans politiques dans un sens conventionnel.»
«Personne d’autre n'a une poigne plus ferme sur l’amygdale (ndlr: noyau situé dans le lobe temporal et jouant un rôle dans les émotions et le conditionnement) du parti républicain - peut-être personne n'a jamais eu autant – ou n’est autant la voix du sentiment de déclin rampant si intensément ressentie par l’Amérique blanche.»
Et Politico d’affirmer, «la question n’est plus de savoir si Trump peut remporter les primaires, il le peut».

Alexandre Vatimbella
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vendredi 27 novembre 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Une attaque idéologique contre la civilisation occidentale

Les attentats de Paris du 7 janvier et du 13 novembre et ceux que les terroristes projetaient pour le 18 ou le 19 novembre sont une attaque conçue contre l’humanité tout entière puisqu’ils étaient dirigés contre des personnes innocentes, incapables de se défendre et n’ayant fait aucun mal à ceux qui les ont massacrés.
Le fait qu’ils aient fait des victimes de dix-sept nationalités différentes montre bien que c’était Paris, un des phares du monde civilisé, et la mondialisation culturelle humaniste qui étaient visées.
Il s’agit bien également d’une attaque en règle contre la civilisation occidentale et la démocratie républicaine représentées ici par la France et ses valeurs.
L’attentat contre Charlier hebdo est une attaque contre la liberté, plus particulièrement, celles d’expression et de la presse qui fondent la démocratie.
L’attentat contre le supermarché casher est une attaque contre le fondement de notre lien social, ce projet essentiel de la démocratie républicaine de faire vivre ensemble toutes les communautés et les personnes qui respectent la dignité des uns et des autres dans leurs différences et leurs individualités grâce à leurs ressemblances qui fondent cette humanité à laquelle nous appartenons tous.
Les attentats contre les cafés et les restaurants sont une attaque contre l’art de vivre à la française mais largement partagé par celui de l’ensemble des démocraties occidentales, contre ces endroits de sociabilité et de convivialité où tout le monde se rassemble pour parler, rire, échanger et, tout simplement, jouir de l’existence.
L’attentat contre le Bataclan est une attaque contre la culture occidentale et une de ses composantes essentielles, la musique qui est honnie par les fanatiques et fondamentalistes islamiques parce qu’elle procure, entre autres, de la joie et des émotions tout en nous permettant de vivre notre spiritualité.
Les attentats projetés à la Défense étaient une attaque contre le mode de vie occidental représentés par son commerce et ses entreprises.
Ainsi, les personnes qui sont tombées sous les balles des assassins ont été des victimes de criminels mais aussi d’un projet terroriste construit et ayant une idéologie structurée, visant à frapper la civilisation occidentale et la démocratie républicaine au cœur pour ce qu’elles sont, des espaces de liberté, de création et d’émancipation du genre humain face aux ténèbres et l’obscurantisme que représentent toutes les organisations islamistes nihilistes qui se repaissent du sang et de la mort.
De ce point de vue les victimes sont aussi celles de cette civilisation de liberté, d’égalité et de fraternité à laquelle nous tenons, ce qui les rend encore plus précieuses et que nos larmes érigent en symbole de cette si belle lutte pour la vie.

Alexandre Vatimbella
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lundi 23 novembre 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Churchill et De Gaulle, plutôt que Chamberlain et Pétain

La résistance de la démocratie républicaine occidentale et de ses valeurs sont au cœur du débat actuel depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis jusqu’à ceux de Paris du 13 novembre dernier.
On a tout entendu ces derniers jours et on entendra encore des discours et des analyses intelligentes ainsi que des bêtises et des stupidités de soi-disant experts et penseurs de pacotilles.
Mais, un des débats les plus importants, si ce n’est le plus important, c’est l’attitude à prendre face à la volonté entêtée et déterminée des terroristes islamistes de détruire la société occidentale, honnie parce qu’elle met en avant la liberté de la personne dans l’égalité et la fraternité, parce qu’elle affirme le primat du laïc (je pense ce que je veux en respectant la pensée de l’autre) sur le religieux (j’impose ma vision du monde aux autres au nom de ma vérité indépassable et absolue).
Ce débat n’est pas nouveau, il a eu lieu à chaque fois que les démocraties républicaines ont du décider s’il fallait se lever ou non pour résister face à l’oppression et au totalitarisme qui les menaçaient.
Bien évidemment, l’exemple le plus récent et surtout le plus emblématique est celui de l’attitude des démocraties occidentales face à Hitler et au nazisme.
Dans tous les grands pays européens ainsi qu’aux Etats-Unis, les oppositions ont été fortes entre ceux qui voulaient des accommodements avant la guerre et ceux qui n’en voulaient pas (Chamberlain contre Churchill au Royaume Uni), puis entre ceux qui voulaient collaborer avec l’occupant après la défaite et ceux qui voulaient résister (Pétain contre De Gaulle en France).
Aujourd’hui, les vainqueurs incontestés de l’Histoire sont Churchill et De Gaulle.
Ils sont les figures emblématiques du non à Hitler et à l’Allemagne nazie et leur volonté date d’avant la guerre mais, surtout, au moment où il semblait bien que la défaite du monde libre était acté face à la barbarie totalitaire.
Ce qui fait d’eux de véritables héros.
A l’inverse, Chamberlain qui a signé les accords de Munich (et a obligé Daladier à faire de même puisque lâché par la Grande Bretagne) et Pétain qui a décidé la collaboration sont dans les poubelles de cette même Histoire.
Pourtant, et il ne faut jamais l’oublier, Chamberlain fut fêté comme un héros par le peuple britannique quand il revint de Munich en 1938 et Pétain fut accueilli comme un sauveur par le peuple français en 1940.
Ne tombons plus dans ces illusions qui nous ont tant coûté.
Nous ne sommes pas encore, bien entendu, dans une guerre de l’importance 39-45, fort heureusement.
Et il faut espérer que nous n’y serons jamais mais en gardant à l’esprit que, depuis que l’humanité existe, il y a eu plus de jours de guerre que de paix dans le monde.
Cependant, l’ennemi d’en face a bien toutes les caractéristiques effroyables d’une idéologie totalitaire et meurtrière qui demande l’obéissance totale à une organisation et l’élimination physique de tous ceux qui ne sont considérés comme inassimilables, c’est-à-dire que l’islamisme de Daesh a toutes les ressemblances terribles du nazisme.
C’est pourquoi nous devons nous défendre contre l’agression terroriste actuelle avant qu’elle ne prenne les proportions d’un conflit d’une grande ampleur.
Et nous aurions du le faire depuis longtemps, depuis l’émergence d’Al-Qaida à la fin des années 1980.
Alors que tous les peuples des démocraties doivent montrer leur courage et leur lucidité face à la menace qui est tout sauf virtuelle, on entend déjà la voix des défaitistes et des futurs collaborateurs qui nous expliquent, comme c’était le cas pour Chamberlain et Pétain face à Hitler et les nazis que l’on peut s’entendre avec Daesh (l’Etat islamique), que nous sommes responsables de son existence et que nous n’avons rien à gagner à le combattre et qu’en prenant en compte ses revendications il sera gentil avec nous.
On retrouve toutes les attitudes et les déclarations de cette ligne Chamberlain-Pétain alors même que l’on savait à l’époque quels étaient les projets hitlériens de par les discours menaçants du Führer et de par ses écrits criminels dans Mein Kampf.
Mais tant que ce n’était pas chez nous…
Qui peut ignorer ce que dit Daesh dont les médias n’arrêtent pas de nous vanter la qualité de sa communication et le contenu de sa propagande ainsi que dans toutes ses mises en scène macabres d’exécutions et de mauvais traitements.
Sans parler, évidemment, de ses attentats terroristes réalisés par des tueurs psychopathes qui n’ont souvent jamais lu une seule ligne du Coran sauf celles qui demandent de tuer tous les mécréants mais qui ont souvent fait partie de la petite et de la grande délinquances.
Oui, malgré nos Chamberlain et Pétain contemporains, il nous faut choisir sans hésitation Churchill et De Gaulle.
Ceux qui pensent par ailleurs que ces lignes sont d’un catastrophisme exagéré, se rendent dans les zones contrôlées par Daesh, Al-Qaida, Boko Haram, Al-Morabitoun et autres organisations de ce type pour voir comment les populations, dont une partie est réduite à l’esclavage, sont les premières victimes de ces criminels mafieux qui tuent et violent par plaisir, comme le faisaient les nazis dans leurs camps de concentration.
Les centristes, qui eux connaissent leur Centrisme, savent bien que toutes les valeurs humanistes de la démocratie républicaine se défendent, que rien n’est gratuit et qu’il faut conquérir sans cesse le droit à la dignité et au respect de l’être humain.
Ils savent que ce n’est qu’en sécurité que l’on goûte vraiment à liberté et que c’est en résistant à l’oppression que l’on acquiert ce courage dont a besoin un peuple pour savoir le prix de la démocratie et apprécier ses bienfaits.

Alexandre Vatimbella
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jeudi 19 novembre 2015

Présidentielle USA 2016. Attentats de Paris – La campagne entre propos extrémistes et responsables

Comme on pouvait s’en douter, les attentats de Paris du 13 novembre ont été abondamment couverts par les médias américains avec de nombreux directs des journaux télévisés réalisés en France.
L’horreur de l’assassinat de personnes qui s’étaient attablées à des terrasses de café ou étaient allés voir un concert d’un groupe de rock américain, ont provoqué un émoi dans la population et suscité évidemment de nombreuses réactions politiques, d’autant que ce genre d’attentats rappellent ceux du 11 septembre 2001.
Si le président Barack Obama et les membres de son Administration ont apporté une réponse officielle forte avec la solidarité sans faille du pays vis-à-vis du peuple français, tout en rappelant que la France est la plus vieille alliée des Etats-Unis et qu’elle le demeure aujourd’hui depuis qu’elle est à ses côtés dans toutes les zones de conflits du monde qui menacent la paix mondiale, de l’Ukraine à la Syrie en passant par le Mali, de nombreux propos ont été tenus par les candidats à la prochaine élection présidentielle de 2016.
Du côté des démocrates, le débat sur la chaîne CBS entre les trois candidats à la primaire qui s’est déroulé le vendredi même des attentats, pendant que ceux-ci étaient encore en cours, a permis de montrer que la lutte contre Daech (ou ISIS pour les Américains) était la priorité des priorités.
Que ce soit Bernie Sanders, Martin O’Malley et, bien évidemment, Hillary Clinton, tous ont affirmé que s’ils étaient le prochain hôte de la Maison blanche, ils feraient de l’éradication de l’organisation criminelle une de leurs priorités.
Chacun a évidemment marqué sa petite différence.
Hillary Clinton, la candidate centriste, a ainsi déclaré, «bien sûr, nos prières vont au peuple de France ce soir. Mais ce n'est pas assez. Nous devons avoir la résolution de rassembler le monde pour traquer cette idéologie djihadiste radicale qui motive des organisations comme ISIS, ce groupe violent, terroriste, barbare et impitoyable».
«Cette élection, a-t-elle poursuivie, sera non seulement le choix d'un président. Ce sera aussi le choix de notre prochain commandant en chef. Et j’expliquerai en détail ce que je pense que nous devrons faire avec nos amis et alliés en Europe et ailleurs afin de faire un meilleur travail en vue de coordonner les efforts contre le fléau du terrorisme. Notre pays n’aura aucun repos en la matière parce que toutes les autres questions que nous devons traiter dépendent de notre sécurité et de notre force.»
Du côté républicain, si la lutte contre ISIS a été aussi évoquée, les différents prétendants à la primaire ont préféré s’en prendre en priorité à la politique suivie en la matière par Obama (et donc, jusqu’en 2012 par Hillary Clinton alors secrétaire d’Etat) pour la critiquer de manière violente au lieu de faire des propositions concrètes pour y parvenir.
Mais ce qui a été noté par l’ensemble des médias américains c’est la cassure entre les candidats «sérieux» qui ont une connaissance minimum de la politique étrangère et de la situation internationale et ceux qui sont complètement ignares, incapables d’une réflexion étayée sur ces sujets.
Comme l’écrit le magazine Politico, «Il n’a fallu que 48 heures pour que les attaques terroristes tragiques à Paris transforment rapidement la primaire républicaine en une compétition entre ceux qui ont une expérience sérieuse en politique étrangère et ceux qui n’en ont aucune, changeant celle-ci, au moins pour le moment, d'une campagne pour la présidence à un test sur la capacité à être commandant en chef».
Dans la catégorie des incompétents notoires on trouve le favori actuel de la primaire, Donald Trump, ainsi que son dauphin, Ben Carson.
Tous les deux, surtout le deuxième, ont montré leur limite en la matière particulièrement forte et cela pourrait impacter leur campagne et leur chance dans les semaines à venir de devenir le candidat républicain à la présidence.
En revanche, John Kasich, le candidat le plus près du Centre de cette primaire a lui expliqué plus en détail son action contre le terrorisme: armer les Kurdes, mettre en place une zone d'exclusion aérienne, impliquer les Saoudiens et les Jordaniens, mieux coordonner les services de renseignements au niveau international.
«Il y a tant de choses que nous devons faire, a expliqué le gouverneur de l’Ohio, et, franchement, nous en sommes loin».
En outre, tous se sont inquiétés sur la possibilité que parmi les réfugiés syriens qui seraient accueilli aux Etats-Unis, puissent se cacher des terroristes comme cela a été le cas en France pour au moins l’un d’entre eux.
On évoquera pour l’anecdote les propos particulièrement stupides et provocateurs de Donald Trump expliquant que s’il y a eu tant de morts à Paris c’est parce que la France est un des pays qui a les lois les plus restrictives en matière de port d’arme ce qui n’avait pas permis aux personnes attaquées de se défendre.
Une affirmation qui aurait pu être faite par Ben Carson…

Alexandre Vatimbella

© 2015 LesNouveauxMondes.org

samedi 14 novembre 2015

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Révoltons-nous pour la vie et la démocratie

«Le révolté exige sans doute une certaine liberté pour lui-même; mais en aucun cas, s’il est conséquent, le droit de détruire l’être et la liberté de l’autre. Il n’humilie personne. La liberté qu’il réclame, il la revendique pour tous; celle qu’il refuse, il l’interdit à tous. Il n’est pas seulement esclave contre maitre, mais aussi homme contre le monde du maître et de l’esclave. (…) La passion nihiliste, ajoutant à l’injustice et au mensonge, détruit dans sa rage son exigence ancienne et s’enlève ainsi les raisons les plus claires de sa révolte. Elle tue, folle de sentir que ce monde est livré à la mort. La conséquence de la révolte, au contraire, est de refuser sa légitimation au meurtre puisque, dans son principe, elle est protestation contre la mort.»
(Albert Camus / L’homme révolté)

Les assassins qui viennent à nouveau d’ensanglanter Paris, la France, l’Europe et le monde entier comme ils le firent le 11 septembre 2001 en attaquant New York et les Etats-Unis, comme ils le firent ensuite en Espagne à Madrid en 2004 et en Grande Bretagne à Londres en 2005, comme ils le font tous les jours de Syrie au Nigéria en passant par l’Egypte, ont encore frappé la vie et la démocratie républicaine.
Ce n’est pas une surprise: ces salauds détestent la vie et ses plaisirs, vénèrent la mort.
Ils honnissent la démocratie républicaine, recherchent l’esclavage de l’humanité en l’enchaînant à leur idéologie de destruction.
Mais ces criminels, ce ne sont pas seulement les salauds qui ont tué des gens, en majorité des jeunes, qui n’avaient rien fait, qui n’étaient responsables de rien.
Ces imbéciles sont instrumentalisés par leurs maitres fanatiques qui sont encore plus brutaux, haineux et féroces que ces tueurs qui ne sont que leurs stupides bras armés.
Nous devons crier notre abomination et notre répulsion de leur misanthropie répugnante.
Surtout, face à cela nous devons dire oui à la vie et la célébrer.
Face à cela nous devons défendre la démocratie républicaine et ses valeurs.
Le dire c’est rappeler que la liberté n’est pas gratuite et face à ses ennemis  nombreux depuis toujours, il faut se battre pour la défendre.
La preuve vient à nouveau, malheureusement, de nous en être donnée.
Encore une fois les humanistes du monde entier doivent être à l’avant-garde face à cette guerre qui nous est déclarée parce qu’ils défendent des valeurs de vie et de respect, parce qu’ils sont intransigeants quand on attaque la démocratie républicaine.
Mais il ne faut pas que le dire, il faut agir, tous, comme nous le pouvons.
Nous devons nous révolter comme nous le demandait Albert Camus face à la barbarie que portent ces individus qui s’excluent d’eux-mêmes du genre humain.
Nous devons résister comme le firent les partisans face au nazisme en ne concédant rien à ces brutes dans notre manière de vivre, dans notre liberté.
Et nous devons soutenir tous ceux qui nous protègent pour que nous puissions vivre dans une société libre.
Car, sans sécurité pas de liberté.
Nous le devons à tous ceux qui ont été abattus par des monstres d’une lâcheté sans nom puisqu’ils sont descendus dans la rue avec des mitraillettes pour tirer sur des gens qui n’avaient aucune chance de pouvoir se défendre.
Nous le devons à nos enfants et à tous les enfants du monde qui doivent pouvoir vivre libres dans un monde en paix.
Alexandre Vatimbella


vendredi 13 novembre 2015

Présidentielle USA 2016. Le Centre seul capable d’éviter l’élection d’un populiste démagogue extrémiste

Dans moins d’un an, le 8 novembre 2016, les Américains éliront leur président de la république qui, si on se fie aux sondages, devrait être une présidente, la première des Etats-Unis, en l’occurrence Hillary Clinton qui est redevenue la favorite du scrutin ces dernières semaines.
Mais si l’arrivée à la Maison blanche de la centriste marquerait l’histoire du pays tout comme l’avait fait l’élection du premier «noir» (en réalité métis mais se définissant lui-même comme Afro-américain), Barack Obama, en 2008, il s’agira aussi d’éviter un autre événement historique, celui-là catastrophique, la victoire d’un populiste démagogique extrémiste.
En regardant aujourd’hui les sondages, on s’aperçoit que si Hillary Clinton devrait remporter assez facilement la primaire démocrate face au populiste démagogique de gauche, Bernie Sanders, obnubilé par les méchants «billionaires» (milliardaires) qui agrémente quasiment toutes ses phrases, du côté des républicains, les favoris actuels ont de quoi faire froid dans le dos.
Ainsi, les deux hommes en tête des enquêtes d’opinion, Donald Trump et Ben Carson, sont de dangereux populistes démagogues dont le premier fait un peu comme Marine Le Pen en France, proposant une vision globale de droite extrême agrémenté d’une xénophobie assumée avec des propositions économiques et sociales qui ont pour but de séduire un électorat populaire et dont le second est un extrémiste évangélique redoutable doublé d’un ignorant, qui plus est un menteur comme viennent de le révéler plusieurs enquêtes des médias, tant de droite que de gauche, ayant inventé une grande partie de sa vie dans son autobiographie.
Beaucoup d’analystes sont encore persuadés que les deux hommes n’ont que très peu de chances de devenir le candidat des républicains pour la présidentielle et qu’ils seront battus lors des primaires par des candidats «sérieux».
Or c’est là que le bas blesse car ceux que l’on qualifie désormais ainsi sont des politiciens que l’on considérait il y a encore peu comme des populistes extrémistes qui ont été élus grâce aux voix des membres et sympathisants du Tea Party, cette organisation d’extrême-droite qui a comparé Barack Obama à Staline, Hitler et… le Joker de Batman!
Ils ont pour nom Marco Rubio (dont on vient de découvrir qu’il utilisait la carte de crédit du Parti républicain de Floride pour ses courses) et Ted Cruz, le Texan.
Car ce qui caractérise actuellement la primaire républicaine, c’est l’effondrement des «modérés» (dont certains ne le sont que parce que les autres sont de furieux extrémistes) comme Jeb Bush, John Kasich, Chris Christie (qui ne sera même plus qualifié pour le prochain débat des «grands» candidats mais devra se contenter du «petit» qui se tient juste avant), Lindsay Graham et George Pataki qui, tous deux, ne sont qualifiés pour aucun des deux débats!
(Rappelons que vu le nombre conséquent de candidats à la primaire républicaine, on organise deux débats selon une moyenne dans les sondages et que l’on exclut de ceux-ci les prétendants qui sont sous la barre des 1% des intentions de vote).
Dès lors, en ce novembre 2015, le seul véritable rempart aux démagogues, aux populistes et aux extrémistes, se nomme Hillary Clinton.
Bien évidemment, à un an des élections tout peut encore arriver, que ce soit l’effondrement de la centriste du Parti démocrate mais aussi celui des extrémistes de chaque camp, la montée en puissance d’un conservateur modéré, voire même l’entrée en scène d’un «independent», tout événement qui pourrait rabattre les cartes.
Mais le climat politique américain ressemble beaucoup à celui qui règne en Europe, avec la montée du populisme, de la démagogie et des extrêmes qui menacent les fondements même de la démocratie républicaine à terme.
Il n’est donc pas exclut que la finale du 8 novembre 2016 oppose un candidat modéré face à un candidat extrémiste tout comme cela pourrait être le cas en France lors du deuxième tour de la présidentielle le 7 mai 2017.
Alexandre Vatimbella


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mercredi 4 novembre 2015

Présidentielle USA 2016. Les «independents» ne font pas un candidat mais font l’élection

Il y a un mythe tenace chez certains analystes et «pundits» (intellectuels faiseurs d’opinion) américains qu’un candidat en-dehors des partis, situé au centre de l’échiquier politique ou, en tout cas, «bipartisan», serait capable de rassembler en sa faveur la plupart des électeurs «independents» (ceux qui se définissent comme sans affiliation politique précise) ainsi que les démocrates et les républicains modérés, ce qui lui permettrait de gagner l’élection présidentielle pour le bien d’un pays dont la politique est de plus en plus polarisée.
Ce mythe prend sa source dans deux idées reçues.
La première serait que la grande majorité des «independents» sont des centristes.
Or il n’en est rien.
Si, sans doute, les centristes sont les plus nombreux dans cette catégorie fourre-tout, on trouve aussi des républicains proches de l’extrême-droite, des démocrates très socialistes ainsi que des personnes se définissant à partir de toutes les appellations politiques possibles et imaginables.
Dès lors, une candidature «independent» (sans affiliation aux deux grands partis) a du sens et a déjà eu lieu (celles de George Wallace ou de Ross Perot) mais, jusqu’à présent avec un positionnement politique très clivé.
Ainsi, le principal candidat «independent» pour 2016 n’est autre que le populiste démagogue de droite Donald Trump, actuellement en tête de la course républicaine, (même s’il fut, un temps, enregistré comme démocrate, à New York, la ville où il est né et où il habite).
En revanche, une candidature qui rassemblerait tous les électeurs «independents» est bien une vue de l’esprit.
La deuxième idée reçue voudrait que les deux grands partis soient trop marqués, le Parti républicain à droite et le Parti démocrate à gauche, pour initier une véritable candidature centriste.
Ce qui est totalement faux, non seulement, historiquement mais de nos jours.
Historiquement, il y a toujours eu des ailes centristes aux deux grands partis dominant la politique américaine.
On peut dire, par exemple, qu’Abraham Lincoln ou Theodore Roosevelt étaient des centristes républicains.
Et ces vingt-cinq dernières années, deux démocrates centristes ont été élus à la Maison blanche, Bill Clinton en 1992 et Barack Obama en 2008, tout deux réélus pour un second mandat.
Ce qui est vrai, en revanche, c’est que le Parti républicain a entamé un virage à droite dans les années 1990 (qui avait d’ailleurs commencé réellement dans les années 1970) et que, petit à petit, la plupart de ses centristes se sont trouvé marginalisés et ont pratiquement disparu.
Pour la primaire de 2016, seul John Kasich, le gouverneur de l’Ohio, peut être considéré comme un candidat républicain centriste.
Et encore, il ne l’aurait pas été il y a dix ans, considéré alors comme trop conservateur (il fut un des principaux soutiens de Ronald Reagan).
Le Parti démocrate, lui, est sorti de son virage à gauche des années 1970 dans les années 1990.
Et même si un candidat socialiste à la primaire est présent cette année, Bernie Sanders, la grande favorite demeure Hillary Clinton, une véritable centriste.
N’en déplaise à certains commentateurs qui présentent Clinton comme étant devenue de gauche (ils disent la même chose d’Obama), ils tombent dans le piège tendu par la droite du parti républicain et dénoncé par les deux politologues, l’un républicain, l’autre démocrate, Norman Ornstein et Thomas Mann.
Auteurs d’un livre référence en la matière, «It’s even worse than it looks» (C’est encore pire que cela n'y paraît) publié en 2012, ils ont montré de manière irréfutable que cette droite, tout en se radicalisant de plus en plus, a tenté de faire bouger le Centre vers la droite pour ensuite accuser les centristes républicains et démocrates, d’être des femmes et des hommes de gauche…
Une manœuvre qui a fait long feu mais qui produit encore des malheureux effets dans quelques médias.
Reste que si, donc, une candidature «independent» ne serait pas forcément centriste – mais que même si elle l’était, qu’elle n’attirerait pas l’électorat centriste et modéré qui peut se tourner vers des candidats républicains et, surtout, démocrates qui sont centristes –, les «independents» centristes font très souvent le président des Etats-Unis.
En effet, ce sont eux qui font pencher la balance d’un côté ou de l’autre, notamment dans les fameux «swing states», ces Etats qui ne votent pas toujours démocrate pour certains ou républicain pour d’autres mais qui se tournent tantôt vers le candidat républicain, tantôt vers celui démocrate.
C’est pourquoi le vote centriste est très recherché par les candidats des deux grands partis.
D’où un recentrage systématique de leurs discours une fois qu’ils ont obtenu l’investiture de leurs formations respectives.
D’où, également, souvent, la présence deux candidats plus ou moins «modérés» lors de la présidentielle.
Ce fut le cas en 2008 et 2012 où, face au centriste Barack Obama, les deux républicains vainqueurs des primaires et qui se présentèrent contre lui, John Mc Cain et Mitt Romney, étaient considérés comme des conservateurs modérés.
Pour autant, ce sont également les «independents» démocrates et républicains qui font l’élection en se déplaçant ou non le jour du scrutin.
Plus abstentionnistes que les électeurs enregistrés démocrates et républicains, ils peuvent faire la différence en se rendant massivement aux urnes (comme ce fut le cas des Latinos «independents» en faveur d’Obama en 2008 et en 2012).
Pour 2016, le vote de ces mêmes Latinos sera sans doute déterminant mais tout comme celui des centristes «independents».
Voilà pourquoi, actuellement, les responsables du Parti républicain voient avec effroi la course en tête de leur primaire de Donald Trump, populiste de droite, et de Ben Carson, extrémiste évangéliste de droite, et que ceux du Parti démocrate poussent un ouf de soulagement en voyant Hillary Clinton retrouver une dynamique tout en distançant très nettement Bernie Sanders.
Alexandre Vatimbella

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mercredi 14 octobre 2015

Présidentielle USA 2016. Primaires démocrates – Examen de passage réussi pour la centriste Clinton

Le premier débat opposant les prétendants à la candidature démocrate pour la présidentielle de novembre 2016 a eu lieu hier soir à Las Vegas.
Comme prévu, il a été principalement animé par les deux personnalités en tête dans les sondages, Hillary Clinton et Bernie Sanders, les trois autres présents (Webb, O’Malley et Chafee) faisant de la simple figuration comme, d’ailleurs, dans les sondages.
Sanders, fidèle à lui-même et à son populisme anti-milliardaire qui lui a permis de remplir les stades, a expliqué qu’il voulait changer la société américaine en profondeur par une lutte contre la violence du capitalisme dans une démarche socialiste qu’il revendique même s’il la nomme «social-démocrate».
Clinton, fidèle quant à elle à sa démarche centriste – même si elle préfère se présenter comme «progressiste» plutôt que «modérée» – a parlé de réformer ce même capitalisme en luttant contre ses «excès» et en faveur des classes moyennes trop laissées pour compte ces dernières années tout en rappelant sans équivoque que les Etats-Unis étaient le pays des opportunités et que la réussite passait par la liberté d’entreprendre.
«Quand je pense au capitalisme, je pense à toutes les PME qui ont été créées car nous avons l'opportunité et la liberté de faire cela dans notre pays», a-telle notamment affirmée.
Deux visions donc différentes qui se sont confrontées et non opposées dans des échanges courtois, n’ayant rien à voir avec le cirque des débats entre républicains où l’invective et les gros mots ont remplacé le fond quasiment absent lors des deux premières éditions où Donald Trump a mené la danse.
D’ailleurs, ce dernier a tenté de parasiter le débat démocrate en envoyant des tweets agressifs et populistes, affirmant qu’il n’y avait «aucune star» sur le plateau de la chaîne CNN qui organisait l’évènement, tout au long de sa tenue sans parvenir à faire le buzz.
Ce dernier, c’est à Hillary Clinton qu’on doit le créditer car elle a su expliquer clairement sa démarche et sortir des polémiques où les républicains et les médias tentent de l’enfermer depuis des mois, notamment celle de ses e-mails lorsqu’elle était secrétaire d’Etat, n’ayant rien à voir avec son programme et sa capacité à gouverner la première puissance mondiale.
La presse américaine a salué sa prestation, certains médias la trouvant «impressionnante», surtout balayant les critiques sur sa faiblesse présumée et redonnant ainsi «confiance avec les démocrates», selon le New York Times qui ne l’avait pas épargnée de ses critiques ces dernières semaines.
Comme l’écrit le Washington Post, «il n’y a pas débat pour savoir qui a gagné le premier débat démocrate pour la présidentielle. (…) Hillary Clinton était bien informée, détendue, drôle, totalement pertinente et, plus important encore, présidentielle».
Alexandre Vatimbella

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mercredi 7 octobre 2015

Focus. Mondialisation – Pour la Chine, la Russie est l’exemple à ne pas suivre

Si la Russie est dans l’état où elle est, c’est sa faute.
C’est en tout cas ce que pensent les dirigeants chinois au premier rang desquels Xi Jinping, le premier secrétaire du parti communiste et chef de l’Etat.
En réalité, dans un retour au maoïsme et au marxisme, le nouveau pouvoir de Pékin estime que la fin de l’Union soviétique dans les années 1980-1990 pourrait être ce qui pourrait arriver à la Chine si une démocratisation du régime se produisait.
Car, Xi Jinping est persuadé que le PC soviétique s’est sabordé en acceptant les valeurs démocratiques alors même que selon tous les analystes sérieux la chute de l’empire des soviets est bien l’échec cuisant de son modèle politique, économique et social.
Mais le maître de la Chine signifie par là que le PC soviétique aurait du faire ce que Den Xiaoping a fait en 1989 aux étudiant de la place Tienanmen, tirer sur les étudiants puis reprendre en main le semblant de liberté politique qui s’était installé dans le pays.
Si l’on y regarde de plus près en termes de puissance, il est vrai que l’Union soviétique était la grande sœur  de la République populaire de Chine alors qu’aujourd’hui cette dernière est devenue la grande sœur de la Russie.
Mais, encore une fois, c’est bien le modèle soviétique qui a tourné au fiasco.
D’ailleurs, c’est bien en tournant le dos à ce modèle et en inventant un capitalisme d’Etat tout en gardant un système politique totalitaire et dictatorial que la Chine s’est développé, tournant le dos à la vulgate marxiste sans aucun remord.
C’est le grand drame de Vladimir Poutine.
Ce dernier, pour tenter de faire retrouver un certain standing à la Russie ainsi que tenter de faire revivre d’une manière ou d’une autre l’Union soviétique en annexant des territoires, en concluant des accords avec les anciennes républiques de l’empire et en provoquant des glacis dans celles qui ne veulent pas coopérer (Géorgie, Ukraine) ainsi qu’en jouant les va-t-en-guerre contre l’Occident partout où c’est possible comme en Syrie, a du s’allier avec Pékin en étant le suiveur et non plus le guide.
Une alliance où la Chine y trouve un énorme avantage: ne pas être isolée sur la scène mondiale notamment depuis qu’elle y montre une agressivité qui inquiète tous ses voisins (sans doute même la Russie!) et toutes les démocraties de la planète.
Or cette alliance, malgré ce que l’on croit généralement et ce que disent les propagandes russe et chinoise, ne va pas de soi.
Les intérêts de la Chine et de la Russie sont souvent totalement antinomiques et chacun des deux pays craint les visées hégémoniques de l’autre.
Actuellement, dans l’état dans lequel elle se trouve, c’est la Russie qui a le plus à craindre d’une Chine qui retrouve son standing du début du XIX° siècle et qui domine son voisin de l’ouest économiquement de manière outrageuse.
Poutine essaye donc de se servir de la Chine pour tenter de garder le statut de grande puissance à la Russie alors même qu’en l’état les deux grands du monde sont cette même Chine et les Etats-Unis à son grand désespoir...
De même, Poutine aimerait copier l’exemple chinois mais les différences entre les deux nations sont telles qu’il n’y a aucune chance que cela se produise.
Car si la Russie est l’exemple à ne pas suivre pour la Russie, il est tout aussi sûr que la Chine est bien l’exemple que la Russie voudrai suivre…
Alexandre Vatimbella
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lundi 5 octobre 2015

Présidentielle USA 2016. Et si le centriste Michael Bloomberg se présentait?

Ancien maire de New York (2002-2013) et milliardaire, Michael Bloomberg a eu des velléités passées de se présenter à la présidentielle.
Mais même s’il demeure intéressé par la politique et qu’il soutient financièrement plusieurs causes qui lui sont chères (comme l’interdiction des armes à feu ou la lutte contre le tabagisme ou l’obésité) ainsi que des personnalités modérées des deux camps (républicains et démocrates), il a toujours déclaré qu’il ne souhaitait pas se présenter en 2016.
Néanmoins, celui qui est un centriste assumé (enregistré d’abord comme démocrate, puis comme républicain et enfin comme indépendant, mais nous sommes à New York…) pourrait peut-être revoir sa copie s’il se trouvait que les candidats des deux grands partis soient des extrémistes et/ou des dangereux populistes comme Donald Trump ou Ben Carson (chez les républicains) ou Bernie Sanders (chez les démocrates).
Pour l’instant, ce sont ses amis, comme le magnat de la presse, Rupert Murdoch, qui l’appellent à considérer une candidature mais sans succès.
Et le tweet du consultant politique, Ian Bremmer, affirmant que «Bloomberg considère maintenant sérieusement une candidature indépendante» n’a pas été confirmé par l’intéressé.
Lui se dit plutôt focalisé sur la reprise en main la direction de son groupe de communication financière qu’il a fondé en 1981 et qu’il avait confié à d’autres pendant son mandat.
Mais il est vrai que l’ancien maire de New York a pris une nouvelle dimension depuis son départ de City hall du fait que son successeur, le démocrate Bill de Blasio, soit considéré comme un homme de gauche plutôt diviseur et ayant pris plusieurs mesures controversées depuis son élection.
Du coup, Michael Bloomberg retrouve un certain statut qui pourrait lui permettre de rassembler ce qui reste de centristes au Parti républicain et les centristes, beaucoup plus nombreux, du Parti démocrate si les circonstances s’y prêtaient.
Surtout, il pourrait aussi être le catalyseur de tous ces «independents» qui se disent au centre et qui cherchent vainement un leader pour défendre leur cause depuis des années, même s’ils sont plutôt enclins à être proches d’Hillary Clinton.
Selon le site internet conservateur Politico, l’ancien maire de New York douterait que sa victoire soit possible.
Car en bon Newyorkais, «il est à la gauche du président Obama sur plusieurs questions sociales, ce qui n’est pas où est une majorité du pays. Mais il pourrait changer d’avis si les deux partis choisissaient un candidat qu’il considère inéligible et qu’il était clair qu’il était temps de bâtir une campagne viable».
Cette observation fait écho à ce que Bloomberg avait lui-même déclaré au New York Magazine en 2013: «Je suis convaincu à 100% que vous ne pouvez pas gagner une élection dans ce pays si vous n’êtes pas le candidat d’un des deux grands partis. La seconde chose dont je suis convaincu est que je ne pourrais pas l’emporter dans la primaire d’aucun des deux partis».
Alexandre Vatimbella

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mercredi 30 septembre 2015

Présidentielle USA 2016. Le nouveau «clintonisme» est-il encore centriste?

Le «clintonisme» est le nom donné à la pratique du pouvoir de Bill Clinton lors de sa présidence de 1993 à 2000 et dans laquelle sa femme, Hillary Clinton eu une grande influence, pratique que l’on qualifie généralement de centriste.
Bill Clinton, dont il faut rappeler qu’il fut l’inventeur de la Troisième voie (un centrisme de gauche pragmatique repris par Tony Blair en Grande Bretagne) et de la triangulation (qui consiste à prendre le meilleur des propositions de chaque camp sur un sujet et de les transcender en une synthèse dynamique).
Le clintonisme professait, entre autres, la fin du «Big government», l’équilibre budgétaire (qui fut réalisé avec même un surplus record en 1998 et 1999), une réduction des dépenses d’aides sociales (mais pas de certaines protections sociales, au contraire), la mise en place d’une assurance santé (qui ne fut réalisée que par Barack Obama en 2010), la limitation des ventes d’armes, l’augmentation de la sécurité des personnes, l’égalité hommes-femmes mais aussi l’égalité reconnue aux homosexuels notamment dans l’armée.
Toujours est-il qu’Hillary Clinton, en étant candidate à la primaire démocrate pour la présidentielle de 2016, présente la version renouvelée du clintonisme, le «nouveau clintonisme» comme l’on appelé certains commentateurs, dans lequel ses opposants y voient un net infléchissement à gauche et donc une sorte de trahison du centrisme de son mari.
Bien entendu, cette critique vient d’abord du camp républicain dont il faut rappeler l’accusation récurrente de gauchisation de tous les centristes (qu’ils soient démocrates ou républicains, de Theodore Roosevelt à Obama en passant par les deux Clinton) qui a permis aux idéologues radicaux du parti de noyer la forte droitisation de celui-ci depuis le début des années 2000 et qui a réussi à tromper de nombreux médias mais dont les politologues sérieux (toutes tendances confondues) ont dénoncé la supercherie.
Mais il est vrai qu’en ces temps où les inégalités sociales se sont creusées, où les milliardaires sont de plus en plus nombreux et de plus en plus riches, où les attaques contre les politiques sociales et les avancées sociétales sont d’une grande violence alors même que des décisions emblématiques comme la reconnaissance du mariage pour les homosexuels font évoluer la société américaine vers plus de libéralisme face aux crispations des conservateurs, le clintonisme s’est adapté.
Ainsi, Hillary Clinton propose, entre autres, une hausse de salaire pour la classe moyenne, des aides massives pour éviter que les étudiants s’endettent à vie pour obtenir leur diplôme universitaire, une extension de l’assurance santé et une limitation des fortes hausses de médicaments constatées récemment, une égalité homme-femme pour les salaires, etc.
Il faut néanmoins ajouter immédiatement que son corpus est tout sauf doctrinaire ou dogmatique et que ces mesures font bien partie d’une politique centriste.
D’autant qu’elle ne remet nullement en cause, à l’inverse de son adversaire des primaires démocrates, le socialiste Bernie Sanders, l’économie de marché libérale, l’égalité des chances comprise par l’égalité des opportunités, l’enrichissement par le travail.
L’idée d’Hillary Clinton, théorisée par Larry Summers, l’ancien secrétaire au Trésor de Barack Obama et très proche de la candidate démocrate, et du britannique Ed Balls, est que les démocraties modernes «ont besoin de nouvelles institutions sociales et politiques pour faire en sorte que le capitalisme du XXI° siècle marche pour la majorité et non pour une petite minorité».
Sans parler de sa vision en politique étrangère beaucoup plus «faucon» que celle de Barack Obama.
En réalité, le nouveau clintonsime comme l’était l’ancien, est avant tout un pragmatisme.
Dans ce sens, il fait face à la nouvelle réalité avec le creusement des inégalités, la paupérisation d’une partie des classes sociales les plus défavorisées, l’appauvrissement des classes moyennes et l’enrichissement des 1%.
De ce point de vue, comme tout centrisme, il recherche le juste équilibre ce qui sigifie que lorsque l’équilibre est rompu, comme c’est le cas en matière économique et sociale aux Etats-Unis, il doit le reconstruire en allant dans le sens inverse
De ce fait, le «nouveau clintonisme» ne tourne pas le dos aux valeurs de la Troisième voie, il ne remet pas en cause le système économique, l’opportunity et ne diabolise pas ceux qui réussissent comme le fait Bernie Sanders avec sa chasse aux milliardaires.
De même, en appuyant des mesures sociales pour faire renaître le rêve américain version démocrate (égalité réelle des chances), par la protection de la santé et l’accès à une bonne éducation, Hillary Clinton demeure fidèle aux buts du clintonisme originel, n’en déplaise à ses détracteurs de droite.
Bien sûr, il faudra scruter ses nouvelles propositions qui pourraient être plus à gauche que prévues si Bernie Sanders continue de monter dans les sondages et sous la pression de l’aile «libéral» du Parti démocrate dont l’égérie est la sénatrice Elisabeth Warren.
Reste que si Hillary Clinton est élue à la Maison blanche, son clintonisme sera certainement un centrisme.
Alexandre Vatimbella

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mardi 29 septembre 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’humour très particulier de monsieur Poutine

Or donc, selon monsieur Poutine, il y aurait un droit international qui, en Syrie ne permettrait pas de remettre en cause le gouvernement légitime choisit par le peuple (sic) et l’intégrité territoriale du pays.
Du haut du podium de l’assemblée générale annuelle des Nations unies, l’autocrate du Kremlin a pris la défense de l’assassin de Damas.
Mais que pense monsieur Poutine du droit international en Ukraine, lui qui a annexé une partie du territoire, la Crimée, qui aide avec des troupes au sol les séparatistes du Donbass et qui a abattu un avion de ligne malaysien avec des femmes et des enfants à bord?
Oui, qu’en pense-t-il?
Ferait-il de l’humour même pas drôle?
Et que pensent tous les soutiens de messieurs Poutine et Assad dans les pays occidentaux?
Que les charniers du dictateur sont moins nauséabonds que ceux de Daesh?
Bien évidemment, il faut éradiquer cet Etat islamique qui n’est que la réunion d’une bande de criminels, dont certains malades mentaux, qui érigent le meurtre, le viol et le vol en programme de gouvernement.
Mais faut-il pour cela permettre à des gens comme Vladimir Poutine de raconter des mensonges et de prendre des libertés avec la réalité?
De même, faut-il s’allier avec le principal responsable de cette situation, Bachar el-Assad, lui qui, au lieu de discuter avec son opposition et démocratiser son pays a envoyé ses chars et son armée massacrer sa population, créant une guerre civile et un chaos qui est directement la cause de l’existence de Daesh?
Au nom, soi-disant, d’une realpolitik qui a fait que les puissances occidentales se sont alliées au sanguinaire Staline (et signataire du pacte germano-soviétique avec Hitler) pour remporter la Deuxième guerre mondiale face aux nazis, ancêtres des terroristes de l’Etat islamique, il faudrait que la communauté internationale abdique le peu de dignité qui lui reste pour sauver ce «tyran», selon le terme de Barack Obama, dont les actes irresponsables ont mené à la situation actuelle.
Comme le dit fort justement le président français, François Hollande, «Assad est une partie du problème, pas de la solution».
Demander le départ du pouvoir du protégé de monsieur Poutine comme demander à ce dernier de respecter le droit international en Ukraine (ainsi qu’en Géorgie), ce serait donc une attitude irresponsable selon tous les thuriféraires de l’ancien cadre du KGB.
On espérait – c’est vrai sans trop y croire – que la mondialisation du XXI° siècle serait plus à cheval sur un humanisme respectueux.
Mais ce n’est pas parce que des monstruosités ont lieu aux quatre coins de la planète qu’il faut abdiquer les valeurs universelles qui, comme l’a rappelé Barack Obama, le président de la plus vieille démocratie, à ce même podium où Vladimir Poutine est venu défendre l’indéfendable, fondent les démocraties et qui peuvent s’appliquer partout pourvu que l’on empêche de nuire et les personnages comme Assad et les meutes criminelles comme Daesh sans oublier leurs soutiens, Poutine ici, les princes d’Arabie Saoudite là qui ne sont guère plus démocrates que leurs poulains.
Sans doute que les relations internationales sont un espace sans foi et peu de loi où celle du plus fort continue de prévaloir.
Sans doute faut-il ne pas se bercer d’illusions sur une humanité harmonieuse, unie par des principes humanistes demain ou dans un futur proche.
Sans doute les pays occidentaux doivent penser à leurs intérêts qui ne sont pas toujours conciliables avec les valeurs qui les fondent.
Oui, tout ce que disent les pragmatistes réalistes en ce domaine est également vrai.
Mais si les démocraties foulaient au pied ce qu’elles prêchent, quelle serait alors leur degré de crédibilité et légitimité face à tous ceux qui les agressent.
Car, à vouloir trop faire de concessions à ses ennemis, elles se retrouveraient, un jour ou l’autre, comme Chamberlain et Daladier à Munich pour céder face à Hitler.
Alexandre Vatimbella
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