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lundi 31 janvier 2022

Editorial. Aller à Pékin en 2022, n’est pas comme aller à Munich en 1936?

Pour un démocrate attaché aux valeurs humanistes et au respect de la dignité humaine, aller aux Jeux olympiques d’hiver à Pékin qui débutent la semaine prochaine, n’est-ce pas comme aller à Munich en 1936 pour les jeux d’été?

Il y a 86 ans, le principal bénéficiaire fut Adolf Hitler – dont on n’oublie pas qu’il imposa un certain nombre de règles restrictives au comité olympique dont le président, Pierre de Coubertin, était un admirateur du régime nazi –, cette année ce sera un autre dictateur qui sera honoré, Xi Jinping.

En 1936, la second guerre mondiale n’avait pas eu lieu mais il existait déjà des camps de concentration – Dachau fut ouvert en 1933, quelques mois après l’arrivée au pouvoir des nazis – tout comme il en existe dans la Chine de Xi, en 2022, en particulier dans le Xinjiang.

En 1936, les opposants à Hitler étaient pourchassés, torturés, jetés en prison, tout comme, en 2022, le sont ceux qui luttent contre Xi.

En 1936, l’Allemagne nazie était en train de se réarmer et prévoyait déjà une guerre, en particulier dans l’Est de l’Europe pour bâtir ce «Lebensraum» ce «grand Reich germanique de la Nation allemande».

En 2022, la Chine s’arme et prévoit déjà une guerre pour récupérer Taïwan, après avoir mis au pas Hongkong, pour bâtir cette grande Chine qui sera régie par le fameux et effrayant «rêve chinois» de Xi, sans oublier cette zone d’influence où tous les pays d’Asie deviendront les vassaux de fait de l’Empire du milieu communiste.

Oui, quelles différences fondamentales entre l’Allemagne de 1936 et la Chine de 2022?

En 1936, les pays démocratiques ne voulurent pas voir quel était la nature du régime nazi qui pourtant ne cachait pas son jeu et ont envoyé leurs athlètes à Munich.

En 2022, ces mêmes pays démocratiques commettent exactement la même faute alors même que le régime communiste ne cache pas, lui non plus, son jeu.

Oui, aller à Pékin en 2022, c’était comme allé à Munich en 1936.

N’apprendrons-nous jamais rien de l’Histoire?...

dimanche 30 janvier 2022

Le Focus. Après la Chine, la Russie investit l’Afrique: défaite des Occidentaux ou échec des Africains?

Or donc l’autocratie russe, après la dictature chinoise, séduit à son tour les dirigeants africains mais aussi, il faut le dire, la population.

Dans une vision binaire, eux , les «gentils» et, nous, Occidentaux, les «méchants», les Africains pensent trouver la solution à leurs problèmes mais aussi à leur incapacité à se prendre en charge dans un rapprochement avec des régimes «forts» qui leur promettent, ici, la prospérité, là, la sécurité alors, qu’en fait, ils sont là pour se constituer une sorte d’empire colonial qui ne dit pas son nom et qui joue sur l’ancien, celui des Occidentaux, qu’ils diabolisent, afin d’être accueillis en sauveur.

Pour la Chine, l’euphorie populaire est largement retombée ainsi que celle d’une partie des dirigeants parce que l’«aide» s’est transformée en une tutelle et une dépendance où le pays asiatique vend ses produits à bas prix qui concurrencent et tuent ceux qui sont produits localement, où les prêts sont devenus des dettes, où les achats de terre arables appauvrissent les Africains et les rendent plus vulnérables à des pénuries alimentaires.

Reste que nombre de gouvernements restent encore fermement dans la sphère d’influence chinoise ainsi qu’une partie de l’élite parce qu’elle est achetée avec des pots de vin ainsi que tout un tas d’avantages.

Pour la Russie, on en est au début de l’inféodation même si l’on a vu comment cela se passait en Centrafrique avec les «mercenaires» – en réalité des soldats officieux du régime de Poutine –  du désormais tristement célèbre groupe Wagner.

Le Mali, le Soudan, Madagascar, le Mozambique et, peut-être demain, le Burkina-Faso ainsi que d’autres, font appel aux services de cette bande armée à la violence sans états d’âme qui ne s’embarrasse guère de l’Etat de droit, des droits humains et des Africains eux-mêmes.

Que doit-on penser de la présence de ces deux pays à vocation totalitaire et de la mise en retrait des Occidentaux?

Est-ce la faute de ces derniers ou une nouvelle fois la preuve de l’immaturité d’un certain nombre de régimes africains?

Il y a bien sûr des deux dans ce qui est en train de se passer.

Il est évident que les anciennes puissances coloniales comme la France sont à la fois bienvenues pour financer et aider militairement des pays qui ne parviennent pas à se gérer eux-mêmes, parfois mais pas toujours loin de là, suite à leur ancien statut de colonie.

Il est tout aussi évident que ces mêmes puissances sont souvent détestées pour leurs comportements passés – on le voit avec les manifestations d’une partie de la population quand la situation ne s’améliore pas – et que tout prétendant pour les remplacer est très souvent accueilli les bras ouverts.

On se rappelle que, déjà, du temps de la guerre froide, l’URSS trouvait un terreau favorable à son influence en Afrique pour cette raison et aussi parce que nombre des pays qui devenaient ses vassaux étaient gouvernés par des dictateurs ou des juntes despotiques.

L’influence chinoise et russe en Afrique est évidemment une mauvaise nouvelle en termes géopolitiques pour les Occidentaux et surtout l’Europe.

Cependant, sur le moyen et long terme, elle est également catastrophique pour les pays africains parce qu’ils se replacent dans une situation de colonies sachant que ni les Chinois, ni les Russes ne les «aident» par pure philanthropie et altruisme.

Et ils risquent de payer cher la «générosité» absolument pas désintéressée de leurs nouveaux «amis».

Les Africains et les Européens sont ici dans un jeu perdant-perdant.

 

vendredi 28 janvier 2022

Editorial. Pourquoi commémorer le 77e anniversaire de la libération d’Auschwitz?

Il y a 77 ans, le 27 janvier 1945, le camp d’Auschwitz-Birkenau était libéré.

Pourquoi commémorer cet événement alors que, généralement, on le fait plutôt tous les cinq ou dix ans et plus particulièrement pour un cinquantenaire ou un centenaire?

Parce qu’Auschwitz condense, plus que d’autres camps de concentration, toute la barbarie des régimes totalitaires et, bien sûr, du régime
nazi qui utilisa l’endroit pour sa solution finale, pour assassiner hommes, femmes et enfants, même des nouveau-nés, dès leur arrivée dans les chambres à gaz voire même dans les fours crématoires directement.

L’indicible s’est produit dans ce camp au su et au vu de la population locale, au su et au vu d’une grande partie de la population allemande.

Il faut donc se souvenir et il faudra toujours se souvenir jusqu’où l’humain peut s’abaisser dans la barbarie et dans l’ignominie.

Le projet nazi porté par Hitler et ses complices est emblématique de ce dévoiement ultime où le respect de la dignité humaine est écrasé par le poids d’un fanatisme qui n’était pas seulement de la folie.

Mais se rappeler d’Auschwitz, c’est aussi se rappeler de tous les camps qui participèrent à ce crime contre l’Humanité et à ne pas oublier tous les autres génocides comme ce fut le cas récemment au Cambodge puis au Rwanda ainsi que celui qui se déroule actuellement sous nos yeux et sans que nous agissions réellement, en Chine.

Tous les jours, grâce aux historiens et aux chercheurs, nous en apprenons plus sur l’abjection et la crapulerie des nazis et nous continuerons encore longtemps à faire des découvertes sur des événements qui ne sont déroulés il y a moins de cent ans, il ne faut pas l’oublier.

Déjà, bien des ajouts sur l’infamie nazie ont été faits ce qui rend encore plus impardonnables ceux qui peuvent trouver des excuses aux complices de celle-ci, ceux qui, par exemple, en France, décidèrent sciemment de collaborer avec un régime criminel, tel Philippe Pétain qui, quelques semaines après, l’armistice, s’en alla rencontrer Adolph Hitler pour lui proposer de travailler avec lui, un maréchal indigne que tente de réhabiliter Eric Zemmour…

Sans doute que la vilénie du nazisme ne pourra être dépassée mais si nous ne demeurons pas vigilants et éveillés, nul doute qu’un jour la bête immonde pourra être égalée par d’autres régimes parce que la canaille n’abandonne jamais ses projets mortifères et n’attend que notre renoncement aux valeurs humanistes pour déverser la mort, la haine, la souffrance et la dévastation.

 


jeudi 27 janvier 2022

Commentaire. Une guerre? Pas si sûr mais bien loin d’être impossible!

Va-t-on vers une guerre entre la Russie et l’OTAN à propos de l’Ukraine mais plus largement à cause des revendications de Vladimir Poutine d’avoir une zone d’influence à ses frontières ce qui, soit dit en passant, concernerait une partie de l’Union européenne?...

Les experts sont divisés sur la question sachant qu’amasser des troupes et des armes tout en se regardant en chiens de faïence n’est pas de bon augure!

Bien sûr, des discussions ont lieu et personne n’a réellement intérêt à ce qu’un conflit survienne.

Mais le bluff du gouvernement russe – qui n’a pas, quoiqu’il arrive, la capacité de mener une guerre longue et meurtrière –, comme beaucoup de ceux qu’ont connu l’Histoire, peut dégénérer et ne plus être gérable.

Si Hitler voulait, in fine, une guerre contre les démocraties occidentales, il ne pensait pas que son coup de force en Pologne, avec l’aide de l’Union soviétique, déclencherait la guerre à ce moment-là – ses généraux estimaient l’armée allemande pas encore assez forte – et que celle-ci deviendrait la plus meurtrière de l’Humanité.

Du coup, il faut se préparer à toutes les éventualités en se rappelant que la Première guerre mondiale vint d’un attentat terroriste qui, jamais, n’aurait du provoquer le séisme qui s’ensuivit même si les animosités pré-existaient et pouvaient être enflammées à tout instant par un événement même de second ordre.

Mais c’est bien ce qui se passe avec le gouvernement russe qui cherche depuis des années à se confronter à l’Occident dans une volonté de lui faire payer le déclassement de son pays qu’il ne doit en réalité qu’à lui-même.

Toujours est-il que si la crise ukrainienne ne débouche pas sur un conflit, ce ne voudra pas dire que tout risque de conflagration sera évacué.

Car si la situation géopolitique actuelle n’évolue pas – et c’est un «si» d’importance – dans les années à venir, alors une guerre deviendra inévitable entre les démocraties et les totalitarismes.

Bien sûr, tout le monde, de la Russie aux Etats-Unis en passant par la Chine et l’Union européenne, va dire qu’il n’en veut absolument pas.

Cependant, la réalité est que, de plus en plus, se font face avec agressivité, deux visions du monde complètement distinctes et, surtout, inassimilables.

Le pouvoir chinois et l’autocrate russe en place à Moscou rêvent de détruire la démocratie dans le monde ce qui passe par l’abaissement des pays qui la pratiquent et au premier rang desquels on trouve évidemment les Etats-Unis et les membres de l’Union européenne.

Pour Xi Jinping et Vladimir Poutine, le modèle de gouvernement est celui qu’ils proposent, un régime fort à tendance totalitaire où le nationalisme remplace tout cet effort de mondialisation (à ne pas limiter à la globalisation qui n’est que la partie économique de celle-ci) pour créer une communauté planétaire qui serait régie par les valeurs humanistes, garantissant paix et dignité humaine.

La guerre pourra être évitée si les forces démocratiques – bien peu puissantes actuellement, au demeurant – en Chine et en Russie parviennent à inverser la montée, pour l’instant inexorable, du despotisme.

Bien sûr, elle pourrait être évitée si les démocraties renoncent à la liberté et font allégeance aux dictatures…

Mais cette dernière option n’est pas la plus probable à ce stade parce que cela signifierait que les pays alors anciennement démocratiques deviendraient, de fait ou de force, de simples satellites des pays totalitaires, ce que leurs populations n’auraient rien à gagner à court, moyen et long termes.

Alors, oui, il faut que les démocraties républicaines se préparent à une guerre qu’elles ne souhaitent pas comme pour la Seconde guerre mondiale où leur impréparation surtout psychologique – les efforts militaires étaient là contrairement à une légende colportée pendant de nombreuses années après 1945 – les firent vaciller jusqu’à leur possible extinction.

Se préparer ne veut pas dire faire la guerre.

Cela signifie l’éviter au maximum mais être prêt à la faire et, surtout, à la gagner.

lundi 24 janvier 2022

Commentaire. Ce que veux réellement Poutine

«Alors que Poutine s'apprêtait à reprendre la présidence à Moscou, il a publié un essai à l'automne 2011 dans un journal russe annonçant des plans pour regagner l'influence perdue parmi les anciennes républiques soviétiques et créer ‘une puissante union supranationale capable de devenir un pôle dans le monde moderne’. Poutine a déclaré que la nouvelle union eurasienne ‘changerait la configuration géopolitique et géoéconomique de tout le continent’. Certains ont qualifié ces mots de fanfaronnade de campagne, mais je pensais qu'ils révélaient le véritable programme de Poutine, qui consistait en fait à ‘re-soviétiser’ la périphérie de la Russie.»

Il aurait été bon d’écouter Hillary Clinton quand elle lança cet avertissement puis l’écrivit dans son livre «Choix difficiles» en 2014 et de s’en rappeler pour contrer dès l’origine les menées de Poutine.

Parce qu’aujourd’hui, les Occidentaux se retrouvent face à une menace à laquelle ils se sont mal préparés estimant que l’autocrate de Moscou ne prendrait pas le risque de déclencher une crise dont on ne sait jusqu’où elle pourrait aller.

Ils ont en fait mésestimé l’hubris et la mégalomanie de l’ancien agent du KGB ainsi que sa volonté d’effacer la soi-disant «humiliation» subie par les Russes lors de l’effondrement de l’Union soviétique, un peu sur le même modèle que Xi Jinping qui veut faire payer les mêmes Occidentaux lors de l’effondrement de l’Empire chinois, ces deux événements étant d’abord de la responsabilité de ces deux pays.

Poutine croit en sa bonne étoile et dans sa capacité à effrayer des Américains et des Européens qui n’auraient pas le courage de se battre pour leurs idéaux.

Toutes ses attaques de ces dernières années, notamment en s’immisçant dans les processus électoraux des pays démocratiques qui ont semé la zizanie comme aux Etats-Unis mais également dans la production à grande échelle de fake news, montrent que son entreprise est d’une particulière agressivité et que chaque opportunité de redorer le blason russe et d’abaisser celui des occidentaux sera relevée.

Il faut bien comprendre que le cas de l’Ukraine n’est qu’un hors d’œuvre, une sorte de test qui, s’il réussit lui permettra de faire une pression encore plus forte et réclamer des avantages encore plus abusifs.

Au lieu de jouer sur le développement économique et culturel du pays pour en faire une puissance qui compte au 21e siècle en utilisant pour cela la manne financière des matières premières dont celle du pétrole et du gaz, Poutine a choisi la voie militaire avec tout ce que cela comporte de risques tout en remplissant ses poches et celles de ses courtisans.

Mais il faut être conscient qu’un personnage de son acabit est prêt comme ses sinistres devanciers du siècle dernier à sacrifier beaucoup de vies pour ses rêves de grandeur et de gloire personnelles.

Car, in fine, c’est cela que veut Poutine.