Tout ma vie j’ai défendu la communauté juive à travers le
monde.
L’antisémitisme dont, nous, Européens, avons été les
inventeurs, bâti sur des mensonges et de la haine, a causé tant de mal et de vies
puis abouti à un génocide perpétré par des Européens sans que ce soit son point
final.
Et pendant des siècles, nous, Européens, nous avons, sans
honte aucune, propagé l’antisémitisme de par le monde.
Aujourd’hui, il est toujours bien présent et est devenu
viral dans nombre de pays, notamment dans le monde musulman mais pas seulement
sans oublier qu’il continue à fleurir sur le continent européen et qu’il
demeure fort aux Amériques et notamment aux Etats-Unis.
Néanmoins, le combat contre l’antisémitisme n’a jamais de confondre
juif et victime.
D’abord parce que réduire le juif à une victime, c’est le
rabaisser.
Ensuite, parce que des criminels et des assassins juifs ont
toujours existé, existent et existeront toujours.
Non, il s’agit de lutter contre cette haine du juif parce
que juif qui est intolérable et inacceptable.
Et de dénoncer cette chasse au juif parce que juif qui s’est
matérialisée de manière paroxystique dans les pogroms, les chambres à gaz, les
fours crématoires et dont l’Humanité n’a pas tiré toutes les leçons morales
comme pour bien d’autres massacres et horreurs qu’elle a commise à travers les
siècles, la Shoah étant parmi les plus exécrables et répugnantes.
Permettre aux juifs de vivre en paix et de leur accorder un
territoire où ils n’auraient pas à subir l’antisémitisme était un devoir des
Européens mais aussi de la communauté internationale après la Deuxième guerre
mondiale et sans doute même avant au vu de leur rejet par une grande partie des
populations européennes.
Bien sûr, il y aurait beaucoup à dire sur le choix de la
Palestine et des accords passés alors dont certains n’ont jamais été respectés.
Mais l’existence d’Israël n’est pas négociable à moins de
nier la responsabilité de l’Humanité dans l’antisémitisme, un négationnisme de
la pire espèce qui permet de faire des juifs les agresseurs après ce qu’ils ont
vécu puisqu’il ne s’agit pas seulement de condamner Israël mais tous les juifs
de la planète.
Et cette existence passe par son droit à défendre son
existence.
Cela ne signifie pas, pour autant, que le gouvernement de ce
pays serait autorisé à faire tout et n’importe quoi contre ses ennemis ou les
populations civiles qui l’entourent.
Or c’est ce qui est en train de se passer.
Certains diront que cela est déjà survenu lors de la
première guerre contre les Arabes mais les circonstances n’étaient pas les
mêmes.
A l’époque, une défaite d’Israël aurait été sa disparition.
Ce n’est plus le cas pour ce qui se passe depuis près de
deux ans.
Et ce n’est certainement pas le cas de la population
palestinienne.
Celle-ci n’a pas à payer l’horreur de l’attaque du Hamas du
7 octobre 2023 et, ce, même si une partie d’entre elle s’est réjouie des actes
inhumains des terroristes islamistes.
Et elle n’a pas à être traitée comme… les nazis ont traité
les juifs.
Oui, avec Netanyahu et ses amis et alliés extrémistes, on en
est à faire cette terrible comparaison qu’on pensait impossible à faire un jour
parce qu’elle a des similitudes dans le côté systématique de l’élimination du
paria.
Dire cela n’est malheureusement pas une transgression, juste
la prise en compte d’une réalité terrible et catastrophique.
Ce profond malaise qui étreint beaucoup des soutiens d’Israël
vient aussi de la passivité de la population qui rappelle, là aussi, de bien
mauvais souvenirs.
Quant au soutien de Trump à ces actions meurtrières, elle
nous montre comment un pays démocratique peut vite basculer de l’autre côté du
miroir avec une population tout aussi apathique.
Je n’ai jamais été naïf ou dupe sur la réalité du monde mais
avouons que ce qui se passe aujourd’hui à Gaza nous montre que seulement 80 ans
après la fin de la Deuxième guerre mondiale, un peuple meurtri jusqu’au plus
profond de lui-même est en train d’accepter le pire de ce qui lui est arrivé à
d’autres.
Ira-t-il jusqu’au bout des projets criminels que lui propose
Netanyahu?
On ose espérer que non.