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mardi 29 septembre 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’humour très particulier de monsieur Poutine

Or donc, selon monsieur Poutine, il y aurait un droit international qui, en Syrie ne permettrait pas de remettre en cause le gouvernement légitime choisit par le peuple (sic) et l’intégrité territoriale du pays.
Du haut du podium de l’assemblée générale annuelle des Nations unies, l’autocrate du Kremlin a pris la défense de l’assassin de Damas.
Mais que pense monsieur Poutine du droit international en Ukraine, lui qui a annexé une partie du territoire, la Crimée, qui aide avec des troupes au sol les séparatistes du Donbass et qui a abattu un avion de ligne malaysien avec des femmes et des enfants à bord?
Oui, qu’en pense-t-il?
Ferait-il de l’humour même pas drôle?
Et que pensent tous les soutiens de messieurs Poutine et Assad dans les pays occidentaux?
Que les charniers du dictateur sont moins nauséabonds que ceux de Daesh?
Bien évidemment, il faut éradiquer cet Etat islamique qui n’est que la réunion d’une bande de criminels, dont certains malades mentaux, qui érigent le meurtre, le viol et le vol en programme de gouvernement.
Mais faut-il pour cela permettre à des gens comme Vladimir Poutine de raconter des mensonges et de prendre des libertés avec la réalité?
De même, faut-il s’allier avec le principal responsable de cette situation, Bachar el-Assad, lui qui, au lieu de discuter avec son opposition et démocratiser son pays a envoyé ses chars et son armée massacrer sa population, créant une guerre civile et un chaos qui est directement la cause de l’existence de Daesh?
Au nom, soi-disant, d’une realpolitik qui a fait que les puissances occidentales se sont alliées au sanguinaire Staline (et signataire du pacte germano-soviétique avec Hitler) pour remporter la Deuxième guerre mondiale face aux nazis, ancêtres des terroristes de l’Etat islamique, il faudrait que la communauté internationale abdique le peu de dignité qui lui reste pour sauver ce «tyran», selon le terme de Barack Obama, dont les actes irresponsables ont mené à la situation actuelle.
Comme le dit fort justement le président français, François Hollande, «Assad est une partie du problème, pas de la solution».
Demander le départ du pouvoir du protégé de monsieur Poutine comme demander à ce dernier de respecter le droit international en Ukraine (ainsi qu’en Géorgie), ce serait donc une attitude irresponsable selon tous les thuriféraires de l’ancien cadre du KGB.
On espérait – c’est vrai sans trop y croire – que la mondialisation du XXI° siècle serait plus à cheval sur un humanisme respectueux.
Mais ce n’est pas parce que des monstruosités ont lieu aux quatre coins de la planète qu’il faut abdiquer les valeurs universelles qui, comme l’a rappelé Barack Obama, le président de la plus vieille démocratie, à ce même podium où Vladimir Poutine est venu défendre l’indéfendable, fondent les démocraties et qui peuvent s’appliquer partout pourvu que l’on empêche de nuire et les personnages comme Assad et les meutes criminelles comme Daesh sans oublier leurs soutiens, Poutine ici, les princes d’Arabie Saoudite là qui ne sont guère plus démocrates que leurs poulains.
Sans doute que les relations internationales sont un espace sans foi et peu de loi où celle du plus fort continue de prévaloir.
Sans doute faut-il ne pas se bercer d’illusions sur une humanité harmonieuse, unie par des principes humanistes demain ou dans un futur proche.
Sans doute les pays occidentaux doivent penser à leurs intérêts qui ne sont pas toujours conciliables avec les valeurs qui les fondent.
Oui, tout ce que disent les pragmatistes réalistes en ce domaine est également vrai.
Mais si les démocraties foulaient au pied ce qu’elles prêchent, quelle serait alors leur degré de crédibilité et légitimité face à tous ceux qui les agressent.
Car, à vouloir trop faire de concessions à ses ennemis, elles se retrouveraient, un jour ou l’autre, comme Chamberlain et Daladier à Munich pour céder face à Hitler.
Alexandre Vatimbella
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