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mardi 8 mars 2016

Présidentielle USA 2016. Hillary Clinton, «candidate de la raison», atout ou handicap?

La célèbre émission humoristique de la télévision américaine «Saturday night live», SNL pour les intimes, diffusée sur NBC a réalisé un sketch ce samedi soir dans lequel un sosie d’Hillary Clinton déclarait aux électeurs américains que face aux populistes et extrémistes qui étaient à sa gauche (Bernie Sanders) et à sa droite (Donald Trump et Ted Cruz), ils étaient, malgré leur haine vis-à-vis d’elle, «coincés au centre» avec elle et leur souhaitait la «Bienvenue»!
Voilà peut-être la principale chance de la candidate centriste en 2016 ou, peut-être, sa principale malchance!
Car, dans une élection où domine le ressentiment vis-à-vis des élites de tous horizons et du monde politique avec des candidats qui attisent cette haine sans cesse comme on a pu le voir lors des derniers débats organisés du côté républicain et du côté démocrate, il est sûr qu’un certain nombre d’électeurs démocrates mais aussi républicains modérés choisiront de voter pour Clinton quoi qu’il arrive mais il est tout aussi sûr qu’un certain nombre de ceux-ci, radicalisés ou furieux, voteront pour Trump ou Sanders, voire Cruz.
Déjà, certains sympathisants de Donald Trump affirment qu’ils choisiront Bernie Sanders si leur favori n’est pas candidat le 8 novembre et inversement.
D’autant que, peu importe la réalité des positions et des programmes des candidats «anti-système» comme le montre un article du site internet de CNN qui organisait le 6 mars le débat Clinton-Sanders à Flint dans le Michigan, tout ce qui ne vas pas dans le sens d’un candidat bataillant contre cet hydre washingtonien dans la pureté d’un combat pour le peuple n’est pas écouté et dénié par leurs soutiens.
En l’occurrence, le journaliste rappelait à une sympathisante de Bernie Sanders sur twitter que si son favori n’avait pas voté pour autoriser George W Bush a faite la guerre en Irak en 2003, il l’avait fait en 1998 pour autoriser Bill Clinton à la faire, ce que ce dernier ne fit pas en définitive.
En rappelant uniquement ce fait, le journaliste reçu la réponse suivante: «Je ne discute pas avec les apologistes d’Hillary qui lui trouvent des excuses pour son vote et son soutien sur la guerre en Irak»…
Il faut dire que le journaliste avait aussi rappelé à sa groupie qui prétendait le contraire que le sénateur du Vermont avait voté contre le sauvetage de l’industrie automobile en 2008 mis en route par Barack Obama et qui s’est révélé un des grands succès tant économique et social de la présidence de ce dernier.
De quoi la mettre en rogne!
Cette petite passe d’arme est pourtant très représentative de l’état d’esprit des électeurs de Donald Trump et de Bernie Sanders qui peuvent dire à peu près ce qu’ils veulent sans perdre leur soutien.
Ils peuvent même se présenter comme des hommes nouveaux alors que Trump, 69 ans, écume le monde de la politique, des affaires et des médias depuis des décennies tout comme Bernie Sanders, 74 ans, qui est sénateurs des Etats-Unis depuis trente ans et dans la politique depuis toujours.
Par ailleurs, ce dernier, lors du débat de Flint, a une nouvelle fois montré son fort ancrage à gauche qui dépasse ce qu’il appelle la «social-démocratie» dont il se revendique.
En se positionnant contre le libre-échange, contre la finance, contre les élites, contre la réussite entrepreneuriale, contre le rôle des Etats-Unis en tant que première puissance mondiale avec un retour à l’isolationnisme, il est plus proche d’un Mélenchon – qui l’admire – que d’un Valls ou d’un Macron, voire même d’un Hollande.
En face se trouve une Hillary Clinton qui se pose en centriste et progressiste (n’en déplaise à Sanders, le Centrisme est un réformisme progressiste), qui veut réformer la société de manière responsable et équilibrée, en continuant l’œuvre de Barack Obama tout en permettant à chacun de pouvoir exprimer ses potentialités et donc de saisir les opportunités pour réussir son existence.
Et ces différences idéologiques, cette substance de fond – que l’on passe un peu sous silence devant les shows grotesques et grossiers des républicains et les obsessions contre les «milliardaires» de Sanders – sont également grandes entre Clinton et tous les candidats républicains aux primaires, particulièrement Donald Trump et Ted Cruz mais également Marco Rubio et même John Kasich.
Même s’il ne faut pas se tromper.
Le programme de Trump n’est pas celui de Cruz.
Le premier nommé, comme tout populiste démagogue, promet tout et n’importe quoi afin de coller à son slogan «Make America great again» (faire grande l’Amérique à nouveau), mélangeant les promesses les plus clientélistes de droite et de gauche (parfois similaires à celles de Sanders) sur la sécurité, l’emploi, les avantages sociaux, la défense nationale, etc.
Le second lui est un idéologue étriqué qui déteste le consensus et le compromis – ses années au Sénat l’ont montré de manière caricaturale – sur lesquels est fondé le système politique américain depuis l’indépendance du pays et la pratique du pouvoir du premier président, George Washington.
Ses thèses sont souvent d’extrême-droite et proches des évangéliques les plus réactionnaires en matières sociale et sociétale.
Quant à son programme économique, il est entièrement tourné vers un vrai néo-libéralisme à l’intérieur et des mesures protectionnistes en matière de commerce international.
Sans parler de ses vues politique étrangère qui s’inspirent de celles des néoconservateurs à l’initiative, par exemple, de l’intervention en Irak.
Dès lors, comme le dit le sketch de SNL, les Américains responsables et modérés, qui théoriquement et jusqu’à présent sont la majorité de l’électorat, sont réellement coincés au centre avec Hillary.
Pour de vrai.
Et il faut espérer que la raison qui les rapproche de l’ancienne secrétaire d’Etat sera un atout pour les Etats-Unis.

Alexandre Vatimbella

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