L’édition 2012 de Ramses publiée par l’IFRI est sortie. De plus en plus complet au fil des ans, le rapport pointe, cette année, les défis gigantesques devant lesquels le monde se doit d’agir au plus vite.
«L’année 2010-2011 a confirmé la fragilité du monde au début du XXI° siècle». Voilà le constat qui débute l’analyse de Thierry de Montbrial dans le dernier rapport Ramses du think tank qu’il a créé et qu’il dirige, l’IFRI (Institut français des relations internationales).
Lors d’une conférence de presse pour présenter cet ouvrage qui fête cette année sa trentième édition, il s’est voulu grave et alarmiste dans sa vision des événements actuels: «clairement, nous sommes en perte de contrôle et nous payons notre insouciance».
Et, ce qui ajoute à la gravité du moment, c’est que nous ne pouvons pas prédire, comme pour les tremblements de terre, quand exactement va survenir l’effondrement du système mondial qui se profile du fait de notre irresponsabilité collective. En revanche, nous savons qu’il va se passer quelque chose comme nous savons qu’il aura un terrible tremblement de terre un jour à tel endroit.
Cela dit, si nous ne pouvons empêcher un tremblement de terre, nous pouvons éviter l’effondrement du système mondial en agissant. Pour Thierry de Montbrial, c’est tout de suite qu’il faut se retrousser les manches.
Sans doute est-il satisfait des nouvelles déclarations d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy sur la gestion de la dette grecque, hier, ainsi que de l’action concertée des banques centrales du monde entier, décidée aujourd’hui, afin d’aider le système bancaire dans la tourmente à se fournir en liquidités. Deux pas dans la bonne direction.
Néanmoins, il en faudra plus pour que la situation soit réellement maîtrisée. Car, poursuit-il, «aujourd’hui, nous avons une situation totalement sans précédent dans ma vie personnelle avec un niveau de risques qui n’a jamais été aussi haut et l’on ne voit pas d’où peut venir l’intervention salutaire qui pourrait éviter la catastrophe».
Spécialiste de la gouvernance mondiale et adepte de sa mise en place, il se dit très insatisfait de la gestion de la crise par le G20: «il doit être un organe de décision et non pas un think tank comme il est devenu». Et il y a urgence, conclut-il dans son tour d’horizon du monde actuel: «la gouvernance mondiale est fossilisée alors que les interdépendances de toutes sortes, non linéaires, se multiplient en créant les conditions de crises terribles, dont certaines peuvent être difficiles à imaginer».
Certains verront dans les propos de Thierry de Montbrial une exagération. Mais, même si c’était le cas, il y a des exagérations salutaires…
Alexandre Vatimbella
© 2011 LesNouveauxMondes.org
Ramses 2012 – Les Etats submergés, IFRI, Editions Dunod, 30€
