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mercredi 16 décembre 2009

MONDIALISATION-CHINE-ENERGIE. La Chine se place en Asie centrale au détriment de la Russie et de l’Europe


Le gazoduc que Hu Jintao vient d’inaugurer au Turkménistan montre que les chinois sont en train de mettre la main sur les énormes réserves de cette région autrefois intégrée à l’URSS et chasse-gardée des Russes jusque récemment.

Hu Jintao, le Président chinois a du savourer cet instant. En inaugurant le gazoduc qui va relier son pays aux immenses réserves de gaz d’Asie centrale en provenance du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et de Kazakhstan, il sait que cette région est stratégique pour les approvisionnements énergétiques de son pays. Mais il sait aussi qu’en construisant ce pipeline en un plus d’un an et d’une longueur de sept mille kilomètres, ce n’est pas seulement une prouesse technique que la Chine a réalisée mais c’est aussi un sacré coup géostratégique. Car elle prend pied dans une zone réservée autrefois à la Russie en ayant réussi l’exploit, dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai qu’elle a créée, de faire avaliser sa présence dans celle-ci par les autorités russes elles-mêmes, Vladimir Poutine en tête. De plus, elle vient également empiéter sur les plates-bandes de l’Union européenne qui lorgne sur ces mêmes réserves afin d’être moins dépendantes du gaz russe et des soubresauts qui ont agité sa distribution ces deux dernières années suite au conflit russo-ukrainien du fait de l’impossibilité de Kiev de payer la facture du gaz à Moscou tout en se servant illégalement sur le gazoduc qui passe par son territoire et qui approvisionne une bonne partie de l’Europe.

A terme, lorsque le deuxième pipeline sera terminé, c’est environ quarante milliards de mètres cubes par an que la Chine va importer d’Asie centrale. Evidemment, pour obtenir cette manne, Pékin est de nouveau passée à la caisse, profitant de ses énormes réserves de change, pour payer, comme d’habitude, des infrastructures dans tous les pays de la région qui en manquent cruellement. Ces lignes de crédit et autres prêts – dix milliards de dollars au Kazakhstan, quatre milliards au Turkménistan, par exemple – lui permette de préempter également des gisements. Du coup, Hu Jintao peut être satisfait de son succès et déclarer, «la Chine est optimiste sur notre coopération et l'ouverture de ce gazoduc est une nouvelle plateforme de collaboration et de coopération entre nos nations amies». On le serait à moins…

Alexandre Vatimbella

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