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samedi 19 septembre 2009

Editorial. Les pays émergents peuvent-ils sortir seuls de la crise mondiale?


Alors que les économistes annoncent que le pire de la crise économique et financière mondiale est derrière nous, les pays émergents affichent un certain optimisme au vu de certains indicateurs qui semblent démontrer que la reprise de la croissance va se produire dans les mois qui viennent. Les très bons résultats de la Chine, le rebond qui semble se manifester en Inde et au Brésil mais aussi en Russie font des pays du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) les champions des pays émergents qui voient en eux les moteurs de la future croissance. Même dans les pays occidentaux une certaine euphorie touche beaucoup d’analystes sur le futur des pays émergents et leur capacité à nous apporter une embellie économique.

Reste que cet optimisme et cette euphorie ne doivent pas cacher les problèmes que vont rencontrer les pays émergents et notamment ceux du Bric dans un avenir proche. En effet, plusieurs incertitudes demeurent et pourraient empêcher le retour d’une croissance élevée en 2010. D’abord on doit se méfier des statistiques de la plupart des pays émergents et en particulier de celles venues de Chine et d’Inde pour citer les nations les plus importantes. Personne ne sait vraiment qu’elle est la véracité des chiffres de l’économie chinoise tant ils dépendent d’un volontarisme politique. En Inde, ces chiffres sont souvent des estimations tellement il est difficile de récolter des données dans certains secteurs et dans certaines régions. Ensuite, les rebonds que l’on a notés dans beaucoup de pays émergents sont souvent des rattrapages par rapport à un marché atone depuis le milieu 2008. Sans parler de la spéculation boursière qui s’est invitée grâce à l’argent public déversé, surtout en Chine et dans une moindre mesure dans d’autres pays. Enfin, la reprise de l’économie des pays émergents dépendra aussi de la reprise de la consommation dans les pays développés. Car les marchés des pays émergents ont beau être immenses, tels ceux de la Chine, de l’Inde et du Brésil, ils le sont souvent encore sur le papier et ne peuvent sans doute pas à eux seuls doper la croissance. Or il n’est pas du tout sûr que la reprise économique en Europe, aux Etats-Unis et au Japon soit assez forte pour permettre une reprise des exportations des pays émergents telles qu’on les a connues avant le déclenchement de la crise. Sans oublier qu’un rebond de l’activité va, mécaniquement, faire remonter les prix des matières premières notamment énergétiques. Or un prix élevé du pétrole et du gaz peut tuer dans l’œuf une reprise de la croissance économique.

Dès lors, on peut se montrer satisfait de voir que les économies des pays émergents sont bien orientées mais on ne doit pas tomber dans un optimisme béat dont le fondement est de prendre nos désirs pour des réalités. La crise a été rude, elle n’est pas encore totalement finie et elle peut même rebondir. Restons donc prudents et continuons à travailler à assainir l’économie et la finance mondiales avant qu’un vrai retour de la croissance mondiale nous fasse oublier tous les manquements passés dans leur régulation et leur contrôle. Les pays émergents peuvent être les déclencheurs de la reprise mais ils ne pourront soutenir seuls une vraie croissance mondiale. En tout cas, pas tout de suite. D’où l’importance de coordonner les politiques de relance ce que le sommet du G20 de Pittsburg à la fin du mois devra acter. Enfin, on l’espère…


Alexandre Vatimbella

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