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samedi 26 septembre 2009

MONDIALISATION. Beaucoup d’engagements, peu de décisions au sommet du G20 de Pittsburgh


Les chefs d’Etat et de gouvernement présents dans la ville américaine ont pris de nombreuses résolutions pour raffermir la reprise et faire en sorte que la crise ne réapparaisse pas. Mais il faudra que celles-ci trouvent leurs applications concrètes…


Le sommet du G20 de Pittsburgh n’a pas accouché d’une souris comme pouvaient le craindre de nombreux pessimistes qui ne voyaient pas comment on pourrait concilier les visions différentes des Européens, des Américains et des membres des pays émergents dont ceux du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine). Pourtant, le communiqué final contient de nombreux engagements qui satisfont les différentes parties. Les Européens sont contents de voir leur demande de limiter les bonus et leurs montants versés aux banquiers. Les Américains sont contents de voir leur demande d’augmentation des fonds propres et de sécurité des banques ainsi que celle qui enjoint aux gros pays exportateurs de développer leur demande intérieure et aux gros pays importateurs de limiter leur consommation. Les pays émergents sont contents de voir leur présence renforcée dans le FMI (Fonds monétaire international), de noter la volonté de signer un accord de libre-échange en 2010 dans le cadre de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et de voir que le G20 est devenu, de l’aveu même des Etats-Unis, le seul forum international légitime.

Mais, au-delà d’un résultat assez inattendu après les frictions de ces dernières semaines ainsi que les menaces de claquer la porte (dont Nicolas Sarkozy est désormais coutumier), aucune décision concrète n’a été réellement prise. Tous les engagements devront trouver des applications concrètes dans les semaines et les mois à venir ce qui ne sera pas toujours aisé.

Voici le texte de la déclaration finale:

1. Nous nous réunissons en ce moment crucial de transition entre la crise et la reprise pour tourner la page d'une ère d'irresponsabilité et adopter un ensemble de mesures, de règles et de réformes nécessaires pour répondre aux besoins de l'économie mondiale du XXI° siècle.

2. Lors de notre dernière rencontre en avril, nous étions confrontés au plus grand défi pour l'économie mondiale qu'ait connu notre génération.

3. La production mondiale reculait à un rythme sans précédent depuis les années 30. Le commerce s'effondrait. Les emplois disparaissaient rapidement. Nos concitoyens craignaient que le monde ne soit au bord d'une dépression.

4. Nos pays avaient alors décidé de faire tout ce qui était nécessaire pour assurer la reprise, remettre en état nos systèmes financiers et préserver les flux mondiaux de capitaux.

5. Cela a marché.

6. Notre réponse énergique a contribué à stopper la chute dangereuse de l'activité mondiale et à stabiliser les marchés financiers. La production industrielle augmente à présent dans presque toutes nos économies. Le commerce international commence à se rétablir. Nos institutions financières mobilisent les capitaux nécessaires, les marchés financiers se montrent prêts à investir et à prêter, et la confiance est en hausse.

7. Aujourd'hui, nous avons passé en revue les progrès accomplis depuis le sommet de Londres en avril. Les engagements que nous avons pris au niveau national pour rétablir la croissance ont constitué le soutien budgétaire et monétaire le plus vaste et le mieux coordonnée de tous les temps. Nous avons agi ensemble pour augmenter radicalement les ressources nécessaires afin de stopper la diffusion de la crise à l'ensemble du monde. Nous avons pris des mesures pour remettre en état le système de régulation et nous avons commencé à mettre en œuvre des réformes radicales afin de réduire le risque que des excès financiers ne déstabilisent à nouveau l'économie mondiale.

8. Le sentiment de retour à la normalité ne doit pas nous conduire à un excès de confiance.

9. Le processus de reprise et de remise en état reste incomplet. Dans de nombreux pays, le chômage reste à un niveau inacceptable. Les conditions d'une reprise de la demande privée ne sont pas encore totalement réunies. Nous ne cesserons pas nos efforts tant que l'économie mondiale n'aura pas retrouvé sa pleine santé et que les travailleurs partout dans le monde n'auront pas trouvé un emploi décent.

10. Nous nous engageons aujourd'hui à poursuivre notre intervention énergique jusqu'à ce qu'une reprise durable soit assurée. Nous agirons pour faire en sorte que le retour de la croissance s'accompagne de la création d'emplois. Nous éviterons toute suppression prématurée des incitations. Parallèlement, nous préparerons nos stratégies de sortie de crise et, lorsque le moment sera venu, nous cesserons notre soutien exceptionnel de manière coordonnée et coopérative, en honorant notre engagement en matière de responsabilité budgétaire.

11. Alors même que l'action en faveur de la reprise se poursuit, nous nous engageons à adopter les politiques nécessaires pour jeter les fondements d'une croissance forte, durable et équilibrée au XX° siècle. Nous reconnaissons que nous devons agir avec détermination pour surmonter les effets de cette grave crise économique mondiale et pour aider nos concitoyens à faire face aux conséquences de cette crise. Nous voulons une croissance sans cycles d'expansion et de ralentissement extrêmes, et des marchés qui encouragent la responsabilité et non l'inconscience.

12. Aujourd'hui, nous sommes convenus:

13. de lancer un cadre qui définisse les politiques et la manière dont nous agirons ensemble pour parvenir à une croissance mondiale forte, durable et équilibrée. Nous avons besoin d'une reprise durable qui crée les emplois de qualité qu'attendent nos concitoyens.

14. Nous devons passer de sources publiques à des sources privées de la demande, instaurer un modèle de croissance plus durable et plus équilibrée dans tous les pays et réduire les déséquilibres de développement. Nous nous engageons à éviter les cycles déstabilisateurs d'expansion et de ralentissement extrêmes dans le domaine du crédit et du prix des actifs et à adopter des politiques macroéconomiques qui encouragent une demande mondiale adéquate et équilibrée, de manière compatible avec la stabilité des prix. Nous ferons également des progrès décisifs sur les réformes structurelles qui favorisent la demande privée et renforcent le potentiel de croissance à long terme.

15. Notre Cadre pour une croissance forte, durable et équilibrée est un pacte qui nous engage à travailler ensemble pour évaluer mutuellement la compatibilité de nos politiques, à déterminer si elles forment un ensemble cohérent, avec des trajectoires plus durables et plus équilibrées de la demande et de l'offre, des réserves, de la dette, du crédit et de la balance des paiements et à agir si nécessaire pour honorer nos engagements communs.

16. de veiller à ce que nos systèmes de régulation des banques et des autres établissements financiers contiennent les excès qui ont conduit à la crise. Là où l'inconscience et l'absence de responsabilité ont entraîné la crise, nous n'autoriserons pas un retour aux pratiques bancaires antérieures.

17. Nous nous sommes engagés à agir ensemble pour élever les normes en matière de capitaux, pour mettre en œuvre des normes internationales strictes en matière de rémunérations afin de mettre un terme aux pratiques qui entraînent une prise de risques excessive, pour améliorer le marché de gré à gré des produits dérivés et pour créer des instruments plus puissants pour assurer que les grandes sociétés multinationales assument la responsabilité des risques qu'elles prennent. Les normes applicables aux grands établissements financiers multinationaux doivent être à la mesure du coût que représente leur faillite. Nous nous sommes fixés un calendrier strict et précis pour l'ensemble de ces réformes.

18. de réformer l'architecture mondiale pour répondre aux besoins du XX° siècle. Après cette crise, les acteurs essentiels doivent devenir des parties prenantes et s'investir pleinement dans nos institutions pour nous permettre de coopérer afin de jeter les fondements d'une croissance forte, durable et équilibrée.

19. Nous avons désigné le G20 comme étant le forum prioritaire de notre coopération économique internationale. Nous avons créé le Conseil de stabilité financière qui inclut les grandes économies émergentes et nous nous félicitons des efforts qu'il déploie pour coordonner et suivre les progrès du renforcement de la régulation financière. Nous avons pris l'engagement d'un transfert de quotes-parts au profit des pays émergents et en développement dynamiques d'au moins 5% depuis les pays sur-représentés vers les pays sous-représentés en utilisant la formule actuelle des quotes-parts comme la base de notre travail. Nous sommes convenus d'augmenter significativement les droits de vote des pays en développement et en transition sous-représentés à la Banque mondiale. Nous invitons une Banque mondiale réformée à jouer un rôle moteur pour répondre aux problèmes dont la nature exige une action coordonnée à l'échelle mondiale, tels que le changement climatique et la sécurité alimentaire.

20. de prendre de nouvelles mesures pour accroître l'accès des plus démunis à la nourriture, aux combustibles et au financement tout en mettant un frein aux sorties illicites de capitaux. Les mesures visant à réduire les écarts de développement peuvent être un moteur puissant de la croissance mondiale.

21. Plus de quatre milliards de personnes sont toujours insuffisamment instruites, mal dotées en capitaux et en technologies et insuffisamment intégrées dans l'économie mondiale. Nous devons travailler ensemble pour réaliser les changements concrets et institutionnels nécessaires afin que la productivité et les niveaux de vie des pays en développement et émergents se rapprochent plus vite de ceux des pays industrialisés. Pour commencer, nous demandons à la Banque mondiale de mettre en place un nouveau fonds fiduciaire à l'appui de la nouvelle initiative sur la sécurité alimentaire au profit des pays à faible revenu, qui a été annoncée l'été dernier. Nous augmenterons, sur une base volontaire, le financement des programmes destinés à fournir une énergie propre à un coût abordable, tel que Programme de développement accéléré des énergies renouvelables (SREP).

22. d'éliminer progressivement et de rationaliser à moyen terme les subventions inefficaces aux combustibles fossiles tout en apportant une aide ciblée aux plus démunis. Les subventions inefficaces accordées aux combustibles fossiles encouragent la surconsommation, restreignent notre sécurité énergétique, font obstacle à l'investissement dans des sources d'énergie propre et portent atteinte aux efforts de lutte contre le changement climatique.

23. Nous demandons à nos ministres de l'énergie et des finances de nous rendre compte à notre prochaine réunion de leurs stratégies et de leur calendrier de mise en œuvre afin d'honorer cet engagement essentiel.

24. Nous encouragerons la transparence sur les marchés de l'énergie et la stabilité des marchés dans le cadre de nos efforts plus larges destinés à éviter une volatilité excessive.

25. de maintenir notre ouverture et de nous diriger vers une croissance plus verte et plus durable.

26. Nous lutterons contre le protectionnisme. Nous avons pris l'engagement de faire aboutir le cycle de Doha en 2010.

27. Nous ne ménagerons pas nos efforts pour trouver un accord à Copenhague lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques de Copenhague.

28. Nous accueillons chaleureusement le rapport du président du Sommet de Londres que nous avions demandé lors de notre dernière réunion.

29. Enfin, nous sommes convenus d'organiser un Sommet au Canada en juin 2010 et en Corée en novembre 2010. Nous entendons nous réunir chaque année par la suite et nous réunirons en France en 2011.


Alexandre Vatimbella

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