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lundi 17 novembre 2008

EMERGENTS-ECONOMIE. Sommet du G20 : les pays émergents se félicitent de leur nouveau statut


La réunion du G20 à Washington a accouché d’une volonté de fixer de nouvelles règles sans décisions vraiment concrètes. Mais les pays émergents, Brésil, Chine et Inde en tête, eux, se félicitent de ce qu’ils croient être la fin d’un monde unipolaire et occidentalo-centré.


« Je quitte Washington très heureux car la structure mondiale a acquis une nouvelle dimension géopolitique », s’est félicité le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva lors de la clôture du sommet du G20. Même son de cloche du côté des autres pays émergents conviés et notamment ceux du Bric comme la Chine et l’Inde. Il va s’agir, désormais, de traduire cette « émergence des pays émergents » sur la scène de la régulation financière et économique dans les faits. Car, comme l’a ajouté Lula, « nous parlons du G20 parce que le G8 n'a plus de raison d'exister, en d'autres termes, les économies émergentes doivent être prises en considération dans le monde globalisé d'aujourd'hui ». De son point de vue, « Il ne serait pas logique de prendre des décisions politiques et économiques sans les membres du G20. Les pays en développement doivent être totalement associés à la solution de la crise financière mondiale ». Une demande totalement soutenue par Manmohan Singh, le premier ministre indien puisque, selon lui, « les pays émergents ne sont pas responsables de la crise mais ils figurent parmi les victimes les plus gravement touchées », il convient donc que des décisions soient prises rapidement. Pour Hu Jintao, le président chinois, « la réforme du système financier international doit permettre d'établir un nouvel ordre financier international qui est juste, inclusif et méthodique et qui crée un environnement institutionnel en faveur d'un bon développement de l'économie globale. Une réforme complète est celle qui a un plan général et comprend des mesures pour améliorer non seulement le système financier international, le système monétaire et les institutions financières, mais aussi les règles et les procédures financiers internationaux.

Mais, pour Hu Jintao, il faut aussi prendre en compte « la croissance stable et relativement rapide de la Chine » qui est « en elle-même une importante contribution à la stabilité financière internationale et à la croissance économique mondiale ».Néanmoins, cette contribution pourrait s’avérer quelque peu trompeuse dans les semaines à venir si le plan de relance de près de 600 milliards de dollars adopté récemment par la Chine ne donnait pas des résultats rapides. D’où l’intérêt pour l’Empire du Milieu que des décisions concrètes voient le jour dans les quatre mois qui séparent le prochain sommet du G20. D’autant que le nouveau statut de la Chine lui donne le droit de revendiquer une position plus forte dans le concert des nations. Ainsi, pour Jin Liqun, le président du conseil de supervision de la banque d’investissement China Investment Corp (CIC), « la question est de savoir si les pays développés sont prêts à accepter la Chine comme acteur de premier plan. Si vous voulez que la Chine débloque de l'argent lorsqu'il y a une crise mais que la Chine n'a qu'un poids limité au moment du vote, personne ne va discuter avec vous ».

Le nouveau statut des pays émergents devra donc se traduire dans les faits. Reste que pour eux de s’être assis à quasi-égalité pour la première fois à la table des maîtres de l’ancien monde économique et financier pour en construire un nouveau est déjà, en soi, une victoire. C’est bien ce qu’a compris le président de l’Indonésie Yudhoyono en espérant que le sommet du G20 soit « le point de départ d'un processus qui mènera à la réforme de l'architecture financière internationale afin de refléter la réalité du XXI° siècle ». Dans l’esprit du président brésilien Lula, cela signifie très concrètement que « les organisations multilatérales existantes et les règles internationales en place ont été rejetées par l'histoire. Le FMI et la Banque mondiale devraient s'ouvrir à une plus grande participation des pays en développement. Cela veut dire une voix plus forte, une représentation et un droit de vote pour les pays en développement ». Les mois qui viennent verront si ce point de vue devient une réalité.


Alexandre Vatimbella

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