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samedi 18 décembre 2010

LA SEMAINE DE LA MONDIALISATION. La Chine et le monde / Inde & Chine dans le même bateau? / Bric, un club d’adversaires? / Il faut sauver l’Euro(pe)


Un débat fort instructif et réunissant d’éminents sinologues et spécialistes de l’Asie (François Godement, Jean-Luc Domenach, Jean-Pierre Cabestan, Claude Meyer) s’est tenu au CERI (Centre de recherche sur les relations internationales de Sciences Po) sur le thème «la politique extérieure de la Chine a-t-elle changé?». Entre retenue et agressivité, l’Empire du milieu hésite encore mais, ont rappelé les intervenants, tout milite dans l’histoire pour que la Chine veuille se replacer au centre du monde en faisant prévaloir ses uniques intérêts et ce avec une certaine suffisance ainsi qu’une dureté si elle demeure gouvernée par un régime autoritaire. Il faudra bien que l’on se pose la question de savoir pourquoi les intérêts économiques à courte vue des démocraties les ont aveuglées à ce point pour permettre à la Chine de devenir un concurrent certes efficace mais de plus en plus dangereux. Si les multinationales occidentales n’en avaient pas fait l’usine du monde, la Chine ne pourrait être ce qu’elle est aujourd’hui. Ce n’est pas la première fois que les démocraties agissent avec autant d’aveuglement ou pour des profits immédiats. Tout cela ne pourra qu’empirer à moins que les germes de la démocratie ne poussent rapidement du côté de Pékin.
La Chine qui a rendu une visite à l’Inde, tout sourire. L’Inde l’a accueillie avec un sourire mais un peu plus crispé même si Wen Jiabao, le Premier ministre chinois a parlé gros sous avec d’importants contrats et développement commun, reprenant les propos de Manmohan Singh, le Premier ministre indien, qui avait déclaré en 2005, que la Chine et l’Inde, si elles s’alliaient ensemble, pourraient gouverner le monde. On en est encore très loin, et comme le rappelle Christophe Jaffrelot, autre éminent spécialiste mais de l’Inde dans le Figaro, les pays du Bric sont alliés aujourd’hui mais ils le sont avant tout contre les pays avancés afin de se faire une place au soleil à leur détriment. Et le jour où ils auront détrônés les Etats-Unis, l’Europe et le Japon, alors une lutte à mort s’engagera entre eux.
En tout cas, les pays du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) ont monté en puissance en cette année 2010. Cependant, leur club, même s’il ne s’est pas désintégré, a montré ses limites car il est bien évident que leurs intérêts commencent à se télescoper et qu’il en sera de plus en plus le cas dans les années à venir. Deux exemples parmi bien d’autres l’illustrent. Lorsque la monnaie chinoise est sous-évaluée cela a des conséquences négatives sur la monnaie brésilienne qui est alors surévaluée. De même, les exportations chinoises tuent les petites et moyennes entreprises indiennes. Et l’on ne parle même pas des différends frontaliers que la Chine a avec ses voisins russes et indiens ou de la lutte pour conquérir des nouveaux marchés ou pour sécuriser les approvisionnements en matières premières.
Les dirigeants de l’Europe sont encore montés au créneau pour affirmer que l’Euro serait sauvé quoiqu’il en coûte. Car, d’une part, l’abandon de la monnaie unique serait encore plus désastreux qu’une grave crise de la zone euro et, d’autre part, cela sonnerait sans doute la mort de l’Union européenne. Or, les vingt-sept pays membres doivent se rendre compte qu’ils sont déjà assez faibles unis (même si cette union est en ce moment bancale), alors, chacun de leur côté, ils ne pèseraient plus grand-chose. Comme l’a expliqué Nicolas Sarkozy à Bruxelles, vendredi, «si l’Euro tombe, c’est l’Europe qui, à ce moment-là, explosera. (…) Qui peut penser que la France, seule dans le monde d’aujourd’hui, serait plus forte?» Ni les Etats-Unis, ni la Chine, ni le monde entier n’ont également intérêt à la disparition de l’Union européenne qui est un pôle de stabilité démocratique dans le monde.
Alexandre Vatimbella
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