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lundi 25 août 2008

RUSSIE-ECONOMIE. Conflit Russie-Géorgie : Alors que l’Union européenne ne parle plus de sanctions, les Russes prêts à ne pas entrer dans l’OMC


Alors que les Etats-Unis et certains Européens voulaient des sanctions contre Moscou après son intervention en Géorgie, et alors que celles-ci n’étaient pratiquement plus d’actualités, c’est Moscou qui décide de remettre en cause son adhésion prochaine à l’OMC…


S’agit-il d’une provocation de la part du gouvernement russe ? En tout cas, menacée d’être exclue du G8 (les sept pays les plus riches du monde + la Russie) et de ne pas être acceptée dans l’OMC (Organisation mondiale du commerce), la Russie a déclaré qu’elle songeait à mettre un terme à plusieurs accords déjà négociés dans le cadre de sa future adhésion à cette dernière organisation. "Nous proposons de poursuivre les négociations dans le cadre du groupe de travail pour l'adhésion à l'OMC, mais d'informer les partenaires sur la nécessité de sortir de certains accords qui actuellement contredisent les intérêts de la Russie", a déclaré ainsi le premier vice-Premier ministre russe, Igor Chouvalov, lors d'une réunion gouvernementale avec l’approbation du Premier ministre, Vladimir Poutine.

Ce dernier a ensuite affirmé que la Russie remplissait toutes les obligations en vue d'adhérer à l'OMC: "en même temps, notre économie et certaines de ses branches dont l'agriculture portent une charge assez lourde. Cela fait que nous ne voyons et ne ressentons aucun avantage à être membre de l'OMC, à supposer qu'il y en ait. Il faut clarifier tout cela avec nos partenaires. Nous devons réfléchir de la façon la plus sérieuse à la défense de nos producteurs".

Cette nouvelle offensive de Moscou qui répond aux menaces américaines attisées par certains anciens satellites de l’Union Soviétique, en particulier la Pologne, doit cependant être relativisée car ni la Russie, ni l’Europe, ni les Etats-Unis n’ont intérêt à envenimer la situation. Selon de nombreux économistes, les bonnes relations entre la Russie et l’Union européenne sont indispensables pour apporter la confiance nécessaire aux potentiels investisseurs étrangers sur le marché russe. De même, l’isolement de la Russie serait préjudiciable pour les entreprises russes et leur besoin en financement mais aussi en technologies de pointe. A l’inverse, l’Europe est très dépendante du pétrole et surtout du gaz russes et ne serait pas à même de s’en passer en cas de crise avec la Russie. Même si des accords commerciaux seront sans doute remis à plus tard et si quelques tensions se feront encore jour dans les semaines qui viennent, personne n’a donc intérêt à jeter de l’huile sur le feu.


Jean-Louis Pommery
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