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jeudi 7 mars 2024

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La démocratie ne se défend pas un nom du peuple et peut même se défendre contre le peuple!


Ce que nous appelons démocratie en ce début de troisième millénaire ne se défend pas au nom du peuple mais peut même se défendre contre le peuple!

Cette affirmation peut paraître totalement iconoclaste et même irrecevable alors que la définition commune de la démocratie empruntée au président américain Abraham Lincoln explique qu’elle est «le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple».

Et étymologiquement parlant, le terme démocratie veut bien dire pouvoir (kratos) du peuple (démos).

Sauf que le peuple ne possède aucune légitimité à supprimer un régime qui assure la liberté de parler et d’agir, l’égalité de tous devant la même loi, une solidarité entre les membres d’une même communauté et le respect de l’individualité et de la dignité de chacun.

Ainsi, le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, n’est qu’un moyen de pourvoir chacun de ces droits fondamentaux.

Et ce droits fondamentaux ne dépendent pas du bon vouloir d’un peuple.

Car ce que l’on nomme démocratie en ce 21e siècle est un système où évidemment le peuple gouverne (par ses représentants) et pour ses intérêts mais qui dépasse largement ce cadre puisque la présence du «peuple» (qui n’a pas toujours été tous les membres de la communauté) impose que chacun des citoyens aient la liberté de choisir, sa liberté imposant qu’il soit égal à chacun de ses pairs.

Ce qui a pour conséquence que la démocratie assure à tout individu le respect de sa dignité, sa liberté et la possible réalisation de son individualité.

Cela va ainsi bien au-delà du pouvoir du peuple mais a plus à voir avec les quatre valeurs principales de la démocratie: la liberté, l’égalité, la fraternité et la dignité dont tout citoyen est le récipiendaire.

D’autant que la démocratie si elle est le règne de la majorité, se doit de protéger impérativement les droits de la minorité, celle qui ne remporte pas les élections mais aussi les minorités de toute mesure qui en ferait des sous-citoyens voire des non-citoyens.

Dès lors, la démocratie est le seul régime légitime d’une société avancée du 21e siècle et se défend par ses valeurs, ses principes et ses règles qui assure à toute personne qu’elle va pouvoir essayer de vivre son projet de vie et son individualité dans la liberté, dans l’égalité devant la loi.

Et aucun peuple serait-il même unanime n’est fondé de supprimer à quelqu’un sa condition de citoyen qui émane des droits naturels qui s’attachent à chacun dès sa naissance.

Et aucun peuple n’a le pouvoir de mettre fin à un régime qui permet aux générations actuelles mais aussi futures de bénéficier de ses bienfaits qu’aucun autre ne peut leur apporter.

Cela implique qu’aucun peuple ne peut s’arroger le droit d’être au-dessus de la démocratie, qu’aucun groupe quel qu’il soit ne peut remettre en cause son existence.

Mais si l’on peut et doit défendre la démocratie contre le peuple c’est parce que ce peuple peut agir effectivement contre la démocratie et même faire en sorte de la supprimer.

Des dictateurs ont été élus par le peuple ce qui démontre l’absolue nécessité de protéger la démocratie contre ces velléités inadmissibles d’un peuple de la saborder.

Cela constitue même une faute et non pas une erreur parce que les apprentis dictateurs avancent rarement masqués et ont toujours été identifiés comme tel avant de s’emparer du pouvoir.

Dès lors, la démocratie est légitime à se défendre contre le peuple lorsque celui-ci veut la supprimer.

Et ceci n’est en aucun cas un oxymore sachant que la démocratie n’est pas un régime de contrainte donc n’impose pas des restrictions illégitimes aux citoyens qui pourraient avoir, si tel n’était pas le cas, le droit et même le devoir de se révolter.

C’est tout le contraire qui se passe dans les régimes autocratiques et totalitaires où le pouvoir en place limite les droits de la personne et ne respecte ni sa dignité, ni son individualité donnant à chaque individu la légitimité de les combattre.

En démocratie, tous ceux qui ne souhaitent pas utiliser leur liberté, leur égalité et les droits qui vont avec le respect de leur individualité et de leur dignité, sont libres de le faire.

En revanche, dans un régime autocratique ou totalitaire, celui qui veut user de sa liberté, qui réclame son égalité et qui revendique sa dignité et son individualité, ne peut le faire et se trouve en danger physique et psychologique qui peut aller jusqu’à son emprisonnement et sa mort.

L’épanouissement de l’individu passe nécessairement par les valeurs humanistes défendues par la démocratie ce que nous rappellent d’ailleurs tous les peuples qui vivent sous le joug d’autocrates et de dictateurs dont l’espoir est de vivre libre.

La lutte pour la démocratie est toujours une lutte pour la dignité humaine qui n’est pas négociable et ne peut être remise en question par qui que ce soit.

Alexandre Vatimbella

 

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