Les Actualités sur www.ecoinfosmonde.com

lundi 30 décembre 2013

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. Monsieur Poutine, l’arroseur arrosé

Les deux attentats consécutifs qui viennent d’endeuiller la ville de Volgograd dans le Caucase russe sont une nouvelle fois l’œuvre de terroristes sanguinaires pour lesquels on ne peut avoir aucune sympathie, eux qui tuent sans discriminer des civils innocents et qui prônent une idéologie mortifère.
Ces actes rappellent que la communauté internationale doit être unie dans sa lutte contre les extrémismes d’où qu’ils viennent et leurs tueurs sordides.
Mais, à l’occasion de ces attentats, on ne peut s’empêcher de parler du patron de cette Russie meurtrie, monsieur Vladimir Poutine – le grand donneur de leçons aux «Occidentaux décadents» – qui n’a vraiment rien compris à la mondialisation et à cette union de tous les pays de la planète contre l’hydre terroriste.
Ainsi, en Syrie, le chef du Kremlin a tellement tenu à bout de bras le régime criminel de son «ami» Assad que plus aucune solution modérée voire démocratique n’est possible actuellement dans ce pays où, désormais, s’affrontent, face à face, les assassins d’Al Qaeda et ceux du tyran en place pour un pouvoir qui, quel que soit le vainqueur, fera encore des milliers et des milliers de victimes parmi les civils, femmes et enfants en premiers.
Dans le même temps et pour faire la nique à sa bête noire, les Etats-Unis, il a accueilli à bras ouverts, dans la plus pure tradition de la guerre froide, Edward Snowden, l’ancien collaborateur de la NSA qui distille petit à petit tous les secrets de la lutte américaine contre le terrorisme, affaiblissant dangereusement cette dernière, au nom d’un soi-disant combat éthique contre le «big brother» de Washington.
Un Edward Snowden dont on aurait aimé, soit-dit en passant, qu’il nous dise ce qu’il pensait des prisonniers politiques en Russie mais qui, là, a été étrangement muet pour un homme qui donne interviews sur interviews dans tous les médias du monde qui lui offrent une tribune.
Même dans l’organisation de la mondialisation, Poutine a tout faux.
Pour éviter la décadence de sa chère Russie, il a décidé de faire alliance avec la Chine dans le fameux club du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), pensant en retirer des avantages pour faire revivre, son fantasme à peine voilé, une sorte d’Union Soviétique, uniquement mue par un nationalisme russe rétrograde ainsi que de bas étage.
Mais le seul résultat tangible du Brics a été de sortir la Chine communiste de son isolement diplomatique en prenant le leadership de ce club où la Russie n’a absolument rien gagné et grâce auquel Pékin peut maintenant afficher son hubris en menaçant ses voisins et leur allié américain de ses foudres comme c’est le cas actuellement avec le Japon, l’Inde, les Philippines, le Vietnam et, sans doute, demain, la Russie!
Au lieu d’ouvrir son pays vers l’Europe, il a continué de privilégier la constitution d’un «glacis» de pays «amis» à la mode stalinienne autour des frontières occidentales russes, comme en Biélorussie ou en Ukraine, ainsi que le montre la crise encore chaude dans cette dernière nation, ancienne «république sœur», qui souhaitait s’ouvrir à l’Union européenne et à son régime démocratique pour ne pas tomber dans le sous-développement à terme.
Et l’on pourrait malheureusement multiplier les exemples de ce genre.
Car monsieur Vladimir Poutine est tout sauf le grand leader qui passera pour le sauveur de la Russie éternelle dans les livres d’Histoire.
Il sera plutôt celui qui aura empêché la vraie et indispensable rénovation politique, économique, sociale et sociétale de son pays au nom de rêves de grandeur obsolètes et d’une vision particulièrement étriquée de la mondialisation et de la globalisation.
Sans oublier sa vision réactionnaire de la modernité que l’on retrouve dans les brimades vis-à-vis de tout ce qui est «différent».
La lamentable affaire de l’emprisonnement des Pussy Riot pour avoir dansé contre Poutine dans une église mais aussi les lois anti-homosexuels montrent bien comment cette vision peut être également une catastrophe en terme d’image pour la Russie.
Pour finir, revenons un instant à la Syrie où nombre de médias occidentaux, trop contents de faire de l’«Obama bashing», ont loué la stratégie de sortie de crise de Moscou avec la proposition de l’élimination, acceptée par Damas, des armes chimiques d’Assad (qui reste malgré tout difficile à mettre en place).
Des médias qui ont seulement «oublié» que c’est bien grâce à Poutine que le même Assad a pu, en toute impunité, utiliser ces armes scélérates et que ce même Poutine a permis à ce criminel de se maintenir au pouvoir alors qu’il aurait plus sa place dans le box du Tribunal pénal international.
Surtout, il a réussi à faire du dictateur de Damas la seule solution acceptable aujourd’hui en Syrie face aux menaces terroristes.
Oui, monsieur Poutine n’a vraiment rien compris à la mondialisation…. Et à quelques autres choses!
Tout cela ne doit pas faire oublier ce peuple russe qui vient d’être endeuillé et qui doit supporter l’incompétence de son leader auquel, il faut bien l’avouer, il apporte largement son soutien même si les élections sont en partie truquées.
Les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, station pas très éloignée de Volgograd, arrivent à grands pas. Espérons vivement que le grand leader autoproclamé sera capable à cette occasion d’éviter des bains de sang à sa population.
Alexandre Vatimbella

© 2013 LesNouveauxMondes.org