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mardi 10 décembre 2013

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. Doit-on espérer un échec de la Chine?

Voilà, sans doute, une question un peu provocante. Personne ne peut souhaiter qu’un peuple soit dans les difficultés. En fait, c’est de l’échec du Parti communiste chinois dont il faudrait parler.
Car son succès et celui de sa société de consommateurs nationalistes non-citoyens mus par un «rêve chinois» qui veut restaurer la «grandeur» notamment militaire de l’Empire du Milieu face au reste de la communauté internationale pour retrouver son range et venger ses humiliations du XX° siècle est, elle, une véritable menace.
Une menace pour le monde à la fois économique, environnementale et militaire.
Menace économique car la Chine s’est engouffrée avec un succès incroyable dans les failles du capitalisme pour assoir sa place de deuxième économie mondiale derrière les Etats-Unis et devant le Japon.
Mais elle n’a que peu respecté les règles, notamment celles de la concurrence avec un dumping massif et l’incapacité pour les entreprises étrangères de s’installer facilement sur son marché intérieur, ce qui risque de déstabiliser encore pour longtemps l’économie mondiale.
Menace environnementale évidente que même le pouvoir communiste reconnait désormais. La pollution est partout, dans l’air, dans l’eau, dans la terre et la tâche de l’éradiquer sera autrement pharaonique par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde.
Sans aucun contre-pouvoir, le Parti communiste a ainsi pu faire ce qu’il voulait dans ce domaine au risque d’empoisonner son peuple mais également toute la planète, la pollution ne respectant que peu les frontières installées par les humains…
Menace militaire qui vient à nouveau de se manifester dans toute sa crudité et son cynisme face au Japon (et donc face aux Etats-Unis, premier allié de Tokyo en Asie) avec la création de cette zone de sécurité aérienne sans aucun fondement juridique mais aussi vis-à-vis de l’Inde où, de nouveau, Pékin vient de menacer New Dehli à propos des différends frontaliers.
Sans oublier que Xi Jinping glorifie sans cesse l’Armée populaire dont il veut en faire le fer de lance de son «rêve chinois» qui ferait, in fine, de la Chine la puissance dominante en Asie puis dans le monde, ambition désormais clairement assumée.
Notons que tous les différends entre la Chine en Asie concernent principalement des pays démocratiques: Japon, Inde, Philippines, Corée du Sud, Taïwan.
Une menace pour le peuple chinois qui risque de payer sa prospérité par une dictature obscurantiste où sa dignité et sa liberté ne seront que peu respectées pendant que la clique au pouvoir continuera de s’enrichir, en particulier par la corruption tout en permettant à une partie de la classe moyenne de bien gagner sa vie afin de la détourner de toute velléité de revendications démocratiques.
Une menace tout court car la victoire d’un régime dictatorial, notamment en matière économique et militaire, ne peut, qu’à terme, donner des idées à d’autres.
Mais l’échec de l’aventure actuelle de la Chine est peut-être contenu dans ce cocktail détonnant qui a permis jusqu’à présent cette réussite insolente.
Sans véritables réformes politiques, économiques, sociales, stratégiques, environnementales, le pays court tout seul à la catastrophe (le problème est qu’il peut là aussi entraîner les autres avec lui).
Le répéter alors que rien ne se passe est souvent raillé par les partisans de la Chine actuelle.
Cependant, tous les experts estiment que l’équilibre précaire peut se rompre à tout moment, que ce soit demain ou dans quelques années. La question fondamentale, d’ailleurs, n’est pas si, sans réformes, cette catastrophe va se produire ou non mais quand elle va survenir.
D’ailleurs, en matières économique et environnementale, Xi Jinping tente de faire des réformes même si beaucoup d’observateurs doutent de leur véritable mise en place comme ce fut déjà le cas par le passé.
Ce n’est évidemment pas du possible échec de la Chine qu’il faut se réjouir, bien au contraire. Une Chine prospère, pacifique et harmonieuse pour reprendre la rhétorique du pouvoir en place ne peut qu’être un bienfait pour tous les habitants de la terre.
Mais, on l’a compris, la réussite qu’il faut souhaiter au peuple chinois passe par la liberté et l’égalité sans oublier une bonne dose de fraternité. Et quoiqu’on en dise, cela s’appelle la démocratie.
Alexandre Vatimbella

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