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dimanche 10 juillet 2016

Le Focus. Chantages et menaces, seules armes de la Russie?

De ses années communistes et d’empire soviétique, la Russie de Vladimir Poutine a gardé ce comportement d’agressivité continuelle sur la scène internationale.
Dernière réaction en date, les déclarations martiales après le sommet de l’OTAN et la décision prise par celle-ci de renforcer sa présence militaire face aux provocations constantes russes de toutes sortes.
Pour être reconnue comme grande puissance alors même que les fondations du régime étaient d’une friabilité extrême comme le prouvera son auto-effondrement dans les années 1990 – et non pas une quelconque conspiration capitaliste –, l’URSS montrait constamment les dents et était dans la menace constante d’un point de vue rhétorique.
Si Gorbatchev puis Eltsine ont essayé de changer cela avec un certain courage, ils ont échoué parce que la communauté internationale se méfait toujours d’une Russie qui, tout au long se son histoire, a plutôt utilisé une diplomatie musclée qu’un soft power.
Surtout, parce que la Russie a systématiquement refusé de faire son aggiornamento, non pas pour rentrer dans le rang mais pour s’adapter à la nouvelle donne qui était celle de la mondialisation, de la globalisation et du leadership américain puis d’un duo Etats-Unis-Chine et à ce que le pays était en réalité, une puissance économique de seconde zone, en lambeaux et que seules les matières premières permettaient de maintenir en vie.
Plutôt que de jouer une mondialisation ouverte et s’attaquer au délabrement de son économie grâce aux rentrées de devises venant du pétrole et du gaz, ce qui aurait demander courage, responsabilité et capacité, la Russie, avec l’arrivée de Poutine, a choisi l’affrontement à l’extérieur et la corruption ainsi que la chasse aux opposants à l’intérieur, seul moyen à sa disposition aux yeux du maître du Kremlin pour demeurer un pays qui compte.
C’est évidemment dommage pour la paix et l’entente entre les peuples.
C’est encore plus dommageable pour la Russie et ses citoyens.
Abreuvée jusqu’à plus soif de propagande et de fausses informations, voire de tricheries organisées (comme celle du dopage de l’ensemble des sportifs du pays pour gagner des compétitions et vanter ainsi la grandeur du pays), vivant dans le culte d’un passé héroïque largement exagéré – avec une admiration d’une partie importante d’entre elle envers le boucher Staline – la population russe s’est rangée derrière le va-t-en-guerre Poutine espérant dans la renaissance du pays par un coup de baguette magique.
Ce dernier n’a d’ailleurs qu’un plan basique et extrêmement dangereux, se confronter le plus possible aux Etats-Unis et à ses alliés, notamment l’Union européenne.
On l’a vu en Crimée.
On le voit en Syrie.
Sans parler de toutes les prises de position sur de multiples questions, uniquement parce les Etats-Unis et l’Europe ont dit le contraire.
Il espère ainsi qu’on le reconnaîtra à sa juste valeur sur la scène internationale et qu’on fera une place à la Russie dans le concert des superpuissances.
Or, ces dernières qui ne sont que deux, les Etats-Unis et la Chine à un degré moindre pour l’instant, n’ont aucune envie de faire assoir la Russie de Poutine à leurs côtés et ce dernier le sait bien.
Pour autant, afin de garder son pouvoir, il doit concrétiser cette ambition jusqu’à jouer avec la paix mondiale et les intérêts de son pays.
L’exemple le plus frappant est ce rapprochement improbable entre la Russie et la Chine, deux pays qui se regardent en chiens de faïence depuis des siècles.
La puissance économique et militaire de la Chine est bien plus dangereuse pour la Russie que pour les Etats-Unis ou l’Union européenne.
Le marché russe est très intéressant pour les produits chinois alors que ceux de la Russie n’ont quasiment aucun intérêt pour la Chine, ce qui risque à terme de tuer une grande partie du tissu industriel russe.
Les grands espaces vides de population de la Russie sont une aubaine pour la Chine qui rêve de les peupler avec ses ressortissants avant sans doute de les réclamer, les différends frontaliers et territoriaux entre les deux pays étant extrêmement nombreux et n’ont jamais cessé même au temps de l’entente Mao-Staline.
Devant une Russie très mal en point, en grande partie de par sa faute, Poutine n’a en effet que les armes des menaces et du chantage pour parvenir à ses fins.
Et l’on sait, malheureusement, que celles-ci sont capables de causer des tragédies.

Alexandre Vatimbella
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