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dimanche 5 juillet 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Crise grecque: Quand la démocratie joue contre la démocratie

Les Grecs ont choisi de dire non aux propositions de l’Union européenne pour les sortir de la crise dans laquelle ils se sont mis eux-mêmes.
Au-delà des conséquences pour le pays lui-même (sortie de la zone euro, voire de l’Union européenne, sans parler de sa possible paupérisation à long terme), pour la zone euro, pour l’Union européenne et pour la stabilité du système financier mondial, ce résultat est un coup de porté à la démocratie par la démocratie elle-même!
En effet, le peuple grec a refusé ce qui est un élément essentiel du bon fonctionnement des règles démocratiques, la responsabilité.
Que ce soit la responsabilité d’assumer ses actes et la responsabilité de tout tenter pour réparer ses erreurs, les Grecs ont choisi l’irresponsabilité en accusant le monde entier de leur malheur sauf eux…
Car c’était bien cela le fond même du référendum organisé par le parti d’extrême-gauche au pouvoir, Syriza, et de son leader, Alexis Tsipras.
Les électeurs devaient, en réalité, signifier s’ils s’estimaient responsables de l’état de leur pays ou s’ils fermaient les yeux, se bouchaient le nez et les oreilles tout en ouvrant la bouche pour affirmer qu’ile étaient victimes d’un complot international, d’une attaque «terroriste» comme l’a nommée le ministre des Finances tout aussi irresponsable que les électeurs, Yanis Varoufakis, incapable de trouver une solution viable aux problèmes de son pays.
Il fallait voir avec quelle hargne nombre de Grecs interrogés dans les multiples reportages réalisés par les télévisions du monde entier affirmaient qu’ils allaient voter non à l’Europe, l’Allemagne, Angela Merkel, Jean-Claude Junker et tous les noms qui leur passaient par la tête.
Ce qui est inquiétant également, c’est le soutien que l’irresponsabilité du peuple grec a suscité dans beaucoup de pays.
Et pas seulement des extrémistes de gauche et de droite comme en France réunis au sein d’une alliance improbable qui en dit long sur les ressemblances de tous les ennemis de la démocratie républicaine.
Cela démontre que les travers qu’engendre un régime démocratique quand il lui manque un de ses ingrédients les plus importants (le respect, la solidarité, la tolérance, la liberté, l’égalité et ici la responsabilité) aboutissent à affaiblir la démocratie elle-même.
Loué comme l’acte démocratique suprême, le référendum a été instrumentalisé dans le cas de le Grèce pour qu’un peuple et ses dirigeants se déclarent irresponsables de leurs actes.
Voilà qui va ravir tous les sceptiques de la démocratie dans le monde – et ils sont nombreux – qui estiment que les peuples ne sont pas capables de prendre leur destin en main et qu’ils se jettent souvent dans les bras des populistes démagogues qui prétendent raser gratis tout en fustigeant les «autres», ceux qui savent qu’un barbier ne peut pas vivre sans salaire…
Ce qui est préoccupant c’est, bien sûr, qu’un gouvernement puisse organiser une consultation populaire pour demander à son peuple de s’absoudre lui-même de ses erreurs et de ses fautes mais c’est aussi la possibilité d’utiliser la démocratie contre elle-même.
Bien entendu, ce n’est pas la première fois que les règles démocratiques aboutissent à fragiliser la démocratie.
Nombre de dictateurs sont arrivés au pouvoir par les urnes, par exemple.
Ce qu’il faudra voir, également, c’est si ce référendum va créer un précédent et la pression qui va se faire jour dans nombre de pays pour en organiser avec ce genre de question.
Le danger: la perte de légitimité de la démocratie.
Alexandre Vatimbella
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