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vendredi 17 mai 2013

ACTU-MONDIALISATION. La Chine de Xi Jinping sclérosée et dangereuse?


Qui est vraiment Xi Jinping, le premier parmi les nouveaux maîtres de la Chine (les sept membres du Comité permanent du bureau politique du Parti communiste)? Le désormais Président de la république populaire de Chine et Secrétaire général du Parti communiste chinois demeure encore une sorte d’énigme même si l’on commence à mieux cerner son profil et que ses premiers actes ainsi que ses premières paroles permettent, tout en les reliant à son passé politique, de commencer à discerner ce que sera ses dix années de pouvoir qui se profilent.
Et le moins que l’on puisse dire est que l’espoir de voir la Chine se démocratiser, se libéraliser en matière économique et lutter contre ses démons actuels comme la corruption est mince.
Selon Willy Lam, professeur à l’université de Hong Kong, et qui vient de donner une conférence à l’IFRI (Institut français des relations internationales) sur Xi Jinping, ce dernier n’est absolument pas l’homme de la situation pout gouverner la Chine et la moderniser.
D’abord parce qu’il fait partie des «princelings», ces fameux héritiers du régime dont les parents ont occupé des postes de direction (même si certains ont connu des disgrâces plus ou moins longues). Cette caste vit souvent en dehors de la réalité et est une des plus corrompues du pays.
Ensuite, parce que la formation du nouveau maître de la Chine est peu en adéquation avec les défis à relever. De diplômes universitaires obtenus avant la réelle réforme de l’éducation jusqu’à son absence de compétences en matière internationale, Xi accumule les lacunes.
Enfin, il est un admirateur de Mao Tsé-dong et voit le monde à travers le prisme de sa pensée, ce qui n’est pas fait pour rassurer tant la Chine du Grand timonier flirta avec les catastrophes et fut le théâtre de massacres ayant fait des millions de morts.
Du coup, il ne sera pas capable de relever le principal challenge du pouvoir qui, selon Willy Lam, est de lutter contre la corruption endémique qui gangrène tout le pays.
En outre, son concept de «rêve chinois» qu’il a d’ailleurs emprunté à certains intellectuels de la fin du XIX° siècle qui voulaient revitaliser l’empire qu’ils voyaient s’effondrer et qui, eux-mêmes, s’étaient inspirés du renouveau japonais alors en cours pour le concevoir, n’est qu’une simple mixture nationaliste d’une forte économie couplée avec un appareil militaire puissant.
L’objectif de Xi Jinping est de faire de la Chine la première puissance économique en 2021, centième anniversaire de la création du PC chinois et la première puissance militaire en 2049, centième anniversaire de la prise de pouvoir de ce même PC. Une ambition qui devrait logiquement inquiéter le monde et, plus particulièrement, tous les voisins de la Chine.
Quant aux réformes, il devrait y en avoir en matière financière tant le pays flirte avec la catastrophe dans ce domaine mais il ne faut pas en espérer en matière politique explique Willy Lam qui affirme que les dix prochaines années s’annoncent noires dans ce domaine, d’autant qu’il ne voit aucune possibilité pour le peuple d’infléchir la politique qui est en train de se mettre en place. Une opinion qu’il dit être partagée par une majorité d’intellectuels chinois.
Alexandre Vatimbella avec la rédaction de LesNouveauxMondes.org
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