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lundi 8 août 2022

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Notre capacité à lutter contre les injustices implique de vivre dans la réalité

Pour un humaniste, reconnaître la réalité, ce n’est pas l’accepter.

Au contraire, cela permet de transformer notre désespoir face aux injustices en une révolte salutaire c’est-à-dire constructive, positive, camusienne, celle qui va changer le monde par la réforme et non en une rébellion violente, voire nihiliste, qui prétend changer de monde en faisant table rase, cette utopie révolutionnaire qui a fait tant de ravages et de victimes et qui n’a jamais amélioré la condition humaine.

Car rejeter la réalité, c’est-à-dire ce qui est, ce que nous sommes dans les grandes constances de l’existence, c’est être dans la fantasmagorie la plus totale et surtout la plus inefficace pour s’attaquer aux injustices.

Le déni de réalité conduit à échafauder des idéologies sur lesquelles s’appuient les systèmes totalitaires qui affirment que l’on peut changer de monde, donc, in fine, changer d’humains avec tout ce que cela implique de terrifiant.

On voit bien dans l’Histoire les dégâts causés par de telles élucubrations et la volonté de créer par la contrainte un «homme nouveau».

Certains, par ailleurs, croient avec honnêteté et sincérité que l’on peut lutter contre les ajustices de la vie sur Terre alors que celles-ci sont des données intangibles et que, par ailleurs, elles fondent, qu’on le veuille ou non, nos différences ontologiques c’est-à-dire notre individualité qui fait ce que nous sommes, chacun de nous, et qui nous distingue de tous les autres.

Nous devons prendre en compte ces ajustices pour tenter d’atténuer leurs conséquences tout en sachant que nous ne les ferons pas disparaître.

Là aussi intervient le principe de réalité qui, comme pour les injustices, permet de trouver des solutions concrètes et applicables pour changer le monde.

Il est évident que le réel est un ennemi des extrémismes et des populismes et que ceux-ci tentent de lui substituer des «vérités alternatives» qui ne reposent sur aucun fait mais sur des théories hors-sol, c’est-à-dire qui n’entretiennent aucun lien direct avec ce qui est.

En ce troisième millénaire, il est frappant de voir, malgré une élévation du niveau d’instruction et de connaissances des populations que la réalité demeure une sorte de nuisible qui serait porteur de tous les maux alors même qu’elle ne reflète que notre inaptitude collective à vraiment s’attaquer aux injustices.