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dimanche 23 août 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Chine: et si le moment tant redouté était arrivé?

Cela fait plusieurs années que les spécialistes de la Chine annoncent une forte baisse de la croissance économique qui, selon eux, pourrait avoir des conséquences graves, voire plus, sur la société chinoise, sur le monde politique, sur le social et le sociétal, sans parler du développement économique du pays.
Mais, jusqu’à présent, par des plans de relance sans nuances mais aussi grâce à sa marche en avant plus robuste qu’on pouvait le penser (même si les statistiques officielles radieuses ont toujours été plus ou moins mensongères), Pékin a déjoué les pronostics sombrent que certains faisaient sur son futur proche.
Néanmoins, les récents problèmes financiers, dont l’effondrement des bourses de Shanghai et de Shenzhen, la baisse de la production, celles des exportations et de la consommation ainsi que de mauvais chiffres dans bien ses secteurs économiques comme la téléphonie mobile mais aussi les problèmes structurels d’une économie incapable de réinventer son modèle à bas coûts et d’exportations effrénées et subventionnées, ont montré une fragilité de la Chine qui semble annoncer des lendemains difficiles.
Des experts parlent désormais d’une croissance sous les 4% pour la Chine cette année.
Si c’est le cas, alors l’ensemble de la planète peut se poser des questions.
Car, dans une globalisation telle que nous la connaissons actuellement, l’onde de choc du ralentissement chinois ou pire, aura des conséquences évidentes.
Les économistes ne sont pour l’instant pas d’accord entre eux sur l’ampleur de ces dernières.
Certains estiment que la contagion chinoise devrait être moins dangereuse que celle issue de la Grande récession de 2008 survenue aux Etats-Unis.
Mais d’autres, devant l’accumulation de mauvaises nouvelles en provenance de l’Empire du milieu tirent la sonnette d’alarme.
Ils parlent d’une potentielle récession mondiale importante au vu des derniers développements (chute des prix des matières premières, des devises des pays émergents, des bourses occidentales, etc.).
En tout cas, les pays émergents à la croissance qui semblait flamboyante et inarrêtable sont les premiers impactés avec une machine économique dans le rouge, voire dans le noir comme c’est le cas du Brésil ou de la Russie, deux pays qui vivent surtout de leurs exportations de matières premières.
Sans parler d’un continent comme l’Afrique qui s’était mis sous la tutelle chinoise pour solidifier son décollage économique même si celui-ci se faisait, encore une fois, par le pillage de ses ressources et l’exploitation de sa main d’œuvre.
Le monde retient donc son souffle tant le dérèglement économique de la Chine peut dépasser le seul domaine de la globalisation (économie et finance) et se traduire par des bouleversements au niveau de la mondialisation (en matière politique et sociétale ainsi que dans le rapport de force entre les pays).
De même, cela pourrait déstabiliser le pouvoir en Chine qui tire sa légitimité de cette croissance sensée amener la prospérité pour tous au fur et à mesure de sa marche inexorable, ce qui permet, en outre, au Parti communiste de demeurer le seul maître du pays et à ce dernier de ne pas se déchirer comme ce fut le cas tout au long de son histoire tourmentée.
Une déstabilisation évidemment hautement dangereuse pour les voisins de la Chine (Japon, Inde, Taïwan, Indonésie, Philippines, Vietnam, etc.) ainsi que pour les Etats-Unis et l’Europe.
Au-delà de savoir comment la communauté mondiale va trouver une solution si la crise chinoise devait s’avérer d’une grande ampleur, il faut aussi se demander comment Pékin va décider de s’en sortir.
Généralement, tout pouvoir autoritaire et dictatorial choisit la fuite en avant.
Les plans de relance adoptés par le Parti communiste chinois qui aboutissaient à construire des infrastructures inutiles à coups de milliards de dollars en étaient une des options.
Ils ne marchent plus ainsi que l’injection de fortes sommes dans le système financier délabré et gangrené par la corruption.
Une autre, c’est de devenir encore plus répressif à l’intérieur des frontières afin d’éviter toute contestation du régime et les manifestations de mauvaise humeur de la population tout en devenant encore plus agressif vis-à-vis de la communauté internationale, au premier chef vis-à-vis de ses voisins en montant en épingle les conflits divers et variés (notamment sur le plan frontalier), sans oublier une confrontation encore plus directe et potentiellement explosive avec les Etats-Unis.
Une sorte de nouvelle guerre froide.
Xi Jinping, le maître la Chine a toujours regretté l’effondrement de l’Union soviétique, se dit un admirateur de Mao Zedong, responsable de la faillite de son pays et de dizaines de millions de morts et utilise sa fameuse lutte contre la corruption pour se débarrasser de ses opposants.
De quoi faire frémir.
Alexandre Vatimbella
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