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lundi 23 septembre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Thierry de Montbrial: la revanche des Etats-nations face à la mondialisation

Bien sûr, ils n’avaient jamais abdiqué leurs pouvoirs et leurs souverainetés mais au cours des premières années du XXI° siècle on avait cru à une percée définitive de la coopération mondialisée avec des organismes internationaux qui semblaient devenir des assemblées décisionnelles de la gouvernance mondiale comme, par exemple, l’OMC ou le FMI sans parler, après 2008, du G20 qui devait ainsi devenir le nouveau gouvernement mondial.
Mais, en cette année 2013, la realpolitik semble avoir balayé tout cela avec le fiasco de ces grandes messes mondialisées incapables de prendre de véritables décisions et le retour en force des Etats-nations dans le cadre de relations bilatérales et multilatérales dont ils demeurent les acteurs décisionnaires principaux comme l’estime Thierry de Montbrial dans le nouveau rapport Ramsès de l’IFRI (*).
Ainsi, le directeur de l’IFRI affirme qu’«il suffit d’ouvrir les yeux pour constater que les Etats continuent d’exister, qu’ils tendent même à s’affirmer davantage, et que les valeurs du nationalisme (ou du patriotisme!) se portent au mieux, pour le meilleur ou pour le pire».
Et ce n’est pas pour lui déplaire, lui qui pense qu’«il faut en finir avec la vision naïve d’une mondialisation qui aurait rendu le monde ‘plat’».
Car les Etats forts sont ceux qui peuvent s’opposer à un monde où l’instabilité est de règle, notamment par les actions violentes des mouvements terroristes, en particulier au Moyen Orient (mais aussi largement en Afrique et en Asie) où règne encore un «monde préwestphalien», c’est-à-dire qu’«on ne peut souvent comprendre les situations qu’«en prenant acte de ce que les réseaux traditionnels, clairement distincts des Etats et beaucoup plus anciens qu’eux (familles, tribus, ethnies, etc.) l’emportent sur les cadres plaqués à l’occasion des discontinuités de l’histoire».
Fort de ce constat, Thierry de Montbrial approuve largement la vision russe du conflit syrien d’une lutte entre un pouvoir laïc dirigé par le clan Assad (qui protège notamment la minorité chrétienne du pays) et des forces islamistes menées essentiellement par Al Qeida qui veulent instaurer un régime religieux radical.
Non pas que le régime d’Assad représente le bien mais que, dans une vision de realpolitik évoquée plus haut, il est le rempart à quelque chose d’encore pire que lui, pour la stabilité de la région et du monde comme il l’a expliqué lors de la conférence de présentation du rapport.
Même en matière économique, le directeur de l’IFRI affirme que le nationalisme est plus fort que la mondialisation et pas seulement dans des pays comme la Chine: «avec l’idéologie de la mondialisation libérale s’est développé le mythe des entreprises transnationales flottant en quelque sorte en dehors des Etats».
Tout au contraire, selon lui, «l’un des critères de puissance d’un Etat est le nombre et l’importance des entreprises ayant la nationalité de cet Etat».
Et de poursuivre: «ce sont les Etats les plus forts qui sont les mieux placés pour défendre leurs intérêts nationaux dans le domaine des entreprises, en utilisant toutes les ressources de leurs réseaux, y compris dans leurs prolongements étrangers».
Au vu de la situation de la planète, la vision de Thierry de Montbrial semble loin d’être incongrue…
Alexandre Vatimbella avec la rédaction de l’agence
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(*) Ramsès 2014 – Les jeunes vers l’explosion? / Direction de Thierry de Montbrial et Philippe Moreau Defarges / Dunod / 32 €