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mardi 3 janvier 2012

MONDIALISATION-EDITORIAL. 2012, année à risques pour la planète et la globalisation


Que sera le paysage économique mondial à la fin de cette année? Bien présomptueux celui qui pourrait le décrire avec précision tant la situation actuelle peut évoluer en mieux mais aussi en pire…
Si 2011 a passé la main à 2012, elle lui a aussi refilé tous les problèmes qui, s’ils ont été moins présents dans les médias, trêve des confiseurs oblige, n’ont évidemment pas disparu et ne se sont guère résorbés.
Rappelons-en quelques-uns rapidement: crise de la zone euro; crise des dettes publiques; déficits publics grandissant; ralentissement de la croissance localement et mondialement; réchauffement climatique avec progression de la sécheresse dans certaines parties du monde; guerres possibles pour l’accès à l’eau potable; pauvreté en progression; chômage de masse ; système financier incontrôlable; inflation rampante dans les grands pays émergents; bulle immobilière et crédits inrecouvrables en Chine; prix-yoyo des matières premières; menaces violentes pour la stabilité mondiale en Iran, Irak, Afghanistan, Corée du Nord, Somalie, Yemen, Kenya, entre autres.
Et, sans doute, plus grave que tout, perte totale de foi dans l’avenir qui ferait que tout ce que l’on vient de citer ci-dessus soit plus vu comme la réalité d’une apocalypse imminente que comme une incitation à relever les défis comme sait si bien le faire l’humanité quand elle s’en donne les moyens.
Une chose est sûre, la crise est mondiale. Bien sûr, elle touche plus ou moins les pays. La Grèce n’est pas la Chine et inversement. Pourtant, même l’Empire du Milieu, qui se croyait à l’abri, a vu son activité économique fragilisée, tout comme les autres pays émergents, surtout en Inde et au Brésil. Et les prévisions pour 2012, si elles ne sont pas (encore) catastrophiques, sont loin de ce que pouvaient espérer leurs gouvernements il y a tout juste un an ou même six mois.
Evidemment, c’est d’abord en Europe que les choses doivent être réglées au plus vite. L’année électorale qui débute en France et qui durera jusqu’en juin avec les législatives qui suivront la présidentielle d’avril, sera-t-elle propice aux grandes décisions difficiles de la part d’un président-candidat à sa propre succession? Nicolas Sarkozy affirme que oui, la situation exige que cela le soit, les antécédents en la matière montrent malheureusement que non…
Reste que ni la France, ni l’Allemagne, ni la zone euro, ni l’Union européenne ne peuvent demeurer immobiles et attendre que l’orage passe. Si tel était le cas, ce serait un ouragan qui risquerait bien de tout dévaster.
Les décisions seront difficiles mais elles sont nécessaires. Elles doivent parvenir à redonner la confiance tout en ne tuant pas dans l’œuf toute velléité de reprise par une austérité au-delà de la mesure. Mais c’est justement la mesure de cette mesure qui fait problème!
Assainir les finances publiques uniquement pour plaire aux marchés financiers serait une hérésie car ceux-ci demanderont toujours plus aux gouvernements alors que leur fonctionnement, largement incontrôlable et, surtout, incontrôlé, continue de faire peser des menaces sur la globalisation.
Pour autant, relancer la machine productive à tout prix peut également être dangereux en creusant les déficits publics au-delà d’un niveau acceptable (d’autant que celui-ci semble déjà atteint, voire dépassé, dans beaucoup de pays européens). Sans parler d’une possible inflation (qui aurait comme effet positif d’alléger les dettes publiques…) et d’un développement insoutenable pour la planète.
C’est pourquoi la mondialisation et, surtout la globalisation économique, sont à la croisée des chemins une nouvelle fois. Régler les dysfonctionnements actuels en mettant en place une organisation mondiale capable de relever les défis d’aujourd’hui et de demain est une obligation.
Mais comme il n’y a aucune autorité assez forte pour faire respecter cette obligation, celle-ci n’est pour l’instant qu’un vœu pieux.
Ce qu’il faudrait, c’est une gouvernance mondiale digne de ce nom. En prend-on le chemin? Il semble bien que non et, comme le disait avec une pointe d’ironie teintée de découragement, une personnalité publique, qui peut citer une seule mesure prise lors du dernier G20 qui s’est tenu à Cannes alors même que tous les dirigeants qui y ont participé affirmaient l’urgence d’agir?!
D’autant que l’idée est toujours là que l’on peut se sauver chacun de son côté, en croyant que les autres seront de simples faire-valoir que l’on n’a guère besoin d’associer à ses décisions.
Regardons, par exemple, le début de campagne présidentielle en France. Lorsque tous les candidats «sérieux» viennent dire qu’il faut produire en France, acheter français, consommer français, relocaliser les productions en France, mettre en place des taxes contre la concurrence internationale déloyale (comme la TVA «sociale» ou encore «anti-délocalisation»), pas un mot sur l’acceptabilité par nos principaux «partenaires» économiques de ces mesures qui pourraient en susciter d’autres , en retour, ou plutôt, en représailles.
C’est bien alors tout un arsenal protectionniste qui pourrait voir le jour au cours de cette année qui commence avec l’énorme risque de plomber le commerce international qui, dès lors, plongerait le monde dans une grave crise avec tout ce que cela comporte de tensions géopolitiques et géostratégiques. Et n’oublions jamais que, pour un Etat, faire la guerre est un autre moyen de faire de la politique quand la situation l’exige…
Nous n’en sommes pas encore là, heureusement, et 2012 ne devrait pas être celle d’un conflit mondial même si, dans certaines parties du monde, les conflits vont continuer et que d’autres s’annoncent comme possibles ou même probables.
Néanmoins, la lente dégradation qui pourrait continuer à ronger le développement un peu partout augmenterait sensiblement les probabilités de se retrouver, dans les années qui viennent, face à une voie sans issue qui amènerait à une explosion violente de la planète.
C’est en ce sens, aussi, que cette année est importante pour mettre en place des mécanismes de plus en plus efficaces pour se parler, s’entendre et agir en commun.
Ce n’est sans doute pas celle de la «dernière chance» comme veulent nous le faire croire les oiseaux de mauvais augure, dont certains ont un intérêt évident à jeter de l’huile sur le feu, mais c’est, sans nul doute, celle où les occasions manquées pèseront d’un poids particulièrement lourd dans un futur proche.
Espérons donc que la Chine sera capable de s’auto-discipliner et de modérer son hubris. Espérons que les grands pays émergents, comme l’Inde ou le Brésil, arrêteront de se déclarer irresponsables du développement mondial qui recèle tant de dangers si on ne le régule pas. Espérons que les Européens auront le courage de prendre les décisions difficiles pour éviter le naufrage tout en construisant une union revitalisée et porteuse d’espoir. Espérons que les Américains, tout à leur élection présidentielle, ne choisiront pas la fuite en avant et seront capables de commencer à soigner leurs maux qui ont nom chômage, manque de compétitivité et déficits publics.
Espérons que la communauté mondiale prendra, justement, conscience qu’elle est une communauté pour se réunir et affronter les périls mais aussi et surtout dégager les espoirs pour que l’avenir soit, sinon radieux, tout au moins alléchant, donnant à tous l’envie d’y travailler d’arrache-pied, pour eux-mêmes et leurs enfants.

Alexandre Vatimbella
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