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lundi 13 août 2012

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. Et s’il n’y aura pas assez à manger pour les pauvres?

Les annonces sur les mauvaises récoltes aux quatre coins de la planète se multiplient. Que ce soit aux Etats-Unis où une sécheresse jamais vue depuis cinquante-six ans frappe très durement une grande majorité d’Etats. Que ce soit en Inde où les pluies de la dernière mousson n’ont pas été à la hauteur escomptée alors que, tout comme en Amérique, les stocks sont au plus bas. Que ce soit en Russie ou en Ukraine où les récoltes de blé sont décevantes. Que ce soit en Europe et notamment en France où le mauvais temps de la fin du printemps et de la première partie de l’été a été très dommageable pour certains fruits et légumes ainsi que pour les pommes de terre, entre autres.
Même si cela va impacter ces pays et leurs populations respectives (plus d’exportations et des prix à la hausse des denrées alimentaires aux Etats-Unis, par exemple), ce sont bien sûr les plus pauvres qui vont une nouvelle fois souffrir parce qu’ils n’auront pas les moyens de s’aligner sur les plus riches pour se fournir en nourriture et qu’il y en aura pas assez pour tout le monde pour manger à sa faim, c’est-à-dire avec des rations suffisantes.
Déjà, les médias parlent du spectre des émeutes de la faim qui se déroulèrent en 2007 et 2008 dans plusieurs pays du monde, notamment en Afrique et dans le Maghreb et qui, pour certains, ont été les prémisses de ce Printemps arabe qui fut à l’origine de la chute des régimes autocratiques en Tunisie puis en Libye ainsi qu’en Egypte et peut-être demain en Syrie.
Les conséquences au niveau de la mondialisation risquent donc d’être d’une grande importance.
La plus préoccupante est évidemment la détresse des populations notamment dans les pays en développement mais aussi dans les pays émergents comme en Inde.
Il y aura aussi la baisse des revenus des agriculteurs qui pourraient dans certains cas les conduire à un endettement insupportable, voire à une précarisation durable.
Si ces phénomènes climatiques doivent se reproduire dans les années à venir du fait du réchauffement de la terre (qu’il soit ou non lié à l’activité de l’homme, celui-ci est une évidence), il va falloir s’adapter et vite.
Mais il va aussi falloir réfléchir à notre modèle de développement et à cette idée qu’une économie est d’autant plus forte qu’elle a une population importante, que ce soit pour travailler ou consommer.
Ainsi, le débat a récemment été relancé en Chine sur la politique de l’enfant unique mise en place pour éviter la croissance exponentielle de la population.
On sait que le nombre de Chinois âgés de plus de soixante ans va exploser dans les années à venir et il va falloir payer leurs retraites et les remplacer dans leurs emplois.
Deux possibilités s’offrent aux autorités de Pékin: soit demander à leurs compatriotes de constituer des familles nombreuses, soit ouvrir les portes à l’immigration venue des autres pays d’Asie mais aussi d’Afrique.
La dernière éventualité n’est pas à l’ordre du jour dans un pays qui n’apprécie guère l’étranger en général, notamment celui qui s’installe chez lui.
Cependant, la première pourrait être lourde de conséquences.
La Chine est déjà en surrégime et elle a besoin, pour offrir un minimum décent à toute sa population de plus en plus de matières premières (il n’y a guère de semaine sans l’annonce d’une explosion de sa demande dans tel ou tel secteur), de plus en plus de richesses, ce qui n’est guère possible sans une révolution technologique qui n’a pas encore eu lieu, en particulier dans le domaine énergétique, ou sans piocher dans le pot mondial une plus grande partie des réserves de la planète.
Et encore, cela ne sera sans doute pas suffisant.
Les responsables chinois, quand ils veulent vraiment parler des problèmes essentiels de leur pays sans langue de bois, estiment qu’ils sont capables actuellement de vraiment sortir durablement de la pauvreté 500 millions de personnes.
Faites le calcul, il en reste 800 millions qui auront beaucoup plus de mal à obtenir une part équitable du gâteau ou une part tout court.
Si l’on y rajoute, en plus, une nouvelle génération nombreuse, les problèmes ne feront que s’accumuler avec des répercussions dans le monde entier, évidemment.
Le génie de l’homme, parait-il, a été de trouver des solutions avant l’effondrement final plusieurs fois programmé et annoncé par des déclinologues et autres prophètes de malheur.
C’est que ce que beaucoup attendent de la science et de la technologie pour contrer le réchauffement climatique et pour trouver une place décente à une population mondiale plus importante.
Mais, loin de jouer le malthusien rabat-joie, je rappelle que l’on sait aussi, depuis nombre de travaux d’historiens, que les civilisations peuvent disparaître, parfois à cause de leurs propres erreurs.
A bonne entendeur…
Alexandre Vatimbella
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