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vendredi 19 mars 2010

MONDIALISATION-CHINE-MONNAIE. La guerre du yuan est définitivement lancée


Les Etats-Unis ont décidé de passer à l’offensive contre la devise chinoise. Chaque camp se mobilise et mobilise ses alliés. C’est le «miracle» chinois qui est sur la sellette.

Une monnaie sous-évaluée a été une des armes principales de la Chine pour conduire son formidable développement. Telle est la thèse des Etats-Unis, partagée par l’Europe et d’autres dont le Fonds monétaire international (FMI). Une monnaie faible est la réalité d’un pays émergent qui est encore sous-développé dans de multiples domaines et une appréciation du yuan serait dangereux pour la Chine. Telle est la réponse du gouvernement chinois et de ses partisans dont laConférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED). Thèse et antithèse, dans tout devoir estudiantin il y a la synthèse. Celle-ci aura beaucoup de mal à être consensuelle si l’on en croit les déclarations de plus en plus virulentes de chaque camp. Car si les Etats-Unis ont raison de dénoncer la sous-évaluation du yuan (aussi appelé renminbi), la Chine peut également se défendre en démontrant que l’extrême pauvreté encore si présente dans certaines régions du pays justifient un taux de change si bas de sa monnaie.

Pour autant, si ce taux de change n’était pas contrôlé par les autorités de Pékin, il est évident que la devise chinoise serait rapidement réévaluée entre 20% et 40% par le fait même du jeu du marché des changes. Et pour Dominique Strauss-Kahn, le directeur du FMI, «Il est inévitable que dans certains cas, les taux de change devront s'apprécier. (…) C'est le débat bien connu autour de la Chine et de la valeur du renminbi (ou yuan), et l'avis du FMI est toujours que le renminbi est très sous-évalué». De son côté, le Sénat des Etats-Unis préparent une loi pour sanctionner les pays qui manipulent leur monnaie (c’est-à-dire la Chine). Car, comme le prétend le sénateur de l’Etat de New York, Charles Schumer, «la manipulation de la monnaie chinoise a contribué à la récession mondiale et maintenant elle entrave la reprise».

De son côté, la Chine réfute ces accusations de manipulation et, par la voie de son Premier ministre, Wen Jiabao, a contre-attaqué devant les menaces américaines: «Ce genre de pratiques n'est pas dans l'intérêt d'une réforme du régime du taux de change du renminbi». Quant à la CNUCED, elle estime qu’ «attendre que la Chine laisse sa monnaie à la merci de marchés peu fiables en risquant un choc d'appréciation comparable à celui du Japon fait fi de l'importance de sa stabilité pour la région».

Reste à savoir qui va sortir gagnant de ce bras de fer. La Chine aura beaucoup de mal à refuser tout geste. Sera-t-il suffisant? Rien n’est moins sûr. Mais ce geste pourrait également couper l’herbe sous le pied des Occidentaux et… être bénéfique à la Chine en l’obligeant à rééquilibrer sa croissance en développant enfin sa consommation intérieure de manière significative.

Alexandre Vatimbella

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