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mardi 9 février 2010

CHINE-INFRASTRUCTURES. Des routes chinoises à profusion mais mal construites, sans raison et sans trafic!


Le gouvernement chinois dépense sans compter pour des infrastructures. Reste que celles-ci ne sont pas toujours à la hauteur de ses communiqués triomphants.

Construire des infrastructures semble être l’obsession du gouvernement chinois. Lors de l’apparition de la crise économique et financière, le plan de relance concocté immédiatement par Pékin d’un montant de 485 milliards de dollars prévoyait, pour une bonne part, la construction de nouveaux équipements en la matière sans que l’on sache très bien si le pays en avait bien besoin et si ceux-ci avaient un quelconque intérêt. Selon le professeur Lin Kun-Chin du King’s College, la réponse est souvent négative pour ce qui concerne le réseau routier.

Lors d’une conférence à l’IFRI (Institut français des relations internationales), il a expliqué que beaucoup de routes ne se justifiaient pas (autoroutes là où de simple routes auraient suffi, trafic inexistant, etc.), que de nombre d’entre elles étaient mal construites et mal entretenues (ce qui les rendaient inutilisables quatre ans après leur ouverture), que leur seul raison d’être était de pouvoir s’enorgueillir d’avoir construit des kilomètres de macadam pour les fonctionnaires locaux. Du coup, la Chine aura sans doute un réseau routier plus long que celui des Etats-Unis dans les années qui viennent mais de mauvaise qualité et sans véhicule pour l’emprunter (le trafic chinois est estimé à 15% de celui des pays de l’OCDE).

Lin Kun-Chin a cité des exemples édifiants de routes devenues impraticables et dont on construisait un double juste à côté. A moins que cette deuxième route ne soit qu’une façon pour les autorités locales de récupérer la manne financière d’un trafic important. Ainsi, pour ne prendre aucun risque économique, certaines provinces délèguent à des sociétés privées la construction de routes avec péages. Lorsqu’elles s’aperçoivent que celles-ci sont rentables, elles construisent des routes parallèles en imposant aux véhicules officiels de les emprunter conduisant la société privée à faire faillite et permettant ainsi de supprimer la concurrence… Sans parler de routes à double-voies là où une route de terre aurait suffi ! Au-delà d’une bureaucratie souvent incompétente ou d’intérêts financiers locaux, le biais politique est la première raison de cette gabegie des deniers publics mais aussi privés. Et, bien entendu, une autre raison importante est la possibilité de faire gonfler artificiellement un taux de croissance puisque ces dépenses en infrastructures routières se retrouvent dans les dépenses d’investissement qui en représentent plus de la moitié (l’académie des sciences de Chine estimant que sur les 11 points de croissance prévue en 2010, 6,3 viennent des investissements qui comprennent les dépenses en infrastructures).

Alexandre Vatimbella

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