Apparemment les forces démocratiques n’avaient pas prévu le
retour de Trump au pouvoir et les Etats-Unis en payent le prix actuellement.
Elles pensaient que le peuple américain avait vu ce qu’était
l’extrémiste populiste incompétent durant son premier mandat et que jamais il
n’accepterait son retour.
Qu’il avait compris le danger.
Une immense et tragique erreur.
Mais le peuple américain n’est pas le seul à manquer de
sagacité et de sagesse.
Emmanuel Macron et François Bayrou ont également voulu
croire à ces deux qualités chez le peuple français.
Le premier connait une forte impopularité tandis que le
second a été renvoyé dans ses foyers par des députés largement soutenus par les
sondages.
Et je pourrais multiplier les exemples de ce qui se passe de
l’Italie au Brésil en passant par l’Allemagne ou le Royaume-Uni.
Dans tous ces pays montent les extrémismes et les populismes
qu’ils soient de droite – le plus souvent – ou de gauche.
S’ils connaissent cet état de grâce, c’est bien évidemment
parce qu’ils ont une grande popularité parmi une partie grandissante de la
population.
Cette histoire nous l’avons déjà connu par le passé et elle
s’est mal terminée ce qui n’empêche pas les peuples d’y revenir.
Encore faudrait-il qu’ils connaissent vraiment l’Histoire
avec un grand H, ce qui n’est pas le cas.
Mais ce n’est nullement une excuse car la dangerosité des
extrêmes et des populismes se voit aussi dans leurs propos, leurs agirs et
leurs idéologies.
Dès lors, comme le disait avec justesse Hillary Clinton lors
de sa campagne électorale en 2016 face à Donald Trump, ceux qui se laissent
attirer par les sirènes extrémistes et populistes sont des «déplorables»,
n’ont, en tout cas, aucune excuse sauf peut-être leur bêtise mais ils ne sont
pas tous des crétins, loin de là.
Dans tous ces mouvements extrémistes et populistes, il y a
systématiquement de la haine et une violence latente ou exprimée.
Il y a une volonté de s’en prendre à l’autre, à un
bouc-émissaire qui serait responsable de tous les malheurs de la Terre dont
ceux qui adhèrent à ces mouvements.
Ici, aucune sagacité, ni sagesse, seulement des
comportements où les émotions négatives, et l’irrationnel sont prédominants.
On ne peut même pas prétendre que ceux qui votent pour les
populistes et les extrêmes le feraient pour leurs propres intérêts, petits ou
grands.
Si l’on fait les bilans des derniers dictateurs, autocrates
et populistes qui sont arrivés au pouvoir grâce à la «volonté populaire», ils
sont tous négatifs d’Hitler à Poutine en passant par Mussolini, Erdogan,
Loukachenko, Peron ou Trump (Je ne parle pas ici de tous ceux qui pris le
pouvoir de manière violente comme Mao, Staline, Franco ou Pinochet, par
exemple, ni d’élections truquées une fois certains de ceux que je viens de
citer sont parvenus à la tête de leurs pays respectifs).
Et les premiers touchés ont été ces couches les plus
défavorisées qui ont voté pour eux dans ce mélange de crédulité en des
promesses intenables, de fascination pour la rhétorique de puissance et de
ressentiment voire de haine pour la société qui ne les traiterait pas comme
elles estimeraient devoir l’être.
Bien sûr, il se peut que cette société qu’elles exècrent ne
soit pas parvenue à réaliser l’idéal démocratique et n’est pas pris en
considération autant qu’il le faudrait leurs intérêts mais cela ne donne aucune
prééminence à des régimes liberticides et violents qui ont tous connu ou
connaissent des échecs beaucoup plus grands avec des conséquences d’une toute
autre ampleur.
Parce que c’est bien en réformant inlassablement la
démocratie républicaine libérale pour la rendre de plus en plus proche de
l’idéal qu’elle poursuit que l’ensemble du peuple, dont les plus défavorisés ou
laissés pour compte, ont une réelle chance de voir leurs intérêts pris en
compte et réalisés.
Mais cela suppose que le peuple ait cette propension à ne
pas croire aux bateleurs d’estrades et autres illusionnistes, à ne pas être
fasciné par leurs bobards.
De ce point de vue, le projet démocratique qui s’appuie sur
la formation et l’information du citoyen n’a pas atteint, loin de là, les
objectifs qu’il s’était fixé.
Non pas que ceux-ci soient erronés mais il fallait sans
doute une volonté collective guidée par des élus investis dans cette mission de
vraiment réaliser la liberté, l’égalité et la fraternité dans le respect de
l’autre qui a souvent fait défaut malgré les réalisations indéniables des
régimes qui s’appuient sur ces valeurs humanistes.
Résultat, aucune sagesse n’est là pour faire contrepoids à
ces émotions négatives et à cette disposition à être dupé.
Et dans les périodes difficiles, cette absence de sagesse
conduit les peuples à accepter de prendre le chemin d’aventures cataclysmiques.
Oui, en ce début de troisième millénaire, personne ne
devrait parier sur la sagesse des peuples.