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mardi 1 juillet 2014

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. De la démocratie en Chine

Les dirigeants chinois, à travers les âges, ont toujours eu peur de leur peuple, que ce soit les empereurs ou, aujourd’hui, les chefs du Parti communiste.
Et ils ont toujours affirmé que le seul moyen de gouverner ce pays a priori ingouvernable était de le faire d’une main de fer pour le bien de ses habitants.
Le choix de Deng Xiaoping de privilégier le développement économique contre la démocratisation du régime, surtout après les événements sanglants de la place Tienanmen en 1989 semble avoir scellé le sort de la démocratie «à l’occidentale» pour très longtemps d’autant que le nouveau maître de la Chine, Xi Jinping, va plutôt rechercher ses références en matière de liberté du côté de Mao, grand dictateur sanglant devant l’éternel…
Et cette vision que la démocratie n’est pas faite pour la Chine a été reprise a maintes reprises par nombre – mais pas tous – fameux sinologues occidentaux, «experts» et «spécialistes», qui se pressent dans les conférences et les plateaux télés.
Selon eux, la «culture chinoise» ne serait pas soluble dans la démocratie.
Plus, les Chinois eux-mêmes, ne souhaiteraient pas la démocratie.
La fronde qui se déroule depuis plusieurs semaines à Hongkong rappelle que la «culture chinoise» est bien compatible avec la «démocratie à l’occidentale» (dont je préfère la véritable appellation: démocratie!).
Et, surtout, que les Chinois (à moins que ceux de Hongkong n’en soient pas vraiment…) veulent ardemment un régime démocratique comme le montre le succès éclatant du référendum citoyen officieux organisé afin de réclamer un vote libre afin de désigner le prochain leader du territoire et que Pékin s’est empressé de déclare «illégal», évidemment.
D’ailleurs, un sondage réalisé il y a quelques mois et paru étonnamment dans un quotidien du régime (mais à tirage limité et en anglais) montrait qu’une énorme majorité des Chinois demandaient la démocratie.
Bien sûr, dans un pays où les libertés de tous ordres sont contrôlées depuis si longtemps, l’établissement d’un régime démocratique doit être fait progressivement afin d’éviter une implosion qui peut être bien réelle, au-delà même des aspirations à l’indépendance du Tibet ou du Xinjiang.
Un Cantonais, un Pékinois et un Shanghaïen ne se sentent pas toujours de la même communauté.
Et ces trois là ont souvent une hostilité vis-à-vis des habitants des provinces pauvres dont ils ne se sentent absolument pas solidaires.
Ayant dit cela, la voie vers la démocratie en Chine doit commencer immédiatement par de grands gestes (libération de tous les dissidents et de tous les défenseurs des droits de l’homme et de la démocratie) et de grandes réformes, en particulier avec l’instauration d’un régime juridique qui garantit les droits des citoyens et les protège de l’arbitraire des responsables nationaux et locaux.
Et tous les démocrates et tous les pays démocratiques doivent être solidaires avec ces dizaines de milliers de participants à cette grande manifestation pour la démocratie qui se déroule ce 1er juillet à Hongkong malgré les menaces des communistes.
Malheureusement, on en est bien loin, commerce et géopolitique obligent.
Alexandre Vatimbella

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