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mercredi 15 février 2012

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. L’Europe et la Chine, partenaires ou adversaires?

Le 14 février, s’est tenu le 14° sommet Union européenne-Chine. Et même si celui-ci se déroulait le même jour que la Saint-Valentin, les relations de couple entre les Européens et les Chinois sont plus empreintes de méfiance que de confiance,  recèlent plus d’incompréhensions que de compréhensions même s’il existe une évidente volonté de trouver des terrains d’entente entre les deux principaux conjoints de la globalisation économique.
Car, qu’ils le veuillent ou non, Européens et Chinois sont dans la même barque et, comme l’a redit encore récemment le Fonds monétaire international, une forte récession en Europe pourrait avoir de graves répercussions sur la croissance chinoise, les chiffres les plus pessimistes aboutissant à une croissance divisée par deux, autour de 4%! Et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a eu raison de rappeler que les économies chinoises et européennes sont interconnectées.
Cependant, les objectifs ne sont manifestement pas les mêmes.
L’Europe voudrait tellement que la Chine lui sauve la mise sans pour autant que celle-ci la rachète et s’impose comme un acteur incontournable. Utiliser les Chinois sans s’encombrer de leur présence. Le beurre et l’argent du beurre…
La Chine aimerait tellement racheter les fleurons de l’industrie européenne tout en aidant un peu les Européens pour qu’ils continuent à lui acheter ses produits, eux qui sont leurs principaux clients. Plumer l’Europe tout en ne la rendant pas insolvable. Le beurre et l’argent du beurre…
L’Europe et la Chine jouent donc un drôle de jeu, chacun prétendant que celui-ci est gagnant-gagnant alors qu’il est plutôt une sorte de jeu de dupe où le gagnant remporte toute la mise. A moins qu’à force de postures sans décisions concrètes et fortes, ce jeu devienne perdant-perdant…
Pendant que les Européens font les yeux doux pour que la Chine achète de leur dette comme elle le fait pour celle des Etats-Unis et que la Chine répond qu’elle ne veut pas racheter l’Europe, l’Union européenne fourbit ses armes contre les pratiques déloyales et anticoncurrentielles de l’Empire du Milieu qui, lui, lorgne les bijoux de famille industriels du Vieux continent.
On aimerait un peu plus de dignité de la part des Européens et un peu plus de responsabilité de la part des Chinois.
Mais, en matière de gros sous, tous les coups, toutes les bassesses, tous les faux serments semblent permis. Ici, chacun joue son avenir au poker menteur. L’Europe veut éviter le déclin mais au lieu de s’unir pour cela, elle cherche les réserves de change immenses de la Chine ainsi que les gros contrats que celle-ci fait miroiter à chaque membre de l’Union européenne. Diviser pour mieux régner. Car la montée en puissance de la Chine doit encore s’appuyer sur l’Europe avant de la marginaliser.
Les déclarations entendues à l’issue de ce sommet ne sont guères originales, tout le monde se disant confiant dans la relation bilatérale et chacun voulant la renforcer.
Cependant, ces discours lénifiants recèlent parfois des propos qui montrent où se trouve l’important. Et, là, force est de constater que quand la Chine répète qu’elle est bienveillante pour l’Europe, qu’elle continuera à acheter de la dette européenne, cette dernière commence à faire des concessions.
Ainsi, dans le discours du président du Conseil européen, Herman Von Rompuy, on a pu entendre que le statut d’économie de marché de la Chine allait être étudié par l’Europe alors que l’on a rien entendu sur la sous-évaluation du yuan.
Voilà deux changements particulièrement importants puisque, jusqu’à présent et tout comme les Etats-Unis, l’Europe se refusait à étudier ce statut au motif que la Chine est bien encore une économie dirigée qui subventionne et favorise outrageusement ses entreprises au détriment de celles des pays étrangers. De même, comme pour les Etats-Unis, l’Union européenne rappelle, à chaque fois, que la monnaie chinoise n’est pas à sa bonne valeur.
On verra dans les semaines et les mois à venir si cela se concrétise par des décisions concrètes en la matière et si, en retour, l’UE, et notamment la zone euro, recevra quelques subsides de la Chine. Alors, la boucle sera bouclée et l’Europe confirmera qu’elle se voit vraiment en déclin…
Alexandre Vatimbella
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