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dimanche 17 avril 2011

LA SEMAINE DE LA MONDIALISATION. L’inflation, un risque important pour l’économie mondiale / Le risque systémique de 7 grands pays examinés par le G20 / Le Brics a-t-il un avenir? / Les SSII chinoises arrivent dans le pré-carré de l’Inde/ L’augmentation des prix des denrées alimentaires précipitent des millions de gens dans la grande pauvreté


Les pays membres du FMI (Fonds monétaire international) ont indiqué, lors de leur réunion annuelle à Washington, que la forte inflation que connaissent actuellement les pays émergents comportait des «risques considérables», selon le communiqué officiel, pour l’économie mondiale, notamment par sa possible propagation dans les pays avancés.
Une des raisons de cette inflation vient de ces flux gigantesques de capitaux qui se déplacent à des fins spéculatives vers les pays émergents, alimentant leur croissance mais aussi leur inflation, comme le Brésil en fait la douloureuse expérience quotidiennement.
Ce que craignent les gouvernements de la planète c’est que l’inflation qui touche les pays émergents, notamment en Chine et en Inde, s’installe dans les pays avancés déjà sous la menace de leurs déficits public massifs ce qui renchérirait le coût du crédit et, donc, menacerait, à terme, la croissance mondiale.

A l’issu de la réunion des ministres de l’Economie des pays du G20, sous présidence française, sept pays (France, Etats-Unis, Allemagne, Grande Bretagne, Japon, Chine, Inde) vont voit leurs économies examinées de manière approfondie afin de jauger le risque systémique qu’elles font peser à l’économie mondiale.
Les mesures destinées à évaluer trois indicateurs d'identification des déséquilibres commerciaux et financiers ont ainsi été approuvées. Si la monnaie et les réserves de change n’y sont pas inclues (la Chine s’y est totalement opposée comme on pouvait s’y attendre), on y trouve, en revanche, la dette et les déficits publics, l'épargne privée et l'emprunt, la balance commerciale et la balance des paiements.
L'objectif final est d'évaluer quels sont les pays dont les politiques sont susceptibles de mettre en péril l'économie mondiale.

Le Brics a-t-il un avenir? Le fait de poser la question au moment de la naissance de ce dernier semble être une provocation. D’autant que, le dernier sommet de ce club des grands pays émergents qui regroupent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud s’est terminé avec un communiqué commun confiant dans son poids et dans son avenir.
Mais derrières les autocongratulations de façade, cette dernière s’est quelque peu fissurée ces derniers mois. Non pas que l’on ait cru que des pays ayant des intérêts aussi divergents à moyen ou long terme comme l’Inde et la Chine, par exemple, étaient devenus par un coup de baguette magique, les meilleurs amis du monde.
Néanmoins, on pensait que, sous l’impulsion d’une Chine triomphante qui la jouait dans le registre du soft power, le Bric, puis désormais le Brics, était un lieu de coopération et d’échanges qui rapprochaient ses membres justement aux grandes différences.
Mais l’hubris de Pékin est passé par là. Son agressivité depuis un an et demi en matière diplomatique, militaire, économique et commerciale a montré à ses «partenaires» qu’il ne fallait surtout pas qu’ils se donner corps et âmes à «l’ami chinois».
Et le sommet de Sanya a montré les lézardes d’un club qui se voyait comme le futur maître du monde. Le Brésil s’est rapproché des Etats-Unis, au grand effroi des Chinois, tout comme l’a fait l’Inde. La Russie, déjà peu rassurée par son voisin avec qui elle partage des milliers de kilomètres de frontières, ne veut plus que les produits à bas prix chinois inondent son marché. Quant à l’Afrique du Sud, elle est justement sur un continent que la Chine a commencé à piller sous couvert d’une coopération gagnante-gagnante et où le ressentiment des populations, mais aussi de certains gouvernements envers celle-ci augmente.

Une nouvelle permet de se rendre compte que le Brics ne peut pas être et ne sera pas avant longtemps une réunion des meilleurs amis du monde. Une des forces de l’Inde est son secteur des services, en particulier, dans le domaine informatique. Or, voilà que les SSII (les sociétés de services informatiques), fleurons de celui-ci connaissent d’importantes difficultés liés à une hausse de leurs coûts, surtout de leurs coûts salariaux. Ce qui est logique avec l’élévation du niveau de vie du pays et l’augmentation d’une classe moyenne plus importante dont les habitudes de consommation changent vers plus quantité et un meilleur qualitatif des produits.
Or, dans le même temps, les SSII chinoises qui se sont créées ces dernières années se positionnement sur le marché mondial et font une concurrence de plus en plus forte à leurs homologues indiennes, au grand dam et à la grande fureur de New Dehli.
On se rappelle des voyages d’études de délégations chinoises dans les grands centres indiens de Bangalore ou de Mumbai ces dernières années, venus apprendre le succès des SSII indiennes comme Infosys. Et bien, désormais, les concurrents des Indiens s’appellent Vancelinfo et Hisoft, deux sociétés chinoises qui bénéficient dans ce secteur, d’une main d’œuvre meilleure marché.

Le problème des prix alimentaires est encore loin d’être réglé et même à tendance à s’aggraver. Ainsi que l’a déclaré le président de la Banque mondiale, l’Américain Robert Zoellick, «Nous devons donner la priorité aux problèmes alimentaires et protéger les populations pauvres et vulnérables qui consacrent la majeure partie de leurs revenus à l’alimentation».
Selon l’analyse de l’organisation financière internationale, «En partie en raison de la hausse du coût des combustibles liée aux événements du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, les prix mondiaux des produits alimentaires ont augmenté de 36% par rapport à leurs niveaux d’il y a un an et demeurent instables - une tendance qui pousse une partie de l’humanité dans une pauvreté plus grande».
La dernière édition de l’étude de la Banque mondiale «Food price watch indique qu’une hausse de 10% des prix mondiaux risquerait de précipiter 10 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté (estimée à moins de 1,25 $ par jour). Ceux-ci rejoindraient les 44 millions de personnes qui sont tombées dans la misère depuis juin dernier. Environ 1,2 milliard d’individus vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté.

Alexandre Vatimbella
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