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dimanche 24 avril 2011

LA SEMAINE DE LA MONDIALISATION. Le commerce mondial sans accord? / La mondialisation fait-elle partie du passé? / Nourrir la population mondiale en 2050: une impossibilité?



Le «Cycle de Doha» verra-t-il jamais le jour? Ce cycle est en fait celui de négociations dans le cadre de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), afin de continuer à ouvrir le monde au libre-échange dans le cadre de la mondialisation.
Ces négociations auraient du se terminer il y a déjà un bout de temps. Mais le refus par les grands pays émergents d’ouvrir certains secteurs de leurs économies à la concurrence étrangère et leurs désidératas que les pays avancés, eux, le fassent, au prétexte d’un devoir de solidarité, bloque tout le processus et retarde un véritables accord.
Pour schématiser, il y a, d’un côté, le groupe des pays avancés, emmené par les Etats-Unis et, de l’autre, le groupe des pays émergents, emmené par l’Inde qui s’opposent. De nouveaux échanges de vue envoyés au siège de l’OMC avant Pâques ont montré l’étendue des divergences.
Du coup, le directeur de l’organisation internationale, Pascal Lamy, a estimé que la situation était «grave» et que les différences de point de vue «bloquent le processus et font peser de sérieux doutes sur la conclusion du cycle cette année».
Il a ajouté que «nous sommes confrontés à un fossé d'ordre politique manifeste qui, tel qu'il est aujourd'hui (...) et d'après ce que j'ai entendu de mes consultations ne peut être comblé à l'heure actuelle.»
On ne peut être plus clair.
Le problème pour la mondialisation du libre-échange, c’est que la crise économique et financière de 2008-2009 et les craintes actuelles sur les possibilités d’une rechute de l’économie mondiale devant tous les déséquilibres qui touchent l’ensemble des économies, ne sont guère propices à une volonté pour les pays d’ouvrir leurs marchés. On serait plutôt dans une phase de repli sur soi.

Un repli sur soi qui permet à l’économiste Jacques Sapir, après bien d’autres, d’annoncer la mort de la mondialisation. Dans un livre qui vient de paraître («La démondialisation» aux Editions du Seuil), l’auteur estime que la mondialisation n’a été qu’une phase courte dans l’histoire de l’humanité et non un mouvement révolutionnaire en profondeur qui aurait changé le monde pour toujours.
Pour étayer ses dires, il cite tous les obstacles à une vraie mondialisation et l’impossibilité de dépasser l’affrontement entre les nations.
Reste que la mondialisation n’est pas un phénomène linéaire et, qu’au-delà de son versant économique et financier (globalisation), rien ne permet de dire qu’elle est en panne ou en régression. Mais même au niveau économique et financier, les grands débats demeurent internationaux et l’on voit mal un pays ou même un groupe de pays avoir la possibilité de se refermer dans un espace protégé de toute «agression» extérieure.
D’autant que si la mondialisation n’a pas empêché les conflits, il est certain que sa disparition en engendrerait de nouveaux et plus violents. Et les dirigeants du monde en sont bien conscients.
Dès lors, il vaut mieux avancer que reculer car, quoiqu’il arrive, l’humanité est condamnée à s’entendre pour tenter de gérer et de régler les très grands défis qui se dressent devant elle.

Un de ses défis est, bien évidemment, de nourrir correctement l’ensemble de la population mondiale dans les années à venir.
Une note du Centre d’études et de prospective du ministère français de l’Agriculture, titré «La demande alimentaire en 2050 : chiffres, incertitudes et marges de manœuvre» fait le point sur cette possibilité dans les quarante ans qui viennent.
Prenant en référence une étude alarmiste de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation) qui avait ainsi expliqué que «La production agricole mondiale doit augmenter de 70 %, et doubler dans les pays en développement, d'ici 2050, pour répondre à la demande de 9 milliards d'habitants», les experts du centre estiment que le pire n’est pas sûr du tout.
Selon les deux chercheuses qui ont écrit cette note, «si l’augmentation de la demande alimentaire paraît inévitable, il existe un large éventail d’estimations de cette augmentation à l’horizon 2050. Le champ des possibles est encore plus large en matière de consommation de produits animaux, avec une forte influence sur la demande agricole. S’il faut bien sûr agir sur l’offre, il est également important de mobiliser les leviers permettant d’éviter les scénarios de demande les moins soutenables, conjuguant forte croissance démographique et transition nutritionnelle rapide».
Ainsi, pour éviter des situations difficiles, il existe «de réelles marges de manœuvre : politiques de développement permettant l’accès à l’éducation et à la contraception, politiques nutritionnelles orientant les comportements alimentaires vers une consommation plus « durable » et plus saine, lutte contre les pertes et le gaspillage, etc.»
Et de plaider pour la création d’un «observatoire dynamique de l’alimentation à l’échelle globale» qui permettrait de «mieux suivre le rythme et la forme des transitions nutritionnelles, leurs impacts sur la santé publique, de comparer projections et évolutions réelles des consommations, de mesurer l’évolution du gaspillage et de partager les leçons de politiques permettant d’infléchir ces tendances».
Alexandre Vatimbella
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