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jeudi 1 octobre 2009

CHINE-ECONOMIE. Doutes des économistes sur la capacité de la Chine à changer son modèle de croissance


Réunis pour un débat au CERI de Sciences Po, de nombreux spécialistes de la Chine ont affirmé que la Chine doit absolument développer sa demande intérieure et libéraliser son économie pour poursuive sa croissance. Mais peu croient qu’elle en sera capable rapidement.


La Chine se trouve ou va se trouver bientôt à la croisée des chemins de son formidable bond en avant économique initié depuis le début des années 80. Tel est le constat qu’ont fait de nombreux spécialistes réunis au CERI (Centre d’études et de recherches internationales) de Science Po à l’occasion de la commémoration du soixantième anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine que l’on fête aujourd’hui. D’une machine industrielle tournée avant tout vers l’exportation et des dépenses publiques essentiellement réalisées dans les infrastructures, l’avenir de la croissance et du développement économique et social passe par l’envol de la consommation intérieure et une réorientation des dépenses publiques vers le social notamment vers les soins de santé et l’éducation libérant l’épargne forte des Chinois qui se forment avant tout pour assurer les dépenses dans ces deux postes. Car tout se tient en la matière même si certains experts estiment, comme François Nicolas de l’IFRI (Institut français des relations internationales) que la demande intérieure ne pourra décoller que si les entreprises, en particulier les entreprises d’Etat, injectent leurs énormes liquidités dans l’économie du pays pour favoriser la consommation, car ce sont elles qui possèdent la plus grande partie de l’épargne du pays.

Ainsi, Marie-Claire Bergère, économiste à l’Inalco (Institut national des langues et civilisation orientales), a estimé que «pour qu’il y ait augmentation de la consommation, il faut que les Chinois n’aient plus à épargner pour leur santé et l’éducation de leurs enfants mais il faut aussi permettre aux paysans de consommer ce qui n’est pas le cas pour l’instant malgré les mesures prises à propos de la propriété de la terre». Le seul problème, mais il est de taille, c’est que peu d’experts sont optimistes sur la capacité de la Chine à réorienter son économie vers la demande intérieure et ne plus dépendre des exportations à court et à moyen terme. Du coup, non seulement, la population chinoise ne pourra devenir un moteur de la croissance mais la Chine risque de tuer la poule aux œufs d’or en continuant à inonder le marché international de produits alors que celui-ci ne sera plus capable d’absorber les quantités produites ces dernières années créant un déséquilibre dont le pays sera une des principales victimes. Le gouvernement chinois se trouve donc devant un gigantesque défi qui va conditionner l’avenir du pays et sa capacité à glisser vers un modèle de croissance plus durable. Mais ce défi est aussi un défi mondial.


Alexandre Vatimbella

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